«MALHEUR A CEUX QUI APPELLENT LE MAL BIEN, ET LE BIEN MAL.»
Peut-être les sept protagonistes de cet album, intitulé Sept cannibales auraient-ils mieux fait de relire la bible avant de s'embarquer dans cette horrifique aventure... Esaïe 5:20 pour être précis. Car tout ou presque est résumé de leur macabre histoire dans ces quelques mots.
Mais de quoi s'agit-il en fait ?
Sept hommes dans la force de l'âge, comme il est coutume de l'exprimer, sept mercenaires du capitalisme triomphant, ayant passablement bien réussi (mieux que bien, même), ayant fondé des familles de rêve pour certains d'entre eux, ayant avec eux la force et la certitude d'être les surhommes de nos temps convertis à la très haute finance, des mâles alpha sûr d'eux-mêmes, sûrs de leurs préceptes, sûrs d'être au-dessus du commun des mortels et, bien évidemment, de sa part la plus faible, celle qui prétend égaler ces Supermen de cynisme et de l'abomination : la femme. Mais pas n'importe quelle genre de femme, pas de celles qui se trouvent dans le premier rade venu, à servir le client : l'un d'entre eux l'explique sans ambages : pour qu'il y ait plaisir, il «faut que l'esprit épouse le corps». A ces hommes-là, il faut de ces "gagneuses" des temps modernes... Mais plaisir à quoi, au fait ?
De blagues du pire goût tournant au viol en réunion à des accidents mortels provoqués par leur passion pour les belles voitures et la vitesse, ou encore des passages à tabac mortels et parfaitement gratuits de miséreux, ces sept-là ne peuvent très vite plus se contenter de ces "petites" aventures nauséabondes, horribles, insupportables, pleine de leur propre immondice, mais encore susceptibles de supporter un jugement humain, non ! Il leur faut toujours plus, toujours plus excitant, toujours plus loin dans leur déni des limites et des règles de la vie en société, une société qu'ils estiment faible, insupportablement égalitariste et décidément bien trop démocratique pour ces petits autocrates en herbe : des jeunes femmes sont ainsi sérieusement sélectionnées, pour leur physique, pour leur niveau d'étude, pour leur poste dans la société. Celle qui sera retenue sera lâchée, telle un animal sauvage, dans une immense propriété de laquelle elle n'a aucune chance de s'échapper. Elle sera violée, assassinée puis, à la manière d'un rite aussi lugubre que stupéfiant, elle sera désossée, accommodée et mangée par ces barbares high-tech.
Sauf que cette fois-là, nos sur-mâles en excès de testostérone et de monstruosité vont tomber sur un os, un sérieux : une jeune femme, Claire, informaticienne. du moins, en apparence. Parce que dans une vie antérieure, cette charmante jeune femme fut, en quelque sorte, un ange du malheur, participant, au sein d'une société privée proposant des mercenaires près à l'emploi dans les conflits du siècle, à ce que les armées dites régulières ne peuvent ouvertement pas faire : coups de main, torture, etc.
De chasseur, nos sept bodybuildé fondant leur supériorité pitoyable sur des excès de fric et de cocaïne vont se retrouver les proies de cette amazone contemporaine, cette Diane chasseresse encore plus impitoyable qu'eux - reconnaissons que c'est sa vie qui est en jeu, qu'elle n'a rien demandé - sans véritablement comprendre ce qu'il leur arrive. Quoi que sans arme - elle est une arme -, elle va les massacrer. Sans aucun plaisir, mais sans aucun sentiment ni sans trembler.
Cinquième album de cette troisième série des "Sept", celui-ci est l'un des seuls à prendre pied dans notre contemporanéité. Il est peut-être le seul à avoir un story-telling évoquant un certain aspect tangible et vraisemblable de notre monde, sans artifice fantastique (Sept Survivants) ou historico-biographique (Sept Yakouzas). La question centrale du mal s'y trouve bien entendu posée. Mais comment qualifier l'un - celui, par pur plaisir sadique de ces sept psychopathes par ailleurs tellement propres sur eux, dans le "civil" - sans chercher à comprendre l'autre - ce mal nécessaire (?) fruit de nos guerres, de l'horreur vécue quasi quotidiennement par une part non négligeable de l'humanité, de toutes ces petits mains dont le métier est, pour des causes toujours invariablement présentées comme justes, de tuer ?
Comment ne pas imaginer, par ailleurs, que des êtres mal équilibrés ou, plus exactement, parvenus au faîte de leur sentiment de puissance, se supposant appartenir à la caste des élus - ayant entre les mains tous les symboles de la réussite et du pouvoir - ne puissent pas passer à l'acte et, ne se contentant plus seulement d'estimer la plèbe, le petit peuple pour quantité négligeable, s'estiment à l'égard des classes inférieures délivrés de toute forme de légalité ? La question est inquiétante et mérite d'être posée.
Cet album - qui n'est pas à conseiller à des personnes trop jeunes ou trop sensibles - est assez admirablement servi par un dessin à l'esthétique aussi réaliste que sombre de l'espagnol Torso. Quant au scénario, s'il se perd parfois dans quelques détails et autres souvenirs, il est suffisamment haletant pour maintenir cette ambiance lourde, violente et nauséeuse de bout en bout tout en oubliant pas d'y ajouter une once de réflexion d'ordre quasi philosophique. Ce n'est peut-être pas le plus abouti ni le plus enthousiasmant des "Sept", mais il n'en demeure pas moins des plus marquant.
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Alessandro, Markus, Martin, Doron, Paul, Sebastian, Denis, sont 7 hommes qui se sont connus à l'université. Réunis par leur perversité, ils continuent de se voir tous les ans malgré l'éloignement. Ils font tous parti de l'élite de leur pays respectif et n'hésitent pas pour leur retrouvailles annuelles à organiser une énorme orgie où des réjouissances plus macabres sont au programme.
J'ai eu du mal à accrocher à l'histoire. Mais plus à cause du thème abordé que du scénario en lui même. Évidemment les sept personnages sont antipathiques, pire ils dégoutent profondément. Plus que des cannibales comme nous l'annonce le titre c'est surtout des psychopathes (mais le titre était déjà pris par le tome 1...). Avec cette histoire on va de dégouts en horreurs, de sombres affaires en affaires macabres... Bref j'ai eu du mal de ce point de vue là...
Après la construction du scénario est plutot intelligente. On alterne avec l'organisation de la fête annuelle et les épisodes précédents. Ce qui permet de voir la montée en puissance de leur pulsion. Ca commence avec des bizutages particulièrement avilissants, ça se poursuit par le tabassage de SDF puis ça termine en vraie chasse organisée.
Le seconde partie est plus prenante. Leur proie pour cette dernière fête va être plus débrouillarde que prévue. Et de proie passe en mode chasseur...
Je n'ai eu de grandes affinités avec le dessin non plus. le coup de crayon me déplait un peu, je trouve que les silhouettes des personnages font très déformées sur le plan anatomique. J'accroche pas.
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Oppressant, sanglant, imprévisible. Un thriller qui vous tiendra en haleine.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Un divertissement endiablé, délicieusement dérangeant, alors aucune raison de ne pas passer à table.
Lire la critique sur le site : BDGest
Conscient de son ambition modeste de one-shot à faire frissonner, l’album se dévore, littéralement.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Clairement, le scénario est très réussi. Sylvain Runberg signe là un excellent album.
Lire la critique sur le site : Sceneario
- Toujours le mot pour rire le Français !
- Ça te change de l’humour british, non ? Les Monty Python, à moins d’être défoncé, c’est quand même impinable !
- Ouais, en revanche, ça s’exporte. Pas comme les comiques français. Doit quand même y avoir une raison à ça, non ?
- On te demande pas d'y croire, connasse, on te demande de sucer !!! Et vite ! Y a cinq autres élus du peuple à satisfaire !
- Héééé ?!!!
Vous êtes complètement barjots ! C'est hors de question que je suce qui que ce soit !!!
Je veux me tirer d'ici !!!!
-Elle est partie direct en tonneau dans le ravin! Merde... C'est fini pour elle.
-Considère ça comme une sorte de sélection naturelle. Quand on a une voiture de merde, on pense à attacher sa ceinture de sécurité. C'est un minimum, non?
-L'oublier, c'est un signe de faiblesse... de bêtise.
- J’en ai ma claque de toute cette merde ! Battre à mort un instituteur sans avoir un début de preuve qu’il fasse partie d’une organisation terroriste, j’ai pas signé pour ça !
- Je te crois… Tu as signé parce Strong Alliance paye mieux que quiconque. Et c’est pour ça qu’on a la charge de ce que l’U.S. Army ne veut pas se coltiner.
- Qu’elle est bonne cette coke ! Doron, ton dealer, c’est un saint homme !
- Je sais, il faudrait le béatifier, ce mec !