Pirkko Saisio est, semble-t-il, un nom important dans la production culturelle finlandaise contemporaine, notamment pour la scène théâtrale, dont j'ignorais jusqu'à l'existence, mais j'ai une excuse, c'est que jusqu'à présent, il n'existait aucune traduction en français de ses textes. C'est chose faite désormais avec
le plus petit dénominateur commun, premier tome d'une trilogie autofictionnelle. Ce qui m'a happé, en premier, et qui pourtant semble en avoir gêné certains d'après leur critique, c'est son écriture. le finnois, pour le peu que j'en connais, est une langue foncièrement différente du français, et il est difficile, j'imagine, de rendre le style d'un auteur dans ses conditions. Mais le texte français, puissant, poétique, envoutant parfois, doit bien être le reflet d'un style dans le texte original. Alors certes, on peut être troublé par ce récit qui, constamment, passe du "je" au "elle", parfois au sein d'une même phrase, mais ce jeu offre un recul, une distanciation propre à l'autofiction, et on a tôt fait de s'y habituer. J'ai été plus gêné peut-être par la profusion de personnages, tantes, cousins, pièces rapportées, ami.es, entre lesquels je me suis un peu perdu parfois. Sur le fond, le récit de cette gamine, qui très tôt sent qu'il y a en elle quelque chose de différent, m'a emballé. le regard qu'elle porte sur sa famille, sur ses parents notamment, est très touchant, mais sans être mièvre, honnête, et sans concession parfois. Dans ce premier tome se mettent en place les thèmes qui, j'imagine, seront repris et développés dans les suivants : sa volonté de se libérer de l'étiquette sociale de fille, avec ce qu'on en attend habituellement, son homosexualité, ses failles et son envie de création littéraire déjà sous-jacente. J'attends le deuxième tome.