La Famille , vous savez , ce clan , cette tribu qui , lorsqu'elle a refermé sa porte ne se donne plus à voir , mais déroule entre ses membres ce lien inaliénable qui n'appartient qu'à eux .Les masques sociaux tombent , tout comme les sourires de façade , les accents conventionnels aussi .Plus de vie sociale au sens propre du terme .Les langues se délient , ou pas .Se déversent l'amour , la fierté tout aussi bien que les rancoeurs refoulées , les jalousies ... Ah , ces repas de Noêl où , coupe de champagne aidant , libre court peut être donné , ou pas , à un déferlement d'embrassades ou ...de haine ."Famille je vous hais " , disait
Gide , " famille je vous ai " s'exclamait Bazin . Source de nombreux évènements , la famille a toujours inspiré les auteurs de toutes èpoques :la famille , vous savez , cette entité qui se fissure souvent mais cache à la face du monde ses secrets les plus inavouables ..C'est qu'elle reste fière la famille et sait se taire , s'enfermer dans un mutisme d'autant plus fort qu'il touchera même ses membres .Seule la mort , parfois , pas toujours ,pourrait libérer les consciences ...ou emporter les secrets .
Isabelle Santoire a relevé un sacré défi , prendre , à sa manière , avec son regard , un chemin ardu , balisé par Hugo ,
Proust et autres .Une bonne fée a placé son livre entre mes mains et j'avoue , j'avoue avoir oublié les noms prestigieux que j'ai cités pour suivre les pas d'
Isabelle .J'en suis heureux .
Louise est en train de s'éteindre doucement lorsque sa petite fille , Rachel vient combler un long temps d'absence pour accompagner sa grand -mère dans la préparation de son dernier voyage . La jeune fille est curieuse , la maison des roses , véritable pivot de ce superbe récit , est facétieuse , libérant avec parcimonie quelques traces énigmatiques d'un passé obscur ...
Quant à Emma , vous ferez trés vite sa connaissance puisqu'elle " ouvre " le roman par un prologue d'une remarquable force émotionnelle .J'en ai déjà trop dit , on ne peut pas priver le lecteur de ces presque 300 pages d'émotions qui , sans pathos mais avec une précision chirurgicale impeccable , plonge dans les entrailles familiales des trois femmes .
Isabelle Santoire n'a sans doute pas la prétention de rivaliser avec quiconque mais j'avoue avoir lu tellement de livres décevants et fades sur le sujet , ( Des noms ? ça va pas ? ça ne se fait pas ! ) ,que je m'octroie le droit de dire à
Isabelle combien , en me rappelant certains épisodes de ma vie , enfouis désormais dans mon moi profond , elle a atteint un niveau d'analyse particulièrement fin et juste .
Vous l'avez compris , j'ai été séduit par ce récit qui , bien que trés émouvant ,n'en contient pas moins une trés belle note d'espoir ( mais , chut ! )...
Il y a , dans ce récit , beaucoup de sensibilité , non seulement envers les gens mais aussi pour une région dont l'autrice nous livre quelques aspects et , surtout , de cette maison des roses , omniprésente , refuge , asile , lieu de rencontres , de vie , bref , une maison de famille .
Si vous aimez les belles histoires sans mièvrerie ,la quête de sérénité , d'harmonie dans les épisodes tristes ou heureux de ceux qui vous entourent , ce livre ne vous laissera pas indifférents .
Moi ,mais je ne suis peut être pas complètement objectif , je me comprends , " se retrouver " dans un roman n'est pas moralement anodin ,j'ai eu beaucoup de mal à quitter ces personnages , cette maison , cette région ...
J'ai attendu 2 jours avant de me lancer dans ce commentaire , c'est dire .Merci beaucoup,
Isabelle .
Allez , à bientôt les amies et amis et , comme je l'ai toujours affirmé , je n'ai pas toujours raison mais ...j'ai mes raisons .
"Famille, je vous aime ..."