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L'islamisme, l'émigration, l'homosexualité : les sujets sensibles ne font pas peur à Mohamed Mbougar Sarr, écrivain sénégalais né en 1990. Pour autant, il n'écrit pas d'essais mais aborde ces thèmes dans des fictions qui se nourrissent de faits réels avant de les mettre en perspective et d'entamer une réflexion agile et sans tabous qui fait le sel de ses romans. C'est le cas de de purs hommes qui traite de l'homophobie au Sénégal, un constat social qui part de la description d'une vidéo (réelle) montrant l'exhumation sauvage d'un homme soupçonné d'avoir aimé des hommes. le narrateur du livre, Ndéné, professeur de Français hétérosexuel, va vouloir en savoir plus et ainsi entrer dans l'oeil du cyclone des rumeurs et du discrédit. Il est très rare de lire un roman aussi dense sur le fond que brillant sur la forme car au-delà de son sujet, l'écriture de de purs hommes est une vraie splendeur, dans des tonalités différentes selon les chapitres, du chatoiement sensuel à l'épaisseur dramatique, en passant par une gamme complète de styles totalement maîtrisés, sans pour autant tomber dans une préciosité quelconque. A travers le cheminement et les rencontres diverses de Ndéné, le romancier montre sans démontrer, militant résolu de la tolérance. Dans son pays (il n'est pas le seul) où prolifèrent les hommes qui n'aiment pas les hommes qui aiment les hommes, le livre aidera t-il à éveiller les consciences ? En tous cas, le romancier sénégalais prouve que l'on peut faire de la belle littérature en s'attaquant à un sujet fort, traité sans gêne mais pas sans nuances.
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Je retrouve avec plaisir l'écriture et le style magique de Mohamed Mbougar Sarr. Sa plume nous entraîne dans un ailleurs, à l'esthétique extrêmement travaillée. Les mots, pourtant, portent un récit lourd, puissant et bouleversant sur une introspection difficile et courageuse sur soi et sur sa véritable identité. Mohamed Mbougar Sarr qui m'avait enchanté avec La plus secrète mémoire des hommes, m'offre à nouveau le plaisir de lire un de ses textes.

Ndéné est un jeune professeur de lettres à Dakar. Au lit avec son amie, Rama, elle visionne son smartphone et lui demande s'il a vu la dernière vidéo qui fait le buzz sur les réseaux sociaux. Intrigué, il regarde cette vidéo particulièrement horrible. En effet, une foule en furie déterre le cadavre d'un homme sous les cris et des gestes obscènes. Une seule raison peut être à l'origine d'une telle sauvagerie, l'homme exhumé était un homosexuel.

C'est une drôle d'enquête que mène le héros du roman. Elle se déroule normalement pour trouver l'identité de « l'homme-femme » exhumé, le goor-jigéen, et s'éclaircit au fur à mesure des pages sur une autre recherche plus personnelle. C'est tout le talent de de Mohamed Mbougar Sarr, de brosser la condition des homosexuels au Sénégal, de parler de rumeur et de religion. Un texte fort et bouleversant.

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"Après tout, ce n'était qu'un góor-jigéen"....
Rama son amie vient de lui montrer une vidéo qui fait le buzz, comme on dit, une vidéo qui va de portable en portable, une vidéo dont tout le monde parle...le film d'un cadavre qu'on déterre, qu'on arrache de nuit à la terre sacrée du cimetière...terre musulmane réservée uniquement aux bons musulmans...Il était sans doute un "góor-jigéen", un homme-femme en sénégalais...un terme de mépris comparable à notre "pédé"
Un "après-tout" prononcé par la narrateur, un "après-tout" qui résume le livre...un "après-tout"t qui peut traduire le dégoût devant de tels actes, mais aussi les justifier...
Ndéné Gueye, narrateur est un jeune professeur d'université, il est tolérant et ne porte pas de jugement sur l'homosexualité. Il enseigne la littérature à ses étudiants et parle sans aucune difficulté des poètes maudits, Verlaine et Rimbaud...malgré les interdictions du ministère, qui ne souhaite pas que la vie dissolue de ces deux homosexuels soit présentée...
Car c'est bien connu, ce sont les Blancs et la colonisation qui ont introduit l'homosexualité dans le monde musulman...une pratique inconnue auparavant....!
Ndéné Gueye va tenter de tout connaître de cet homme, de rencontrer ceux qui l'ont connu. Il approchera le monde de la nuit, le monde des travestis, qui font les belles soirées de Dakar, ces soirées dans lesquelles la foule s'amuse. Là, peut-être, trouvera-t-il les réponses attendues.
Son intérêt subit pour ce monde est mal compris de tous, depuis son amie Rama, jusqu'à sa famille, notamment son père qui dirigea la prière du vendredi soir en remplacement de l'imam, malade.
Un roman fort et dérangeant qui dénonce avec courage l'hypocrisie acceptée de tous, une hypocrisie promue par la religion, une hypocrisie au nom de l'islam.
"Nous sommes très nombreux dans ce pays à être de formidables comédiens sur la scène religieuse, histrions déguisés, masqués, grimés, dissimulés, virtuoses de l'apparence...."
Au delà du roman et de la recherche de la vérité, le texte aborde d'autres questions plus philosophique ou culturelles nées de cette quête, notamment la naissance des rumeurs, les jugements d'autrui nés de suppositions, de ces on-dit, mais aussi ces discours répétés par des perroquets incapables d'analyse.
Après-tout si un homme rencontre et parle à des homos, c'est peut-être.... c'est certainement parce qu'il est lui aussi homo...
Non?
Les dernières pages bousculent le lecteur, l'interrogent et le mettent face à de possibles contradictions.
J'ai lu ce livre au lendemain d'autres lectures récompensées par des prix littéraires, qui ne me paraissaient pas totalement justifiés, pour certains d'entre eux.
Je ne comprends pas comment une telle écriture dérangeante et courageuse ait pu passer à côté de ces récompenses et rester dans un anonymat qui me déçoit.
Surtout également parce que ce roman met en évidence des faits de société, des dérives idéologiques, qui éloignent certains pays et certains peuples de la tolérance, de l'acceptation des différences...tout ça au nom d'une religion, ou plutôt au nom d'interprétations de textes religieux....de l'intégrisme religieux !
"Un bon pédé est un pédé mort"
Ces dérives et ce rejet de la différence tuent dans le pays de l'auteur. Il mérite beaucoup plus de lumière
"Méfiez-vous des personnes qui prétendent ne pas vous juger : elles l'ont déjà fait, peut-être plus durement que les autres, même quand elles sont sincères, surtout quand elles sont sincères."
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Ndéné Gueye est enseignant en littérature à l'université de Dakar. Quand il n'est plus devant ses étudiants, il vit comme n'importe quel jeune Sénégalais, entre ses amours, sa famille, sa routine et son questionnement existentiel. Puis une vidéo que lui montre Rama (la magnifique femme qu'il fréquente) dans laquelle on voit des individus déterrer le corps d'un homme. Un homme, qui, selon certains critères moraux n'en étant pas un, car cet homme était homosexuel. Un homme qui en Wolof est désigné par des termes peu flatteurs ou lourds de sous-entendus peu flatteurs dont celui d' "homme-femme", ou en d'autres termes, un homme qui n'a d'homme que les traits biologiques mais l'attitude d'une femme dans ce que le patriarcat lui prête de plus dégradant.
Et à ses dépends, notre protagoniste va comprendre à quel point il est compliqué de s'opposer aux idées préconçues.


Par son cheminement, tant en actes qu'en pensées, la lectrice occidentale que je suis a pu se rendre compte à quel point l'homosexualité au Sénégal n'est pas un "simple" enjeu religieux, culturel ou moral mais historique. En effet la présence de l'homosexuel, d'abord rejeté en bloc et dénigré comme étant une maladie apportée par l'homme blanc (de la même façon que les colons disait que c'était une maladie de ces dégénérés d'indigènes!) mais qu'elle est problématique car elle vient entacher l'image que la société traditionnelle s'est construite au XXème siècle - là encore , plus ou moins en réaction aux différences avec l'Autre qu'on veut exacerber.

C'est un roman fort par son contenu et son analyse qui bouscule a plus d'un titre. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai voulu m'y confronter plutôt que de lire le Goncourt. Je ne peux pas dire que j'ai tout aimé, loin de là. A mon sens, les 70 premières pages et les 20 dernières n'ont rien d'indispensable. Même si, je reconnais que le début permet au romancier de démystifier l'image du bon peuple et de montrer les effets pervers de l'effet de foule. Mohamed Mbougar Sarr ne se contente pas de montrer à quel point la foule attise nos instincts primaires les plus malsains et notre fascination pour le sordide, il montre aussi que malgré nous, le développement d'Internet et des réseaux sociaux nous a aussi pris dans ce piège plus ou moins malgré nous.

Contrairement à ce que laissent penser certaines polémiques (de quelle ampleur réelle, je ne saurai le dire) qui ont eu lieu au Sénégal autour de ce livre jugé immoral qui selon certaines instances politiques faisait "l'apologie de l'homosexualité", la vidéo est un prétexte pour interroger une société tiraillée entre deux feux. Entre une jeunesse qui suit aveuglément les préceptes traditionnels, respecte scrupuleusement la hiérarchie familiale et ses valeurs morales et religieuses, ceux qui voudraient avancer et vivre leur vie comme ils l'entendent sans les contraintes traditionnelles (ou "comme les blancs") et ceux encore qui ne savent pas trop se situer. C'est un roman important et nécessaire en ce sens, malgré les défauts littéraires que je lui trouve (ce qui ne m'a pas empêché de mettre plein de post-it dedans!).

Le grand mérite de ce roman c'est qu'en plus de réfléchir il montre bien que les avis tranchés sont minoritaires (mais parlent bien plus fort que les autres) et que les choses ne sont pas si tranchées et simples qu'on pourrait le faire croire.
L'un des passages les plus fins dans ce livre est celui où Ndéné est face à ses propres contradictions : alors même qu'il a défendu Verlaine en disant qu'il n'était pas défini par sa sexualité et que rejeter son oeuvre sur ce prétexte était stupide, on voit bien que son attitude, son expérience dans le réel lorsqu'il est face à un homme qui est ou pourrait être homosexuel est de le réduire à cela. Et qui pourrait se vanter de ne pas faire de même à une époque où l'étiquette est non seulement une mode mais un must-have ?

Un livre fort et intéressant à lire surtout à une époque où on se demande quelle étiquette poser à deux ados homos qui ont tiercé dans une église (soit disant) en tant que militants LGBT ?
La preuve que ces débats n'arrivent pas que chez les autres...
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Que ce livre est bien écrit ! Cet écrivain a un don pour expliquer les choses, les rendre compréhensibles … les décrire, qu'elles soient belles ou horribles. Car oui ce roman nous plonge dans le Sénégal homophobe dans toute sa laideur. Là-bas, il faut ne jamais montrer son amour pour un être du même sexe, ni les cotoyer, car une rumeur est si vite lancée et les conséquences peuvent être fatales.

“Ce sont de purs hommes parce que à n'importe quel moment la bêtise humaine peut les tuer, les soumettre à la violence en s'abritant sous un nombreux masques dévoyés qu'elle utilise pour s'exprimer: culture, religion, pouvoir, richesse, gloire ... Les homosexuels sont solidaires de l'humanité parce que l'humanité peut les tuer ou les exclure."

Ndéné Gueye est témoin, à travers une vidéo, de l'exhumation du corps d'un jeune homme par une foule en délire. Selon la rumeur il aurait été un goor-jigéen, un homosexuel. Ndéné en est profondément secoué et veut savoir qui fut cet homme et pourquoi lui a-t-on fait cet outrage ? Nous participons à ses recherches et surtout à ses réflexions si justes. Un grand livre !

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Comme beaucoup, j'imagine, j'ai découvert Mohamed Mbougar Sarr depuis que La plus secrète mémoire des hommes a obtenu le Goncourt. Quelques-uns, ici et là, m'ayant recommandé la lecture de purs hommes, c'est donc par ce roman que j'ai poursuivi ma rencontre avec ce jeune auteur. J'étais curieuse de savoir si je retrouverais là le style puissant mais parfois un peu enflé qui anime son roman primé. Et j'avais entendu parler de la polémique qui a resurgi au Sénégal autour de l'apologie que ferait Mbougar Sarr de l'homosexualité.
Avec tant d'attentes et de biais de lecture, j'aurais pu être déçue. Il n'en a rien été. le roman est beaucoup plus sobre dans son écriture mais on trouve déjà à l'oeuvre les grands motifs de la plus secrète mémoire des hommes : quête identitaire, écartèlement entre les attentes de la société et les impressions intimes, tourments à savoir ce qu'être juste veut dire. En un certain sens, c'est presque deux fois le même roman. Ou deux variations de la même partition, l'une avec l'écriture comme thème et l'autre non pas l'homosexualité mais plutôt le rapport entre destinée individuelle et regard social normatif.
C'est ce qui m'a plu d'ailleurs, que ce ne soit pas bêtement une apologie de la tolérance pour toutes les pratiques et orientations sexuelles. Que l'universalisme des valeurs soit bien plus subtilement interrogé. le personnage du professeur M Coly l'explique d'ailleurs très bien : la culture sénégalaise faisait une place aux pratiques homosexuelles dans son fonctionnement traditionnel. C'est la flamboyance provocatrices des pratiques homosexuelles à l'occidentale qui ont crispé les esprits et rompu le fragile équilibre de tolérance. Evidemment, il ne faudrait pas comprendre que l'homosexualité ne peut être que tolérée à la marge. Mais plutôt que la manière différente d'aborder ces orientations sexuelles individuelles entre deux sociétés ne pose problème qu'à partir du moment où les deux modèles entrent en collision, voire lorsque l'un s'arroge une supériorité morale sur l'autre. Encore une fois, c'est bien de colonisation des esprits et de difficile quête identitaire qu'il s'agit ici.
J'ai aimé aussi l'ambivalence que recouvre le terme de goor-jigéen, « homme-femme » : travesti, homosexuel, la distinction n'est pas précise et le fait qu'elle n'ait pas besoin de l'être montre aussi une culture où il n'est pas besoin de rentrer dans ces détails là pour trouver une place à qui n'affiche pas exactement ce que la religion musulmane telle qu'elle est pratiquée au Sénégal attendrait d'un bon croyant. Dans l'hypothèse où il y aurait eu, avant l'influence occidentale, une effective acceptation de ces goor-jigéen, qui auraient eu leur place et auraient bénéficié d'une forme d'acceptation, c'est intéressant aussi d'imaginer qu'on ne soit pas obligé de rentrer minutieusement dans la taxinomie des comportements. Que la société recouvre d'un seul terme ce qu'elle peut ostensiblement voir, un homme qui a aussi l'apparence d'une femme, et qu'elle ne cherche pas à clarifier ce qu'une telle allure signifie de ses pratiques intimes. Une forme de pudeur possible, d'intimité préservée du regard publique.
Pour amener à cette réflexion, le roman met en scène différents moments cruciaux : l'exhumation, la visite à la mère du défunt maudit, le reniement par le père du narrateur, la tentation, le sacrifice ultime. La dimension christique de l'itinéraire ainsi parcouru est évidente. C'est ce qui fait peut-être de de purs hommes un livre juste, une prise de position courageuse qui brille davantage par la pertinence de son analyse que par la subtilité des moyens utilisés pour la soumettre à son lecteur.
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Tout commence lorsque Rama, une femme libre et libérée, montre à son amant Ndéné une vidéo qui fait le tour du pays. On y voit une foule scandalisée qui creuse pour retirer un homme de sa tombe. le cadavre, un homosexuel supposé, ne mérite pas d'être enterré dans un cimetière musulman. Ce n'est qu'un « goor-jigéen » (homme femme en wolof) après tout.

De prime abord, la vidéo ne le choque pas. Il ne se considère pas homophobe, mais presque.

Mine de rien, cette démonstration de haine et de violence se met à le hanter. Qui était cet homme ? Quel âge avait-il ? Que faisait-il dans la vie ?

Ndéné, professeur de littérature française à l'université, va commencer à se remettre en question et réaliser l'homophobie de son pays.

L'auteur Mohamed Mbougar Sarr aborde ici un sujet complexe mais s'en tire à merveille. La langue est belle, le style est maitrisé. Ce livre offre un vrai dépaysement, un voyage au Sénégal. le sujet de fond, quant à lui, est abordé sans manichéisme et permettra peut-être d'éveiller certaines consciences.
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Un regard posé sur un moment de vie.
Tourment, cruauté, bannissement, être un être sans raison.
Ndéné, jeune professeur ne comprend pas ses rumeurs… est terrorisé à la vue d'une vidéo.
Est contredit et boudé de ses élèves pour avoir osé parler de Verlaine.
Son père, grand croyant n'ose croire la rumeur … Ndéné s'intéresse à un mort, un rejeté du monde, un homosexuel.
Un témoignage écrit avec beaucoup de pudeur, d'amour, la recherche pour comprendre cette religion et ses hommes qui renient les leurs.
On reste tendu jusqu'à la dernière page, un beau roman. Un destin cruel et honteux.
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Ce court roman n'a certes pas la même portée que La plus secrète mémoire des hommes (que j'ai adoré), ni sa construction sophistiquée, mais il n'en reste pas moins très percutant et démontre déjà une certaine puissance littéraire de la part de son auteur.

Ndéné, jeune enseignant universitaire sénégalais déjà désabusé par son métier, visionne un jour une vidéo où l'on exhume d'un cimetière le corps d'un jeune homme soupçonné d'homosexualité. Alors que cette vidéo continue de l'obséder, il cherche à découvrir l'identité de cet homme ainsi que les racines de la violente homophobie qui règne au Sénégal. Mais plus ses recherches se creusent, plus les rumeurs sur son propre compte commencent à se répandre, au point de le mettre en danger à son tour.

Ce qui m'épate chez Mohamed Mbougar Sarr, c'est sa vision fine et nuancée d'un sujet donné (la littérature dans La plus secrète mémoire des hommes, l'homosexualité/homophobie ici) et son constat qu'il est très difficile pour les pays issus de la décolonisation de se construire une identité en-dehors de l'Occident, que ce soit en s'y conformant ou en le rejetant. La réflexion est peut-être encore plus complexe ici, car la religion vient s'ajouter à une équation déjà bien embrouillée.

L'écriture est plus brute, moins travaillée que dans le roman subséquent de l'auteur, mais se prête très bien au sujet abordé et n'en reste pas moins remarquable. Je ne peux m'empêcher de remarquer que bien que le sujet soit très différent et la construction plus simple, l'approche narrative est la même que dans La plus secrète mémoire des hommes : un universitaire sénégalais un peu pédant fait une découverte étonnante qui le bouleverse (un roman/une vidéo) et part dans une quête pour en savoir plus sur l'homme qui a provoqué cette découverte. Mais je ne m'en étais pas rendue compte avant de chercher à résumer de purs hommes.

Clairement, j'attendrai avec impatience les prochains romans de Mohamed Mbougar Sarr. Cet auteur a vraiment quelque chose à dire et en plus, il le dit bien.
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Dans ce roman, l'écrivain africain Mohamed Mbougar Sarr décrit le sort réservé aux homosexuels dans son pays le Sénégal. Dans ce pays fortement musulman, il est risqué d'afficher publiquement son homosexualité. le héros du livre, Ndéné Gueye, professeur de littérature française visionne une vidéo virale où le cadavre d'un homme homosexuel est déterré puis traîné hors d'un cimetière par une horde de gens en colère. de plus, son cours s'attire les foudres de ses élèves et de la direction ayant voulu parler des poèmes de Verlaine. Il est interdit pour lui de parler des auteurs qui ne sont pas hétérosexuels. Il est donc impossible de séparer l'homme de son oeuvre.

Si les homosexuels peuvent être battu voire tuer, il leur est interdit d'être enterrés au cimetière. Ils n'ont pas le droit d'avoir une sépulture.

De purs hommes est admirablement bien écrit. Son propos sur l'ouverture et l'acceptation des différences est universel. Bien que ce roman soit bref, il n'invite pas moins à la réflexion. Bref, un excellent moment de lecture et un écrivain que j'ai hâte de retrouver.
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