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Le Goncourt m'a impressionnée aussi ai-je décidé de lire les autres livres de ce jeune auteur: notamment Terre ceinte sur les ravages de l'islamisme (ou tout intégrisme) et la soumission du "peuple". Ici, il s'agit d'homosexualité au Sénégal et comme Leïla Slimani pour le Maroc, l'auteur montre l'hypocrisie de la société. L'islam interdit l'homosexualité et condamne à mort: ce serait les blancs qui auraient importé cette déviation diabolique. Or l'homosexualité existait avant l'Islam, elle était discrète et tolérée.
J'aime beaucoup l'écriture de Sarr, moins sur-écrite que dans son dernier livre, de construction plus accessible et de vocabulaire plus habituel (j'ai du chercher "térébrante", contre 10 à 12 mots dans La plus secrète mémoire des hommes;) La façon d'aborder ce problème m'a beaucoup touchée: on sent l'évolution des sentiments du jeune professeur qui finalement prend le risque d'être soupçonné d'homosexualité pour avoir le courage de ses opinions. Il continuerait à enseigner la poésie de Verlaine si on le laissait faire...Déjà son père paie le prix d'avoir incité à prier pour eux et en particulier pour le jeune homme qu'on a extirpé du cimetière musulman parce que la rumeur le considérait comme homme-femme, traduction du terme sénégalais; c'est sa mère qui a du l'enterrer.
Un vrai coup de coeur et je félicite les éditions Philippe-Rey d'avoir remarqué ce sérère franco-phone.
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La première fois que j'ai entendu le nom de cet auteur, c'est en participant au concours de Babelio sur les prix littéraires. Trop jeune (31 ans), trop africain, trop petit éditeur pour un Goncourt ai-je pensé, à tort. Alors j'ai voulu en avoir le coeur net. Et plutôt de que de lire directement son livre primé, j'ai préféré un texte court, antérieur: "De purs hommes".
Tout de suite, on ressent que ce jeune homme a un vrai talent d'auteur. Ce n'est jamais démenti au long du texte. A partir de l'intolérance d'une société, d'une religion, il restitue un roman riche de vocabulaire, d'intentions, d'analyses pertinentes. Seul bémol, je n'ai noté absolument aucune propension à l'humour au long des 190 pages.
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Au sortir d'une nuit d'amour avec son amie, un jeune professeur d'université voit une vidéo, qui circule rapidement au Sénégal, montrant l'exhumation d'un corps par une foule en colère. C'est ainsi que la communauté, parfois même la famille proche, réagit lorsqu'un homosexuel est enterré dans un cimetière. Obsédé par cette vision, Ndéné Gueye, le professeur, n'a de cesse de savoir qui était l'homme ainsi mis au ban de la société même après sa mort.

L'écriture de Mohamed Mbougar Sarr, d'une grande force, viscérale, frappante, présente un état des lieux de l'homophobie au Sénégal. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est glaçant. La situation est finement analysée au travers d'un cas particulier et de quelques personnages, représentatifs sans être caricaturaux. L'incipit qui met directement dans le vif du sujet, le thème très fort, l'écriture directe et sensible, m'ont vraiment embarquée. de purs hommes est le troisième roman de l'auteur, qui vient d'en publier un autres : La plus secrète mémoire des hommes, aux éditions Philippe Rey, pour cette rentrée littéraire. Je ne manquerai pas de le découvrir.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Primo Lévi a posé la question de la nature de l'humanité, face au système concentrationnaire nazi. le Sénégal aujourd'hui en paraît bien loin, pourtant Mohamed Mbougar Sarr propose dans son court récit, une réflexion philosophe qui renoue avec cette affirmation suspendue au conditionnel : « Si c'est un homme ».
La construction du récit réussit à démontrer que cette question ne va pas de soi, malgré le lourd héritage historique de l'humanité, notamment celui du vingtième siècle, l'intégrité, la dignité de la personne humaine, ne sont pas des valeurs universelles. Lorsque Ndéné Gueye voit pour la première fois les images du cadavre déterré par la foule, il semble davantage justifier l'évènement que le condamner, ce corps profané, ne porte-t-il pas encore, le crime de l'homme qu'il fût : avoir été homosexuel, dans un pays où ces derniers sont montrés du doigt par la morale religieuse ? L'auteur nous invite à suivre Ndéné Gueye, dans son cheminement vers le doute et la prise de conscience claire de ce qu'être un homme signifie. Cet éveil à la question des droits de la personne humaine passe par la confrontation avec la réalité de la pression sociale, comme professeur de littérature, inconditionnel de l'amour des mots et des textes, il va défendre Verlaine devant ses étudiants qui lui somment au contraire de le condamner pour son homosexualité. le concept de purs hommes progressivement s'effrite et se retourne, il n'est pas celui que l'opinion publique voudrait imposer.
Cette prise de conscience est aussi un choix, celui d'aller jusqu'au bout de sa pensée, en acceptant et assumant la condamnation publique.
Au-delà de Ndéné Gueye, le récit met en scène de nombreux personnages qui chacun à sa manière fait les frais de la pression morale dominante, l'auteur réussit à brosser le constat des ravages que l'obscurantisme religieux génère, dans ce cataclysme social, les femmes s'en sortent mieux que les hommes, vivant et assumant pleinement leur liberté.
Un roman philosophique très fort, qui annonce pleinement « la plus secrète mémoire des hommes ».

Lien : https://weblirelavie.com
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Voici un livre courageux. Car pour l'écrivain sénégalais, il s'agit ici d'affronter non pas de simples préjugés, mais un véritable tabou collectif, un consensus social et politique qui, dans son pays, interdit, pourchasse et tue les personnes homosexuelles, pour des raisons à la fois religieuses et traditionnelles, alimentées par le rejet d'un Occident colonial supposé perverti.
Alerté par Rama, sa sensuelle partenaire, de l'existence d'une vidéo virale montrant une foule hystérique affairée à déterrer, sous ce prétexte, un cadavre d'un cimetière musulman, le narrateur, Ndéné Gueye, un jeune enseignant de littérature à l'université, a d'abord une réaction d'indifférence et même de mépris.
Mais peu à peu il cherche à comprendre et voit se multiplier autour de lui les signaux d'intolérance et d'homophobie, que ce soit à l'université où il lui est reproché d'étudier Verlaine, ou à la mosquée où son père, pratiquant fervent, se fera toutefois écarter pour avoir demandé de prier pour les homosexuels. Menant l'enquête auprès d'un célèbre travesti, puis de la mère d'Amadou, l'homme lynché après sa mort, il va faire naître le soupçon et la rumeur à son sujet. Quant à lui, l'amoureux des femmes, qui est-il vraiment ? Est-il lui-même exempt de toute ambivalence ?
A la recherche de la vérité sur sa société et sur lui-même, Ndéné s'engage, au point de se compromettre, dans un combat personnel contre l'hypocrisie sexuelle sévissant dans son pays, alimentée par le rigorisme musulman. Cherchant à analyser le problème mais aussi à le vivre en apportant son soutien et sa solidarité à la mère d'Amadou, il parle particulièrement bien de la violence exercée et subie, du travail du deuil, du secret et de la rumeur, des foules en folie, qu'elles soient festives ou vengeresses, dont il reconnaît se sentir parfois partie prenante.
Un roman au style impeccable, dont le rythme s'accélère au fur et à mesure que le héros s'implique dans ce violent problème social, un texte d'une grande lucidité vis-à-vis des autres et de soi-même. Hélas, logiquement, il a valu à son auteur une polémique hostile et une campagne de dénigrement au Sénégal.
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Un auteur à suivre, une très belle découverte! son écriture est magnifique. Jeune auteur sénégalais, Mohamed Mbougar Sarr sait manier les métaphores, la poésie des mots pour explorer l'intimité de notre humanité: la violence qui nous lie, la folie de la rumeur mais surtout le poids de l'héritage, des traditions d'une société que l'on aime et respecte mais dont on voudrait s'émanciper sans trahir nos aiëux. Si le sujet en fond est celui de l'homosexualité au sénégal c'est avant tout un magnifique roman sur l'humain et une écriture à découvrir absolument!
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Une plume incroyable au service de l'homosexualité au Sénégal.

De prime abord, ce n'est pas un sujet qui m'intéresse particulièrement. Cependant, la qualité d'écriture et la sensibilité de l'auteur rendent ce livre indispensable dans la bibliothèque de tout francophile contemporain.

Livre découvert après avoir commencé par le Goncourt de Mohammed Sarr.
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Mohamed Mbougar Sarr, né en 1990, a obtenu le prix Goncourt en 2021, pour "La plus secrète mémoire des hommes"; le présent roman date de 2018. Il évoque un sujet très délicat dans tous les pays africains: la place des homosexuels dans la société. En se basant sur la tradition, sur l'idée (fausse) que l'homosexualité a été introduite par les Européens et surtout sur l'Islam, les Sénégalais la rejettent catégoriquement, en grande majorité.

Le personnage principal, Ndéné, jeune professeur de français à l'Université de Dakar, est bouleversé par une vidéo que lui montre sa belle maîtresse: le cadavre d'un personne présumée homosexuelle est violemment extrait de sa tombe par une foule déchaînée. Troublé, mis en cause parce qu'il fait étudier un poète homosexuel (Verlaine) à ses étudiants, Ndéné se met en chemin pour sortir peu à peu des préjugés communs. Il comprend que « les homosexuels appartiennent de plein droit à l'humanité pour une raison simple: ils font partie de l'histoire de la violence humaine. (…) Ce sont de purs hommes parce qu'à n'importe quel moment la bêtise humaine peut les tuer, les soumettre à la violence en s'abritant sous un des nombreux masques dévoyés qu'elle utilise pour s'exprimer: culture, religion, pouvoir, richesse, gloire ». Plus tard, une scène émouvante le met en présence de la maman du jeune "gôor-jigéen" mort et outragé au cimetière.

Certains trouveront qu'il s'agit là d'un "roman à thèse". C'est vrai, il a énervé les Africains traditionnalistes . Mais la brièveté et la simplicité de son synopsis n'en font pas un livre mineur. Je trouve qu'il est écrit de belle manière et qu'il ouvre des horizons sur le (vrai) Sénégal.
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Au Sénégal, l'homophobie est devenue l'un des dogmes de la communauté musulmane. Les rumeurs, fondées ou non, et les violences gratuites s'intensifient. Un jeune professeur, dont l'aversion pour l'homosexualité masculine n'est pas dissimulée, va s'interroger sur le bien-fondé de cette violence contre les homosexuels. Un examen de conscience qui bouleversera ses certitudes et le poussera à choisir un camp. L'auteur, dont l'éducation a été instillée par un hétéronormisme de rigueur, nous offre courageusement et avec brio le déroulement de sa réflexion.
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C'est un livre impressionnant. Qui laisse sans voix de par la violence et le silence même qu'il impose. Comme la société qui impose sa loi par la rumeur. La rumeur qui tue. La force prodigieuse de cet ouvrage et de questionner le « non-homophobe mais » qui sommeille en pratiquement chacun de nous, de déconstruire par la simple exposition les schémas aberrants qui se perpétuent depuis des générations. Et, de grâce, ne venez pas dire que cela se passe « ailleurs » mais pas « chez nous », je vous inviterai à visiter, par exemple, le site de l'association le Refuge (ils sont sur Instagram mais je ne peux pas taguer, à défaut l'antenne parisienne : @le_refuge_paris). Ce n'est qu'une question d'intensité, d'étendu et de libération de la violence, c'est triste, terrible, mais c'est tout. Avec sa plume si vive, profonde et humaine, Mohamed Mbougar Sarr oblige à se questionner, donc à se positionner, puisque l'absence d'opinion et de raison n'est pas une option. Elle ne l'a jamais été.
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