L'Etat dynamique peut rendre la société seulement possible en maîtrisant la nature par des forces naturelles;
L'Etat éthique peut la rendre seulement nécessaire (moralement) en soumettant la volonté individuelle à la volonté générale;
L'Etat esthétique seul eut la rendre réelle parce qu'il accomplit la volonté de tous par le moyen de la nature des individus.
S'il est vrai que le besoin déjà contraint l'homme à entrer en société, et si la raison lui inculque des principes de sociabilité, la beauté seule peut lui communiquer un caractère sociable. Le goût seul met de l'harmonie dans la société parce qu'il crée de l'harmonie dans l'individu. Toutes les autres formes de relations divisent la société parce qu'elles sont exclusivement en rapport soit avec la réceptivité spécifique, soit avec l'activité spécifique de ses différents membres, c'est-à-dire avec ce qui les distingue les uns des autres; seules les relations fondées sur la beauté unissent la société parce- qu'elles se rapportent à ce qui est commun à tous.
La beauté, soit que Schiller la définisse objectivement, soit qu’il analyse ses effets sur l’âme humaine, est un mélange de sensible et de suprasensible, de matière et d’idéal. Que cette alliance ait pu prendre naissance, qu’elle soit possible, c’est là un mystère insondable, comme l’est toute réciprocité d’action entre le fini et l’infini.
Non seulement donc cette lumière de l’intelligence ne mérite l’estime que dans la mesure où elle se réfléchit sur le caractère ; mais encore elle part dans une certaine mesure du caractère, car le chemin qui mène à l’esprit doit passer par le cœur.
L’humour est une activité contemplative qui s'affranchit de l'influence de la réalité, et ce n'est pas sa mission de vouloir changer le monde, mais seulement de le montrer tels qu'il est, dans sa réalité la plus absurde.
L'homme ne joue que là où dans la pleine acception de ce mot il est homme, et il n'est tout à fait homme que là où il joue. (p. 221)
Vidéo de Friedrich von Schiller