Le livre d'
Helmut Schoeck est le premier essai à traiter de
l'envie, cette passion la plus asociale et la plus destructrice qui soient et paradoxalement à la fois indispensable à la vie sociale.
Cet ouvrage de plus de 500 pages est vraiment complet et exhaustif. L'auteur aborde la notion d'envie sous toutes ses formes. Il puise aussi bien dans l'histoire, la littérature, la philosophie, la sociologie, le droit pour analyser ce sentiment.
C'est très agréable à lire, tout en étant rigoureux. Mais s'il comble certaines lacunes (
l'envie à été finalement très peu analysé), je trouve que l'auteur se focalise sur
l'envie et dépeint souvent les choses sous son seul prisme en oubliant l'impact d'autres passions (sexualité, désir de possession ...).
Un bon tiers du livre est consacré au versant politique de
l'envie. C'est passionnant de voir l'impact de ce sentiment et son influence sur la vie sociale et politique à travers les âges jusqu'à nos jours.
Moteur pour prendre le pouvoir,
l'envie peut être tournée contre une ou plusieurs catégories de la population ou sur un ennemi extérieur. le plus souvent
l'envie se porte sur des classes sociales proches de
l'envieux. Et ce n'est pas tant s'approprier le bien d'autrui que de voir plutôt celui ci être détruit qui importe.
L'envie est un nivellement par le bas et elle est ressentiment face à celui qui a plus.
Helmut Schoeck émet une critique assez violente de l'égalitarisme en particulier à travers le socialisme.
C'est souvent juste mais parfois excessif et teintée idéologiquement ( droite libéral). A le lire on a parfois l'impression que tout ce qui vise à réduire les inégalités est négatif, accentue
l'envie, appauvrit et nivelle par le bas.
Pour moi c'est un très bon livre car extrêmement complet mais parfois entaché par une perte d'objectivité avec des partis pris idéologiques et une focalisation sur son sujet "
l'envie" qui met sur le coté l'influence des autres passions.