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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Exhumer le passé à partir de ses traces. le roman vertigineux et admirable d'après la catastrophe.

Dans cet ultime roman de W.G. Sebald publié en 2001, traduit en 2002 par Patrick Charbonneau pour les éditions Actes Sud, le narrateur part en voyage comme dans «Les anneaux de Saturne», pour échapper à un malaise diffus, mû par une impulsion incompréhensible. En Belgique, après la visite du jardin zoologique d'Anvers et en particulier de son Nocturama, où des animaux «vivent leur vie crépusculaire à la lueur d'une lune blafarde», ses pas le conduisent dans la gare d'Anvers – lieu qui se confond dans son esprit avec le Nocturama – car les êtres humains y semblent rétrécis sous la hauteur extraordinaire de la verrière et portent sur leurs visages la même expression d'accablement que les bêtes du zoo.

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Une oeuvre de grande qualité. Remarquable.

Le narrateur relate ses rencontres curieuses et récurrentes avec un certain M. Austerlitz, qui constituera le personnage principal du roman et qui, au travers du récit par le narrateur, va expliquer son cheminement très long, complexe et approfondi pour retrouver son passé, comprendre ses origines et retracer sa vie.

La lecture est parfois laborieuse, requiert un effort d'attention soutenue, mais quelle merveille d'expression et de langage! Les phrases peuvent être longues, les digressions sinueuses, pour autant la profondeur de ce chemin personnel vers le passé, de ce dialogue avec les origines, avec les morts, est d'une intensité forte et empreinte d'une émotion subtile, prégnante. On est baigné dans cette recherche touchante, bouleversante. On chemine avec Austerlitz dans sa quête, avec une implication presque personnelle.

Ce livre est une ode au souvenir, au dialogue avec le passé, au travail de mémoire, mais en filigrane également infuse tout au long du récit, une humanité pleine de pudeur ou, plutôt, une pudeur pleine d'humanité.
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Dans ce roman de non-fiction, on pense à la Mystérieuse flamme de la reine Loana d'Umberto Eco pour la forme, et pour la trame, à Danube de Claudio Magris et bien sûr à L'histoire des grands-parents que je n'ai pas eus d'Ivan Jablonka. A noter l'amusante critique de la bibliothèque François Mitterrand.
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On retrouve très souvent deux mots dans ce texte (qui est un roman d'après le quatrième de couverture) et c'est « Austerlitz dit », un peu à la manière du « Pereira prétend » de Tabucchi (on y rencontre d'ailleurs un Pereira comme personnage secondaire)… le narrateur y évoque ses rencontres avec un dénommé Jacques Austerlitz. Arrivé en 1939, vers l'âge de cinq ans, dans la sinistre famille d'un pasteur gallois nommé Elias, dont il portera le nom, Austerlitz ne se souvient pas de sa petite enfance et semble souffrir déjà d'un manque de sentiment d'appartenance. Scolarisé tôt dans pensionnat, un de ses professeurs entreprendra des démarches pour connaître la véritable identité de son élève, qui toute sa vie cherchera ses origines. Comme toujours chez Sebald, du moins dans les deux autres romans que j'ai lu de lui, tous les éléments de narrations sont imbriqués les uns dans les autres, ouvrant la porte à toutes sortes de digressions apparentes (textes et images) qui finissent pourtant par faire sens. du grand art.
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Il y a dans « Austerlitz » une émotion qui n'est pas réductible à la seule histoire racontée par W. G. Sebald. le roman lu, compris, ne meurt pas à la dernière page. A nouveau parcouru, il renait à lui-même et redevient ce qu'il a été. Il ne transmet pas ce qu'il y a d'intelligible de Jacques Austerlitz mais inspire un certain état d'esprit, celui-là même du personnage principal. A la gare centrale d'Anvers, entre le narrateur et le héros sebaldien, il est sans transition et urgemment question de dysfonctionnement et de monumentalisme de l'architecture du vingtième siècle avec verrières, quais, cité ouvrière idéale, palais monstrueux, défense des villes et fort nazi … Chaque bâtiment dans l'oeuvre de Sebald est saturé de traces, d'histoire, c'est pour lui tout un passé qu'il convient de se réapproprier. Pétris de savoir, vagabonds et polyglottes, les personnages tentent dans un monde d'invraisemblable oubli une récupération désespérée de la culture. Trente ans après la première conversation, Jacques Austerlitz qui a abandonné ses recherches architecturales, dévoile ce qu'il a appris très tardivement de sa propre biographie. C'est une vie pleine de catastrophes, de mystères qui refait surface sous forme de découvertes, de crises existentielles, d'accès de paniques et de paranoïa, de périodes de dépression et d'envies de suicide. Enfant de la shoah réfugié en Angleterre, Austerlitz retrouve, à Prague, au camp de Terezin, à Marienbad et à Paris … les traces de ses parents tragiquement disparus. le roman de Sebald est un récit couleur de cendre qui brouille sans cesse fiction et histoire, il est un prodigieux montage de textes et d'images floutées, un télescopage formidable d'époques et de lieux qui réveille inexorablement les mémoires et fait surgir les fantômes. le silence omniprésent qui hante ces pages, les nombreux blancs dans le récit, la parole toujours mélancolique rappellent, sans jamais l'évoquer directement, l'existence des camps de concentration. La conscience de Jacques Austerlitz est à n'en pas douter l'ombre portée des miradors. Trop petit pour se souvenir mais incapable d'oublier, W. G. Sebald dans son oeuvre ne cesse de s'attaquer aux troubles de la mémoire allemande, à ses ravages dans les têtes et dans les corps. Il entend « Par-delà le crime et le châtiment » le cri d'un Jean Améry : « le peuple allemand ne peut laisser neutraliser par le temps une partie de son histoire nationale, il faut au contraire qu'il l'intègre. « Auschwitz est le passé le présent et l'avenir de l'Allemagne » (Hans Magnus Enzensberger) ».
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Parce que, même si je n'ai pas son érudition, sa démarche est celle dont je me sens le plus proche. Sa manière d'errer à travers livres et villes définit, de mon point de vue, assez bien la position de l'écrivain d'aujourd'hui. Dans la même démarche voir aussi La vitesse des choses de Fresan ou A la recherche du voile noir de Moody...
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Le génie de W. G. Sebald, déjà salué de son vivant, se retrouve dans l'un de ses derniers romans : Austerlitz. Les thématiques du voyage et de la crise identitaire - chères à l'auteur - s'y retrouvent. le narrateur - dont la ressemblance avec l'auteur est frappante - se fait le dépositaire de l'histoire d'Austerlitz, un émigré Juif à la recherche de ses origines. La force de ce roman réside dans le style alternant écriture de fiction et écriture scientifique, historienne. de fait, la quête dans le passé d'Austerlitz n'est pas seulement documentée et rattachée à l'Histoire, c'est aussi un témoignage de ses souffrances et de ses états d'âme. A la recherche de ses origines et du mot juste, Austerlitz est l'incarnation de l'écrivain-artisan sensible à la langue mais dont sa propre plume lui est devenue étrangère. Bien que la structure soit très travaillée avec des récits enchâssés, l'absence de découpage en chapitres oblige une lecture assidue de la part du lecteur, entraîné à son tour dans la quête d'Austerlitz. Dans une harmonie imitative, les phrases s'enchaînent d'une manière si fluide qu'elles épousent parfaitement le mouvement des pensées des personnages, leurs nombreux déplacements ainsi que le flot continu des paroles d'Austerlitz. Voyage dans le temps, l'espace et l'esprit, Austerlitz est un récit bouleversant au nom des âmes déracinées, prises de vertiges face à la réminiscence de leur passé. Dès lors, il ne s'agit plus de connaître l'Histoire, mais son histoire.
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Je viens de finir ce livre extraordinaire qui rentre dans mon panthéon de la littérature moderne. Ce livre est un bijoux de subtilité et amène à des réflexions sur le temps, la mort et l'histoire d'une profondeur rarissime.

Les 50 premières pages sont difficiles car Austerlitz et le narrateur y discutent principalement d'architecture, mais comme Austerlitz a pris le temps de connaître notre narrateur avant de lui confier sa vie, il faut faire confiance à Sebald et continuer la lecture pour découvrir la quête des origines à laquelle Austerlitz a voué une partie de sa vie. Au final on suit Austerlitz à travers l'Europe, Londres, Paris, Prague, Nuremberg à la recherche des traces d'une enfance ensevelie sous le poids terrible de l'histoire, cette quête est aussi douloureuse qu'elle est envoûtante et on ne décrochera ensuite plus jusqu'à la dernière ligne.

Ce roman est merveilleux de justesse et m'a procuré la sensation étrange de toucher quelques idées sublimes. Je m'en vais sur le champ de ouvrir toutes les autres oeuvres de Sebald.
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de Sebald, j'avais déjà lu Les Anneaux de saturne, et je me suis replongée avec plaisir dans ce style si particulier, aux phrases étirées sur des dizaines de lignes, parfois sur des pages entières, sans que le propos perde sa limpidité.
Les thèmes abordés dans ce roman sont le temps (et la proposition d'une conception non linéaire de celui-ci), la Shoah, la mémoire traumatique ou encore la quête des origines.
Au fil du récit enchâssé de Jacques Austerlitz qui raconte à un narrateur anonyme son histoire et sa quête, les souvenirs des personnages s'accumulent jusqu'à former des strates très denses et enchevêtrées. La chronologie des événements se trouve brouillée, le passé s'immisce dans le présent et le lecteur est aspiré dans le vertige du temps éclaté et déréglé propre au traumatisme.
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Ayant découvert récemment W.G.Sebald avec 'les émigrants', j'ai lu ensuite 'Austerlitz'. J'aime lire ces récits de vie: comment Jacques Austerlitz mène sa vie en affrontant des choses aussi douloureuses que le fait de ne rien savoir de ses parents, et quand il apprendra très tard ce qu'il n'a jamais voulu savoir durant tant d'années, ce qu'il confesse à Sebald . La façon si personnelle dont l'auteur (Sebald) nous relate l'histoire de Jacques est tellement émouvante et empreinte de nostalgie.
Mais peut-être le livre aurait-il du se poursuivre avec la recherche du père; interrompue par le décès prématuré de l'auteur, ou par le fait de Jacques? Je ne sais pas.
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