Un spiritualiste est, par étymologie, celui qui croit à l'existence, à la primauté, à la permanence de l'Esprit; c'est un homme qui sait cet agent partout actuel, en tout actif, principe et fin de tout ; c'est un coeur assez sensible pour en percevoir les effets mondiaux; c'est une intelligence assez vaste pour en connaître les modes les plus contraires ; c'est, par dessus tout, une volonté assez royale pour faire obéir les instincts de la chair, les tendances du moi, les paresses de la pensée, à ce qu'elle a reconnaître, dans les voix que sa conscience entend, comme l'appel très sage de cet Esprit.
Ne vous effarouchez pas de cette phraséologie d'illuminé ; si dans la matière, les forces s'entre-dévorent ; si dans l'animique, les passions s’incendient mutuellement; si dans l'intellectuel, les idées se choquent, dans l'Esprit tout s'ordonne, tout se concilie, tout s'harmonise.
Le langage y est surhumain, les émotions angéliques, et les pensées universelles. Ne prenez donc pas les mots dont on use ici dans le sens que l'usage des sectes et des écoles leur a conféré ; voyez-les comme des signes tout neufs ; comprenez-les comme on les comprit aux anciens siècles, quand ces très vieilles idées vinrent pour la première fois sur terre.
L'oeuvre du savant, de l'artiste, du musicien, du prophète est toujours oeuvre d'inspiré ; l'auteur est toujours l'interprète d'un invisible, et si la puissance d'expression du livre, de l'édifice, ou de l'objet d'art dépend de la maîtrise technique et de la compréhension animique du travailleur, si sa puissance de rayonnement se proportionne à la réceptivité du public, — la puissance cultivatrice, l'émotion, l'émulation, l'ardeur que l'oeuvre va susciter, dépendront de l'altitude, de la pureté, de la beauté intrinsèque de l'invisible inspirateur.
Ou, plus exactement, ces rapports ne se dévoilent qu'à l'heure où nos forces physiques, intellectuelles et morales sont assez développées pour que nous collaborions dans le sens actif ou passif qu'ils indiquent; la loi de nature est appliquée par des puissances invisibles qui graduent l'effort selon notre degré d'évolution. Aussi, quand nous sommes aptes à suivre telle classe de l'Ecole du Monde, on nous y conduit, et il serait maladroit et puéril de ne pas vouloir entrer : un devoir est un instituteur