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Michèle Kahn (Traducteur)
EAN : 9782330139599
318 pages
Actes Sud (13/01/2021)
3.83/5   9 notes
Résumé :
Les étrangers n'en croyaient pas leurs yeux lorsque, à l'Ermitage ou au musée Pouchkine, ils découvraient des murs entiers couverts de chefs-d'oeuvre de Renoir, Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Bonnard, Matisse, Picasso... Quelques visiteurs avisés ou simplement curieux se demandaient pourquoi et comment un régime prônant l'"art prolétarien" avait pu amasser et conserver autant de manifestations de l'"art bourgeois"...
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai reçu ce livre dans le cadre du Masse Critique de Février et j'en suis ravie.

Il s'agit d'un biographie des frères Morozov.
Un nom qui, de prime abord, ne nous parle pas forcement.

Et pourtant, je pense que tout le monde a vu au moins une fois une reproduction, voire éventuellement l'original, d'un des tableaux dont ils furent les collectionneurs...
Il s'agit en effet de collectionneurs Russes, qui grâce à leur flair, leur goût et surtout leur immense fortune, ont pu acquérir plusieurs centaines de tableaux des principaux Maitres Français de la peinture du début du XX siècle.
Descendants de serfs ayant racheté leur liberté, ils ont prospéré rapidement dans le milieu de l'industrie textile, jusqu'à posséder un véritable empire industriel et donc une fortune absolument colossale.
Une fortune qui leur a permis d'acheter, avant les autres, ce qui par la suite constituerait l'une des plus belles collections de peinture de cette époque.

Cette extraordinaire collection a été confisquée et nationalisée en 1918, et éparpillée entre les principaux musées de Moscou, ( les Galerie Trétiakov et le musée Pouchkine) et de Saint Pétersbourg ( le musée de l'Ermitage et le musée Russe)

On connait un peu plus l'autre grand mécène et collectionneur Russe , Sergueï Chtchoukine, depuis en particulier la rétrospective exceptionnelle faite en France par la Fondation Louis Vuitton en 2016 .
Mais les frères Morozov ont une collection bien aussi riche et belle.
Leurs achats semblent avoir été plus affaire de gout qu'affaire d'argent.
Que ce soit celle de Morozov ou de Chtchoukine, ces deux collections ne sortent pas de Russie. Elles font partie du patrimoine Russe gardé jalousement depuis.
Celle de Morozov sera, à son tour, également exposée à la Fondation, normalement en 2021. ( si Covid se calme...)

C'est un vrai régal de lire ce bouquin, qui de plus est agrémenté de quelques photos.
Il s'adresse indéniablement à un public averti, car l'ensemble est à la fois très documenté, factuel et précis.
Les oeuvres achetées, les négociations entre marchands d'Art ainsi que le montant des transactions est rapportés scrupuleusement ...parfois un peu trop d'ailleurs.
Il est donc conseillé de lire avec une tablette à proximité pour visualiser les tableaux dont il est question.

Pour avoir eu la chance de voir à la fois la collection Morozov en Russie et la collection Chtchoukine à Paris et en Russie, j'ai d'autant plus apprécié de mieux comprendre pourquoi et comment ces tableaux Français ne sont pas dans nos musées Français .
Un livre que je recommande aux amateurs de peinture, qui trouveront là une belle manière d'approcher de grandes oeuvres, et aux amateurs de Russie qui liront avec plaisir les descriptions de la société industrielle, bourgeoise et fortunée de Moscou au début du XX siècle .

Je remercie les éditions Actes Sud ainsi que Babelio.





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Entre Moscou et Paris. XIXe-XXe siècle. Histoire de l'art

Oui, car c'est bien d'histoire de l'art dont il s'agit, l'histoire de la genèse, de la constitution et de la la fin d'une grande collection d'oeuvres d'art, celle des frères Morozov, petits-fils de serfs qui avaient racheté leur liberté et construit une fortune dans l'industrie textile, en Russie, dans les années ayant précédé les révolutions de 1905 et de 1917.

Natalia Semenova, historienne de l'art, nous raconte de manière fort bien documentée, notes et photos à l'appui, comment ces deux frères, Mikhail puis Ivan Morozov, ont construit ce qui deviendra alors, avec celle de Sergei Chtchoukine, l'une des plus grandes collections d'art moderne au monde.

La lecture de cet ouvrage passionnant s'accompagne avantageusement de celle du somptueux mais indispensable catalogue du second volet de l'exposition des « Icônes de l'art moderne » consacrée aux frères Morozov qui se tient à Paris jusqu'en février 2022.

L'on y comprendra le rôle qu'ont pu jouer les marchands parisiens et les collectionneurs russes dans le développement du marché de l'art à l'orée du XXe siècle : impressionnistes, post-impressionnistes et modernes - nabis, fauves, cubistes et autres

L'on y apprendra aussi ce que sont devenus ces collectionneurs et mécènes, leurs familles et leurs collections après la révolution de 1917, nationalisations, dispersions, regroupements, « vaporisations » …

Un ouvrage d'historien, passionnant pour qui s'intéresse à l'art, à la Russie et aux relations entre ce grand pays (malgré les heures sombres qu'il traverse) et la France.
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J'ai lu cette biographie très pointue sur les frères Mororov dans le cadre la visite de l'exposition qui leur est consacrée actuellement à la Fondation Vuitton à Paris. C'est toujours un plaisir de passer un week-end à Paris pour découvrir une prestigieuse exposition dont la capitale française a le secret.
Le nom de Morozov m'était totalement inconnu jusqu'à présent. Les deux frères ont réuni entre environ 1894 et 1915 une, ou plutôt deux éblouissantes collection d'art russe et occidental. Mikhaïl a rassemblé une collection jusqu'à sa mort prématurée en 1903. Son frère, Ivan a rassemblé une collection distincte qui a cessé de s'agrandir à la révolution de 1917. L'année suivante, les collections ont été nationalisées, au même titre que toutes les collections privées telle que celle de Serguei Chtchoukine.
Ivan Morozov avait réuni 430 oeuvres d'art russe et près de 240 oeuvres occidentales : Renoir, Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Bonnard, Matisse, Picasso pour ne citer que les plus renommés. Cette collection a traversé le temps malgré les aléas de l'histoire. Elle a été divisée et dispersée dans toute l'Union soviétique et conservées dans les réservées des musées, jusque dans les années1960, les pièces étant trop bourgeoises pour être montrées. Actuellement, la plupart de ces oeuvres sont visibles au Musée Pouchkine à Moscou et à l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.
L'auteure a mené de très nombreuses recherches pour écrire cette biographie finement ciselée. Son texte n'est pas toujours facile mais il décrit admirablement la constitution de la collection. C'est un ouvrage à lire après avoir vu l'exposition ou en recherchant sur internet des images des oeuvres. sans visualision d'une oeuvre, le texte reste abstrait et le livre perd de son intérêt.


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Si la tourmente de la révolution russe m'est plutôt familière, grâce à divers romans d'écrivains contemporains de ces changements majeurs, ce récit m'a donné une opportunité tout à fait novatrice pour moi : l'angle de la peinture.

Plus précisément, d'une famille de collectionneur d'oeuvres d'art, les Morozov.

Ce nom ne vous est peut-être pas familier mais Mikhaïl et Ivan ont réunis une extraordinaire collection de tableaux français ou russes. Deux frères riches, aux caractères opposés et aux méthodes de collection différentes. D'ailleurs, ce livre nous montre comment se constitue ce genre de collection entre salons littéraires et intermédiaires.

Tourner ces pages revient à se plonger dans un tourbillon de toiles, de commandes et d'achats coup de coeur. de Matisse, de Cézanne et même de Picasso.

Ce livre de Natalia Semenova rend hommage à ces mécènes qui ont réunis une collection unique. Unique par son importance mais aussi par son destin car autant dire que les révolutionnaires n'avaient, au mieux, que peu d'amour pour les riches propriétaires... la partie du récit se concentrant sur cette période étant particulièrement intéressante : comment un régime communiste a apprécié une émanation de l'art bourgeois.

L'on sent toutes la passion de l'auteure pour son sujet, le tout est agrémenté d'illustration même si j'aurais aimé, néophyte que je suis, retrouver davantage d'illustration des toiles mentionnées.

Un récit dense et minutieux, idéal pour tous les amateurs d'art.

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J'ai lu ce livre après avoir visité la magnifique exposition consacrée aux collectionneurs russes, les frères Morozov qui complète, à mon sens, bien cette visite et qui m'a permis d'en savoir plus sur ces amateurs éclairés d'art, français et russe pour conserver dans leurs hôtels particuliers, des oeuvres des plus grands peintres, Matisse, Cézanne, Picasso, Derain, Renoir, Monet, Manet et bien d'autres. Un livre richement documenté et intéressant, parfois complexe à comprendre mais qui démontre combien l'amour de l'art peut être une passion, une préservation d'oeuvres.
Exposition : La Collection Morozov. Icônes de L'art Moderne à la Fondation Louis Vuitton à Paris jusqu'au 22 février 2022.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Chtchoukine et Morozov étaient tous deux des professionnels du textile : l'un fabriquait des tissus, l'autre les vendait. Pour comprendre les tissus de façon professionnelle, il fallait avoir un goût artistique, le sens de la couleur, de la forme, du dessin. Ce n'est pas un hasard si la majorité des collectionneurs moscovites étaient issus du milieu des magnats du textile, de Pavel Trétiakov à notre héros. Le textile, une branche difficile mais extraordinairement rentable, a apporté d'énormes capitaux aux marchands russes du XIXe siècle et leur a permis de dépenser de grosses sommes pour l'achat d'oeuvres d'art.
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On s'est souvent demandé ce qui guidait Morozov dans son choix des oeuvres. Il semblait parfois qu'il souhaitait avant tout encourager des talents débutants, sentant intuitivement ceux qui allaient réussir. La nature avait gratifié Morozov de ce don, tout autant que Pavel Tretiakov.
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Au cours des deux dernières années, l'hôtel particulier avait accueilli plus d'une centaine de tableaux français. Il était temps de les accrocher et Ivan Morozov s'y mit avec plaisir. Dans toutes les riches maisons parisiennes, on trouvait des œuvres d'art dès l'entrée principale : des plafonds décorés, des vitraux, des sculptures. Le vestibule de l'hôtel particulier était trop petit pour des exercices de décoration, mais sur le palier où aboutissait la longue et étroite volée de marches de l'escalier d'apparat, on pouvait tout à fait disposer dans une niche peu profonde un panneau décoré. Pourquoi ne pas le commander, par exemple, à Pierre Bonnard ?
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