Un livre déroutant dès le départ : sur la couverture de l'édition française, au-dessus du titre figure en petit la mention « Le palais des vases brisées », mais sans numéro. Dans les présentations du cycle, parfois ce roman est qualifié de tome 6 du dit cycle, dans d'autres, ce livre n'apparaît pas. Parfois il est qualifié comme faisant parti du cycle, mais sans numéro.
Le narrateur de ce roman est le même que dans les premiers tomes du Palais des vases brisés. Nous sommes à Paris, après ce qu'il a vécu dans le tome IV,
Nin-Gal. Pour ne pas quitter cette ville, il s'est installé avec une américaine, Helen, qui travaille pour des éditeurs de son pays, et qui l'emploi pour des traductions et revues de presse, mais le sous-paye et l'exploite. Elle l'insupporte au plus haut point. Il fait la rencontre un peu par hasard, de Lutèce, qui vit avec un écrivain tsigane, mais qui vit un amour passionné avec Thomas Astor, en qui le narrateur a identifié un ami de son enfance, Tammouz. Même si ce dernier ne semble pas vouloir endosser cette identité. le narrateur s'attache terriblement à Lutèce, et espère vivre une histoire d'amour avec elle. Mais elle semble toujours lui échapper.
Un livre sur la mémoire, sur l'identité, sur la confusion entre rêve et réalité….sur le rêve plus vrai que la réalité, peut être parce qu'il permet de la supporter. Thomas Astor et Lutèce, ambiguës à souhait, et le narrateur qui se débat de plus en plus entre son quotidien, ses souvenirs, et ses fulgurances.
C'est l'opus dans lequel nous touchons de plus près, de la façon la plus personnelle le narrateur, qui ailleurs est souvent un peu un scribe impersonnel. Et aussi celui dans lequel les autres personnages du cycle sont presque oubliés, comme est loin la ville de Jérusalem. D'autres personnages, d'autres habitudes et façons de vivre remplacent le décor habituel. du coup le livre appartient au cycle, mais également s'en affranchit.
Un détour inattendu, comme peuvent l'être parfois les méandres de la mémoire.