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EAN : 9782729106522
126 pages
Editions de La Différence (17/09/1991)
5/5   2 notes
Résumé :
Traduit de l'italien et présenté par Odette Kaan.

Privilégiant les poèmes où il parle de son pays, L. Sinisgalli dit les jours et les jeux de l'enfance, les incantations, les chants Privilégiant les poèmes où il parle de son pays, L. Sinisgalli dit les jours et les jeux de l'enfance, les incantations, les chants funèbres.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Sa particularité, dans le paysage littéraire italien de son époque, est triple :• D'abord, c'est un poète du Sud « non sicilien », si l'on peut dire, et la source de son oeuvre se trouve dans les paysages de son enfance en Basilicate, l'ancienne « Lucanie » qui fut la patrie d'Horace : une partie de ses efforts ont été consacrés à cette identité d'« Italien du Sud » (dont il prit conscience en allant travailler au Nord) en référence à la Grande Grèce, et à l'ancrer dans la culture européenne par double référence à l'héritage grec (il traduisit des poètes de l'Anthologie palatine) et latin (la référence à Virgile, essentiellement, qu'il partage avec le jeune Luzi).• Ensuite, par sa formation, c'est un scientifique, un ingénieur : une partie de ses textes en prose est consacrée à réfléchir sur les liens entre la poésie et la science en des termes dont l'originalité n'a pas encore été suffisamment reconnue (Horror Vacui, Furor mathematicus, Quaderno di geometria). Il fut notamment l'éditeur de l'importante revue Civiltà delle macchine, qui contribua à décrire l'apport de la technique comme source d'inspiration pour la poésie, dans une étroite proximité avec Léonard de Vinci ; c'est probablement dans ce goût pour les convergences entre poésie et démarche scientifique qu'il faut chercher l'une des raisons de son intérêt pour Valéry.• Enfin, Sinisgalli fut l'un des grands critiques d'art de son temps, et, au cours de sa carrière professionnelle dans de grandes entreprises italiennes, il contribua de façon notable à faire connaître les « stylistes » (Bruno Munari notamment) qui, en Italie, ont renouvelé la publicité, le design, l'architecture d'intérieur, la typographie et les maquettes éditoriales dans les années 50 et 60 ; cette histoire reste largement à écrire, quoique plusieurs expositions aient déjà été consacrées à faire connaître l'action de Sinisgalli dans ces domaines. Parallèlement, il fut collectionneur et ami des peintres de son temps. »Jean-Yves Masson.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
ÉPITAPHE (Le poème est dédié à une petite sœur morte)

Lorsque tu es partie, comme c’est notre usage,
on entassa dans le cercueil les petits objets que tu aimais.
On y plaça ton ombrelle,
car tu t’en allais dans un royaume torride
et on te vêtit de blanc.
Tu étais encore une petite fille,
une petite fille difficile à élever.
Mais tu fus accueillie avec une douceur résignée,
protégée, portée à la lumière
comme mûrit l’épi dans un champ épuisé.
Et moi, ma sœur, je me souviens de tes cris d’oiseau
quand tu t’enfermais pour pleurer dans la galerie
parce que tu voulais aller vivre sur le toit.
Tu n’étais heureuse qu’en te haussant un peu
au-dessus de la terre.

On mit dans le cercueil tes objets les plus chers,
même au creux de ta main une piécette d’or
pour le batelier qui t’accompagnerait
sur l’autre rive. Et nous, nous restâmes ici,
dans la grande maison que tu savais retourner comme un sac.
Pendant quelques jours personne n’eut envie de la
remettre en ordre.
Nous nous rassemblions autour de la cheminée en pensant à ton grand voyage,
à la tristesse de t’envoyer seule en pays inconnu.
La grand-mère était là-bas à nous attendre depuis des années.
Depuis des années aucun de nous n’avait été appelé.
Dans cette immense contrée, dans cette longue quarantaine,
comment avez-vous fait pour vous reconnaître ?

Nous t’avions mis dans le cercueil tes objets les plus chers,
ta petite ombrelle, ton peigne, un petit bouquet de fleurs.
Ma mère te suivait à chaque étape, de la maison
à l’église, de l’église au cimetière.
Elle donnait asile dans sa chambre à chaque papillon et tint pendant longtemps la maison ouverte
dans l’espoir de te voir revenir.

Un jour une femme vint frapper à la porte
nous dire qu’elle avait rêvé de toi.
La femme avait une enfant malade, ta compagne,
et tu l’avais visitée.
Tu parlais en rêve à cette femme, tu lui demandais quelque chose
qu’elle ne savait pas, qu’elle n’entendait pas en rêve,
et tu parlais et semblais demander une chose
qu’on avait oubliée dans le désarroi de la séparation.
Ma mère fouilla dans tes papiers,
elle resta longtemps à chercher tes cahiers l’un après l’autre.

Nous regardâmes pour la dernière fois,
ta tendre écriture, ton nom fragile
écrit de ta petite main.
On lia d’un ruban blanc tes cahiers
que nous avions oubliés. La petite fille te les porterait.
Nous les plaçâmes dans le cercueil
De la compagne que tu avais préférée.
Elle aussi s’en alla vêtue de blanc
Dans le royaume torride d’où personne n’est jamais retourné.
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Quai du Tibre

Aujourd’hui personne ne sait
En quel sens coule le temps.
Un homme est couché près d’un chien
qui lui mord l’oreille. Un homme
nu, le visage couvert
D’un chiffon écarlate.
Le chien le mordille comme s’il était mort.
L’homme gît le dos sur le gravier
du matin désert.
Les gens passent, il leur semble
que la ville a un autre goût.
Mais personne ne sait au juste
en quel sens coule le temps.
Au bord de l’eau tournent deux roues,
Elles tournent à vide. Pas un poisson,
Ni un papillon dans les filets.
Le chien aboie :
temps de paix ou temps de guerre
on voit reverdir la terre.
A grand peine tournent les roues,
Si lentement coule le fleuve.
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PERSONNE NE ME CONSOLE PLUS

Personne ne me console plus, ma mère.
Ton cri n’arrive pas jusqu’à moi
même en songe. Il n’arrive pas une plume
de ton nid sur cette rive.

Les soirs bleus, est-ce toi
qui attends les mulets à la porte,
les mains cachées dans les plis de ta robe ?
Lis-tu dans le feu les combats
qui dispersent tes fils aux abords des villes ?

Un abîme entre nous, un flot nous sépare
qui coule entre les digues d’où s’élève de la fumée.
Ces étoiles sont-elles tiennes ?
Ce vent, celui de la terre ?
Est-il notre espérance
ce ciel qui accueille tes peines,
ta bonne volonté, ta demande de paix ?

Forte de ta vertu tu vis :
tu as vêtu les corps bigarrés
des pères morts. Chaque nuit
tu as trouvé la clé de nos songes,
tu as donné le blé en mémoire des morts.

Nous, sur la tour la plus haute,
nous attendons ton signal.
C’est toi qui nous appelles. Est-ce toi
la flamme blanche à l’horizon ?
Un été de deuils a réveillé aux ventres
les fautes d’autrefois,
a poussé les loups sous les murailles des bourgs.
Au soleil de midi hurlent les chiens, et la chouette
pour le lugubre hiver demande des otages.

Toi, ma mère, tu écoutes
les pleurs inconsolés des Ombres
qui ne trouvent pas le repos sous les pierres
où tombent avec un bruit sourd
les fruits pourris.
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ApostilleNous avons l’habitude de considérer la poésie comme un fruit ou une fleur rare, un os ou un cristal, un œuf ou une perle, sans tenir vraiment compte de la chaîne de choc, du raptus, des miracles, des accidents qui sont les antécédents naturels de l’inspiration. J’ai recueilli dans cette plaquette quelques épisodes lointains et tout proches pour suggérer la figure d’un Poète qui n’a jamais nourri l’illusion d’appartenir à l’espèce des fils du Soleil. Pour la première fois je me suis rendu compte exactement de mon état, j’ai pris conscience de ma dette. J’ai cru ainsi restituer quelque chose à ma vie. Parce que ce n’est qu’aujourd’hui, enfin adulte, que je suis parvenu à reconnaître et ordonner les circonstances qui m’ont conduit à écrire des vers. Je sais bien que les indices ont peu de poids et que les preuves ne sont pas déterminantes. Ici, dans ce domaine précis, nous avançons à l’aveuglette.
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J’ai vu les muses

Sur la colline
Oui, j’ai bien vu les Muses
Perchées parmi les feuilles.
Je vis alors les Muses
Entre les larges feuilles des chênes
Qui mangeaient des glands et des baies.
J’ai vu les Muses sur un chêne
Séculaire qui croassaient.
Émerveillé en mon cœur
Interrogeant mon cœur émerveillé,
Je dis à mon cœur la merveille.
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