Les Pozzis sont des êtres curieux, toujours enjoués, clapotant un peu du sabot « pourrait-on dire à la connaissance de leurs aventures.
Vivant uniquement entre Pozzis, c'est notre oeil de lecteur qui nous fait entrer dans ce pré tout vert, aux petites maisons rondes, d'où s'échappe de temps à autres des petits airs de flûtes.
Là et ici aussi, l'ordre et le désordre règnent toujours dans la joie et la bonne humeur, il ne se passe un temps où à la fin d'une rude tâche de fabrication et d'assemblage de brique de boulette rectangle, il se déclare soudain une bataille générale de boulette molle et des explosions à bêler de rire !
Tout ce monde roule tranquillement, les bébés Pozzis dorment à sabots recourbés, du sommeil du juste Capone dans sa maison du chef et tout le monde y trouve sa place...à part, le timide Abel peut-être.
En effet, Abel ne fait pas tinter la clochette qui pend à sa corne de la même joyeuse tonalité que ses frères à cornes et à robes.
Si chacun sait si il est fabricateur, comme ils disent, ou assembleur ou chef de Pozzis, Abel lui ne fait que des boulettes d'herbes séchées sans bonne forme car il ne semble pas savoir, aussi naturellement que les autres, la forme à adopter. Et puis après ? Qu'en faire de cette drôle de boulette ?
Le pauvre Abel est aussi à l'abandon que sa boulette, ne sachant séduire la belle Adèle, souffrant les railleries de Antoche, le plus petit cool Pozzi, qui change de robe à volonté, joue de la flûte comme un Pozzi divin et est décoré de pleins d'anneaux aussi beaux que les clochettes accrochées à ses cornes. Oui, en plus, des cornes, Antoche en a trois, lui. Changer de robe à volonté, Abel ne sait pas faire.
En revanche, ce qu'il est capable de faire, c'est de voir à a frontière du pays des Pozzis, dans Lailleurs. Et c'est peut-être pas si beau à voir ! Il arrive quelque chose de Lailleurs !
Il faut peut-être sonner le branle-bas de cornes dressés et briser a belle harmonie d'une partie de bataille de boulette rectangle, songe Capone le chef !?
La clé est peut-être en Abel !
: La série de petits romans des Pozzis est très atypique, elle garde de cette fantaisie débridée, légère bien connue des albums jeunesse où tout est possible à raconter sans sens ou avec non sens parce que nous sommes dans une histoire. Une valeur sûre et reconnue de la profession,
Brigitte Smadja aux commandes, de plus avec les illustrations d'Alan Mets, papa du célèbre « Doigts dans le nez » , fidèle raconteur d'histoire de loups et moutons, cela offre une belle passerelle de l'album au premier roman pour les jeunes lecteurs en apprentissage d'autonomie de lecture.
Les Pozzis rappellent, de façon un peu lointaine mais certaine, le peuple des Schtroumpfs (les Shadok, pour les parents qui liront à leurs petits!), tous un peu identique mais chantant joyeusement avec insouciance dans les bois, sans l'affreux Gargamel toutefois.
Le premier personnage présenté, Abel, vient rompre justement cet ensemble si harmonieux, la « brebis galeuse » qui déroge à la règle bien rodée du rôle assimilé de Pozzi, depuis que le monde des Pozzis st monde. Petit clin d'oeil à niveau d'adultes de la métaphore du troupeau de moutons.
Abel, par défaut et afin de contrer le rejet, les railleries simples, se pose des questions existentielles. Où se trouve sa place ? de quel bois de corne est-il fait ?
L'histoire des Pozzis lui rend justice et apporte de l'eau à son moulin, elle n'apporte d'ailleurs pas que de l'eau à croire ce qui arrive de l'ailleurs. Abel va trouver sa place, voilà qui le rendra heureux et changera la société des Pozzis d'une bien bel façon.
Un petit roman léger, original pour les plus jeunes, à lire seul ou à se faire raconter, sur la différence au sens très large, la place de chacun dans un tout.
La collection vient récemment de s'achever, l'auteure Smadja invite les petits à découvrir ou redécouvrir la série truculente des petits bovidés à cornes et à robe !