Ce livre est un récit intime, un texte-catharsis inspiré de la biographie de l'auteure et aussi un roman de formation; nous suivrons la protagoniste de l'enfance à l'adolescence.
L'idée de ce livre vient lorsqu'en 2009, la revue mexicaine Lettres Libres, a demandé à
Nettel un texte bref autobiographique sur son enfance.
Nous avons une protagoniste sans prénom (ce qui fait davantage adhérer le lecteur à l'idée qu'il s'agit de
Nettel, ce qui donne un peu la sensation perverse de voyerisme). Cette jeune personne est née avec une tâche blanche sur l'iris, ce qui a motivé des soins « voyants » (port d'un masque sur un oeil); ceci a fait d'elle quelqu'un de différent, de solitaire, toujours sur la défensive; ceci a forgé son caractère la rendant rebelle, difficile, peu liante.
Le livre s'étale sous la forme d'une conversation avec une thérapeute (probablement psychiatre puisqu'elle l'appelle Dr Sazlavski) a qui elle essaie de démêler les névroses de son enfance; ce sont des thèmes jusque là, jamais abordés.
L'écriture de
Nettel est diaphane, sans aucun pathos et charrie beaucoup d'humour ironique, ce qui allège la lecture.
Les parents de la protagoniste ce sont des progressistes des années 70, héritiers des hippies des années 60. L'éducation qu'ils donnent à leurs enfants (il y a un frère plus jeune, Lucas) est très libérale. Ils vont à une école
Montessori et à 6 ans ils ont tout entendu (et vu) sur la sexualité, sans en comprendre un traitre mot.
La vie familiale va éclater avec la séparation des parents. La mère les laissera aux bons soins d'une grand mère pendant qu'elle part en France reprendre des études. Cette séparation marquera aussi notre protagoniste car, même si bien entourée, elle sera privée de toute manifestation d'affection et soumise régulièrement à des vexations physiques.
La mère par la suite va les rapatrier en France et ce sera un sujet de déracinement assez fort.
Toutes ces circonstances feront que très tôt la protagoniste saura se servir de l'écriture comme un exutoire pour se venger de ceux qui se moquaient de sa différence.
La lecture de ce livre marque car on arrive à comprendre comment on peut voler l'enfance à quelqu'un, comment on lui fait perdre l'innocence avant qu'il ait les moyens psychologiques pour se positionner, avant l'expérience formatrice.