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Isabelle Sommier (Autre)Xavier Crettiez (Autre)François Audigier (Autre)
EAN : 9782724627305
411 pages
Les Presses de Sciences Po (18/03/2021)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Les actes violents commis au nom d'une cause ne sont pas quantifiés, contrairement à ceux de la délinquance dont les statistiques se voient diffusées régulièrement. Pourtant, les images des violences politiques s'invitent chaque jour dans nos salons : attentats, dégradations d'équipements publics, séquestrations, etc. Prenant froidement le parti des chiffres, les auteurs ont constitué une base inédite de quelque 6 000 épisodes de violence politique survenus de 1986 ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les cocos sont-ils plus violents que les fachos ? Les manifestations de gauchistes dégénèrent-elles plus que celles des droitards ? Qui s'attaque le plus à la police ? Quels rangs comportent le plus de casseurs ? Quelle idéologie est la plus meurtrière ?

Cet essai exhaustif retrace l'histoire des trente-cinq dernières années de violence en France à travers plusieurs questions : qui sont les groupes violents ? Que cherchent-ils ? Où agissent-ils, et quand ?

Je retiendrai principalement que la violence politique en France a majoritairement baissé au fil du temps. Étant devenue de plus en plus impopulaire dans l'opinion publique, les groupes qui l'utilisaient l'ont progressivement abandonnée : plus de Grands Soirs, plus de mouvements séparatistes calqués sur les groupes armés. Les personnes qui commettent encore ces actes sont d'ailleurs « psychiatrisés » : fous, déséquilibrés, schizophrènes, radicalisés… il semble désormais entendu qu'aucune personne saine d'esprit ne pourrait plus commettre de tels actes au nom d'une idéologie.

La violence est donc devenue principalement médiatique. On s'en sert quand on se sent invisible, pour montrer son existence, et faire connaître ses idées et sa détermination aux yeux du monde. Les actions doivent être assez spectaculaires (dynamitage de bâtiments vides, séquestration de patrons, déversement de fumier dans la rue) pour s'attirer la compassion et la bienveillance de l'opinion publique, sans dépasser une certaine ligne rouge qui vous mettrait la population à dos (on exclura de cette analyse le djihadisme, qui ne cherche pas à transformer la société française mais à la détruire).

L'essai se termine cependant sur une mise en garde : l'abandon de la violence « dure » (et meurtrière) s'est fait au profit d'une possibilité de négociation avec le pouvoir. Si le sentiment de ne pas être écouté resurgit et si la seule négociation possible est « celui qui frappe le plus fort a gagné », il n'est pas dit que cette violence ne puisse pas refaire son apparition à l'avenir.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En situation de crise, face à un groupe perçu comme hostile (ici les forces de l'ordre), une foule va se souder, adopter ses comportements de solidarité et partager un même sentiment d'injustice conduisant à légitimer des actions violentes face à la police. C'est sur cette nouvelle psychologie qu'a été élaborée la stratégie de maintien de l'ordre adoptée partout ailleurs qu'en France. Fondé sur le dialogue et la désescalade, le modèle dit « KFCD » (Knowledge, Facilitation, Communication, Differenciation) vise notamment à minimiser les violences collatérales, inutiles et dangereuses, ainsi qu'à construire un dialogue permanent avec la foule afin de limiter les tensions et d'éviter la solidarisation avec les manifestants violents. En France, en revanche, c'est encore la vieille psychologie des foules, élaborée au XIXe siècle par Gustave Le Bon – une théorie pourtant largement invalidée depuis –, qui continue à nourrir les représentations politiques et policières du manifestant, censé perdre tout contrôle et sombrer dans les pulsions les plus destructrices sous l'influence de meneurs.
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[S]'intéresser aux armes, c'est évaluer la capacité ou la volonté des activistes à peser dans le débat public, qui va souvent dépendre de leur capacité à mobiliser et du rapport de force qu'ils instaurent avec les pouvoirs publics. À cet égard, le choix des armes est important mais nullement déterminé par un conséquentialisme automatique. L'usage d'armes létales ou d'un haut niveau de destruction, tels les armes à feu et les explosifs, instaure évidemment un rapport de force militarisé avec l'État, tout en lui disputant son fameux « monopole de la violence », et pose l'acteur en force incontournable. Mais c'est aussi prendre le risque que l'affichage militariste l'emporte sur l'exigence d'écoute et mette à mal la stratégie de lutte. Nombreux sont les acteurs qui font le choix de moyens de violence moins meurtriers, mais plus spectaculaires médiatiquement (pneus enflammés, jets d'aliments putréfiés, tracteurs béliers) pour ne pas s'interdire – en raison d'une trop grande radicalité affichée – toute possibilité de négociation.
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Il faut souligner l'importance de la perception du groupe protestataire par les autorités : le degré de légitimité ou non du groupe et de ses revendications induit de leur part comme de celui des forces de l'ordre des modes différentiés de gestion du maintien de l'ordre et une tolérance aux débordements très variables d'un groupe à l'autre – maximale s'agissant des mobilisations d'agriculteurs.
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Globalement, la gauche est moins létale [..], mais exerce une violence nettement plus multi-dimensionnelle que la droite (c'est-à-dire qu'un même événement va plus souvent impliquer plusieurs faits). Les éléments de votre corpus valident la permanence d'une ligne de fracture comportementale opposant les deux bords, avec une priorité donnée aux cibles matérielles ou d'État, à gauche, et contre les personnes civiles, à droite. En forçant le trait : la droite pose des problèmes judiciaires individuels quand la gauche constitue un problème de maintien de l'ordre public.
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L'action radicale a une fonction cathartique de construction identitaire qui ne saurait se limiter à un objectif instrumental et stratégique. La violence en ce sens sert moins l'obtention d'une faveur ou d'un bien qu'elle ne participe à l'unification de ceux qui la pratiquent, à leur visibilisation, voire à la construction d'une essence ontologique.
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