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sur 241 notes
Un livre accompagné de beaucoup de post-it. Les sorcières, c'est pour moi un thème de prédilection, j'aime lire des histoires de sorcières, je me passionne pour cette histoire collective du passé des femmes, les souffrances arbitraires me déchirent le coeur et lire, et écrire, à propos de ces femmes, leur place dans le monde et ce que le mot « sorcière » veut dire hier, aujourd'hui et demain, permet de leur rendre hommage. On sait, et on ne vous oublie pas.

Après avoir lu le hors-série du Point « Les Sorcières : histoire d'une renaissance » (oct 2019), c'est avec bonheur que j'ai plongé dans ce livre d'Isabelle Sorrente dont je connais la plume extraordinaire, juste et énergique.
Ce livre est envoûtant, mystérieux et se dévoile au fil des pages avec pudeur, tendresse et beaucoup de sincérité.

Une femme, auteure se confie dans ce livre à la manière d'un journal intime. Elle livre ses pensées pour écrire, s'écrire. Une sorte d'apparition a lieu lorsqu'elle est à sa table de travail. C'est la première apparition de la sorcière, une sorcière qu'elle évite mais qui la connaît et qu'elle connaît.
L'écriture prend forme, en miroir, le regard rétrospectif de la narratrice sur sa propre vie, ses souvenirs, son vécu avec un téléscopage du temps sur l'histoire d'un féminicide de masse, aussi violent qu'arbitraire, ordonné par des hommes pour contraindre les femmes.
Une histoire du monde qui se répète, à chaque siècle sa manière, pour la domination, et Isabelle Sorrente réussit ce tour de force de nous propulser dans cette histoire à deux temps avec une analyse transgénérationnelle.

Le coeur de cette histoire est à découvrir, impossible d'en dire plus, sans gâcher le plaisir de cette lecture. Mais ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce livre, c'est la mise en lumière d'inepties telles que l'étymologie retenue à l'époque de certains mots qui peut (et doit) nous faire réfléchir à la place des femmes dans le monde encore aujourd'hui : « Femina » : viendrait de Fe et minus, « celle qui a moins la foi ». Comment par le langage même diminuer un sexe, le rendre fautif aux yeux d'une divinité proclamée par les hommes.

Ce livre est une merveille et en terminant la dernière page j'avais envie de dire merci. Merci Isabelle Sorrente et merci à ces auteures qui font revivre à travers leurs mots ces femmes sacrifiées, d'hier mais aussi d'aujourd'hui car la société patriarcale est encore loin de laisser la place dûe aux droits des femmes.
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"C'est vers la fin de l'été que je commence à me demander si les chasses n'ont pas laissé une empreinte, pas

seulement une empreinte historique, sociale, comme le mépris des femmes seules ou la peur des vieilles femmes, mais quelque chose d'autre, une trace plus profonde, une empreinte occulte dans la psyché des femmes", dit la narratrice évoquant les chasses aux sorcières. On imagine, comme elle, des coutumes médiévales d'une époque encore tout juste civilisée, mais avec elle on découvre que non, les chasses aux sorcières ont parcouru toute l'Europe à l'époque dite "moderne", du XVIe au XVIIIe siècle, jusqu'au temps De Voltaire et du dictionnaire philosophique ! Alors la narratrice se prend à examiner sa vie et celle de ses amies sous cet angle : l'impact de ces deux siècles de chasses aux sorcières. Elle explore sa jeunesse et détaille les quatre années de la 5e à la 2de, où elle a subi le harcèlement scolaire de plus en plus féroce et le déni au sein de sa famille. Son père apprenait à son frère des stratégies d'autodéfense pour se protéger, il n'avait jamais pensé à les lui enseigner, préférant ignorer le mal dont elle souffrait, même face à l'évidence. Ces pages sur cette adolescence martyre sont particulièrement poignantes et réalistes. La narratrice évoque ensuite ses tentatives de reconstruction par la psychanalyse et par la méditation puis s'intéresse aux relations de couples et réunit ses amies Claire et Betty pour explorer la question mais sans cesse revient cette notion de "complexe de la sorcière"... le burn-out de Betty lui aussi n'en est-il pas un effet ? le nom qu'on lui donne en dit déjà long !

Longs extraits en ligne, ici : https://www.google.fr/books/edition/Le_Complexe_de_la_Sorci%C3%A8re/AvS7DwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&printsec=frontcover

J'ai bien aimé cette approche très singulière de la condition féminine et les pages consacrées au harcèlement scolaire sont particulièrement éclairantes et bien écrites.

Lien : http://www.lirelire.net/2021..
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Un essai très intéressant même si je ne partage pas l'approche psychanalytique de l'autrice. le livre est très bien écrit, intéressant.
Il part du rêve d'une sorcière, enfermée, rasée, isolée, qui hante les rêves de l'autrice. Elle va alors partir en quête à la fois dans les livres d'histoire mais aussi en elle et avec d'autres femmes.
L'image de la sorcière nous hante encore aujourd'hui, comme la menace qui plane au dessus de toute tête de femme qui pourrait la relever. Trop forte, trop intelligente, trop sûre, trop authentique, etc. la menace de la torture, de la noyade ou du bûcher se réveille. Il ne fait pas bon être une femme forte du XVme au XVIIme siècle... ni plus tard.
Il se lit rapidement et facilement, c'est un bon ouvrage à découvrir!

J'ai également réalisé une critique vidéo un peu plus longue et avec quelques extraits https://youtu.be/VKTuNoXHa1o

Lien : https://youtu.be/VKTuNoXHa1o
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On ne sort pas indemne de cette lecture. Même si on n'adhère pas à 100% au parti pris de l'autrice, on ne peut faire l'économie de s'interroger sur son côté vraisemblable et essayer de lire le présent des femmes, l'individuel comme l'universel, à la lumière de ses hypothèses. La sorcière constitue un personnage multiple et qui revêt diverses formes, mais elle possède toujours une puissance infinie, un savoir, et ce sont ces sorcières-là que les chasses et leurs inquisiteurs impitoyables ont poursuivies, torturées et brûlées au XVème siècle et après. Que ces tragédies aient laissé des traces dans la psyché de leurs descendantes ne peut évidemment être prouvé, mais ne semble pas non plus impossible, et cette théorie permet une approche différente et passionnante, que l'on peut aussi lier à l'épigénétique et aux liens transgénérationnels. Quoi qu'il en soit, le complexe de la sorcière s'adresse à notre personnalité profonde et à notre histoire, et il pose mille questions : n'est-ce pas un des rôles de la lecture ?
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Je comprends bien l'intelligence du propos. Je sens bien le rythme imprimé pour m'amener à réfléchir. Je connais la qualité de l'écriture d'Isabelle Sorente... mais rien à faire, je n'accroche pas. le grand talent de l'auteure n'y est pour rien, encore une fois elle écrit vraiment très bien. Non, je crois que c'est moi, je ne suis pas dans le bon état d'esprit.

Faites-moi plaisir, lisez " le complexe de la sorcière ", faites-vous votre propre idée, et venez me dire ce que vous en pensez.

#LeComplexeDeLaSorciere #IsabelleSorrente #Folio #livres #chroniques #lecture

Le quatrième de couverture :

Les histoires que je lis sont celles de femmes accusées d'avoir passé un pacte avec le diable parce qu'un veau est tombé malade. Les histoires que je lis sont celles de femmes qui soignent alors qu'elles n'ont pas le droit d'exercer la médecine, celles de femmes soupçonnées de faire tomber la grêle ou de recracher une hostie à la sortie de la messe. Et moi, je revois le cartable que m'a acheté ma mère pour la rentrée de sixième, un beau cartable en cuir, alors que j'aurais voulu l'un de ces sacs en toile que les autres gosses portent sur une seule épaule, avec une désinvolture dont il me semble déjà que je ne serai jamais capable...
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Voilà un ouvrage atypique. Je reste perplexe suite à sa lecture.
Acheté au festival Livresse de Charleroi à l'automne passé, il est resté un peu au purgatoire avant que je ne l'entame, saturée que j'étais par les lectures ayant trait aux sorcières, ayant lu du bon et du moins bon sur le sujet... Mais penchons nous sur celui-ci qui me semble être « à part » dans cette catégorie.

Première chose déroutante, le mot « roman » s'inscrit en toutes lettres sur la couverture et pourtant, tout au long de ce récit écrit à la première personne, on a l'impression de lire un témoignage, un journal ou une confession… Serait-ce donc une fiction ? Ça semble tellement vrai pourtant.

Deuxième élément déroutant, même si la sorcière est le fil rouge du livre, elle n'est pas complètement centrale et nous ne sommes pas dans un ouvrage sur les sorcières en tant que tel (comme le Sorcières de Chollet par exemple).
La première partie pourrait nous faire croire que c'est le sujet du livre car la narratrice (ne disons pas l'autrice puisqu'un doute subsiste) explique qu'elle est hantée par l'image d'une femme enfermée dans une salle de torture. Elle rassemble peu à peu de la documentation sur le sujet et élabore alors la théorie du complexe de la sorcière, se basant sur l'idée d'un traumatisme transgénérationnel touchant principalement les femmes et causé par les grandes chasses aux sorcières des Temps Modernes.

Le récit bifurque complètement dans la deuxième partie intitulée « Chasses ». Il n'y est plus question de sorcière mais des années d'adolescence de la narratrice, livrant son expérience de souffre-douleur. Si on peut établir un lien entre le harcèlement subi par une jeune fille en milieu scolaire et la persécution des femmes sous l'Inquisition, ce lien reste malgré tout ténu et peut dérouter le lecteur/la lectrice…

La troisième partie relate la thérapie de la narratrice à la fin de sa vingtaine ainsi que divers souvenirs revus sous le prisme de ce fameux complexe de la sorcière.

Enfin, la dernière partie s'intéresse aux traces qu'ont pu laisser les inquisiteurs dans les rapports amoureux hétérosexuels actuels.

Ce livre ne correspondait donc pas du tout à mes attentes mais je dois reconnaître qu'il m'a accrochée et qu'il m'a ouvert les yeux sur certains mécanismes sociaux. Il présente plusieurs références sur les sorcières et interroge sur la misogynie latente de notre société qui reste patriarcale malgré de significatives avancées. Cependant, le thème principal en est - selon moi - le harcèlement scolaire plutôt que la sorcellerie.
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Un coup de griffe sur l'épiderme, qui égratigne et amène à voir sous les couches du passé puis à regarder l'autre (la narratrice) dans les yeux en miroir pour enfin apercevoir sa propre H/histoire reflétée là.
Au-delà de cette phrase un peu alambiquée, cette lecture (dévorée en 2 jours) fut véritablement une expérience, ce livre, je n'ai pas l'impression de l'avoir lu, mais de l'avoir vécu.
C'est un livre que je n'aurai probablement pas choisi seule, du fait de son titre (mode racoleuse actuelle sur la thématique) mais je suis ravie de l'avoir découvert. de plus, Isabelle Sorente écrit très bien, très justement, maîtrise parfaitement la construction de son récit.
En questionnant la figure historique de la sorcière et surtout ses réminiscences dans nos vies contemporaines, c'est tout une invitation à l'analyse personnelle que propose Isabelle Sorente. Amour, place des femmes, relations de pouvoir, manipulation, harcèlement ... c'est un univers bouleversant.
A prolonger par la lecture d'Aïe mes aïeux ! d'Anne Ancelin-Schützenberger pour ma part et à découvrir pour vous je l'espère !
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Un complexe est toujours quelque chose de très difficile à porter... Pour Isabelle Sorente, ce complexe de la sorcière la mène sur les traces de la sorcellerie à travers le temps, et plus exactement du triste sort qui a de tout temps été réservé à celles qui avaient un comportement trop libre, trop différent de la norme.
Dans un deuxième temps, l'auteur nous fait partager sa propre relation à la part de sorcière qui est en elle !
J'ai eu quelque peine à entrer dans ses tourments ...
Et j'ai pourtant une longue pratique des sorcières: ce sont mes contes préférés, j'en ai trouvé sous toutes les latitudes et j'en ai partagés quelques-uns pendant les 20 années d'animation à la bibliothèque de mon village !!
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J'avais noté ce titre par hasard et celui-ci fait parfois bien les choses.
Dans la 1ère partie, l'auteure fait un point sur l'historique de la chasse aux sorcières, condensé mais bien documenté. Lors des 3 parties suivantes, elle s'interroge sur l'impact que ces chasses ont eu dans la mémoire collective et individuelle des femmes, comment elle influence encore sa vie et celles de ses amies de manière inconsciente.
La figure de la sorcière et son rôle dans l'inconscient collectif autant que l'expérience personnelle de l'auteur m'ont beaucoup touchée et m'ont donné envie d'en apprendre plus (d'où les post-it pour retrouver facilement les références des ouvrages cités). Si les sorcières vous fascinent, si vous vous sentez une affinité particulière avec ces mal-aimées de l'histoire, ce livre est fait pour vous.
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Ce nouveau roman d'Isabelle Sorente m'a furieusement rappelé ces boutiques hybrides qui ouvrent dans ces quartiers de capitales européennes en voie de boboïsation, vous savez, ces échoppes qui font à la fois salon de thé ( rooibos bio en vedette), magasin déco et fleuriste ( rarement charcuterie, cordonnerie, bar...). La devanture vaguement pimpante à des allures fifties, on y trouve deux trois tables de récup entourées de chaises de cuisine dépareillées et une propriétaire trentenaire, ex cadre d'une entreprise du CAC 40, à la coiffure improbable ( couleur et coupes semblant maison mais on peut soupçonner le maison Dessange d'avoir flairé le créneau) et habillée d'un mix ethnique coloré ( sarouel multicolore sur haut Vanessa Bruno). Elle aborde le client avec une certaine déférence qui se relâchera lorsqu'elle aura senti que vous venez du même monde. Là, on pourra la trouver drôle, conviviale, peut être vaguement piquée. On se sentira bien dans sa boutique à siroter un café ( bio) produit par des agriculteurs colombiens justement rémunérés. Elle entamera une discussion sympa où tous les thèmes du moment seront recyclés de façon doucement émotionnelle. Au début, on ne tique même pas à certains tics de langage issus du bric à brac ésotérique actuel. Si le courant passe, on aura même droit à sa bio détaillée qui nous passionnera et nous fera sentir que nous ne sommes pas loin d'entrer dans une sorte de cercle intime, celui du client privilégié.
"Le complexe de la sorcière" procède de la même impression. le roman est aussi une autobiographie et un essai. On y trouve dedans toute une accumulation de thèmes à la mode, de la psychanalyse au harcèlement des adolescents, de la place de la femme dans la société à la méditation, ce zest de bouddhisme indispensable à tout cadre surmené en recherche de supplément d'âme. Mais Isabelle Sorente y ajoute sa petite touche originale ( c'est souvent cette touche qui fait la différence) : la sorcière ! ( on sent que le succès de Mona Chollet fait des émules ! )
Avouons-le, il est difficile au début de ne pas sourire du postulat de départ du roman. Une sorcière apparaît dans les rêves de la narratrice et celle-ci se demande si toutes ces femmes brûlées, torturées durant des siècles au prétexte de leurs pouvoirs démoniaques, n'hantent pas l'esprit des femmes d'aujourd'hui, libérant des angoisses bien actuelles, voire dirigeant leurs vies, mais dont les origines sont à chercher dans la transmission souterraine de ces souffrances au fil des générations. Isabelle Sorente y croit dur comme fer, se plonge dans toute la littérature disponible laissée par les inquisiteurs. C'est bien écrit, pas antipathique mais on se dit dans cette première partie qu'elle est peut être un peu piquée.
Puis arrive une deuxième partie, sur son adolescence chahutée par un harcèlement scolaire qui a duré quelques années. L'idée de sorcière disparaît quasi complètement dans ce récit émouvant et accrocheur.
La fin sur le blog.
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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