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EAN : 9782358731058
395 pages
Editions: Le bruit du Temps, 2016 (16/11/2016)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Toute sa vie, le romancier Natsume Sôseki (1867-1916) a composé, avec bonheur, des "poèmes en chinois classique" (kanshi), qui ont pour originalité de se rattacher au ton des grands modèles chinois tout en développant un mode d'expression résolument personnel, propre à refléter le cheminement de toute une vie intérieure : un état d'esprit imprégné d'une pensée de type extrême-oriental, conciliant taoïsme et bouddhisme. A mesure que nous avançons dans la lecture, Sôs... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai découvert la prose élégante et poétique de Natsume Sôseki avec « Oreiller d'herbes ». Ce curieux roman contemplatif est parsemé de haïkus composés par l'auteur. En apprenant que Natsume Sôseki, surtout connu comme prosateur, a aussi excellé dans l'art du kanshi, « poème en chinois classique », je me suis procuré ce magnifique recueil édité par « le Bruit du Temps ». Deux-cent-sept poèmes du genre kanshi composent cet élégant ouvrage associant les poèmes originaux en chinois à leur traduction en japonais et en français.

Plus qu'une simple succession chronologique de vers, il s'agit là du déroulé de la vie d'un homme et de l'évolution d'une conscience. Particulièrement habile à cristalliser en idéogrammes le regard qu'il porte sur le monde aux différentes étapes de son existence, Sôseki matérialise une pensée ascétique d'un esthétisme puissant. Imprégné de bouddhisme chan/zen, et donc de taoïsme, Sôseki interroge sa relation à la nature, à la beauté et à la maladie, à l'isolement et à l'autre, à la vieillesse et au corps qui fatigue, à la vanité intellectuelle et à l'humilité face à une vie mortelle. Ses poèmes sont l'expression distillée d'une quête spirituelle, le miroir de ses fascinations et de ses peines, de l'inquiétude mélancolique à la réconciliation avec soi. Il existe maintes façons de trouver la Voie. Nul doute que ces poèmes contribuèrent à celle que Sôseki emprunta.

Vous pouvez lire ces poèmes d'une traite ou en butinant, vous en imprégner sans chercher à les intellectualiser. Vous pouvez aussi essayer d'en comprendre le contexte et la substantifique moëlle en vous plongeant dans les notes et commentaires, particulièrement touffus mais instructifs, qui composent la seconde partie de l'ouvrage.


Extrait, mars 1898

« Assis, seul, sans prononcer la moindre parole,
En moi, je perçois comme une faible lueur.

Les humains seraient-ils à ce point affairés
Qu'ils négligent d'avoir un tel état d'esprit ?

Dans l'apaisement connu pendant un seul jour
S'aperçoit l'agitation de toute une vie.

La pensée dégagée, sur quoi la reporter ?
Vers les lointains flous, le Séjour des blancs nuages. »
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Je vis tranquille …


Je vis tranquille, sans que vienne un visiteur,
Assis tout seul à l’aise dans mon ample habit.
Et voilà que je comprends le vent printanier,
Venu souffler parmi bambous et orchidées.
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57.
Sans titre
janvier 1896

Le Hainan est à je ne sais combien de lieues.
Pour nos adieux, ce ciel embruni et ce froid.

La sirène, poudroiement de neige rougie ;
Le vapeur, effervescence de flots pourprés.

Aisé, pour servir, d’avoir souci de l’Etat ;
Ardu, d’être un voyageur qui rentre au logis.

Mes trente ans, d’une vie « soumise » et « périlleuse » !
Mon ambition, un rêve à demi conservé !
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55.
Sans titre
mai 1895

Lourdaud je suis, apte à dormir en un recoin de montagne.
Depuis bien longtemps, l’ambition, je l’avais réduite en cendres.

Mon esprit, bœuf de fer qui sous le fouet demeure immobile ;
Mon inquiétude, pluie d’été qui sans cesse va et vient.

Par le ciel bleu seul comprise, l’irritation d’un poète ;
Ses yeux blancs faisant de lui la risée des gens ordinaires.

A la brune, devant l’envahissante armée des moustiques,
Se lever pour manier l’éventail en regardant les rocs !
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56.
Sans titre
mai 1895

Il est détruit, le gigantesque édifice des mirages,
Par l’énorme vague qui reflue vers le palais lunaire.

Un gros poisson privé du langage, tout au fond de l’eau ;
Un fier rapace prêt à l’essor, bien droit sur son rocher.

Au bout du sabre, le vent, voix pleine d’animosité ;
De l’appuie-tête, la pluie, bruit repoussant l’humeur languide.

Trop compter sur de l’écrit me valut des mésaventures.
Souriant aux monts verdoyants, je suis au pays de Yu.
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54.
Sans titre
mai 1895

Deux arpents de mûriers, pourrai-je m’en occuper un jour ?
Mon habit sombre usé, j’ai quitté la ville capitale.

Assez farouchement exalté pour faire fi du Ciel,
Assez désolément stupide pour m’écarter du monde.

En jouant du pinceau, j’essaie de passer pour un habile ;
En composant des vers, je n’obtiens qu’un renom de frivole.

Si la vie dure cinquante ans, je ne suis plus qu’à mi-chemin,
Avec le regret de m’être tant fourvoyé dans l’étude !
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Vidéo de Natsume Soseki
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Natsume Sôseki, Je suis un chat, traduit du japonais et présenté par Jean Cholley, Paris, Gallimard, 1978, p. 369, « Unesco ».
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