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EAN : 978B0CT5VTMR7
135 pages
(23/01/2024)
4.67/5   6 notes
Résumé :
1912. François Lescuelle, botaniste, est missionné par la compagnie marseillaise qui l'emploie pour recenser la présence de bois de santal en Nouvelles-Hébrides, un archipel situé au bout du monde. Pour l'aider dans cette tâche, le Marseillais s'offre les services d'un soldier of fortune, John Bughoney, une brute patibulaire mue par l'appât du gain. Après un naufrage, ces deux hommes que tout oppose échouent sur une île paradisiaque, mais peuplée d'indigènes anthrop... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je me doutais qu'en lisant l'hommage de Soulier à l'oeuvre de Lovecraft, je trouverais la "copie" mieux que l'original.
[Attention, pas taper !] J'ai en effet lu de nombreuses nouvelles du "reclus de Providence" ces dernières années, et même si je lui reconnais volontiers un sens unique de l'atmosphère, je dois dire en revanche que la plupart du temps, ses gimmicks lourdingues m'ont tapé sur le système, sans parler de son racisme rampant, et qu'en un mot comme en cent, je le trouve excessivement surcoté. [fin du Lovecraft bashing]
François Lescuelle, le héros malgré lui de cette histoire, est un joli coeur botaniste (ou l'inverse) envoyé par son patron, un bon capitaliste bien de chez nous, pour trouver un gisement de bois de santal aux Nouvelles-Hébrides.
Mais c'est compter sans la colère de Mère Nature, qui va lui arranger un petit naufrage de derrière les fagots, thème que l'auteur avait d'ailleurs déjà brillamment abordé dans L'appel du Dieu Ventre.
Une fois de plus, Soulier n'aura rien laissé au hasard quant à sa description de ces îles lointaines où il est pourtant fort peu probable qu'il soit déjà allé... eh bien ça ne se voit pas trop !
Lescuelle est alors accueilli à bras ouverts par les indigènes dont les moeurs lui sont pourtant très étrangères, et ce n'est rien de le dire. Mais tout cela va se gâter à cause de la faiblesse de notre joli coeur pour la bagatelle, à l'instar de James Bond 007, et accessoirement à cause de la divinité adorée par les autochtones, une créature aquatique peu recommandable qu'ils nomment affectueusement... Cthulhu.
Comme d'habitude, tout cela se lit d'une traite, d'autant que ce n'est pas très long. La garantie de passer un bon moment, avec un peu de trash mais pas trop. Peut-être un peu moins d'éclairs de génie que la moyenne de ses oeuvres, mais c'est très subjectif. Ma seule réelle réserve concerne un point de vraisemblance du récit
Bref : si comme moi vous trouvez Lovecraft lénifiant, redondant, sibyllin et abscons, et en un mot un peu agité du bulbe, laissez tomber sa prose et lisez l'hommage de Soulier, vous vous ferez nettement moins braire !
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Ô toi, lecteur sensible, je t'offre cette légende, poussée du fond des pubs bruyants, par un pirate à l'haleine fétide. 

Ô toi, lecteur conscient, je le livre cette histoire arrachée de la mémoire d'un homme qui n'a plus rien à perdre.

Ô toi, oseras-tu défier la raison, et entendre la folie des hommes et de leur planète ?

J'ai moi-même cédé au sortilege de Frédéric Soulier. J'ai bu les paroles de ses personnages avec une passion noire pour cet enfer Lovecraftien. 

Parle-t-on de surnaturel, de fantastique, de science-fiction ? Peu importe la classification, tant que l'horreur vous dégouline des canines.


Pourtant, tout commençait bien, pour François Lescuelle, botaniste missionné en 1912 par son patron, chef d'une entreprise coloniale de gestion du bois. Notre héros est moderne, peu enclin à partager les idées racsistes et homophobes de certains de ses contemporains. François est jeune et beau, qui plus est. Et le cadre idyllique dans lequel il évolue (une archipel quelque part en Océanie) n'enlève rien à son plaisir de travailler (si ce n'est cette population de moustiques agressifs et porteurs de maladie). Jusqu'à la rencontre fatidique avec la porte des enfers, parmi la verdure luxuriante et la farniente qui s'installe. 


"- Vous ne m'avez pas dit son nom, mon père. 

- le nom de la Vaidu ? C'était Jaina, je crois, mais plus personne ne l'appelle ainsi, pas même sa famille. Elle a perdu son identité quand elle a été choisie. 

- Non. Je veux parler de leur divinité, pour autant qu'ils n'en aient qu'une. 

- Oh... Ils l'appellent Cthulhu. » 

Un frisson parcourut Lescuelle. «Cthulhu », répéta-t-il. Ce nom était aussi désagréable à entendre quà prononcer. Il écorchait l'oreille, agaçait les dents et glaçait les lèvres. D'ailleus vous qui le lisez - qu'on me pardonne son orthographe, j'ai essayé d'en restituer la phonation gutturaleque m'en fit Lescuelle - vous qui le lisez, ne fait-il pas comme une auréole de noirceur quelque part dans le fond de votre esprit ? Ne vous évoque-t-il pas quelque cancrelat tapi sous un meuble, dans la poussière ? A son évocation, le mot me fait trembler comme un soldat atteint d'obusite, revenu brisé du front."


La plume de Frédéric Soulier est toujours aussi affûtée. Il frappe juste, et ses références sont respectées avec la plus grande fidélité, pour mon plus grand plaisir de grands frissons !!

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Me revoici avec un nouveau « Soulier », hé hé… 😉 ! Lire un livre de cet auteur est pour moi énormément jouissif. Je m'explique.

Sans vous racontez de sottise, quand je le lis, je sais pertinemment que je vais « kiffer » ma lecture, je n'ai pas besoin de me dire : « Han, j'espère que je vais apprécier cette nouvelle histoire ! En gros, j'espère que je ne vais pas m'ennuyer ». Eh oui, et avec celui-ci, de récit, dès les premières lignes, l'écrivain m'a fait rentrer dans son ouvrage, quasi immédiatement, et me voici plongée dans « l'abîme » … !

Allez hop, flippe si tu veux, Isa, mais tu vas t'éclater ! Oups ! Je n'avais pourtant pas lu la suite, avant d'écrire cela, vous comprendrez quand vous arriverez au passage de l'île Attiwa. D'ailleurs, c'est le patron de François Lescuelle, Louis de Miramont, qui l'envoie au loin.

C'est au fur et à mesure de ma lecture que je me suis aperçue que le héros était cultivé, il avait juste un gros penchant pour l'alcool.

Frédéric Soulier utilise un vocabulaire recherché et son écriture est exigeante. Pour autant, tout au long du récit, je n'ai pas eu de mal à suivre les aventures et turpitudes de François et je l'ai d'ailleurs trouvé très touchant. Vous lirez ainsi son histoire avec Bajo, jeune indigène. Qui est-elle, que fit-elle ?  Vous serez peut-être surpris de la fidélité et du courage (à toute épreuve) de Lescuelle, au fur et à mesure que vous avancerez dans le récit. Vous serez tout comme moi, peut-être un peu tendus quant à l'entêtement de celui-ci malgré les conseils du père Vaugrain.

Quant à Bughoney (le fameux homme qui l'accompagne dans ce périple) rustre et dépourvu d'intelligence, animé par la cupidité quoiqu'il lui en coûte, il jouera un rôle plus que nécessaire dans cette histoire, restez attentif jusqu'au bout !

Comme le disait si bien une lectrice, je n'ai pas lu non plus le roman de Lovecraft, je n'ai donc pas pu comparer ma lecture avec la sienne et je ne le lirai pas. Je peux juste vous dire que, pour moi, les descriptions du monstre et les sacrifices humains faits sur quiconque enfreint les règles de la tribu sont dignes d'un livre de Jules Verne !

Je reste persuadée que tout comme moi, vous applaudirez l'exercice d'écriture de l'auteur. Je félicite quant à moi, avec force et conviction, tout son travail !
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Ça fait très très longtemps que j'ai lu Lovecraft. Étant fan de Frédéric Soulier, je ne pouvais passer à côté de cet exercice de style. le livre, comme toujours est bon. Il se lit rapidement. Pas de longueurs ou de remplissage, on en a pour son argent. Je ne regrette qu'une chose, c'est que l'auteur ait abandonné son côté trash qui rendait jubilatoires ses romans et nouvelles. Depuis le jour du Seigneur, il semblerait que Frédéric ait mis du vernis sur ses souliers (c'est nul, je sais) et qu'il ne veuille plus marcher dans les déjections et autres sécrétions.
Je comprends qu'il veuille toucher un public plus large mais c'est dommage de perdre cet aspect là. J'espère qu'il y reviendra pour le prochain 🙏.
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Comme toujours avec Frédéric Soulier, une écriture efficace qui insuffle à ses nouvelles ou novellas un rythme haletant. Un vocabulaire aussi sombre que pertinent. Un merveilleux raconteur d'histoires qui une fois encore m'a comblé. Vivement sa prochaine publication !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Vous ne m'avez pas dit son nom, mon père.
- Le nom de la Vaidu ? C'était Jaina, je crois, mais plus personne ne l'appelle ainsi, pas même sa famille. Elle a perdu son identité quand elle a été choisie.
- Non. Je veux parler de leur divinité, pour autant qu'ils n'en aient qu'une.
- Oh... Ils l'appellent Cthulhu. »
Un frisson parcourut Lescuelle. «Cthulhu », répéta-t-il. Ce nom était aussi désagréable à entendre quà prononcer. Il écorchait l'oreille, agaçait les dents et glaçait les lèvres. D'ailleus vous qui le lisez - qu'on me pardonne son orthographe, j'ai essayé d'en restituer la phonation gutturaleque m'en fit Lescuelle - vous qui le lisez, ne fait-il pas comme une auréole de noirceur quelque part dans le fond de votre esprit ? Ne vous évoque-t-il pas quelque cancrelat tapi sous un meuble, dans la poussière ? A son évocation, le mot me fait trembler comme un soldat atteint d'obusite, revenu brisé du front.
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La foule suivait leurs championnes, reines ou princesses, prêtresses ou saintes, la Vaidu et l'Ekenve, en continuant leur scansion. Etaient-ce des encouragements, des obsécrations ou des incantations magiques, Lescuelle n'en savait rien, mais chacune de leurs paroles crissait sous sa chemise, sur sa colonne vertébrale. Il se rendit compte qu'il frissonnait malgré l'absence totale de vent.
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Son existence et son nom s'étaient vite répandus sur Éfaté. Il était devenu une sorte de légende vivante, un croque-mitaine redouté par les indigènes pour sa brutalité et sa cruauté.
« "Si toi pas sage, John Frum viendra égorger toi sommeil". C'est ce que doivent dire les à femelles à leurs gamins, ricana Bughoney.
- John Frum ?
- C'est comme ça que ces macaques m'appellent. J'ai dû dire à quelques-uns que j'étais John, from England, et je suis devenu John Frum dans toute l'île.
- Pourriez-vous arrêter d'employer ce genre de qualificatif en ma présence, monsieur Bughoney ?
- Quoi ?
- Macaques, singes, bamboulas... tous ces sobriquets humiliants dont vous affublez les indigènes.
- T'es sûr de pas être une tante, Lécuelle ?
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La tragédie, puisqu'il faut bien l'appeler ainsi, survint à la faveur d'un fâcheux concours de circonstances, qui, si je ne les avais pas tenus de la bouche même de François Lescuelle et que je n'avais pas vu ce que j'ai vu, eût passé pour les élucubrations d'un écrivain de romans de gare en mal d'inspiration.
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- Ces négresses elles sont charnues là où il faut. Bon, il faut les secouer pour en tirer quelque chose, mais enfin, elles t'en donnent pour ton argent. Celle-là, c'est Ghislaine. On l'a renommée Ghislaine parce que son vrai prénom est trop dur à prononcer pour nous autres. Alors t'es sûr ? C'est moi qui régale.
- Non, merci.
- T'es pas de la jaquette, au moins ? Parce que c'est pas question que je passe deux mois avec un...
- Un quoi, monsieur Bughoney ?
- Un queer... Un gay.
- Non, je ne suis pas inverti. Je suis juste un homme civilisé.
- Tant mieux, Tant mieuX.
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