Le jour le plus meurtrier de l'histoire de France : 22 août 1914

LE JOUR LE PLUS MEURTRIER DE L'HISTOIRE DE FRANCE : 22 AOUT 1914

Waterloo 6700 morts, la guerre du Vietnam de 1959 à 1975, 58 000 morts américains sur une population de 200 millions. La bataille de Rossignol en Belgique 27 000 morts côté français pour 39 millions d'habitants autant que pour la guerre d'Algérie.

Dans son avant-propos Steg précise qu'il est le premier né en France d'une famille d'immigrés (de Hongrie). Il présente son parcours. Jean-Michel Steg n'est pas un historien de formation mais un financier, d'où son intérêt pour les chiffres. C'est ce goût de chiffres qui lui fait se demander pourquoi un tel oubli de cette journée pourtant si meurtrière. Ce n'est pas pour autant un néophyte en histoire, il a suivi des séminaires d'EHESS sur la guerre et en particulier ceux de Stéphane Audouin-Rouzeau qui préface ce livre.

C'est un des épisodes connus sous le nom de Bataille des frontières. Rossignol un joli nom pour un massacre.
Après un premier chapitre où il compare ce jour à d'autre bataille et s'interroge sur son oubli. Steg présente dans un second chapitre heure par heure le déroulement de cette journée qui en 10 heures dit donc 27 000 morts côté français et 8 à 1 000 côté allemand.
Le plan français prévoyait que les divisions devaient partir de Rossignol pour rejoindre Neufchâteau où il devait rencontrer les forces allemandes. Après une journée du 21, faite de marches et contre marches (20 heures de pérégrinations), peu d'heures de sommeil et pas de repas chaud, l'armée s'engage sur l'unique route bordée de forêt qui relie les deux communes. Plus tard la faute sera rejetée sur le brouillard, le plan de Joffre étant magnifique (sur le papier). Mais le brouillard existait pour les deux antagonistes, seulement les Allemands qui eux non plus ne connaissaient pas les effectifsé français ni leur positions ont su faire remonter les informations, et s'adapter, les Français non.
Le troisième chapitre expose le chemin qui mène du traité de Francfort du 10 mai 1871 mettant fin à la guerre Franco-prussienne avec l'annexion d'une partie du territoire français, jusqu'à cette déclaration de guerre d'août 1914. Depuis le changement de frontière qui a entrainé des travaux de fortifications, jusqu'aux progrès des armes, en passant par les plans allemands (Schlieffen) ou français (Joffre), la persistance en une vision française de la guerre, plus offensive que réfléchie : la Furia francese…
Le quatrième montre l'état des armements et l'organisation des armées.

Un livre que je recommande.


Challenge Lectures de guerre

En août 1914 l'armée allemande lance des forces importantes sur la France en déroulant le plan prévu de longue date d'attaque par le Nord au mépris de la neutralité belge.
La France aligne très rapidement ses forces sur l'ensemble de la frontière, attaque en Alsace, amorce une attaque vers la Belgique.
Le choc des armées a lieu dans la forêt des Ardennes le 22 août, à Rossignol.
27000 soldats français perdent la vie ce jour là, soldats originaires des colonies, de Bretagne, du Midi, du Limousin. Ce sera le jour le plus meurtrier de l'histoire de France. Les armes modernes (artillerie, mitrailleuses, ...) alliées à une mobilité plus grande côté allemand font que nos soldats se sont fait tuer soit sous le feu des canons allemands, soit en lançant des attaques baïonnette au canon derrière leurs officiers sous le feu nourri des ennemis.
Voyant la bataille des frontières perdues Lanrezac décide du repli de son armée.
L'armée ainsi sauvée de la déroute, aidée par initiative de von Kluck qui détourne ses troupes de la destination initiale, va consolider ses forces sur la Marne et stopper la progression allemande. Conscients de l'échec de leur tentative et en difficulté sur le front russe les allemands vont établir une ligne de défense solide sur les crêtes, qui dessinera le front de la guerre de position.
L'auteur détaille les éléments qui ont conduit l'armée française à cette défaite; l'attaque à outrance, la faiblesse du renseignement et des circuits de décisions, l'obstination sont les principaux éléments qu'il retient.
Le généralissime Joffre active les conseils de guerre et limoge ses généraux......
J'ai découvert l'ampleur de cette bataille en relevant les lieux de décès des soldats dont le nom est inscrit sur le monument aux morts de ma commune.
Bertrix, Rossignol, sont les lieux des Ardennes où de nombreux paysans du Midi ont trouvé la mort, quelques semaines après avoir quitté leurs foyers et leurs familles, leur blés à peine moissonnés.

Le 22 août 1914, 27.000 soldats sont morts sur le champ de bataille; c'est le jour le plus meurtrier de l'histoire de l'armée française. Jean-Michel Steg cherche les raisons de ce massacre.

Le premier chapitre est consacré à la bataille de Rossignol. Dans ce petit village belge et ses alentours, 7.000 soldats français perdirent la vie et une division coloniale fut anéantie. L'auteur retrace heure par heure ces combats.

Après cette accroche documentée et spectaculaire, les chapitres suivants expliquent les raisons de ce massacre : doctrine stratégique erronée, équipement inadapté, rigidité du commandement, rivalités entre généraux français, difficultés du terrain...

La raison principale est la doctrine de l' "offensive à outrance" qui s'est imposée à l'état-major français; les soldats français doivent attaquer partout et engager un combat corps-à-corps. Devant les armes modernes, le résultat est désastreux. De plus, pour les généraux comme pour les soldats, il n'est pas question de reculer.

Une autre raison est la meilleure formation des officiers de base et des sous-officiers allemands, et la liberté d'initiative laissée aux généraux de corps d'armée; alors que Joffre voulait tout contrôler et n'informait même pas ses généraux de ses plans de bataille.

Un chapitre est consacré aux violences allemandes contre les populations civiles belges et françaises, dues à la résistance inattendue des Belges, aux souvenirs des francs-tireurs de 1871 et aux conditions de combats. Les prêtres catholiques furent particulièrement visés.

Enfin Jean-Michel Steg s'interroge sur l'oubli de ces jours sanglants, occultés par la victoire de la Marne, puis par les combats des tranchées; il y eut aussi le désir de cacher les responsabilités de Joffre et de son entourage.

A noter que Jean-Michel Steg n'est pas un historien professionnel; il a repris ses études tardivement, mais il a su se faire conseiller pour réaliser son rêve d'écrire un livre.

Dans un langage clair, accessible à tous, l'auteur nous explique cette dramatique journée du 22 août 1914, passée inaperçue dans l'Histoire de France mais aussi dans l'Histoire de la Première Guerre Mondiale. A l'aide de chiffres, chers à l'auteur, il nous démontre facilement l'ampleur de la catastrophe grâce à quelques comparaisons : 27000 français décédés le 22 août 1914 – 6700 morts pour Waterloo – 5800 américains tués au Vietnam entre 1959 et 1975. Vous vous demandez certainement comment autant de soldats français ont pu mourir en une seule journée… Et je vous préviens, lors de votre lecture, vous risquez d'éprouver de l'énervement et surtout, de l'incompréhension. de l'incompréhension car à la lecture du récit, même un lecteur n'ayant aucune compétence militaire, se rend rapidement compte de l'absurdité de la situation et les conséquences inéluctables qui s'en suivront… Bref, je n'en dirai pas plus pour vous laisser la possibilité de découvrir ce livre qui apporte un peu de nuances à ces événements.


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