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EAN : 9791027802234
152 pages
Le Castor Astral, 2019 (06/06/2019)
3/5   1 notes
Résumé :
Poursuivant une oeuvre étonnamment variée, Jean-Luc Steinmetz dans la première partie de son livre prolonge une émotion écologique inspirée par le grand Henry David Thoreau. Ailleurs, il restitue une saison perdue où il cède place à une voix féminine. La dernière section, " Le Legs ", comporte 86 strophes de huit vers sur le modèle du Testament de François Villon, mais avec la tendre ironie des bandes dessinées de son enfance et de son adolescence. La discrétion voi... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mes traces emplies du bleu du ciel…


Mes traces emplies du bleu du ciel.
L'image s'égare-t-elle ? Rejoint-elle
une vérité que rien ne laissait prévoir
et qui soudain surgit ?
Je m'en veux parfois de mon immobilité crâne
alors que pourraient être parcourus
des kilomètres, des miles, des verstes.
Et je devance par prescience les découvertes
qui attendent sous la tente d'un arbre.
L'après-midi étend à perte de vue
les surfaces de terre originelle
le tapis à prière du colza.
Que j'aie relaté souvent de telles surprises
n'empêche pas qu'elles étonnent.
Je ne me crois suivi ni par les bêtes
ni par les hommes.
Le bâton du marcheur écarte les orties sans les rompre.
Il montre quelque révérence à se frayer passage.
On voudrait (tout lecteur impatient)
un acte se démultipliant dans le jour
ou la possibilité d'une étreinte.
L'événement se réduit à une compagnie de perdreaux
survolant les domaines.
Du fond du corps
la respiration interroge
et soulève la chemise ocre.
À la halte les pieds frémissent, tremblent
avant de repartir.

Celui qui vient de bouger
a reformé le cours du monde,
puis refermé.
Ses yeux maintenant pénètrent
une vaste plaine intérieure où l’été se devine
à certaines apparitions de bleuets.
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Le mort a besoin d'une maison…


Le mort a besoin d'une maison.
Ce n'est jamais celle que la tombe légèrement inclinée réserve
où deux dates se complètent comme des yeux.
Bien ailleurs il s'en va. Nul ne sait.
Dans l'ombre d'un toit autrefois il vécut, regarda le temps
prendre les jambes à son cou.
Les murs aujourd'hui effondrés
ne tiennent plus entre eux que par les anneaux du lierre.
Il est bien davantage dans l'eau qui tourbillonne
d'un ruisseau traversant la prairie
ou dans cet arbre dont le tronc penche
en attendant qu'il tombe dans très longtemps.
Ses demeures s'envolent, vagabondes.
Celles qu'il préfère sont des phrases
où revient une expression favorite
la répétition qui cherche en vain l'amour.
Alors, derrière, on le distingue, très faiblement
reconnaissable, jusque dans l'intonation assourdie.
L'écho dure à travers une minute profonde.
Le courant sans arrêt rebondit
sur des voyelles, des consonnes,
dents, salive, langue et respir.
Le son se prolonge, la main rencontre.
Les années croisent les secondes
sous l'œil bienveillant d'une mémoire
qui ne veut pas grandir.
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Quelqu'un traverse…


Quelqu'un traverse
apparaît, disparaît.
Par certains détails il nous dirait quelque chose.
D'autres assez rapidement le perdent de vue.
Car s'entrecroise en permanence le lacis
et tombe le rideau d'averses.
Depuis plusieurs couples d'années, cette couleur,
celle d'une écharpe
un manteau qui devient indiscernable dans la foule.
Au fond d'une goutte de café, un regard.
Bien d'autres actions qui lancent leurs lassos
leurs doigts en grappes
le soulèvement des talons pour courir.
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Et, de nouveau, quelqu'un traverse…


Et, de nouveau, quelqu'un traverse
mal identifiable comme l'heure de notre mort
en attente, mais prête
ou les dentelles des fiançailles sous un cerisier.
Toutes les mentions, les questions locales
et temporelles, les déchets, le déchaînement,
la cohue du multiple et de l'indifférencié
les charrois, les manutentions,
le coefficient zéro, la tension qui baisse jusqu'à 7.

Et, de nouveau, quelqu'un traverse
dont, cette fois, on entrevoit les lèvres
qui délivrent le dernier mot.
Et les dents se referment.
Nous n’apercevons plus ceux qui viennent en face
ou se pressent au carrefour.
Nous devinons la traversée, nous la devenons
sans port d’attache, sans destination
l’appréhension seule d’un milieu inconnu
ni l’air ni l’eau ni le feu ni même la terre
habituelle consœur.
Un milieu inconnu.
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Vidéo de Jean-Luc Steinmetz
« Il y a quelque chose d'inéluctablement malheureux dans le personnage de Verlaine (1844-1896) […]. Lui-même eut beau se compter au nombre des poètes maudits, nous avons tendance à lui refuser une telle malédiction gratifiante pour ne le doter que d'un chagrin doux-amer et d'un coeur (mot dont significativement il abusa) gros de larmes presque savoureuses. […] Plus néfaste que la brève cohabitation de Gauguin avec Van Gogh, celle qui le rapprochera de Rimbaud se terminera sur l'éclat d'un coup de feu […]. Les suites sont connues : […] Verlaine est condamné à deux ans de prison. […] En mai 1874, il apprend que le jugement en séparation de corps et de biens réclamé par Mathilde vient d'être prononcé. Il en ressent une profonde tristesse et songe à se tourner vers les secours de la religion. […] le 15 août, Verlaine, enfin admis à la Sainte Table, communie. de cette période de conversion témoigneront dans le futur “Cellulairement” […]. […] Les années suivantes, Verlaine continuera de disperser le matériau poétique accumulé durant sa détention ; treize poésies se retrouveront dans Jadis et Naguère (1884), huit autres dans Parallèlement (1889). Sans doute ne souhaitait-il pas refaire surface dans le monde littéraire par un livre évoquant son passé de droit commun, fût-ce sous les apparences du “journal d'une âme”. Il rappellerait ces temps mauvais dans Mes Prisons en 1883, mais, pour l'heure, c'est en proposant une image apaisée de lui qu'il tente, après bien des atermoiements (sept ans de silence), son retour de poète avec Sagesse où il espère que “nulle dissonance n'ira choquer la délicatesse d'une âme catholique”. […] Cellulairement […] occupe […] la place indéniable de “chaînon manquant” entre les Romances sans paroles et Sagesse et […] il montre Verlaine dans son authenticité de prisonnier, de poète et, sur la fin, de pécheur converti. […] Cellulairement restitue un temps de vie passé, usé au jour le jour, dans ce tournis à demeure où se perçoit l'identité même, toujours flottante, de Verlaine, non pas fadeur […], mais limite de l'écoeurement devant le mélange de fiel et de miel que tend l'existence en sa coupe. […] Verlaine adresse le murmure d'une voix inquiète, presque égarée, même quand sa foi nouvelle tend à la raffermir. Gardons-nous de ne voir que complaisances là où se dit, non sans humour parfois, quelque réalité aussi maligne que la pure et simple “condition humaine” illuminée d'un faible espoir et fraternelle dans sa détresse ?» (Jean-Luc Steinmetz)
« Au Lecteur
[…]
Vous lirez ce libelle tel quel, Tout ainsi que vous feriez d'un autre, Ce voeu bien modeste est le seul nôtre, N'étant guère après tout criminel.
[…]
J'ai perdu ma vie et je sais bien Que tout blâme sur moi s'en va fondre : À cela je ne puis que répondre Que je suis vraiment né Saturnien. »
Paul Verlaine Bruxelles, juillet 1873
0:00 - Berceuse 0:30 - Almanach pour l'année passée III 1:18 - L'art poétique 3:00 - Générique
Référence bibliographique : Paul Verlaine, Cellulairement, Éditions le Castor Astral, 1992
Image d'illustration : http://www.heliotricity.com/poetryverlaine.html
Bande sonore originale : Kai Engel - Somewhere Else Somewhere Else by Kai Engel is licensed under a Attribution-NonCommercial 4.0 International License.
Site : https://www.freemusicarchive.org/music/Kai_Engel/lesicia/somewhere-else
#PaulVerlaine #Cellulairement #PoésieFrançaise
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