Voici un roboratif roman de jeunesse, refusé à l'époque par suffisamment d'éditeurs parisiens pour convaincre son auteur de le remiser au fond du tiroir. Probable en effet qu'il y a plein de défauts là-dedans, une trop grande densité, des redites, des ronds dans l'eau, des personnages manquants d'épaisseur, sauf que quand même, personne n'écrit comme ça, avec ce mélange de colère et de fluidité, et cette envie. Exemple :
"Bien fini, pas moyen de m'y tromper, j'étais éveillé. Un monde subitement durci dans lequel je venais de rouler, le monde de la veille, des autres veilles, les rapports et les souvenirs qui se découvraient en même temps que les objets, le dédale des conséquences aux causes strictement déterminées. Rien qui pouvait être sans importance ou gratuit, tout gratuit et tout pouvait être fatal. La Mort, la chute qui guettaient à tous les coins. Chaque mot semblait se graver dans mille livres à la fois, chaque pas laissait une empreinte impossible à effacer, chaque coup une griffe. Plus rien de l'inefficacité du rêve, ce qui arrivait demeurait et il fallait agir selon les règles, marcher entre les clôtures, éditer chaque pensée ou bien..."
Le mouvement brownien littéraire du torrent de mots de Sternberg a précisément cette qualité-là. Il lui a suffi de la nommer pour qu'on la reconnaisse et qu'on se souvienne de son importance : "L'inefficacité du rêve."
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Cinéma
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