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EAN : 9782752600721
95 pages
L'Aube (12/10/2004)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Le talent de Benjamin Stora nous fait vivre ces dernières cruciales en un récit âcre et mélancolique, mélange d'immaturité et d'inaccompli pour les européens d'Algérie, de rage et d'espoir pour les colonisés.Le maire d'Alger - Jacques Chevallier porté au pouvoir par les partisans de l'Algérie française - finira, dans la guerre, par reconnaître l'existence d'une Algérie algérienne. Le leader Krim Belkacem tient le maquis en Kabylie depuis plusieurs années et ne sait ... >Voir plus
Que lire après Algérie 1954, une chute au ralentiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un petit livre concernant un grand évènement ! En une centaine de pages, une sorte de «Que sais-je» (d'ailleurs le format est adapté) qui raconte le début de la fin de la colonisation : l'année 1954.

Une brève chronologie des événements politiques qui ont émaillé l'année, de janvier à décembre ; une année qui avait commencé avec l'attaque massive du Viêtminh, sous les ordres du genéral Giap, contre le camp militaire français de Diên Biên Phu, en Indochine... et la défaite de la France début mai. Juillet, c'est la reconnaissance du principe d'autodétermination en Tunisie... et, en novembre la guerre qui commence de manière tonitruante le 1er novembre.

Tous les obervateurs avertis s'y attendaient, mais il n'y a de pire sourd que celui qui ne veut entendre. Il en était ainsi des hommes politiques français de l'époque, la plupart -de tous les bords politiques- étant pour «la répression sans faiblesse» (Pierre Mendès France). Il en est ainsi, aussi, pour la population européenne installée en Algérie... installée «au centre d'un empire qui va mal». Il est vrai que l'Algérie, «avec ses lieux magnifiques, des montagnes de Kabylie au désert saharien, les personnages hauts en couleurs, des administrateurs coloniaux aux commerçants prospères, semblent à leur place. Mais c'est un leurre».

D'un côté, il y a le mélange d'immaturité et d'inaccompli pour les Européens d'Algérie. de l'autre, il y a la rage et l'espoir pour les colonisés : absence de réformes sans cesse remises, poids de l'inertie, répression aveugle et parfois, sinon souvent, massive... La longue chute, au ralenti, de l'empire colonial avait commencé, mouvement peu perceptible par la classe politique française, hormis dans les petits cercles anarchistes ou trotskistes.

L'auteur raconte la descente à travers la vie quotidienne en Kabylie, à Alger, Sétif, Oran, Constantine (ville qui comprenait la communauté juive la plus importante du pays : environ 30.000 personnes ).. «à la veille de la tourmente»... la vie de 922.000 Européens et de 7.860.000 musulmans... une vie où «un Algérien ne vaut que le neuvième d'un électeur français» (selon Gilbert Meynier), où les villes sont occupées à plus de 60% par les Européens, où les villes se bidonvillisent à une allure folle, tout particulièrement à partir des années 50 où «le plus petit fonctionnaire français se croit supérieur à n'importe quel Arabe» et où «la peur commune de la majorité musulmane» avait forgé une sorte d'unité quasi-ségrégationniste, ignorant la misère de leurs «voisins» arabes.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On a interprété ce silence et ce calme comme l’expression d’une adhésion. En réalité, la colère est à son comble et ce silence est fait de mépris et de révolte.
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Il serait donc erroné de considérer ceux que l’on appellera plus tard les « pieds-noirs » comme un « peuple » homogène. Très souvent, par leur situation sociale, ils se heurtent à une couche sociale constituée de gros propriétaires fonciers. Mais en dépit de ces oppositions, ils sont unanimes, et particulièrement à Oran, où ils sont majoritaires, à défendre leurs privilèges, qui rendent le plus petit fonctionnaire français supérieur à n’importe quel Arabe. Leur unité est due à une peur commune de la majorité musulmane.
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L’histoire coloniale, si étouffante pour les uns, et si joyeuse pour d’autres, va bientôt se raconter à l’imparfait. Un récit âcre et mélancolique, mélange d’immaturité et d’inaccompli pour les Européens d’Algérie, de rage et d’espoir pour les colonisés. L’absence de réformes promises et sans cesse remises, le poids de l’inertie détraquent le présent, transforment chaque action en lente défaite, émoussent les verbes, installent le malaise, la crise arrive.
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Dans son livre La Colline oubliée, publié pour la première fois en 1952, l’écrivain Mouloud Mammeri raconte mieux que quiconque la vie quotidienne de paysans en Kabylie : « Le plus grave, c’était cette tristesse qui suintait des murs ; ces ânes lents qui descendaient les pentes, ces bœufs somnolents, et ces femmes chargées qui semblaient s’acquitter sans joie d’une corvée insipide qu’elles avaient tout le temps de finir. Il semblait qu’ils avaient devant eux l’éternité, alors ils ne se pressaient pas ; on aurait dit que les hommes et les femmes n’attendaient plus rien, à les voir si indifférents à la joie. […] Il y avait partout comme un avilissement, une fatigue de vivre, et n’était le respect dû à leur ancêtre aimé de Dieu, c’était à se demander si, aux prières de nos marabouts, la baraka du grand saint ne restait pas muette, comme s’il ne nous aimait plus, sourde, comme si elle n’entendait plus nos voix.
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L'Algérie est, d'abord, un immense espace rural. Et la terre est la plus longue mémoire de l'histoire algérienne. Dépositaire impassible des habitats détruits, des instruments de travail, du déplacement des populations, elle enferme beaucoup de ses secrets ; elle permet de suivre la respiration des civilisations successives ; elle englobe presque tout...» (p 82).
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Vidéo de Benjamin Stora
Quelles cicatrices a laissé la colonisation française ? Que doit faire la France pour guérir ces maux ? Doit-elle s'excuser ?
Cet échange comprend Pascal Blanchard, historien, spécialiste du « fait colonial » et des immigrations, chercheur-associé au CRHIM et co-directeur du Groupe de recherche Achac sur les représentations, les discours et les imaginaires coloniaux et postcoloniaux, et Benjamin Stora, docteur en Histoire et en Sociologie, ancien Président du Musée national de l'histoire de l'immigration.
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Chapitrage :
0:00 Pourquoi parle-t-on encore de la colonisation ? 4:50 La responsabilité de la République 11:05 Les responsabilités individuelles 14:05 La reconnaissance par l'Etat des crimes 17:50 L'Indochine VS l'Algérie 23:12 Les autres puissances coloniales 26:48 La mémoire en tant qu'instrument diplomatique 37:35 La Françafrique 39:00 La repentance en tant qu'instrument politique
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