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Critique de VictorPepepe


Un recueil étonnamment digeste compte tenu de son épaisseur (plus de mille pages) et de son apparente austérité.

Ce livre se divise en trente-neuf chapitres sur autant d'auteurs de la philosophie politique, de Thucydide à Heidegger en passant par Saint Augustin, Montesquieu ou Tocqueville. Les auteurs anglo-saxons y occupent une place plus que substantielle, tropisme des deux auteurs principaux oblige. Chacun de ces chapitres fait entre vingt et trente pages et peut être lu séparément. J'apprécie ces lectures qui ne demandent pas de trop lourds efforts d'apnée, j'y reviens régulièrement picorer un chapitre ou deux.

Une remarque importante : présenté comme écrit par Leo Strauss et Joseph Cropsey, ce recueil est en fait écrit par des dizaines d'auteurs (sur les 39 chapitres de la troisième édition, trois sont de la plumes de Leo Strauss : Platon, Marsile de Padoue, Machiavel ; deux de celle de Cropsey : Smith et Marx) le nom des autres auteurs me paraît escamoté d'une façon assez surprenante. Ni la couverture, ni la quatrième, ni la page de titre, n'en font mention. Pas de mention non plus de « sous la direction de LS et JC ». En lisant leur noms, impossible de penser que ces derniers sont autre chose que les deux uniques auteurs. Plus fort encore, tous ces autres noms n'apparaissent pas non plus en début ou en fin de chapitre, il faut attendre la page 1075 pour découvrir une table listant ces auteurs fantômes. (J'ai copié cette table ci-dessous.)
Drôle de choix politique pour un livre sur un tel sujet.

Autre remarque, qui concerne peut-être la traduction, ou à tout le moins le travail éditorial. Ce livre comporte trois courtes préfaces, une pour chaque édition de ce livre. Voici comment commence la préface de la première édition : « Cet ouvrage vise principalement à introduire les étudiants de sciences politiques à la philosophie politique. Les auteurs et les éditeurs ont fait de leur mieux pour prendre la philosophie politique au sérieux, en supposant constamment que les enseignements des grands philosophes politiques ne sont pas seulement importants historiquement, comme des phénomènes à propos desquels il nous faut apprendre quelque chose si nous voulons comprendre les sociétés du présent et du passé, mais également comme des phénomènes dont il nous faut apprendre quelque chose si nous voulons comprendre ces sociétés. »
Si quelqu'un comprend cette phrase et la nuance qu'elle souhaite apporter, ma boîte mail est ouverte. (Passons sur le « introduire », anglicisme assez moche, probable traduction de « introduce »)

Ces importantes réserves n'entament pas la qualité de ce recueil, qui propose d'intéressantes mises en perspective et chemins de traverse entre notre présent et les siècles qui nous ont précédés. Une phrase tirée de l'article sur Tocqueville pourrait résumer son approche, et cette lumière que projette la connaissance du passé sur le présent (que cela soit pour s'en défaire ou s'en inspirer) : « Dans la "De la Démocratie en Amérique", Les caractéristiques de l'ancien régime font continuellement irruption au cours de l'argumentation ; c'est parce que Tocqueville a conscience de la grandeur de l'alternative à la démocratie, que l'on pouvait encore alors respecter, qu'il peut informer et modérer la démocratie vouée à triompher. (… ) Une compréhension des choses démocratique requiert une conscience des alternatives à la démocratie ; la "marche de l'histoire" ne fait pas disparaître cette nécessité. »

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TABLE

TABLE

Préface à la troisième édition, V
Préface à la deuxième édition, VIIPréface, IX
Introduction, 1

Thucydide, par David Bolotin, 7Platon, par Leo Strauss, 35
Xenophon, par Christopher Bruell, 97
Aristote, par Carnes Lord, 129
Marcus Tullius Cicéron, par James E. Holton, 169Saint Augustin, par Ernest L. Fortin, 191
Alfarabi, par Muhsin Mahdi, 223
Moïse Maimonide, par Ralph Lerner, 247
Saint Thomas d'Aquin, par Ernest L. Fortin, 269
Marsile de Padoue, par Leo Strauss, 299
Nicolas Machiavel, par Leo Strauss, 321
Martin Luther et Jean Calvin, par Duncan B. Forrester, 341
Richard Hooker, par Duncan B. Forrester, 387
Francis Bacon, par Howard B. White, 399
Hugo Grotius, par Richard H. Cox, 421
Thomas Hobbes, par Laurence Berns, 433
René Descartes, par Richard Kennington, 461John Milton, par Walter Berns, 483
Spinoza, par Stanley Rosen, 501
John Locke, par Robert A. Goldwin, 523
Montesquieu, par David Lowenthal, 563
David Hume, par Robert S. Hill, 589
Jean-Jacques Rousseau, par Allan Bloom, 615
Emmanuel Kant, par Pierre Hassner, 639
William Blackstone, par Herbert J. Storing, 689
Adam Smith, par Joseph Cropsey, 703
Le Fédéraliste, par Martin Diamond, 729
Thomas Paine, par Francis Canavan, S.J., 753Edmund Burke, par Harvey Mansfield, Jr., 761
Jeremy Bentham et James Mill, par Timothy Fuller, 787
Georg W.F. Hegel, par Pierre Hassner, 811
Alexis de Tocqueville, par Marvin Zetterbaum, 847John Stuart Mill, par Henry M. Magid, 871
Karl Marx, par Joseph Cropsey, 891
Frédéric Nietzsche, par Werner J. Dannhauser, 921
John Dewey, par Robert Horwitz, 945 Edmund Husserl, par Richard Velkey, 965
Martin Heidegger, par Michael Gillespie, 987

Epilogue: Leo Strauss et l'histoire de la philosophie politique, par Nathan Tarcov et Thomas Pangle, 1007
Index, 1045
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