Il s'agit à l'origine de chroniques hebdomadaires parues dans le magazine Punch, pendant environ un an (1846-1847). le mot snob vient de l'université de Cambridge, il s'agit de la contraction de sine nobilitate, et désignait l'élève qui ne faisait pas partie de la noblesse, comme une bonne partie des étudiants de la vénérable institution. D'ailleurs, lors de son passage à Cambridge,
Thackeray a collaboré au Snob, journal de l'université, dans lequel il a fait paraître des textes et dessins humoristiques. Les chroniques de
Thackeray ont eu beaucoup de succès et paraissent donc en 1848 en volume.
Il s'agit de 52 textes, de quelques pages, illustrés de dessins.
Thackeray passe en revue toute une catégorie de snobs, le snob royal, le snob de la City, le snob militaire, ecclésiastique, littéraire…..Il croque toute une série de personnages, certes de son temps, mais pas seulement. L'admiration servile des puissants, illustres, célèbres, est de tous temps et de tous lieux. L'humour de
Thackeray est impitoyable, il s'attaque sans répit à des comportements qui mènent les gens à vouloir paraître autre chose que ce qu'ils sont, et à faire l'inverse de ce qu'ils feraient spontanément. L'apparence au détriment du bonheur.
Un petit extrait :
"Dimanche dernier, me trouvant dans une église de notre capitale où l'office religieux s'achevait tout juste, j'entendis deux snobs parler du pasteur. L'un demandait à l'autre qui était le clergyman. C'est le révérend Truckmush, répondit le second snob, le chapelain particulier du comte de Comandittvough. –Ah, s'exclama le premier snob sur un ton d'indicible satisfaction. Aussitôt l'orthodoxie et l'identité de l'ecclésiastique furent établies dans son esprit. Il n'en savait pas plus long sur le comte que sur le chapelain, mais l'autorité du premier lui garantissait la moralité du second ; et il rentra chez lui fort satisfait du révérend, en bon petit snob obséquieux qu'il est."
Une lecture fort divertissante et plaisante, et un texte dans lequel on voit se dessiner des personnages qui annoncent le grand roman de
Thackeray,
La foire aux vanités. J'ai tout particulièrement apprécié les toutes dernières chroniques, qui glissent presque sur la forme de petites histoires, et racontent en plusieurs épisodes un récit.