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Bien qu'ayant peu d'appétence pour la science fiction j'avais envie depuis longtemps de découvrir l'univers de Lovecraft. Voilà qui est fait avec ce manga issu d'une trilogie revisitant les chefs-d'oeuvre de l'écrivain de Rhode Island. Je dois dire que même si cette lecture ne m'a pas transformée en une inconditionnelle du genre elle fut une très bonne expérience. D'abord par la capacité à restituer un univers aussi imaginatif qu'effrayant du mankata Gou Tanabe. Ensuite par son habilité avec des dessins exclusivement en noir et blanc, entre cauchemars et hallucinations, à faire naître un sentiment de grand malaise chez le lecteur. J'ignore si Dans l'abîme du temps de Gou Tanabe est proche de l'oeuvre de Lovecraft mais ce que je sais c'est que mêlant des thèmes qui lui sont chers, que sont le voyage dans le temps et le transfert de personnalité, c'est une immersion totale dans un univers devenu un lieu de terreur pour les humains, et c'est assez effrayant (comme si un minuscule virus, venant dont on ne sait où, menaçait la terre entière 😷🥴).
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MANGA SCIENCE-FICTION / HORREUR
Le professeur d'économie Nathaniel Peaslee a un malaise durant un cours donné à l'université… Et il se réveille 5 ans plus tard pour découvrir que durant tout ce temps il étudié en autodidacte tous les savoirs possibles et imaginables avec un don des langues inouï, des talents mathématiques hors du commun et une incroyable mémoire eidétique avant de partir en explorations aux quatre coins du monde. Pour ses médecins il s'agit d'un de dédoublement de la personnalité, pour sa femme qui est partie avec leur fille et leur fils aîné il s'agit cas d'usurpation d'identité, pour le père et le fils cadet c'est un mystère et ils se reconvertissent l'un et l'autre dans la psychologie pour le résoudre. Ils traversent la WWI, les Années Folles et la Grande Dépression pour découvrir que ce mystère s'est reproduit siècle après siècle depuis des générations et des générations. Mais c'est quand ils se font une raison et qu'ils acceptent que tout cela est le fruit de leur imagination, un ingénieur australien vient leur prouver qu'ils avaient raison et que la réalité dépasse la fiction !

Étrange homme qu'H.P. Lovecraft capable de créer indéfiniment autant de démons que de merveilles, capable de magnifiques démonstrations d'humanité comme de faire l'apologie de criminels contre l'humanité. "Dans l'Abîme du temps" (traduction maladroite de "The Shadow Out of Time") parue en 1935 est la dernière nouvelle du Maître de Providence, pierre angulaire du genre horrifique qu'il a révolutionné avant de le marquer à tout jamais de son empreinte. Il s'agit un peu de son testament, qui est à la fois le remake et la suite des "Montagnes hallucinées". On retrouve l'expédition dans un lieu reculé voire inaccessible de la planète, la découverte d'une civilisation antédiluvienne pas si disparue que cela, ainsi que l'horreur indicible qui a causé leur perte et qui pourrait causer la perte de l'humanité (sans parler du Professeur Dyers survivant de l'expédition polaire qui ici aide Nathaniel Peaslee à comprendre et à aller de l'avant avant d'achever sa quête de vérité). Alors certes la mise en place du récit est différente mais comme d'autres inspiré du film "Berkeley Square" et de la nouvelle "The Shadowy Thing" : on associe transfert d'âmes et voyages dans le temps et on reconnaît "L'Affaire Charles Dexter Ward" et "Le Monstre sur le seuil", ainsi que plusieurs oeuvres majeures du pape du space opera Edmond Hamilton (on va dire que ces tropes ont fait les beaux des genres de l'imaginaire à l'époque où il n'y avait pas de frontières entre les genres de l'imaginaire). Ensuit il reprend ses thématiques favorites mais avec une inflexion optimiste peu courante dans la mythologie qu'il a façonnée de ses propres mains…

La peur de soi :
Nathaniel Peaslee ne se reconnaît plus, plus il enquête sur lui-même et les 5 années qu'il a perdues et moins il se reconnaît… Sa perception du temps est étrange, et les incroyables visions qui assaillent ses rêves débordent sur la réalité. Qui est-il ? D'où vient-il ? Où va-t-il ? Quel est le vrai et le faux entre celui qu'il a été, celui qui l'a remplacé pendant 5 ans et celui qu'il est aujourd'hui. Notre narrateur ne sait plus s'il fou ou saint d'esprit, où la frontière entre la réalité et ce que son esprit peut inventer, et à un moment s'il est encore humain...

La peur de l'autre :
L'autre c'est l'ennemi, et l'ennemi c'est l'horreur. Les exceptions sont rares dans la bibliographie de l'auteur, et donc d'autant plus marquantes (l'alien perdu en croisade contre les abominations de la Constellation du Taureau, le zombi qui ignorait qu'il était un zombie, le mystérieux sorcier saxon venu du passé). Dans "Les Montagnes hallucinées" les créatures venues du passé n'interagissaient pas directement avec les humains, les traitant comme les humains auraient traité n'importe quelle « espèce inférieure », et même si on apprenait leur histoire et leur destin où elles passaient de maîtres à esclaves, de bourreaux à victimes, elles étaient plutôt moralement neutres par rapports aux autres créatures du mythe elles carrément maléfiques… Dans le présent récit, les créatures venues du passé décrites du manières plutôt positives : des purs esprits en quête de savoir, observant sans intervenir mais défendant la terre contre les envahisseurs octopodes ou reptiliens avec les technologies venues de toutes les civilisations du passé et de l'avenir. Mais tout pouvoir rencontre un jour un pouvoir plus grand, et on prend parti pour elles quand elles affrontent des créatures d'outre-espace encore plus éloignées de nous qu'elles dans l'échelle de l'évolution, et qu'elles choisissent la fuite plutôt que la guerre à outrance. En plus dans leur exode elles auraient pu parasiter l'humanité ce qui nous aurait donné une Histoire Secrète bien paranoïaque que Philip K. Dick aurait adorée, mais elles ont choisi d'habiter la race coléoptère qui succédera à la race humaine (encore une fois l'auteur rend hommage à H.G. Wells et à "La Machine à explorer le temps")...

La peur de l'inconnu :
Chez H.G. Wells comme chez H.P. Lovecraft l'homme n'est plus l'être créé par Dieu à son image qui règne sur une planète créée pour lui et placée au centre de l'univers, mais une espèce comme les autres qui apparaît, évolue et disparaît comme les autres… Mais entouré voire cerné par d'autres espèces bien plus vieilles, bien plus intelligentes et bien plus évoluée que l'humanité. Dans la mythologie créée par l'auteur elles sont le plus souvent malveillantes, et prêtes à écraser les êtres humains comme des insectes dès que les astres seront propices. Mais ici on nous dépeint des explorateurs et des chercheurs plongés dans une éternelle quête de savoir, suivant une éthique stricte et rigoureuse et appliquant une diplomatie claire : ne pas être agresseur et ne pas être agressé… le narrateur les découvre eux et leurs ennemis, et s'ils ne parvient pas à révéler l'ultime vérité à l'humanité c'est peut-être mieux ainsi. Alors certes l'humanité n'est pas grand-chose, et si elle n'est pas seule elle n'a pas forcément que des adversaires indicibles et incommensurables totalement étrangers à notre mode de pensée. Malgré tous les jets de SAN qu'il aura dû effectuer, il trouve ainsi une forme d'équilibre donc de sérénité !


Alors j'ai été très bavard sur l'oeuvre d'H.P. Lovecraft mais que penser de l'oeuvre de Gou Tanabe ? Elle est de qualité, très fidèle et très respectueuse, pleine de bonne volonté et d'humilité. Dans "Les Montagnes hallucinés", les explorateurs étaient un peu les hobbits dans le "SdA" de JRR Tolkien : ils étaient là pour les lecteurs soient à la fois spectateurs et acteurs du drame… Ici le récit est plus intimiste, et nous suivons de manière très touchante la quête d'un père et d'un fils qui veulent découvrir la vérité pour reconstruire leur famille. le mangaka prend tout son temps pour mettre en scène leurs questions, leurs doutes et leurs peines durant les 27 années de tortures psychologiques que subit le narrateur : la mise en scène est très travaillée et très soignée, et pour rien gâcher l'ambiance et le rythme qui s'en dégage sont parfait. Après je ne suis complètement convaincu par ses graphismes en particulier le charadesign, mais le sentiment d'étrangeté qui s'en dégage colle parfaitement aux univers et aux ambiances lovecraftiennes. Par contre les dialogues / monologues sont excellentes : les échanges entre Peaslee et Dyers sont denses et intenses, le monologue final est ciselé de main de maître, et il y a ce passage sur l'Allemagne où on dézingue subtilement mais clairement les accointances douteuses entre le régime nazi et le Maître de Providence. Pour terminer, je n'ai qu'un chose à dire : vivement le prochain ! (car oui, il y a encore d'autres adaptations d'H.P. Lovecraft par Gou Tanabe !)
Lien : https://www.portesdumultiver..
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Super original et dérangeant seraient les qualificatifs pour cet ouvrage
On va commencer par le début et contrairement aux autres bouquins « lambda » nous allons commencer par le packaging.
Déjà la couverture, rien que ça !!!
Elle est simplement magnifique en imitation cuir comme les livres anciens
« Lovecraft » oblige
Ensuite la mise en page, à la façon Maga, on démarre à l'envers très original et déstabilisant au début
« Lovecraft » oblige
Pour continuer, la qualité des dessins aux détails exacerbés pour un ensemble en noir et blanc, parfaitement adapté à cette histoire du siècle dernier.
Des fresques en double page qui mériteraient d'être encadrées dans ma bibliothèque.
Fond noir pour ceux issus des rêves, euh !! Pardon des cauchemars et fond blanc pour ceux sortis de la réalité, euh pardon des cauchemars éveillés
« Lovecraft » oblige !!!!!
Enfin pour terminer, la retranscription parfaite de cet écrit fantastique, adaptation exemplaire de L'auteur Gou Tanabe sans qui, rien n'aurait été.
Et oui, fantastique c'est le terme approprié pour cette extraordinaire histoire sombre ou horreur et anxiété sont tonitruantes.
Lovecraft a l'instar d'un grand artiste peintre, musicien ou sculpteur, n'acquièrera la notoriété qu'après sa mort, et sera l'essence même du mouvement Cosmicisme,
La référence du surnaturel !!!!
Maintenant, l'histoire, sans spoiler,
Anxiogène, pesant, perturbant, l'alternance de la réalité et de l'imaginaire qui finiront par subtilement s'entremêler retranscrit parfaitement l'univers lovecraftien
Voyage dans le temps, dans l'espace, dans l'esprit de ce malheureux enseignant pris cérébralement en otage pendant des années ou voyage dans les entrailles de la terre, à la recherche de la vérité sur l'humanité au devenir incertain.
Tout le mythe est la, mais la question primordiale, l'humanité a t-elle besoin de connaître la vérité, et vous, êtes vous sur de vouloir être initié ?
Aux risques d'être changé à jamais, en êtes vous bien certain ?
La vérité ne doit elle pas parfois rester cachée
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D'après Michel Houellebecq qui a publié un essai sur Lovecraft intitulé H.P.Lovecraft contre le monde, contre la vie, il y a 8 nouvelles de Lovecraft essentielles et qui constitue le coeur du mythe: les 4 nouvelles regroupées dans La couleur tombée du ciel (voir la chronique) et les 4 nouvelles regroupées dans ce livre. Il est vrai que ces 8 textes sont représentatifs de l'univers de Lovecraft et font partie des meilleurs de l'écrivain américain. Plusieurs adaptations ont été faites de ces nouvelles et je rajouterai à la chronique mon avis sur les bandes dessinées Dans l'abîme du temps et La maison de la sorcière.

Dans l'abîme du temps est une des dernières nouvelles publiées de son vivant. C'est une nouvelle assez longue de près de 90 pages. Elle raconte l'histoire de Nathaniel Wingate Peaslee, un professeur d'économie politique à la célèbre université Miskanotic qui devient soudainement amnésique en perdant connaissance. Son amnésie s'accompagne d'un changement complet de personnalité à tel point que sa femme ne le reconnait plus et demande le divorce. Son état s'améliorera au bout de 5 ans mais il fera alors des rêves étranges. Cette nouvelle poursuit la mythologie créée par Lovecraft avec l'apparition de la grande race de Yith, une race très évoluée technologiquement et qui étudie l'humanité. Cette nouvelle est plus orientée vers le fantastique car on doute de ce qui arrive à Nathaniel Wingate Peaslee. On suit son histoire sur près de 30 ans et cette nouvelle nous fait découvrir l'Australie. Les voyages dans le temps et l'histoire sont également au coeur de cette nouvelle qui est vraiment d'un très bon niveau avec une idée de base excellente.
La maison de la sorcière raconte ce qui arrive à Walter Gilman, un étudiant de l'université de Miskatonic, après qu'il ait choisi d'habiter la demeure de Keziah Mason, une vieille sorcière qui s'était évadée par des moyens inconnus de la prison de Salem en 1692. Walter Gilman est très doué dans ses études et le fait d'habiter cet appartement l'aide dans ses recherches mais peu à peu il est victime d'étranges cauchemars et de fièvre nocturne. Cette nouvelle est assez plus tournée vers l'horreur avec le thème de la possession. Elle est à la fois très documenté sur le plan scientifique et contient beaucoup d'éléments de la mythologie de Lovecraft avec le Necronomicon et Nyarlathotep, sous son avatar de l'homme noir. L'ambiance de cette nouvelle est assez angoissante et le récit est très prenant. Ce n'est pas une des nouvelles les plus connues de l'écrivain mais elle contient certains des thèmes chers à l'auteur : sciences, mysticisme et horreur.
L'appel de Cthulhu est certainement une des nouvelles les plus connues de Lovecraft. Elle a donné son nom au jeu de rôle tiré des écrits de l'écrivain mais aussi à pas mal d'autres choses comme une chanson de Metallica. C'est une nouvelle fondatrice dans la mythologie de l'auteur. Elle commence quand Francis Wayland Thurston hérite des recherches de son grand oncle et d'un étrange bas-relief en argile représentant une créature entre un dragon et un poulpe, muni d'ailes et de tentacules. La nouvelle est assez courte et est divisée en 3 parties assez distinctes: la première est centrée sur la découverte de la statuette, la seconde sur le récit de l'inspecteur Legrasse et d'une secte vaudou alors que la troisième parle du récit d'un naufrage en Australie. Cette partie est pour moi la plus intéressante de la nouvelle avec l'apparition de Cthulhu vraiment très bien décrite. C'est une scène d'une très forte intensité où l'on comprend bien l'horreur des Anciens et l'origine du mythe. Cette nouvelle est vraiment excellente et elle est essentielle dans l'oeuvre de l'écrivain. Pour ceux qui ne l'ont pas lu, il faut y remédier rapidement!

Les montagnes hallucinées est une très longue nouvelle de presque 120 pages. Il est écrit à la première personne par le narrateur William Dyer. Il y a d'ailleurs dans la bande dessinée Dans l'abîme du temps une référence à ce personnage. William Dyer est géologue et travaille à l'université de Miskatonic. Une expédition composée d'une vingtaine de personnes est organisée pour atteindre le cercle polaire antarctique. L'expédition va bientôt découvrir des spécimens biologiques et géologiques inconnus ainsi qu'une chaine de montagnes. Ils découvrent ainsi les restes de créatures inconnues de la science. Les découvertes et les problèmes s'enchainent peu à peu. Lovecraft était passionné par le continent Antarctique, une région inexplorée propice à l'imaginaire, et il avait un goût du détail très développé et on le voit dans cette histoire où les descriptions scientifiques sont très détaillées et justes. Tout est très précis et bien décrit et permet de s'immerger complétement dans cette histoire. Elle est également reliée à la mythologie de Lovecraft avec de nombreuses références aux Anciens. C'est vraiment une excellente nouvelle avec une ambiance à part et glaçante. Elle a notamment inspiré le film The thing où on retrouve la même ambiance glaçante.

Ce recueil de 4 nouvelles de Lovecraft est d'un aussi bon niveau que La couleur tombée du ciel chez Denoël également. L'univers de Lovecraft est vraiment à part et à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas. Pour ceux qui le connaissent, la relecture de ses écrits apportent toujours autant de plaisir.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Deuxième titre des chefs-d'oeuvre de Lovecraft adaptés par Gou Tanabe que je découvre et le plaisir est le même. J'ai lu une grande partie des écrits de Lovecraft étant jeune, ces textes géniaux, néanmoins pas toujours faciles à lire aujourd'hui puisqu'un siècle le sépare de nous et cette vision d'un des plus grands auteurs de manga fantastiques d'aujourd'hui des récits du père de la littérature fantastique et horrifique donne des ouvrages magiques, sublimés par un écrin de toute beauté que nous offre les éditions ki-oon.
Si vous n'avez pas encore lu Lovecraft, l'occasion de le découvrir est trop belle!!!
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Lorsque le dessinateur japonais Gou Tanabe revisite l'oeuvre d'Howard Phillips Lovecraft, il s'opère une fusion prometteuse entre l'un des plus talentueux maîtres du manga horrifique et celui de la littérature fantastique.
Dans l'abîme du Temps, H.P. Lovecraft nous invite à un voyage aux portes de la folie ; Un professeur d'économie titulaire d'une chaire à l'université perd connaissance lors de l'un de ses cours et subit une amnésie de plus de cinq années pendant laquelle il vit une étrange existence parallèle ponctuée de faits scientifiques étonnants. le grand écart provoqué par ce dédoublement de personnalité spectaculaire éloigne certains de ses proches et cause son divorce. Mais le plus traumatisant reste encore son récent « réveil » dans sa personnalité première ce qui le projette dans une perplexité sans limite doublée d'un effroi sous-jacent alimenté par des cauchemars insensés.
L'un de ses fils et d'éminents psychologues vont tenter l'impossible pour qu'il puisse conserver sa raison et sa santé mentale…

Les éditions Ki-Oon réalisent là une très belle série d'albums qui ont le format d'un carnet de voyage et une couverture souple incroyablement réussie qui rappelle les vieilles reliures de cuir.
Un must !
Certaines choses devraient rester cachées pour l'éternité…
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Lovecraft est un auteur dont j'ai mis longtemps à découvrir l'univers de peur que ce soit trop sombre et effrayant pour moi. du coup, chaque découverte est assez frappante. Je me rends compte du génie du monsieur disparu quand même au début du XXe siècle et qui a inspiré tant d'auteurs après lui. Ki-Oon met les petits plats dans les grands avec cette série de beaux livres mettant en image ses plus célèbres récits. Après Les montagnes hallucinées, place à Dans l'abime du temps où l'on retrouve le même très beau coup de crayon de Gou Tanabe pour nous embarquer dans une histoire abyssale.

Premier point, encore une fois, l'objet livre est de toute beauté. Même reliure souple et pourtant étonnamment solide que dans Les montagnes hallucinées mais dans un gris correspondant bien au ton et à l'ambiance de l'histoire. L'impression, tout comme la traduction sont impeccables et j'adore le petit effet "collection" que cela va donner dans ma bibliothèque.

Pour ce qui est de l'histoire, on nous replonge dans l'univers propre à Lovecraft fait d'anciennes civilisations de créatures étranges qui peuplaient la Terre à un âge inconnu et qui ont laissé des traces mystérieuses que seuls certains scientifiques peuvent reconnaitre et poursuivre. Pour ceux ayant lu Les montagnes hallucinées les points communs sont nombreux et pour autant le titre est très différent.

Cette fois, l'auteur s'intéresse à la possession et au voyage dans le temps de façon assez différente de ce que l'on peut connaitre. le héros est un économiste célèbre qui se réveille 5 ans après avoir fait un malaise et découvre que pendant ce temps-là une créature d'un autre âge habitait son corps. S'en suit une sorte de voyage à la fois en lui-même et dans les abimes du temps pour découvrir cette étrange créature, ses congénères et les mystères qui les entourent. On est à la fois dans de la SF, du récit d'aventure à la Indiana Jones mais également dans quelque chose de bien plus intime et psychologique qui fait s'interroger sur soi. C'est assez étrange voire dérangeant parfois.

J'ai beaucoup aimé suivre les méandres des pensées du héros, ses avancées et percées sur l'appréhension de cette ancienne civilisation. J'ai trouvé le récit bien construit avec une angoisse d'abord omniprésente qui saisit à la gorge et dérange profondément, puis une lente montée en tension vers un terrible mystère qui pourrait avoir des conséquences sur nous. Pour autant, je ressors un peu frustrée aussi de cette lecture qui semble d'arrêter alors qu'elle démarre et comme c'est la dernière oeuvre de Lovecraft, je doute de trouver une suite à cette trame narrative dans la suite de son oeuvre, mais après tout comme je la connais mal peut-être est-ce que je me trompe.

Les dessins participent grandement à l'immersion dans le récit. Il rendent parfaitement l'angoisse, l'horreur et la peur que ressentent tour à tour les personnages. Cependant, je regrette que leur obscurité soit telle qu'elle empêche de distinguer les créatures et l'action parfois. Je me doute que ça participe bien à l'effet voulu par Lovecraft. Je sais que dans ses récits il livre peu de description et joue plutôt sur les non-dits et l'imagination des lecteurs pour qu'ils se fassent peur eux-même. Je sais aussi qu'il n'est rien de tel qu'une créature qu'on ne montre jamais complètement pour faire bien peur (coucou Alien premier du nom), mais n'empêche ça ma frustrée.

Dernier point que je tenais à soulever et qui est peut-être un point de détail, mais j'ai été agacée de voir le mangaka (parce que ça ne peut venir que de lui) commettre un anachronisme monstrueux en faisant parler de la Seconde guerre mondiale à l'un de ses personnages à demi-mots, alors qu'il est impossible que ça vienne de Lovecraft puisqu'il est mort en 1937... Rien de mieux pour me sortir d'une histoire et titiller mon agacement...

En conclusion, Dans l'Abime du temps se révèle une nouvelle fois passionnant à suivre même si différent des montagnes hallucinées que je lui ai préféré. Ici, nous sommes dans un récit qui nous questionne encore plus et où l'horreur s'accroche à ce que nous avons de plus intime : notre corps et notre esprit. le traitement du voyage dans le temps et de la possession par l'auteur est encore une fois très surprenant que on remet l'oeuvre dans son contexte et rien que pour ça, je suis bluffée !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Adaptée d'une nouvelle de Lovecraft, cette histoire n'est pas qu'un voyage dans un temps révolu, mais aussi et surtout une plongée dans l'abime de l'esprit d'un homme persuadé que son mental a été envahi par une entité étrangère pendant quelques années.
Même si elle est nécessaire pour comprendre la détresse psychologique du protagoniste, la première partie du manga m'a parfois quelque peu ennuyée. Les dessins des personnages aux regards hallucinés me semblaient également un peu trop figés.
Cela change complètement dans la deuxième moitié quand Gou Tanabe, avec un style bien plus léché, déploie sous mes yeux ébahis un site conçu dans une ère immémoriale… le mangaka expose alors une quasi parfaite transcription de l'imaginaire de Lovecraft et de son récit oscillant entre horreur psychologique et science-fiction fantastique.
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Peut-être mon volume préféré de la série lovecraftienne de Gou Tanabe, qui a le mérite de former un récit complet, une oeuvre somme qui reprend des nombreux éléments des textes antérieurs : le contrôle d'une autre entité, une guerre cosmique dont les humains sont absents, une expédition aux confins, la recherche d'un savoir dangereux, etc. Si on admire les paysages, l'architecture folle, on reproche souvent à Tanabe de croquer des visages ternes et figés. Pourtant il s'agit d'exprimer la sideration des personnages, une horreur intérieure, profonde, permanente. Lors des crises du Pr. Peasle, son visage se déforme hideusement, preuve que le mangaka est capable de soigner ses portraits.
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Le professeur Peaslee, enseignant à la prestigieuse université de Miskatonic, perd connaissance lors d'un cours magistral. A son réveil, il n'est plus le même et semble avoir perdu la raison. Il va tout laisser tomber pour ses recherches sur les sciences occultes et parcourir le monde. Près de trois décennies plus tard, le professeur se réveille. Il est redevenu lui même, mais il ne se souviens de rien entre le jour de sa perte de connaissance et aujourd'hui.
Son fils, qui est resté à ses côtés toutes ses années, essaie avec lui de comprendre ce qui lui est arrivée et surtout qu'elle est cette civilisation inconnue que son père traque.

Tout comme les autres, ce volet des écrits de Lovecraft en manga est un petit bijou. C'est un réel plaisir de les redécouvrir à travers ses dessins fait de noir et blanc. Ils retranscrivent à la perfection la tension des situations mais aussi la peur et l'effroi.
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