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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
MANGA SCIENCE-FICTION / HORREUR
Le professeur d'économie Nathaniel Peaslee a un malaise durant un cours donné à l'université… Et il se réveille 5 ans plus tard pour découvrir que durant tout ce temps il étudié en autodidacte tous les savoirs possibles et imaginables avec un don des langues inouï, des talents mathématiques hors du commun et une incroyable mémoire eidétique avant de partir en explorations aux quatre coins du monde. Pour ses médecins il s'agit d'un de dédoublement de la personnalité, pour sa femme qui est partie avec leur fille et leur fils aîné il s'agit cas d'usurpation d'identité, pour le père et le fils cadet c'est un mystère et ils se reconvertissent l'un et l'autre dans la psychologie pour le résoudre. Ils traversent la WWI, les Années Folles et la Grande Dépression pour découvrir que ce mystère s'est reproduit siècle après siècle depuis des générations et des générations. Mais c'est quand ils se font une raison et qu'ils acceptent que tout cela est le fruit de leur imagination, un ingénieur australien vient leur prouver qu'ils avaient raison et que la réalité dépasse la fiction !

Étrange homme qu'H.P. Lovecraft capable de créer indéfiniment autant de démons que de merveilles, capable de magnifiques démonstrations d'humanité comme de faire l'apologie de criminels contre l'humanité. "Dans l'Abîme du temps" (traduction maladroite de "The Shadow Out of Time") parue en 1935 est la dernière nouvelle du Maître de Providence, pierre angulaire du genre horrifique qu'il a révolutionné avant de le marquer à tout jamais de son empreinte. Il s'agit un peu de son testament, qui est à la fois le remake et la suite des "Montagnes hallucinées". On retrouve l'expédition dans un lieu reculé voire inaccessible de la planète, la découverte d'une civilisation antédiluvienne pas si disparue que cela, ainsi que l'horreur indicible qui a causé leur perte et qui pourrait causer la perte de l'humanité (sans parler du Professeur Dyers survivant de l'expédition polaire qui ici aide Nathaniel Peaslee à comprendre et à aller de l'avant avant d'achever sa quête de vérité). Alors certes la mise en place du récit est différente mais comme d'autres inspiré du film "Berkeley Square" et de la nouvelle "The Shadowy Thing" : on associe transfert d'âmes et voyages dans le temps et on reconnaît "L'Affaire Charles Dexter Ward" et "Le Monstre sur le seuil", ainsi que plusieurs oeuvres majeures du pape du space opera Edmond Hamilton (on va dire que ces tropes ont fait les beaux des genres de l'imaginaire à l'époque où il n'y avait pas de frontières entre les genres de l'imaginaire). Ensuit il reprend ses thématiques favorites mais avec une inflexion optimiste peu courante dans la mythologie qu'il a façonnée de ses propres mains…

La peur de soi :
Nathaniel Peaslee ne se reconnaît plus, plus il enquête sur lui-même et les 5 années qu'il a perdues et moins il se reconnaît… Sa perception du temps est étrange, et les incroyables visions qui assaillent ses rêves débordent sur la réalité. Qui est-il ? D'où vient-il ? Où va-t-il ? Quel est le vrai et le faux entre celui qu'il a été, celui qui l'a remplacé pendant 5 ans et celui qu'il est aujourd'hui. Notre narrateur ne sait plus s'il fou ou saint d'esprit, où la frontière entre la réalité et ce que son esprit peut inventer, et à un moment s'il est encore humain...

La peur de l'autre :
L'autre c'est l'ennemi, et l'ennemi c'est l'horreur. Les exceptions sont rares dans la bibliographie de l'auteur, et donc d'autant plus marquantes (l'alien perdu en croisade contre les abominations de la Constellation du Taureau, le zombi qui ignorait qu'il était un zombie, le mystérieux sorcier saxon venu du passé). Dans "Les Montagnes hallucinées" les créatures venues du passé n'interagissaient pas directement avec les humains, les traitant comme les humains auraient traité n'importe quelle « espèce inférieure », et même si on apprenait leur histoire et leur destin où elles passaient de maîtres à esclaves, de bourreaux à victimes, elles étaient plutôt moralement neutres par rapports aux autres créatures du mythe elles carrément maléfiques… Dans le présent récit, les créatures venues du passé décrites du manières plutôt positives : des purs esprits en quête de savoir, observant sans intervenir mais défendant la terre contre les envahisseurs octopodes ou reptiliens avec les technologies venues de toutes les civilisations du passé et de l'avenir. Mais tout pouvoir rencontre un jour un pouvoir plus grand, et on prend parti pour elles quand elles affrontent des créatures d'outre-espace encore plus éloignées de nous qu'elles dans l'échelle de l'évolution, et qu'elles choisissent la fuite plutôt que la guerre à outrance. En plus dans leur exode elles auraient pu parasiter l'humanité ce qui nous aurait donné une Histoire Secrète bien paranoïaque que Philip K. Dick aurait adorée, mais elles ont choisi d'habiter la race coléoptère qui succédera à la race humaine (encore une fois l'auteur rend hommage à H.G. Wells et à "La Machine à explorer le temps")...

La peur de l'inconnu :
Chez H.G. Wells comme chez H.P. Lovecraft l'homme n'est plus l'être créé par Dieu à son image qui règne sur une planète créée pour lui et placée au centre de l'univers, mais une espèce comme les autres qui apparaît, évolue et disparaît comme les autres… Mais entouré voire cerné par d'autres espèces bien plus vieilles, bien plus intelligentes et bien plus évoluée que l'humanité. Dans la mythologie créée par l'auteur elles sont le plus souvent malveillantes, et prêtes à écraser les êtres humains comme des insectes dès que les astres seront propices. Mais ici on nous dépeint des explorateurs et des chercheurs plongés dans une éternelle quête de savoir, suivant une éthique stricte et rigoureuse et appliquant une diplomatie claire : ne pas être agresseur et ne pas être agressé… le narrateur les découvre eux et leurs ennemis, et s'ils ne parvient pas à révéler l'ultime vérité à l'humanité c'est peut-être mieux ainsi. Alors certes l'humanité n'est pas grand-chose, et si elle n'est pas seule elle n'a pas forcément que des adversaires indicibles et incommensurables totalement étrangers à notre mode de pensée. Malgré tous les jets de SAN qu'il aura dû effectuer, il trouve ainsi une forme d'équilibre donc de sérénité !


Alors j'ai été très bavard sur l'oeuvre d'H.P. Lovecraft mais que penser de l'oeuvre de Gou Tanabe ? Elle est de qualité, très fidèle et très respectueuse, pleine de bonne volonté et d'humilité. Dans "Les Montagnes hallucinés", les explorateurs étaient un peu les hobbits dans le "SdA" de JRR Tolkien : ils étaient là pour les lecteurs soient à la fois spectateurs et acteurs du drame… Ici le récit est plus intimiste, et nous suivons de manière très touchante la quête d'un père et d'un fils qui veulent découvrir la vérité pour reconstruire leur famille. le mangaka prend tout son temps pour mettre en scène leurs questions, leurs doutes et leurs peines durant les 27 années de tortures psychologiques que subit le narrateur : la mise en scène est très travaillée et très soignée, et pour rien gâcher l'ambiance et le rythme qui s'en dégage sont parfait. Après je ne suis complètement convaincu par ses graphismes en particulier le charadesign, mais le sentiment d'étrangeté qui s'en dégage colle parfaitement aux univers et aux ambiances lovecraftiennes. Par contre les dialogues / monologues sont excellentes : les échanges entre Peaslee et Dyers sont denses et intenses, le monologue final est ciselé de main de maître, et il y a ce passage sur l'Allemagne où on dézingue subtilement mais clairement les accointances douteuses entre le régime nazi et le Maître de Providence. Pour terminer, je n'ai qu'un chose à dire : vivement le prochain ! (car oui, il y a encore d'autres adaptations d'H.P. Lovecraft par Gou Tanabe !)
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Super original et dérangeant seraient les qualificatifs pour cet ouvrage
On va commencer par le début et contrairement aux autres bouquins « lambda » nous allons commencer par le packaging.
Déjà la couverture, rien que ça !!!
Elle est simplement magnifique en imitation cuir comme les livres anciens
« Lovecraft » oblige
Ensuite la mise en page, à la façon Maga, on démarre à l'envers très original et déstabilisant au début
« Lovecraft » oblige
Pour continuer, la qualité des dessins aux détails exacerbés pour un ensemble en noir et blanc, parfaitement adapté à cette histoire du siècle dernier.
Des fresques en double page qui mériteraient d'être encadrées dans ma bibliothèque.
Fond noir pour ceux issus des rêves, euh !! Pardon des cauchemars et fond blanc pour ceux sortis de la réalité, euh pardon des cauchemars éveillés
« Lovecraft » oblige !!!!!
Enfin pour terminer, la retranscription parfaite de cet écrit fantastique, adaptation exemplaire de L'auteur Gou Tanabe sans qui, rien n'aurait été.
Et oui, fantastique c'est le terme approprié pour cette extraordinaire histoire sombre ou horreur et anxiété sont tonitruantes.
Lovecraft a l'instar d'un grand artiste peintre, musicien ou sculpteur, n'acquièrera la notoriété qu'après sa mort, et sera l'essence même du mouvement Cosmicisme,
La référence du surnaturel !!!!
Maintenant, l'histoire, sans spoiler,
Anxiogène, pesant, perturbant, l'alternance de la réalité et de l'imaginaire qui finiront par subtilement s'entremêler retranscrit parfaitement l'univers lovecraftien
Voyage dans le temps, dans l'espace, dans l'esprit de ce malheureux enseignant pris cérébralement en otage pendant des années ou voyage dans les entrailles de la terre, à la recherche de la vérité sur l'humanité au devenir incertain.
Tout le mythe est la, mais la question primordiale, l'humanité a t-elle besoin de connaître la vérité, et vous, êtes vous sur de vouloir être initié ?
Aux risques d'être changé à jamais, en êtes vous bien certain ?
La vérité ne doit elle pas parfois rester cachée
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D'après Michel Houellebecq qui a publié un essai sur Lovecraft intitulé H.P.Lovecraft contre le monde, contre la vie, il y a 8 nouvelles de Lovecraft essentielles et qui constitue le coeur du mythe: les 4 nouvelles regroupées dans La couleur tombée du ciel (voir la chronique) et les 4 nouvelles regroupées dans ce livre. Il est vrai que ces 8 textes sont représentatifs de l'univers de Lovecraft et font partie des meilleurs de l'écrivain américain. Plusieurs adaptations ont été faites de ces nouvelles et je rajouterai à la chronique mon avis sur les bandes dessinées Dans l'abîme du temps et La maison de la sorcière.

Dans l'abîme du temps est une des dernières nouvelles publiées de son vivant. C'est une nouvelle assez longue de près de 90 pages. Elle raconte l'histoire de Nathaniel Wingate Peaslee, un professeur d'économie politique à la célèbre université Miskanotic qui devient soudainement amnésique en perdant connaissance. Son amnésie s'accompagne d'un changement complet de personnalité à tel point que sa femme ne le reconnait plus et demande le divorce. Son état s'améliorera au bout de 5 ans mais il fera alors des rêves étranges. Cette nouvelle poursuit la mythologie créée par Lovecraft avec l'apparition de la grande race de Yith, une race très évoluée technologiquement et qui étudie l'humanité. Cette nouvelle est plus orientée vers le fantastique car on doute de ce qui arrive à Nathaniel Wingate Peaslee. On suit son histoire sur près de 30 ans et cette nouvelle nous fait découvrir l'Australie. Les voyages dans le temps et l'histoire sont également au coeur de cette nouvelle qui est vraiment d'un très bon niveau avec une idée de base excellente.
La maison de la sorcière raconte ce qui arrive à Walter Gilman, un étudiant de l'université de Miskatonic, après qu'il ait choisi d'habiter la demeure de Keziah Mason, une vieille sorcière qui s'était évadée par des moyens inconnus de la prison de Salem en 1692. Walter Gilman est très doué dans ses études et le fait d'habiter cet appartement l'aide dans ses recherches mais peu à peu il est victime d'étranges cauchemars et de fièvre nocturne. Cette nouvelle est assez plus tournée vers l'horreur avec le thème de la possession. Elle est à la fois très documenté sur le plan scientifique et contient beaucoup d'éléments de la mythologie de Lovecraft avec le Necronomicon et Nyarlathotep, sous son avatar de l'homme noir. L'ambiance de cette nouvelle est assez angoissante et le récit est très prenant. Ce n'est pas une des nouvelles les plus connues de l'écrivain mais elle contient certains des thèmes chers à l'auteur : sciences, mysticisme et horreur.
L'appel de Cthulhu est certainement une des nouvelles les plus connues de Lovecraft. Elle a donné son nom au jeu de rôle tiré des écrits de l'écrivain mais aussi à pas mal d'autres choses comme une chanson de Metallica. C'est une nouvelle fondatrice dans la mythologie de l'auteur. Elle commence quand Francis Wayland Thurston hérite des recherches de son grand oncle et d'un étrange bas-relief en argile représentant une créature entre un dragon et un poulpe, muni d'ailes et de tentacules. La nouvelle est assez courte et est divisée en 3 parties assez distinctes: la première est centrée sur la découverte de la statuette, la seconde sur le récit de l'inspecteur Legrasse et d'une secte vaudou alors que la troisième parle du récit d'un naufrage en Australie. Cette partie est pour moi la plus intéressante de la nouvelle avec l'apparition de Cthulhu vraiment très bien décrite. C'est une scène d'une très forte intensité où l'on comprend bien l'horreur des Anciens et l'origine du mythe. Cette nouvelle est vraiment excellente et elle est essentielle dans l'oeuvre de l'écrivain. Pour ceux qui ne l'ont pas lu, il faut y remédier rapidement!

Les montagnes hallucinées est une très longue nouvelle de presque 120 pages. Il est écrit à la première personne par le narrateur William Dyer. Il y a d'ailleurs dans la bande dessinée Dans l'abîme du temps une référence à ce personnage. William Dyer est géologue et travaille à l'université de Miskatonic. Une expédition composée d'une vingtaine de personnes est organisée pour atteindre le cercle polaire antarctique. L'expédition va bientôt découvrir des spécimens biologiques et géologiques inconnus ainsi qu'une chaine de montagnes. Ils découvrent ainsi les restes de créatures inconnues de la science. Les découvertes et les problèmes s'enchainent peu à peu. Lovecraft était passionné par le continent Antarctique, une région inexplorée propice à l'imaginaire, et il avait un goût du détail très développé et on le voit dans cette histoire où les descriptions scientifiques sont très détaillées et justes. Tout est très précis et bien décrit et permet de s'immerger complétement dans cette histoire. Elle est également reliée à la mythologie de Lovecraft avec de nombreuses références aux Anciens. C'est vraiment une excellente nouvelle avec une ambiance à part et glaçante. Elle a notamment inspiré le film The thing où on retrouve la même ambiance glaçante.

Ce recueil de 4 nouvelles de Lovecraft est d'un aussi bon niveau que La couleur tombée du ciel chez Denoël également. L'univers de Lovecraft est vraiment à part et à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas. Pour ceux qui le connaissent, la relecture de ses écrits apportent toujours autant de plaisir.
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Deuxième titre des chefs-d'oeuvre de Lovecraft adaptés par Gou Tanabe que je découvre et le plaisir est le même. J'ai lu une grande partie des écrits de Lovecraft étant jeune, ces textes géniaux, néanmoins pas toujours faciles à lire aujourd'hui puisqu'un siècle le sépare de nous et cette vision d'un des plus grands auteurs de manga fantastiques d'aujourd'hui des récits du père de la littérature fantastique et horrifique donne des ouvrages magiques, sublimés par un écrin de toute beauté que nous offre les éditions ki-oon.
Si vous n'avez pas encore lu Lovecraft, l'occasion de le découvrir est trop belle!!!
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Peut-être mon volume préféré de la série lovecraftienne de Gou Tanabe, qui a le mérite de former un récit complet, une oeuvre somme qui reprend des nombreux éléments des textes antérieurs : le contrôle d'une autre entité, une guerre cosmique dont les humains sont absents, une expédition aux confins, la recherche d'un savoir dangereux, etc. Si on admire les paysages, l'architecture folle, on reproche souvent à Tanabe de croquer des visages ternes et figés. Pourtant il s'agit d'exprimer la sideration des personnages, une horreur intérieure, profonde, permanente. Lors des crises du Pr. Peasle, son visage se déforme hideusement, preuve que le mangaka est capable de soigner ses portraits.
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Le professeur Peaslee, enseignant à la prestigieuse université de Miskatonic, perd connaissance lors d'un cours magistral. A son réveil, il n'est plus le même et semble avoir perdu la raison. Il va tout laisser tomber pour ses recherches sur les sciences occultes et parcourir le monde. Près de trois décennies plus tard, le professeur se réveille. Il est redevenu lui même, mais il ne se souviens de rien entre le jour de sa perte de connaissance et aujourd'hui.
Son fils, qui est resté à ses côtés toutes ses années, essaie avec lui de comprendre ce qui lui est arrivée et surtout qu'elle est cette civilisation inconnue que son père traque.

Tout comme les autres, ce volet des écrits de Lovecraft en manga est un petit bijou. C'est un réel plaisir de les redécouvrir à travers ses dessins fait de noir et blanc. Ils retranscrivent à la perfection la tension des situations mais aussi la peur et l'effroi.
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Extrait de ma chronique :

"Je le soulignais à propos de Celui qui hantait les ténèbres : en sus d'être, comme souvent dans un récit fantastique d'après Joël Malrieu, "un érudit et un homme solitaire" (dixit CélineDanaé, voir aussi la chronique de Gromovar), le personnage lovecraftien est avant tout un esprit-fenêtre, quelqu'un dont la maison mentale va se retrouver envahie à proportion de la largeur de ses ouvertures (de sa faculté à bien appréhender le monde extérieur, quoi).


Même si Dans l'abîme du temps ne joue guère avec l'imagerie de la fenêtre (du moins côté Lovecraft, Gou Tanabe utilisant beaucoup de pleines pages dont les bords sont redoublés par des formes circulaires, voir par exemple pages 40-41, page 110, pages 300-301), le thème de l'esprit-fenêtre n'en reste pas moins prégnant, dans la mesure où le professeur Peaslee va être identifié comme "le meilleur représentant" de son espèce à son époque (page 191), donc le candidat idéal pour "quelque détestable échange" (titre du chapitre 5, page 116).


Non seulement sa soif de savoir (sa libido sciendi, pour le dire comme Saint-Augustin) prédispose le personnage lovecraftien, ici Peaslee, à devenir le jouet d'entités immémoriales, mais en prime elle le pousse à enquêter sur ce qui lui arrive, jusqu'à parvenir aux mêmes conclusions désabusées que ses prédécesseurs (le professeur Dyer des Montagnes hallucinées, qui fait ici une apparition remarquée)"
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Ce nouveau Lovecraft par Tanabe adapte l'un des textes les plus connus du maitre de Providence. « Dans l'abîme du temps » est, selon Lin Carter, le plus abouti des textes jamais écrits par Lovecraft. C'est aussi la nouvelle qui a le plus d'intertextualité avec le reste du mythe Cthulhu. J'ai lu il y a quelques années une traduction récente, l'histoire m'avait beaucoup plu, mais j'avais trouvé le jargon sur « l'inconcevable, l'indicible et le cyclopéen » un poil répétitif.
Bonne idée de l'auteur et de l'éditeur de publier ce livre maintenant, car, l'histoire se passe après « Les montagnes hallucinées » et y est connectée. On suit ici 25 ans de la vie de Nathaniel Peaslee professeur en économie à l'université Miskatonic qui « revient à lui » après cinq années (1908-1913) où il a été frappé d'une forme de folie, il n'était plus lui-même, étudiait l'occulte et les civilisations anciennes et a fait quelques trucs bizarres. Lorsqu'il redevient lui-même, il n'a plus que son fils cadet. Sa femme et l'ainé ont refait leur vie loin de l'étrange Nathaniel. Ce dernier tente de reprendre le cours de sa vie, mais il se met rapidement à faire des rêves très étranges. Ces rêves sont en fait des souvenirs de lorsqu'il habitait le corps d'un membre de la Grande Race de Yith pendant que son propre corps servait donc de vaisseau à l'un de ses êtres. Tout ceci est complètement fou, mais ces rêves lui semblent trop réels et expliqueraient ces années perdues.
On alterne alors présent et flashback pendant que notre protagoniste — assisté de son fils Wingate — tente de comprendre ce qu'il lui est arrivé.

Finalement en 1934, après que Nathaniel Peaslee ait publié ses recherches sur ce qu'il lui est arrivé, un chercheur australien le contacte, car il a découvert d'étranges ruines dans le désert du centre de l'Australie. Ces ruines, d'une civilisation inconnue, ressemblent à celles que Peaslee a décrites. L'université Miskatonic accepte de monter une expédition. Dans cette dernière on retrouve le professeur William Dyer déjà rencontré dans « Les montagnes hallucinées » et qui se doute un peu du genre de chose qu'il pourrait rencontrer.

J'arrête là pour ce qui est de divulguer l'intrigue. C'est en tout cas très bien adapté d'un point de vue textuel. Ce livre est un peu plus dense que les deux tomes des « Montagnes hallucinées », moins contemplatifs, plus bavards. Il est d'ailleurs dommage que les bulles n'aient pas de queues, car cela entraine le risque de voir les lecteurs se mélanger les pinceaux dans les dialogues. Les deux cents premières pages alternent entre la vie de Peaslee à Arkham et les flashbacks durant lesquels Tanabe semble se faire plaisir en donnant vie aux cités cyclopéennes imaginées par Lovecraft. D'ailleurs la façon que l'auteur a de gérer les niveaux de gris et textures avec des trames ultrafines est bluffante. Tant par le rendu que par la quantité de travail que cela a dû demander. Niveau créatures, le design des Yith respecte les canons établis par d'autres dessinateurs (pro comme amateur), par contre Tanabe semble s'être lâché sur le design du polype. Un design qui n'a rien de commun avec les autres versions que je lui connais et qui est franchement assez dément. Les visages un peu trop figés qui m'avaient gêné dans « les montagnes hallucinées » sont toujours présents (c'est le style de l'auteur), mais c'est moins gênant dans ce tome, car les visages n'étant pas couverts par des tenues polaires sont plus différenciables. En tout cas après cette lecture, ce qui est sûr c'est que Gou Tanabe est fait pour dessiner de la SF et du Fantastique. Gros coup de coeur sur la couverture du Necronomicon version Tanabe est qui est juste génial.
Lien : https://blogconstellations.h..
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Gou Tanabe nous ouvre une nouvelle fois les entrailles du fantastique / Science fiction, "Dans l'abime du temps" de l'excellent H.P. Lovecraft, était déjà un chef d'oeuvre, mais encré à la manière Tanabe, ça devient une oeuvre d'art à part entière; je ne peux que pousser les lecteurs (de ce genre) à lire ce livre, qui vient, lorsque l'on a déjà lu la version texte, enrichir l'imaginaire que l'on s'en faisait.
On en redemande, vivement les prochaines adaptations!!
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Dans l'Abîme du Temps, ou The Shadow out of Time dans la langue d'H. P. Lovecraft... Comment adapter une nouvelle aussi visionnaire, aussi fondatrice et célèbre que celle-ci, en manga ? Après de magistrales Montagnes hallucinées en deux tomes (dans la même collection, chez le même éditeur), Gou Tanabe nous propose de poursuivre notre voyage en terre lovecraftienne, en un seul volume relié doté à nouveau d'une grande qualité d'impression et d'une reliure imitation cuir du plus bel effet, grise cette fois.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le matériau d'origine, je vais tenter d'être bref. Cette nouvelle rapporte le récit (étrange, forcément !) de Nathaniel Peaslee, professeur d'économie à l'université de Miskatonic, dans la ville d'Arkham, au Massachusetts. Suite à un malaise soudain alors qu'il donnait un cours magistral, Peaslee perd connaissance, puis se réveille avec une impression étrange. En effet, il apprend vite, horrifié, que plusieurs années se sont écoulées depuis sa crise, durant lesquelles il a agi de façon très étrange, délaissant ses proches ainsi que l'économie pour se consacrer à des recherches personnelles dans des domaines divers tels l'archéologie et l'occultisme, comme s'il était un autre individu. le problème, c'est qu'il ne garde aucun souvenir de tout cela, mais est assailli chaque nuit par des visions de créatures cauchemardesques et d'une immense cité...
Que lui est-il donc arrivé ? Est-il atteint d'un trouble de l'identité, ou bien ses visions ont-elles une part de réel ? C'est ce qu'il va s'évertuer à découvrir.

Graphiquement, le trait de Gou Tanabe est d'une justesse anatomique et architecturale impressionnante, et l'ensemble dégage une criante sensation de réalisme sublimée par des contours sombres et des visages à la palette d'expression variée, du moins pour les humains... Les créatures innomables chères à Lovecraft sont bien entendu de la partie, et après les fameux Anciens des Montagnes Hallucinées, c'est à nouveau une très grande réussite. Encore une fois, l'idée d'accompagner la représentation des différentes créatures avec une description textuelle de leur apparence permet de se rendre compte de la fidélité à l'oeuvre d'origine, et c'est avec un certain plaisir mêlé de fascination et d'angoisse que l'on découvre une image de ces êtres dont on dit qu'aucun l'humain ne devrait jamais voir, sous peine de basculer dans la folie...

La narration, elle, n'hésite pas à utiliser la voix off de Peaslee pour accompagner les différentes étapes de son investigation et de sa réflexion sur sa mésaventure, comme dans la nouvelle originale, et cela fonctionne très bien. Ainsi, le lecteur n'est jamais perdu et l'intrigue reste claire, en particulier pour les néophytes.
De la même manière, l'auteur illustre ici, dans des planches magistrales, l'histoire complexe de la Grand Race de Yith, ce qui lui permet de poursuivre une formidable mythologie des êtres cosmiques débutée dans les Montagnes Hallucinées, si riche en détails et en images fortes qu'elle pourrait servir de nouvelle référence aux lecteurs désireux d'en savoir plus sur le fameux "Mythe", en toute simplicité.
De plus, en un seul tome certes plus épais que la majorité des mangas, aucun détail important de l'histoire ne semble avoir été omis, et l'ambiance inquiétante est bien présente et nous tient en haleine de bout en bout.

On peut donc à nouveau louer Gou Tanabe pour son travail d'orphèvre et remercier Ki-oon de nous donner la possibilité d'en profiter d'aussi agréable façon, en attendant avec impatience la suite de cette rétrospective avec La Couleur Tombée du Ciel, déjà annoncé...
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