Un an et demi après le décès du père du petit Charles alors âgé de 5 ans, se sent trahi par sa mère qui se remarie. Lui qui avait été heureux d'avoir sa mère pour lui tout seul au trépas de son père, voici qu'un autre vient lui voler son bien. Blessure qui le transformera en un réfractaire à l'amour et l'entrainera dans toutes les exagérations, les turpitudes, les excès :
Baudelaire c'est la fuite perpétuelle, pour se fuir lui-même..
Après avoir été chassé du collège, son beau-père le fait embarquer de force sur un paquebot direction Calcutta…Esca
le à L'île Maurice puis dernière étape de son périple : demi-tour à l'Ile Bourbon (La Réunion )… Ces quelques mois de
voyage sont un pur cauchemar : il s'ennuie, trouve la mer monotone, ne fréquente pas les autres passagers… Mis à part sa rencontre avec
l'Albatros – capturé par l'équipage pour en faire du pâté - ;
l'albatros dans lequel il va se reconnaître, prisonnier, incapable de s'échapper, de s'envoler vers sa propre existence.
L'albatros qui lui inspirera son poème (« Spleen et Idéal ») , tout comme d'autres événements de sa vie nourriront son oeuvre ( la mort de la servante de son enfance Mariette.. « La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse »
Retour à
Paris pour y attendre sa prochaine maturité, son passage à l'âge adulte, son héritage qui lui permettra enfin de se libérer du joug du beau-père.
Et c'est parti !!! Enfin on avait déjà eu un aperçu de la manière d'appréhender la vie de
Charles Baudelaire avant mais là, entre lui et
Jean Teulé , c'est le festival !!!!
Baudelaire c'est la désespérance, c'est la vie en perdition, le haschich, l'opium, l'alcool… C'est l'éternel nomade, le SDF qui s'enfuit dès qu'il est poursuivi par ses créanciers… C'est celui qui a « usé et abusé de tout ». C'est la rencontre avec sa muse, Jeanne Duval… (alias Berthe, Lemer, Prosper…) égérie de
Baudelaire qui traversera toute l'existence du poète, dans les moments lumineux et les moments noirs, deux êtres indissociables, dans l'amour, la luxure, la maladie et jusqu'en dans l'ombre de la mort… On va croiser les personnages de l'époque :
Gustave Doré,
Alfred de Musset,
Hector Berlioz, les frères Goncourt,
Barbey d'Aurevilly, Ingres,
Eugène Delacroix,
Gérard de Nerval,
Edouard Manet,
Flaubert,
Victor Hugo, le photographe Nadar, Courbet, du
Camp,
Théophile Gautier
Et on va suivre la naissance du recueil des Fleurs du Mal…
Baudelaire est aussi un perfectionniste comme on peut le voir lors de la mise en page de son livre avant qu'il accepte de signer le bon à tirer… Création-édition- procès.. J'ai trouvé superbe que
Teulé pousse la description au point de mettre les images des corrections rédigées par
Baudelaire, le bon à tirer signé de sa main, un florilège des critiques à la sortie des Fleurs du mal qui aussi une révélation pour moi ! « Ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences de l'esprit » ….
Le moins que l'on puisse dire c'est que lors de son voyage à Bruxelles il ne va pas se gêner pour étriller ces pauvres belges… Il insulte, choque, maltraite, agonit son -rare – public d'injures.
Et avec
Teulé, comme toujours tout cela devient drôle… J'ai adoré la scène chez le barbier ou
Baudelaire veut tour à tour raccourcir, rallonger, onduler, friser les cheveux… sans parler du traitement des favoris et des moustaches…
Car il faut bien le dire,
Teulé c'est truculant, jubilatoire, sarcastique, jouissif, politiquement non-correct, outrancier, surprenant, picaresque, drôle, hors-norme et en même temps extrêmement documenté… en un mot « Hénaurme !!!! »
Baudelaire, en deviendrait presque sympathique… j'ai dit presque…
Et maintenant à vous d'explorer la vie de ce poète de génie…
Baudelaire rejoint dans ma bibliothèque les trois autres poètes maudits auxquels
Teulé a consacré un ouvrage et les oeuvres de
Baudelaire. Et la Chevelure (Spleen et idéal –
Les fleurs du Mal – XXIII – 1861) reste encore et toujours mon poème préféré…