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Un polar, oui, mais qui serve une vraie cause. Tel pourrait être l'adage d'Estelle Tharreau, qui, après l'enfance maltraitée (Mon ombre assassine), le féminicide (Les eaux noires), la peine de mort aux Etats-Unis (La peine du bourreau) et le syndrome post-traumatique dans l'armée (Il était une fois la guerre), s'attaque cette fois au sort des Autochtones au Canada pour un nouveau thriller bien noir sur fond bien réel de violence et d'injustice.


La réserve innue de Meshkanau et la ville voisine de Pointe-Cartier au Canada n'existent pas. Elles n'en empruntent pas moins les traits de la tragique réalité amérindienne, alors que, assimilés de force lors de la colonisation de leur territoire par les Européens, leurs religions et leurs cultures traditionnelles interdites et leurs enfants expédiés dans des pensionnats autochtones destinés à leur faire oublier leur identité première et à les orienter vers des emplois ouvriers, les Autochtones n'en finissent pas d'en payer encore aujourd'hui les conséquences traumatiques. Impunément maltraités, victimes de multiples sévices, ceux qui ne succombèrent pas à la surmortalité des terribles pensionnats en sortirent brisés, initiant une longue chaîne de transmission d'effets destructeurs : dépression, violence, alcool, drogue, suicide et, de génération en génération, perte d'estime de soi empêchant toute reconstruction.


« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu'une autre femme. » Faute de respect de tout autre règle la concernant, c'est de cette terrible loi qu'est victime Naomi Sheehan, une Inue de seize ans dont les fugues à répétition ont fini par ne même plus émouvoir Michèle, sa mère, trop occupée à noyer dans l'alcool la douleur héritée de son enfance en pensionnat autochtone. Soucieux d'éviter scandale et autres désagréments « pour si peu », le chef de la police confie l'enquête, en lui déconseillant tout zèle excessif, au jeune et tout juste nommé policier Logan Robertson. Contre toute attente, ce dernier prend sa mission très au sérieux et entreprend pour de bon, au grand dam de quelques notables de la ville, de faire toute la lumière sur ce énième féminicide. L'on découvrira alors qu'il n'y a pas que les fantômes du passé pour miner le sort des Amérindiens : racisme et criminalité associée n'ont impunément rien perdu de leur vigueur. Rappelons d'ailleurs que le dernier pensionnat autochtone n'a fermé qu'en 1996...


Si l'on gagnera, pour approfondir la thématique de la souffrance amérindienne, à lire des livres tels que Shuni de Naomi Fontaine, Crazy Brave de Joy Harjo ou encore Ici n'est plus ici de Tommy Orange et LaRose de Louise Erdrich, si Nickel Boys de Colson Whitehead révèle avec plus de profondeur encore le cas tout à fait semblable des pensionnats aux Etats-Unis, ce dernier livre d'Estelle Tharreau a le mérite, au travers d'une histoire addictive et bien ficelée, aux personnages intelligemment croqués et au style efficace, de peindre en peu de traits un tableau d'ensemble clair et représentatif d'un sujet encore trop largement méconnu. Il ne semble pas exagéré de dire que le génocide – physique et culturel – amérindien continue plus ou moins directement de faire des victimes.

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Un roman socialement et politiquement très dur sur cette toile de fond prégnante en Amérique du Nord, le traitement et le parcage dans des réserves type ghettos des peuplades natives, et tous les miasmes sociétaux en découlant, tels isolement, misère, chômage, exploitation sexuelle, racisme, violence et alcoolisme.
Corollaire abordé et pièce importante de l'enquête policière, la colonisation par l'évangélisation forcée au mépris de toute humanité des enfants indiens arrachés au prétexte d'éducation à leurs parents et traditions pour devenir de bons citoyens et de bons chrétiens à l'image des neo-citoyens colonisateurs. Cette technique d'assimilation forcée dès l'enfance ce est d'ailleurs récurrente dans les "colonies" anglo-saxonnes.

La trame policière particulièrement noire, sordide, ancrée dans cette peu glorieuse réalité, tient la route.

Petit bémol à mon goût, le roman n'échappe cependant pas a un certain manichéisme sous jacent qui grince un peu la mécanique, non pas que les natifs soient tous des victimes et les "colonisateurs" blanc des tyrans, mais les personnages manquent un peu d'épaisseur, et sont un peu trop taillés d'un bloc.
Le plus intéressant à mon avis reste le personnage de l'oncle indien Peter, personnage ambivalent, victime et bourreau tourmenté cherchant sa rédemption, symbole à lui seul des affres des peuples indigènes.

Ce polar noir au thème courageux abordant frontalement par le prisme de l'enquête policière l'histoire ancienne, récente et actuelle peu reluisante du sort sociétal réservé aux peuples natifs au Canada frappe fort, et l'on peut regretter qu'en France l'on a toujours des difficultés et des freins à explorer notre peu glorieuse histoire récente au travers de fictions policières, les auteurs ne s'engageant que rarement encore sur ces sujets délicats voire tabous.

A la fin personne ne sortira gagnant de cet épisode meurtrier et de l'enquête, et même si la vérité éclate et redonne un peu de dignité au peuple de la réserve, ce n'est qu'un soubresaut dans l'inéluctable décrépitude de cette micro-société.

Un roman intéressant à découvrir.
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Bonjour,
Voici “Le dernier festin des vaincus” de Estelle Tharreau . Attendez-vous à affronter un thriller très sombre et très dur. Tout d'abord, disparition d'une jeune mineure dans une réserve indienne au Canada. Ensuite, entrée en scène d'un jeune flic qui va tenter de résoudre cette affaire complexe. L'intrigue va au delà du scénario et dénonce sans fard la vie des indiens dans les réserves, la maltraitance dont ils sont victimes, la corruption, les discriminations ,les violences sexuelles, le fléau de la drogue et de l'alcool qui fait des ravages. J'ai été bouleversée par les atrocités supportées par les enfants indiens dans les pensionnats où leur identité disparaissait. Ces enfants martyrisés n'avaient comme horizon que des séquelles irréversibles. L'auteure nous séduit à nouveau avec ce roman féministe, engagé et digne d'une plume percutante et incisive. L'atmosphère sombre, oppressante et imprégnée de malheurs vous submergera. Vous ressentirez les douleurs des personnages, leurs souffrances , leur misère, leurs addictions, leur mal-être et leur résignation. Un récit poignant et émouvant à découvrir!
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Être autochtone n'est jamais facile quand son pays qui a été colonisé par l'Homme Blanc et que ce dernier a décidé que les enfants devaient apprendre la langue des hommes civilisés et prier le Dieu des Blancs…

Aculturés, martyrisés, de nourriture privés, frappés, violentés, violés, même, ces enfants sont sortis des pensionnats des Blancs plus pauvres qu'en y entrant, puisqu'ils savaient à peine lire, à peine écrire et avaient perdu tous leurs repères avec leur culture, leur famille.

Comment s'en sortir ensuite, comment arriver à trouver un job autre que celui de pauvre travailleur mal payé et maltraité (un "mandaï", comme on dit chez nous) ? Comment ne pas sombrer dans l'alcoolisme, la drogue, le m'en-foutisme et se contenter des allocations données par le gouvernement afin que les natifs restent bien dans leur coin et leur misère à tous les étages ?

Au commencement de ce thriller, j'ai eu un peu de mal, à cause des nombreux personnages et du fait que le début du récit faisait cafouillis dans ma tête, comme si tout s'embrouillait. Heureusement, cela n'a pas duré et une fois remise sur les rails, le récit à filé comme un TGV et il m'a été impossible de refermer le roman pour aller au lit (dur le lendemain au réveil).

Les personnages ne sont pas trop approfondis, l'autrice a choisi d'aller droit au but et ce manque de détails m'a lésé durant ma lecture (ça passe ou ça casse). Malgré tout, j'avais envie de savoir ce qui était arrivé à cette pauvre Naomi et l'enquête piétinait tellement que les flics l'ont même classée, avant qu'elle ne revienne comme un boomerang dans la gueule de certains.

Ce roman est un polar qui met en scène une disparition et un décès afin de parler des problèmes des femmes autochtones au Canada, ces femmes qui ont plus de chance que toutes les autres de disparaître et de finir au terminus des allongés. Grave, non ?

Ce polar en profite aussi pour parler des pensionnats et des traitements terriblement inhumains que l'on a fait subir aux enfants dont il fallait tuer l'indien en eux.

Sans oublier que ce polar va parler aussi d'écologie et surtout du volet social : tous ces autochtones qui ont du mal à trouver du travail, qui boivent, laisse leurs enfants en plan, leur refilant leur mal-être comme un virus contagieux. Une boucle sans fin, un serpent qui se mord la queue, un héritage maudit.

Un polar violent, qui met en lumière des épisodes peu connus dans nos pays et qui, sous couvert d'une enquête policière, va nous parler de tous un tas de problèmes qu'on les natifs du Canada.

Le final est extrêmement tendu, rempli de suspense et d'adrénaline et même si l'on met fin aux agissements du coupable, personne ne sortira vraiment vainqueur de cette histoire… Les Natifs en baveront toujours autant, comme s'ils n'en avaient pas déjà assez bavé.

Un récit poignant et bouleversant par certains moments. Même s'il ne décrochera pas la floche des 4 Étoiles, il restera dans ma mémoire, comme bien d'autres avant lui parlant du même sujet…

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Une chose est sûre, vous sortirez éprouvé de cette lecture.
Estelle Tharreau nous entraîne au Canada au coeur d'une réserve indienne, mais sans avertissement, sans préparation, mais est-on jamais préparé à ça ?
Bien sûr, j'avais déjà entendu parler des difficultés des populations indiennes que ce soit au Canada, aux États-Unis ou en Amérique du Sud. Mais là, on se retrouve plongé au coeur de ces familles détruites par l'alcool et la drogue, totalement en perte de repères. L'annihilation de leur culture ancestrale, le racisme ambiant envers ces populations, le peu d'emplois disponibles, quelle force de caractère pour échapper à tout ça.
Le pire est sans doute les souvenirs par les personnages de leur séjour enfant au pensionnat. Sous prétexte d'assimiler ces enfants et de les rééduquer, leur faire oublier ce qu'ils étaient, leurs racines, leur peuple, leur fierté, ils étaient arrachés à leurs familles, soumis aux mauvais traitements, humiliés, violentés sexuellement pour certains, détruits à jamais, marqués à vie par des traumatismes qu'ils reproduiront à leur tour.
Que vaut la vie d'une jeune indienne même aujourd'hui ? Apparemment pas grand chose.
Alors, Estelle Tharreau a t'elle forcé un peu le trait sur les difficultés que rencontrent les peuples autochtones du Canada ? Je ne saurais le dire, elle a pris ce qu'il lui fallait pour rendre son écrit crédible. C'est un roman, une fiction, mais un livre qui prend aux tripes. le personnage de Marie Fontaine apporte un peu d'espoir, que ces peuples arrivent à renouer avec leur passé et leurs traditions.
Estelle Thareau, une auteur à découvrir et à suivre.
Merci aux éditions Taurnada et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique.
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Voici mon retour de lecture sur le Dernier festin des vaincus d'Estelle Tharreau.
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.
Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l'omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l'enfer de ce dernier jalon avant la toundra.
Le Dernier festin des vaincus est un thriller qui traite des violences intracommunautaires et des traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.
C'est un roman très dur mais extrêmement intéressant et bien ficelé sur un sujet peu traité.
Quand Naomi disparaît, personne n'est étonné. Elle est indienne, vit dans la réserve de Meshkanau. Un endroit difficile, où de nombreuses jeunes filles ont une vie très dure : viol, drogue, c'est leur quotidien.
Marie essaye de les sauver mais elle n'y arrive pas toujours.
Naomi avait toutes les raisons de fuguer, et son départ ne choque pas réellement sa mère.. Même quand le corps de la jeune fille est découvert sa mère ne semble pas réellement affectée. Par contre, Peter, l'oncle de la victime, pète un câble..
Mais que se passe t'il donc dans cette réserve ??
Un jeune flic, pas encore corrompu, décide d'enquêter malgré l'accord de son chef. Un jeune étudiant blanc, Nathan, a lui aussi l'intention de mettre un coup de pied dans la fourmilière.. sans imaginer un seul instant où il va mettre les pieds ! Il entraîne avec lui Alice, une jeune indienne qui a quittée la réserve dans des conditions compliquées..
Ce roman est très bien ficelé. le sujet choisi fait froid dans le dos car ce qui se déroule dans cette réserve trouve en partie sa source dans le passé, dans ce pensionnat où les indiens étaient parqués enfants.. Un pensionnat où des choses épouvantables se déroulaient.
J'ai eu mal au coeur à de nombreuses reprises, comment accepter que de tels faits aient pu se dérouler. Certes c'est un roman mais il est évident que ce n'est pas que ça et que l'autrice s'est sacrément documenté pour l'écrire.
Les personnages sont complexes, leur personnalité bien creusée.
En ce qui concerne Nathan et Alice, très importants car au coeur de tout ça, ils sont touchants même si parfois le jeune homme est une vraie tête à claque. Il n'a pas compris où il mettait les pieds et qu'en allumant une minuscule mèche, il peut allumer un grand feu. Etre blanc et mettre les pieds dans une réserve indienne, avec le père qu'il a et qui traficote, ne sera pas sans conséquences. Il va lui falloir assumer ses actes.
Quand à Alice, son passé va la rattraper et lui sauter au visage ; mais il m'est impossible d'en dire plus.
J'ai été scotchée par ce roman, comme souvent avec les publications des éditions Taurnada.
L'écriture d'Estelle Tharreau fait mouche, elle nous emmène au coeur de l'inconcevable et ça fonctionne parfaitement.
C'est complexe, avec un dénouement inattendu. J'ai adoré être remuée par ma lecture.
Le Dernier festin des vaincus est un excellent thriller que je vous recommande sans aucune hésitation et note cinq étoiles bien méritées.
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Philippe Murdock est chef de bande de la réserve indienne de Meshkanau et William Lemay est maire de la ville de Pointe-Cartier, située à deux kilomètres de cette dernière. Ils ont été conviés à passer le réveillon avec des ministres. Ils comprennent très vite qu'ils ont été piégés. La décision du gouvernement sera annoncée avant leur retour : un projet de « scierie gigantesque desservie par une autoroute ». (p. 15 ) Ils savent que cette information va raviver les tensions entre les Blancs et les Indiens.

Ce même soir de passage à la nouvelle année, Naomi Sheehan, une Autochtone, disparaît. Âgée de seize ans, elle a déjà fait plusieurs fugues. Michèle se rappelle avoir entendu sa fille lui demander de rentrer avec elle ; elle semblait avoir peur. Elle n'en pas certaine, « peut-être que tout cela était un de ses nombreux délires éthyliques. » (p. 23) Aussi, elle ne s'épuise pas en recherches qu'elle considère inutiles, alors qu' « au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu'une autre femme. » (avant-propos)

Cependant, lorsque la disparition de Naomi est évoquée sur la radio communautaire, la Police est forcée de rechercher l'adolescente. L'enquête est confiée au jeune Logan Robertson, affecté récemment au commissariat de Pointe-Cartier. Il a été désigné en raison de son détachement et de son flegme apparents : il ne risque pas de faire du zèle. Il lui est demandé de faire le minimum. Contre toute attente, il prend cette affaire à coeur et est déterminé à faire jaillir la vérité, à rendre justice à la jeune fille.

Le Dernier festin des vaincus dénonce les injustices, le racisme et les exactions, dont sont victimes les Indiens, en particulier les femmes et les enfants. Il décrit les terribles conditions de vie des familles, les traumatismes des adultes liés à leur placement dans les pensionnats indiens, qui rejaillissent sur les générations suivantes. Sans qualification, l'alcool et la drogue aident à survivre aux horribles souvenirs. Les scènes sont douloureuses et, malheureusement, le reflet de la réalité. C'est un roman très noir, mêlé de suspense, un cri de rage et d'effroi. C'est bouleversant et révoltant. J'ai adoré.

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Avec son nouveau roman, Estelle Tharreau nous entraîne dans un récit palpitant dans le grand Nord canadien. Dans ces étendues glacées où ont été parqués les autochtones, ces descendants des indiens d'Amérique du Nord, la cohabitation avec la population locale est compliquée. du fait d'une histoire mouvementée et de différences de coutumes certes, mais aussi du fait de jalousies qui se sont développées au sein des canadiens et en particulier des québécois ici, compte du statut particulier accordé à ces habitants des réserves par la province québécoise en ne payant pas de taxes.
Ces antagonismes sont manifestes entre les Innus de la réserve de Meshkanau et la ville de Pointe-Cartier voisine d'autant qu'un projet de scierie géante qui sera implantée sur le territoire ravive les tensions entre ceux qui voient une manne d'emploi bienvenue et les défenseurs de la nature qui craignent une déforestation massive et par voie de conséquence la disparition de nombreux caribous, essentiel dans la culture innue.
Mais l'affaire qui occupe les esprits des autorités de la réserve comme de la ville est la disparition de la jeune Naomi Sheehan, le soir du réveillon. Cette disparition de la jeune innue ne préoccupe en rien Roy le chef de la police de Pointe-Cartier qui cherche plutôt à étouffer l'affaire mais sans compter avec les enquêtes parallèles que décident de mener Logan Robertson, membre des forces de police de Pointe-Cartier ainsi que Nathan et Alice , deux étudiants qui ne peuvent rester insensible à ce drame qui va bientôt s'avérer être un meurtre.

Rien ne nous aura été épargné dans ce récit : la déchéance de certains membres de la communauté innue, préférant noyer leur désespoir dans l'alcool ou la drogue plutôt qu'à affronter les difficultés de leur vie quotidienne, il est vrai compliquée. Comme la corruption des autorités locales et de leurs petits arrangements entre amis ou cet antagonisme manifeste et parfois violent entre les deux communautés. du racisme à l'état brut et une ouverture d'esprit envers l'autre totalement inexistante. le choc de deux mondes : un peuple qui souhaite renouer avec ses coutumes et maintenir sa culture ancestrale vivante. Au grand dam des autorités de la Province qui ont, par le passé, tenté d'inculquer de force les règles de la civilisation canadienne à ces jeunes enfants de sauvages. Dans des pensionnats, loin de leur famille et de leur communauté , et dont ils sont ressortis pour la plupart, traumatisés.
Côté récit, l'auteure tient parfaitement ses lecteurs en haleine, qui en plus d'être dépaysés par l'immensité de ces espaces inhospitaliers garants d'une nature préservée , découvrent la réalité de l'existence de ces peuples autochtones qui mènent ce combat essentiel pour leur droit à la différence.
Un thriller efficace qui tient parfaitement ses promesses.
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Autant vous prévenir tout de suite j'ai adoré ce polar sombre et puissant où notre auteure nous fait vivre une immersion sans concession dans la vie des Innus , ce peuple autochtone vivant dans les régions subarctiques et boréales du Québec et du Labrador.
Il faut dire qu'Estelle Tharreau nous met directement dans l'ambiance avec son avant propos : « Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu'une autre femme.»
On comprend tout de suite que l'on va être bousculée, malmenée, déstabilisée par ce roman noir. Mais pas autant que le sont ses « jeunes femmes disparues et assassinées qui ont en commun un contexte de marginalisation économique, sociale et politique, de racisme et de misogynie qui, malheureusement, est bien ancré dans la société canadanienne » Et c'est pas moi qui le dit mais la commissaire en chef Marion Buller. Elle est crie et membre de la Première nation Mistawasis en Saskatchewan. En 1994, la commissaire en chef Buller a été la première femme autochtone nommée juge de la Cour provinciale en Colombie-Britannique. Elle a été juge et avocate spécialisée en droit civil et pénal. Elle sait donc de quoi elle parle…
Mais alors que nous raconte « le Dernier festin des vaincus »
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau, l'affaire est confié à un jeune policier sans expérience, Logan Robertson. Les autorités locales espèrent ainsi que tout cela sera classé sans suite.
Oui mais voilà, rien ne se passe comme prévu. Surtout que dans la coin la révolte gronde. Et les antagonismes d'antan sont mis de coté pour faire face à la menace qui plane sur la communauté. En effet, l'Etat a décidé de spoiler les indienne en implantant une énorme scierie sur leur réserve. Il tente de faire valoir les emplois qu'offrirai cette usine aux innus pour les sortir de leur pauvreté mais personne n'est dupe, ici on sait tous que ses gagne-pain seront des métiers sous qualifiés durs et payés au lance-pierre … Et on ne parle même pas de l'impacte écologique de l'arrivée de cette scierie aurait dans la région où les natifs ont besoin des forêts et des lacs pour perpétuer leurs activités traditionnelles et les blanc leurs terrains de chasse quasi privés !
Et puis Naomi Shehaan est retrouvé morte, assassinée. Et malgré les pressions de son supérieur, Logan Robertson va tenter de briser l'omerta qui entoure cette affaire. Il sera aidé dans sa tâche par Marie Fontaine, une figure locale de la communauté innu qui oeuvre les jeunes désoeuvrés et pour le retour aux traditions. Ils seront rejoint par Nathan Lebel et Alice Tremblay deux jeunes étudiants qui, en renouant avec leur passé, vont se retrouver directement dans l'enfer de cette région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère.
J'ai aimé la plume incisive et le style percutante et efficace qui nous relatent ces drames individuels qui raconte la déchéance de tout un peuple martyre. Elle décrit parfaitement les antagonismes ancestraux qui se jouent ici entre deux communautés qui se font face. Les canadiens blancs de Pointe-Cartier, le dernier bourg avant la réserve indienne de Meshkanau où vivent reclus les innus. Des natifs vu comme des sauvages alcooliques, violents, drogués par leur voisin. Bref des indiens sales et fainéants et des indiennes faciles …
Puis elle nous plonge dans une région, une saison. Dans ce coin reculé d'Amérique du Nord, du coté du Labrabor en plein hiver. Une région préservés de lacs et de forêts qui attire toutes les convoitises et attise tous les fantasmes.
Et Estelle Tharreau nous immerge avec talent dans ce maelström qui nous déstabilise profondément et nous secoue sans ménagement. Elle va vous choquer, c'est certain avec l'histoire de cette jeune fille issus des peuples autochtones du Canada.
Alors surtout, retenez-bien ce nom et ce prénom et filez découvrir un de ses 8 romans !
Car une nouvelle fois Estelle Tharreau nous offre un fascinant thriller psychologique et noir aussi troublant que révoltant.
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Savez-vous ce qui est bien quand vous découvrez un nouveau roman d'Estelle Tharreau ? C'est que le lecteur ne peut savoir à l'avance à quoi s'attendre, tant chaque livre est différent du précédent. Les seules constances, si j'ose dire, sont la rigueur dans la construction de l'intrigue, et la richesse des personnages rencontrés. Oui, je sais, cela fait déjà beaucoup, si l'on y réfléchit.

Le dernier festin des vaincus nous entraîne au Canada. Une jeune fille, Naomi, a disparu de la réserve indienne de Meshkanau le soir du réveillon. Personne ne s'inquiète, pas même sa mère. Ce n'est pas la première fois qu'elle disparait. Ce n'est pas la première jeune fille qui disparait. On finit par les retrouver – ou pas. On classe l'affaire, et c'est presque ce qui se passe, si ce n'est que des voix s'élèvent pour parler de Naomi. Elles ne sont pas nombreuses : Marie Fontaine, qui tient la station de radio de la réserve, Nathan, Alice puis Logan. de très rares voix, alors que d'autres font beaucoup de bruits pas seule pour clore l'affaire, non pour parler aussi de l'immense projet de scierie qui tend à bouleverser la vie de la région.

Et si ce n'était pas les voix qui se font entendre qui étaient importantes, mais celles qui se taisent ? Si le récit se focalise tour à tour sur différents personnages, nous découvrons des bribes de leur passé par le biais de leurs pensées lorsqu'ils se remémorent ce qu'ils ont vécu, ce qu'ils ont subi, ce qu'ils n'ont jamais pu dire, ce qu'ils ont à peine pu se dire. J'ai lu certaines scènes quasiment en apnée, et ce n'est pas une image, j'ai eu littéralement le souffle coupé face à l'horreur des situations. La force de ce livre est non seulement de nous montrer les causes, mais surtout toutes les conséquences de ses actes du passé, conséquences dont les ramifications s'étendent en une arborescence des plus inattendues.

Dirai-je « âme sensible, s'abstenir ? » Je n'en suis pas une. Tout ce qui est narré dans ce livre devait l'être. Maintenant que cela été dit, que faire ? Agir n'est pas si simple, c'est ce dont se rend compte Nathan, pourtant empli de toutes les bonnes intentions, de toutes les forces aussi que lui donne sa naissance et tous les avantages qu'il a reçues sans même y penser. Il n'hésite pas à se remettre en question, au fur et à mesure que se déroule ce récit au long cours – enquêter prend du temps, entraver une enquête aussi, désentraver une enquête, reprendre le combat, encore plus.

Je vous conseille ce livre si vous aimez les polars, les romans noirs. Et si vous avez aimé ce livre, je ne puis que vous recommander de lire d'autres romans signé Estelle Tharreau, notamment Mon ombre assassine, paru en 2019.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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