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Marc Terrades (Traducteur)
EAN : 9782366245080
180 pages
Cambourakis (02/06/2021)
3.42/5   6 notes
Résumé :
Après «L'Honneur et l'Argent», le chef-d'oeuvre de Constantin Théodokis, dernier grand classique de la littérature néo-hellénique encore inédit en français.
Cette histoire de moeurs au sein d'un petit village où le mal s'insinue peu à peu est emblématique de la veine réaliste suivie par l'auteur. Symbole d'une littérature plus consciente sociologiquement et plus critique politiquement, ce roman traite sans détours des questions de la jalousie, de la convoiti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nous sommes en Grèce, le pope remplace le curé mais le monde rural n'est pas très différent de celui que Zola décrivait dans la Terre peu de temps avant. Même appât du gain, ici la pierre autant que la terre, jalousies, convoitises, manipulations, pulsions charnelles, tout y est. le livre de Théotokis est cependant beaucoup plus court et se lit plus vite.
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Il peut se cacher parfois, dans la grande malle sans fond de la littérature, de petits trésors oubliés. Tel ce « Vie et mort de Karavélas » de Constantin THÉOTOKIS, auteur dont nous commémorons le centenaire de la disparition en cette année 2023. Roman écrit en 1920, il s'ouvre sur une longue dispute entre villageois à propos d'un héritage.

Les frères Stratiris occupent avec leur famille la même maison. Leur voisine, la femme de Karavélas, se meurt et son logis est convoité par les frangins, d'autant que le sieur Karavélas pourrait bien prochainement avoir besoin d'eux. Karavélas n'est pas le nom de cet homme (qui se prénomme Thomas), c'est un surnom donné par les membres du village, il signifie à peu près « L'étrangleur » ou « le bourreau ». Tout le monde se garde bien de prononcer ce nom en présence du principal intéressé car il le met en rogne, le rend violent.

Commencent des comptes d'apothicaires à propos de l'héritage à venir de Karavélas, mais pas seulement. le roman plonge dans une cruauté familiale sans bornes, une ruralité féroce, des échanges belliqueux et orduriers ont lieu entre les villageois. Les femmes s'en mêlent et ne sont pas les moins vives. D'ailleurs ce roman place à même niveau les femmes et les hommes, ce qui est une gageure au début du XXe siècle.

La femme Karavélas agonise, pleine de fiel envers son mari, lui reprochant toute une vie à ses côtés, une vie gâchée, le récit s'assombrit. Ce couple sans enfant ne fut pas un modèle du genre. La femme disparue, Karavélas est tout d'abord choyé (chacun lorgne du côté des ses biens et de sa maison en particulier) et chaque villageois veut réaliser une bonne action pour lui afin d'être couché sur testament. « Ah, mon pauvre Thomas ! Tu vas plonger dans des eaux sales, profondes et bien glauques. Et comment vas-tu t'en sortir ? Tu vas te retrouver dans de beaux draps si tu vas avec eux… Là-bas, chez ton beau-frère, avec tout ce monde, toute cette promiscuité, dans une si petite maison. Sans compter que là-bas, chacun a son petit caractère. Comment feras-tu pour y échapper ? ».

Rapidement, Karavélas n'est plus dorloté mais insulté, conspué, tel un bouc émissaire dans un village où il faut trouver un seul coupable pour tous les coups durs. Les habitants sont calculateurs, méchants, égoïstes, sales en dedans, et vont même entamer des travaux de rénovation de sa maison afin qu'elle coïncide enfin avec celle de la famille Stratoris. Karavélas, seul avec son âne, devient la risée du village. Mais il pourrait bien se venger…

« Vie et mort de Karavélas » est une farce féroce et cruelle. L'héritage rend les êtres cupides, ce petit village grec n'échappe pas à cette généralité. Tout le monde va régler des comptes avec autrui, va vociférer, parler plus fort que le voisin, les scènes sont théâtrales, à la fois burlesques et dramatiques, car malgré le sujet qui pourrait prêter à rire, on se sent mal à l'aise devant ces gens pleins de venin. C'est un roman sans issue car les propos sont allés trop loin, les familles se déchirent et Karavélas, la victime, pourrait bien les hanter encore longtemps pour ce qu'ils lui ont fait subir.

Voici un roman plein d'enseignements sur la vie rurale en Grèce au début du XXe siècle, mais plus globalement sur une mentalité faite d'envie, de jalousie, de rumeurs et de haine à peine contenue. Constantin THÉOTOKIS (1872-1923) se joue des ruraux, les observe et ne les apprécie pas franchement. Pourtant, nous prenons en pitié ce pauvre Karavélas, victime désignée d'une bande de lâches affamés de gain. La vengeance étant un plat qui se mange froid, la fin du roman, très forte, apporte son lot de surprises. Ce superbe texte est à découvrir dans la collection de littérature grecque des éditions Cambourakis. Paru en 2021 dans une traduction de Marc TERRADES, soit à peu près un siècle après sa rédaction, il serait dommage de passer à côté.

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Vie et mort de Karavélas est une pièce tragique en trois actes, mettant en scène les machinations et cancans d'un village entier et plus exactement de quelques personnages principaux : Thomas ou Karavélas, la volatile Maria, le simplet Yannis, le frère roublard Argyris, l'effacée Chrysanthi, etc.

Sauf qu'à l'instar d'une pièce réussie, il n'y a nulle intrigue, nul rebondissement, nul scène épique qui permettrait de toucher du bout des doigts le sublime tragique de cette vie paysanne des années 1920.

Imaginez que soyez pris au piège d'une querelle de famille : c'est médiocre, c'est bas, c'est rarement parfaitement joué, et la violence répétée des répliques vous donnent l'impression d'assister, impuissant.e, à un combat de coqs étouffés par la chaleur.

Désolée pour l'image mais ayant lu cet ouvrage, en Grèce, sous un soleil de plomb, j'ai péniblement ingurgité ces 250 pages de faux génie naturaliste, abattue par l'ennui et la déception.
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