Grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et les éditions « La Boîte à Bulles » j'ai découvert cette bande dessinée et surtout le destin improbable mais vrai d'un homme idéaliste et un peu fou.
Antoine de Tounens, car c'est de lui dont il est question dans ce récit, est un périgourdin, né au XIXème dans une famille bourgeoise. Après ses études, il achète une charge d'avoué et s'installe dans sa ville natale. Mais il s'y ennuie vite et se sent en décalage avec cette vie qu'il trouve monotone. A l'image de l'empereur de l'époque,
Napoléon III, il rêve de conquêtes, d'une vie plus noble, au destin plus grand. Il revend son affaire, et se rallie à la cause des peuples autochtones d'Araucanie et de Patagonie, en Amérique du Sud, persécutés par les Chiliens pour partie et par les Argentins pour l'autre. Persuadé d'être un guide, il part tenter de fédérer ces tribus, mission d'autant plus compliquée que ces communautés ne se sont jamais soumises à quelconques règles, ni jamais unies entre elles (mapuches, tehuelches, puelches…)
A la manière d'un Don Quichotte qui s'imagine chevalier Antoine de Tounens lui s'imagine roi.
Pour construire son royaume, il y mettra toute son énergie, sa fortune, sa conviction et finalement sa santé.
Aujourd'hui il ne reste de lui, "Orelie-Antoine 1er, souverain d'Araucanie et de Patagonie", qu'un nom, un royaume sur cartes, un protocole sans gouvernement, un roi en exil sans lien de parenté avec lui, et une statue de bronze à son effigie qui trône dans la ville de Dordogne ou il est enterré. Il faut tout de même reconnaitre à ce roi du vent sa formidable ténacité, face à de nombreux déboires (arrestations, internements, extraditions, exils…) car malgré tout il retournera dans ses vastes étendues sauvages jusqu'à épuisement.
Le parti pris de l'auteur,
Fabien Tillon, n'est pas de nous délivrer une biographie complète et précise de ce personnage hors norme mais plutôt de nous faire connaitre son ressenti. Et en cela, c'est une réussite. D'ailleurs pour en savoir un peu plus sur ce héro doux dingue au tempérament romanesque, un livret explicatif de quelques pages est à feuilleter en fin de lecture.
Les illustrations de
Gaël Remise, aux couleurs primaires adoucies, donnent un cachet à l'ensemble et représentent pour moi le coté brute de cette nature hostile sans concession mais d'une immense beauté. Une bande dessinée allégorique qui propose aussi comme sous-texte de suivre son idéal de vie envers et contre tout et tous. A découvrir.