Ce tome fait suite à Batman & Robin 3 : Mort de la famille (épisodes 15 à 17, annuel 1, et "Batman" 17). Il contient les épisodes 18 à 23, initialement parus en 2013, tous écrits par
Peter Tomasi, dessinés par
Patrick Gleason (avec l'aide de Cliff Richards pour les épisodes 20 et 21). L'encrage est majoritairement réalisé par
Mick Gray, avec l'aide de
Mark Irving et Marlo Alquiza. La mise en couleurs est effectuée par
John Kalisz.
Il faut avoir lu Batman Incorporated 2 (la fin des épisodes de
Grant Morrison, avant de lire ce tome.
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- ATTENTION – Ce tome révèle un élément majeur de l'intrigue de la série "Batman Incorporated".
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Episode 18 – Cet épisode ne comporte aucune parole : Bruce Wayne est dans la phase de colère de son deuil, et les malfrats dérouillent. Episodes 19 à 23 – Batman est dans la phase de déni : il cherche par tous les moyens à trouver une solution pour ressusciter le défunt. Dans chacun de ces épisodes, il croise, va chercher ou se heurte à un superhéros, de Red Robin à Nightwing, en passant par Catwoman. Il découvre également que Damian prenait des cours de théâtre avec une certaine Carrie Kelley, une jolie rousse qui cite
Shakespeare dans le texte.
Peter Tomasi est toujours à la tête de cette série, en marge des 2 principales séries "Batman pilotée par
Scott Snyder & Greg Capulo) et "Detective comics" (à l'époque aux mains de
John Layman). Suite aux événements survenus dans "Batman incorporated", la lettre de mission de cette série est de montrer comment Bruce Wayne réagit au décès d'un proche. Pour Tomasi, il n'y a pas de doute, Wayne ne peut pas faire son deuil complètement. Par rapport aux 5 phases du deuil, il reste bloqué entre la colère et le déni. Bruce Wayne a donc décidé de tout faire pour ramener le mort à la vie.
Le premier épisode est une leçon de narration. Sans aucun texte (si ce n'est un cours mot écrit), Tomasi et Gleason montrent la douleur de Bruce Wayne, dans des pages expressives au possible. Certes Tomasi a écrit la suite de séquence (le script est inclus en fin de volume), mais il revient aux dessins de Gleason de porter l'intégralité de la narration. le lecteur peut pleinement apprécier ses compositions qui transcrivent avec force l'état d'esprit de Bruce Wayne, la violence avec laquelle il essaye d'atténuer sa douleur émotionnelle. Gleason fait un effort pour inclure des arrières plans très régulièrement et le lecteur comprend et ressent les émotions qui submergent Wayne et Alfred Pennyworth. 5 étoiles.
La narration reprend alors une forme plus traditionnelle, avec des dialogues. Tomasi choisit de changer le titre de la série en remplaçant le "Robin" dans le titre "Batman & Robin", par un personnage différent à chaque fois, et pas seulement les porteurs de l'emblème de la chauve-souris. le principe est d'une logique imparable : Batman se met en tête de trouver un moyen de ressusciter Robin, en allant interroger des individus ayant déjà réalisé cette exploit, par exemple Jason Todd.
La progression du récit repose sur une logique satisfaisante, avec un ou deux détours justifiés. le lecteur apprécie ces rencontres avec d'autres superhéros. Il apprécie peut-être encore plus le dernier épisode dans lequel est évoquée la douleur d'un des autres personnages principaux de la série, à nouveau avec une sensibilité très juste.
Peter Tomasi s'autorise également le droit (avec l'accord des responsables éditoriaux) d'introduire un nouveau personnage dans la continuité : Carry Kelley, une jeune demoiselle qui portait l'habit de Robin dans The Dark Knight returns de
Frank Miller. A l'évidence la question se pose de savoir qui sera la prochaine personne à endosser l'habit de Robin. Tomasi titille donc le lecteur avec la possibilité de voir Carrie Kelley l'endosser. Seuls les épisodes suivants permettront de savoir ce qu'il en sera.
Patrick Gleason reste donc le dessinateur principal de la série, aidé par Cliff Richards pour 2 épisodes. Passé l'épisode 18, Gleason recommence à s'économiser sur les décors. L'intelligence et l'habilité de la mise en couleurs de
John Kalisz est telle qu'il faut y prêter attention pour s'en apercevoir.
A nombreuses reprises, le lecteur est conquis par la capacité de Gleason à composer des images iconiques, comme la silhouette de Batman émergeant d'une masse noire, la présence gracieuse et décidée de Carry Kelley (magnifique de jeunesse et de détermination), le visage fermé et buté de Bruce Wayne, les postures attentives et désolées d'Alfred Pennyworth, etc.
Les scènes d'action libèrent une grande énergie, et les combats ne se limitent pas à des jolies cases prêtes à devenir des posters. Au fil des épisodes, Gleason a affiné sa manière de dessiner pour épurer ses cases, sans les appauvrir. Elles présentent toutes une grande lisibilité et dégagent un fort pouvoir de séduction. le lecteur oublie rapidement le manque chronique d'arrière-plans, ainsi que la mainmise de Cliff Richards sur l'épisode 20 (dans lequel il est difficile de reconnaitre le style de Gleason).
Ce quatrième tome ne déroge pas à la règle des 3 précédents : Tomasi et Gleason doivent trouver un fil conducteur qui ne vient pas perturber la série principale "Batman" de Snyder et Capullo. Débarrassés de l'obligation de participer à différents crossovers, ils trouvent un fil conducteur solide sur lequel il développe la souffrance de Batman générée par la perte d'un être cher. Tomasi se montre nuancé et sensible dans sa description de cette souffrance.
Patrick Gleason a amélioré la qualité de sa narration et le dosage des informations visuelles dans ses cases, avec un Batman sombre à souhait, et une Carrie Kelley lumineuse et crédible.