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4,06

sur 435 notes
Un faux roman russe sympathique écrit par un Américain. URSS. L'histoire commence au début du régime soviétique et couvre plusieurs décennies. le comte Rostov, ci-devant aristocrate, est condamné à un châtiment modéré grâce à un poème révolutionnaire qu'il a publié dans sa jeunesse : il est assigné à résidence au célèbre hôtel Metropol de Moscou dont il est un client fidèle. Sa déchéance sociale se traduit par une élévation géographique : chassé de sa suite luxueuse, il doit occuper une chambre de bonne sous les toits de l'hôtel, où il finit par devenir serveur, sans rien perdre de sa classe aristocratique. Il est enfermé mais c'est le monde qui vient à lui : personnel de l'hôtel, apparatchiks, clients, actrice, ami d'enfance, il garde ou noue des liens avec tous (d'opportunité, d'amitié, d'amour...). Les retours en arrière permettent de révéler le passé et les secrets du comte.
On apprend beaucoup de choses sur la répression instaurée par le régime soviétique (l'exil intérieur, le "Moins six" : interdiction de séjourner dans six grandes villes), même si l'histoire est édulcorée. L'auteur a aussi choisi de faire l'impasse sur toute la période de la 2nde guerre mondiale (dite "guerre patriotique" en Russie).
C'est presque un conte, trop beau pour être vrai mais pas trop beau pour être lu ! Et la cuisine omniprésente nous réchauffe autant que les bons sentiments.
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Au début on se demande bien ce que cet homme va pouvoir nous raconter sur 570 pages alors qu'il est assigné à résidence dans un hôtel. Mais la force du livre et surtout de l'auteur est de nous faire devenir intime de cet homme : Sacha. Et tout autour de lui vit la société soviétique, nous y sommes, les odeurs des cuisines, les arcanes du pouvoir, les exilés au goulag, la star de cinéma...et sa fille quel bonheur que leurs jeux.
Vous l'avez compris j'ai adoré...profitez pleinement de ce livre car je l'ai quitté avec tristesse tellement je m'y sentais bien.
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L'amour de la littérature, sans distinction de nationalités, et l'hommage qui lui est rendu m'ont accrochée dès le début : ils sont partout ! Il faut commencer par s'arrêter sur le patronyme du personnage principal d'Un gentleman à Moscou : le comte Alexandre Ilitch Rostov. On ne peut que sourire au clin d'oeil à Guerre et Paix de Tolstoï dont le Nicolas Ilitch Rostov partage avec Alexandre un nom de famille, un titre, une éducation aristocratique, une grande désinvolture et une infinie capacité de résilience. Comme lui, il mûrira au gré des événements, des rencontres et du temps qui passe.

Un gentleman à Moscou est le deuxième roman seulement d'Amor Towles, né en 1964, dont son éditeur, Fayard, nous dit bien peu de choses. On doit se réjouir que cet homme-là ait abandonné la finance au profit de la littérature !
Le roman s'ouvre sur un poème signé par le comte lui-même en 1913. Ce texte s'avère d'une grande importance puisque Alexandre Rostov, l'aristocrate, lui doit de ne pas être fusillé par le Parti : en 1922, ces vers lui valent aux yeux de « personnes haut placées [de compter] parmi les héros de la cause prérévolutionnaire ». Pas de peloton d'exécution, donc, mais une assignation à résidence à l'Hôtel Metropol où le comte habite en fait depuis quatre ans dans la somptueuse suite 217. Sous bonne garde, il doit la quitter et transporter le peu de ses possessions qui entrent dans la minuscule chambre de domestique qu'on lui impose, tout en haut du beffroi… La suite nous éclairera sur la genèse de ce poème décidément capital dans la vie d'Alexandre.

Il suffit de lire, dans les toutes premières pages, le verbatim de la comparution d'Alexandre devant le comité du commissariat du peuple pour comprendre que, malgré l'insertion de personnages réels (le procureur Vychinski de triste mémoire par exemple), il ne faut pas chercher dans ce roman la vérité historique ; le comportement du comte qui ne se défait pas de son charme, de son esprit de répartie ni de son humour, et la sentence prononcée par le tribunal ne laissent aucun doute : il s'agit d'une sorte de fable, d'un conte philosophique.

La division du roman en cinq livres présentés chronologiquement mais d'une durée très inégale accélère le rythme du récit grâce à des raccourcis importants, voire des ellipses de plusieurs années : le livre I, sept chapitres et 120 pages, couvre l'année 1923 ; le livre II, 3 chapitres et 70 pages, condense trois années, etc. le narrateur nous permet d'accéder aux pensées des différents personnages. Un « nous » se glisse fréquemment dans le texte pour faire part de considérations philosophiques, psychologiques, gastronomiques, historiques, culturelles, etc., souvent avec beaucoup d'humour. Ce « nous » peut signifier successivement « nous » les Russes, les aristocrates, les contemporains de ce régime, les clients ou les employés du Metropol, etc. ; son emploi impose au lecteur un regard différent à chaque fois. Il en va de même pour le « vous » d'adresse au lecteur, fréquemment convoqué comme lecteur, évidemment, mais tout aussi fréquemment comme témoin… Autre petit régal grâce à la variété des sujets et aux ruptures de ton : les notes de bas de pages. La plus longue qui commence par d'amusantes considérations sur les patronymes des personnages des romans russes continue en dévoilant l'avenir tragique d'un des personnages secondaires. D'autres traitent de l'inutilité de la « réinvention » des sigles de la police secrète, de l'aveuglement des Américains invités en Russie alors qu'y sévissait la famine, ou encore des raisons de la prolifération des immeubles préfabriqués de cinq étages…
Au Metropol, le temps passe à un rythme variable selon les occupations du comte et selon son moral. Alexandre Rostov, parfait gentleman, cultivé, polyglotte, maître dans l'art de la conversation, remarquable palais, s'occupe de bien des manières. Il a des relations cordiales avec les employés de l'hôtel qui lui marquent beaucoup de considération, mais aussi avec certains des nouveaux pontes bolchéviques. Il sympathisera avec une petite fille de neuf ans, Nina, qui réside à l'hôtel avec son père, mais qui est souvent seule. Il entreprendra, en quelque sorte, de faire son éducation, alors que Nina se révèlera étonnement bon professeur elle aussi, et elle réussira à élargir l'horizon du prisonnier. Plus tard, une enfant de cinq ans, Sofia, lui sera confiée par Nina et l'empêchera de devenir fou quand les exemples littéraires ou historiques ne suffisent plus depuis longtemps : Edmond Dantès au château d'If, Cervantès à Alger, Napoléon à l'île d'Elbe ou encore Robinson Crusoé ont perdu de leur valeur d'exemplarité. le comte formera avec le cuisinier et le maître d'hôtel (un Français !) un trio qui maintient le Metropol à flot en dépit de toutes les vicissitudes apportées par la bureaucratie.

J'ai bien aimé ce roman et je me suis attachée aux différents personnages au fil de ma lecture. le thème du hasard qui traverse tout le livre prend ici une coloration particulière et Towles l'exploite avec brio, peut-être parce que les enjeux sont vitaux. Je suis consciente que j'ai puisé certaines de mes images mentales dans le Grand Budapest Hôtel de Wes Anderson qui se superpose maintenant dans mon esprit au Metropol : deux palaces, à peu près la même époque, des personnages un peu déjantés, beaucoup d'humour, bref, plusieurs ingrédients qui s'ajoutent sans pourtant se confondre. Pour d'autres aspects, j'ai pensé à Novecento pianiste d'Alessandro Baricco : l'enfermement, bien sûr, le charme du personnage, le défilé de personnages secondaires, l'importance de la musique, l'irrémédiable poids du destin et un final en forme de pirouette, bien qu'elle ne soit nullement tragique dans le cas du comte Alexandre Ilitch Rostov !

Pour le Grand Prix des lectrices de Elle : merci pour tous ces livres !
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« A man must master his circumstances or otherwise be mastered by them »

« A gentleman in Moscow » d'Amor Towles 📓

Cette phrase introduit parfaitement l'histoire du héros de ce roman qu'on ne présente plus.

Début des années 1920, alors que son pays change du jour au lendemain sous la férule des révolutionnaires bolcheviques, le comte Alexandre Ilitch Rostov, aristocrate habitué aux fastes de son rang, est condamné par un tribunal à vivre en résidence surveillée dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou.
Il décide alors de suivre les préceptes de son aïeul et de faire contre mauvaise fortune bon coeur et tenter de vivre au mieux et fidèle à ses principes, entre les 4 murs de sa cage dorée, car comme le dit si bien l'auteur:
« Yes, exile was as old as humankind. But the Russians were the first people to master the notion of sending a man into exile at home. »

J'appréhendais cette lecture quand j'ai compris qu'elle se déroulerait dans le vase clos de cet hôtel. C'etait sans compter sur le talent de l'auteur à conjurer des scènes tantôt drôles, historiques, irrésistibles, émouvantes, graves et d'une profonde sagesse. L'amour de l'âme russe que transmet le personnage principal et l'auteur touche en plein coeur et on ne peut que se délecter de ce très beau texte et du destin de ce personnage haut en couleur qui touche en plein coeur.
On s'attache à lui, à la galerie de personnages qui l'accompagneront durant ces 30 années, ses amitiés, ses amours, ses ennemis, sa passion pour la gastronomie, la musique et la littérature.
Un très beau roman &#xNaN
N'hésitez pas à me dire si vous l'avez aussi lu et aimé …
Je vous souhaite un très beau week-end
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Quel titre prometteur ! j'espérais un choc de civilisations, un contexte historique, de l'humour anglais bien sûr, des personnages attachants, bref, une histoire entre Wodehouse, Litvinenko et Mma Ramotswe...
Il ne faut pas se faire de films sur les livres ! J'ai trouvé celui-ci d'un ennui profond, les personnages des caricatures sans épaisseur, et j'ai eu l'impression que l'auteur tirait à la ligne inlassablement pour arriver à un nombre de pages imposé par avance, mais pourquoi? ou par qui?
Il m'est tombé des mains.
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J'ai lu et aimé les auteurs russes (Dostoïevski, Tolstoï, Tchékhov, Maïakovski…), et c'est étonnant pour un roman contemporain d'être aussi russe. Il est écrit dans la tradition de cette littérature où les citations des oeuvres de ces auteurs ne manquent pas. Tout est russe dans ce livre sauf l'auteur ! Parfois complexe, surtout les parties historiques qui racontent la Russie sous Staline, l'histoire d'Alexandre IIlitch Rostov, Comte déchu, condamné à passer le restant de ses jours dans l'hôtel de luxe le Metropol, est plaisante. Sa prison dorée laisse entrevoir un roman qui pourrait paraitre ennuyeux (quelques longueurs notamment le début) – Que peut-il raconter de si intéressant dans un espace clos ? Mais c'est sans compter les différents personnages qui arrivent dans la vie de Rostov et le temps qu'il passe avec, les différents lieux de l'hôtel qui prennent vie au fur et à mesure des situations. Les moments où le comte raconte sa vie passée, sont mes préférés, tout comme les passages avec Nina, puis Sofia et, même Anna. Je me surprends à sourire à tant de pertinence. Et encore plus à la fin : quel homme facétieux !
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L'histoire est plutôt plate et sans relief, lente et longue. Pourtant, j'ai beaucoup aimé la lecture qu'en fait Thibault de Montalembert. Grâce à ses intonations changeantes, il rehausse un peu ce récit trop descriptif à mon goût, et le rend plus vivant. 

Malheureusement, cela n'a pas suffit à me faire apprécier le comte Alexandre Ilitch Rostov ni le récit entrecoupé de détails sur l'histoire de la Russie ou d'extraits de romans.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
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Un épopée, voici à quoi ressemble ce roman !

Grace à son écriture fluide et à l'utilisation de dialogues fins et astucieux, l'auteur arrive à nous immiscer dès les premières pages auprès de ce comte. On est témoin de sa sentence puis de sa vie dans l'hôtel. On le voit rencontrer cette jeune fille intrépide et vivre sa vie, au fil de rencontres et petits mystères divers…

Un Gentleman à Moscou est empli de subtilité mais aussi, et surtout, de repères historiques. La trame de fond est d'une grande richesse (politique de l'URSS des 1920's aux 1950's) mais ce qui est plus qu'agréable à l'oeil et à la lecture est le fait que l'ensemble reste abordable et très compréhensible ! On retrouve derrière ce contexte politico-historique oppressant, de la douceur, des rires et de l'amour…

Une sorte d'intriguant huit-clos pourtant bien ouvert sur l'extérieur, le monde et sa vie, à découvrir sans plus tarder !
Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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Le comte Alexandre Ilitch Rostov, ce 21 juin 1922 est jugé au Kremlin pour avoir commis un poème-pamphlet qui a déplu au régime en place.
La sentence est tombée : « Aussi le comité a-t-il décidé de vous renvoyer dans cet hôtel auquel vous êtes tellement attaché. Mais ne vous méprenez pas : si vous mettez ne seraitce qu'un pied à l'extérieur du Metropol, vous serez exécuté surle-champ. »
Ce roman est partagé en cinq livres, j'ai considéré les deux premiers comme un labyrinthe, dans lequel le comte essaie d'organiser sa nouvelle vie. Il a dû abandonner sa suite pour une chambre au cinquième étage sous les combles. Renoncement à mille choses ne veut pas dire pour lui ne plus vivre. Comme il s'est toujours bien comporté avec le personnel dans ce palace, il trouve vite des complices pour que sa vie ne soit pas terne.
Grand amateur de belle littérature et de philosophie, il n'a aucun doute sur le fait qu'il doit réagir. « Reconnaissant qu'un homme devait maitriser le cours de sa vie s'il ne voulait pas en devenir le jouet, le conte songea qu'il serait avisé de réfléchir à la manière d'atteindre ce but quand on a été condamné à passer sa vie, enfermé. »
Ses tribulations sont une suite de scènes cocasses, burlesques qui cachent la profondeur du propos.
Finalement si lui ne peut sortir de ce palace, beaucoup y entrent, s'y installent et c'est la vie du monde entier qui vient à lui.
Nina une petite fille perspicace et souvent impertinente l'aborde et égaye ses journées, puis elle s'en va, et revient.
C'est à travers Nina que le lecteur suit l'évolution du pays.
Il y a aussi Anna, actrice.
Avec le chef du restaurant Emile, lyonnais et Andreï qui lui est de Minsk, il forme un triumvirat de bons vivants, sachant profiter de chaque moment autour de mets délicieux accompagnés des vins les plus fins et d'une conversation haute en couleurs.
En somme il vit, ce gentleman de part son éducation, son érudition, son sens inné de la vie trouve sa place et montre que l'homme peut s'adapter.
Si les scènes cocasses sont comme des ricochets sur la surface de l'eau, les faits historiques sont bien présents : l'opération Barbossa, Staline, Kroutchev et l'émergences des centrales nucléaires montrent que la vie continue, partout.
Le quotidien se complique lorsque Nina fait un passage éclair après plusieurs années de silence, pour lui confier la fille qu'elle a eu, Sofia. Elle lui confie pour quelques semaines qui se transforment en années.
Difficile de vous faire un résumé en quelques lignes d'une fresque qui s'étend sur trois décennies, où les péripéties sont si nombreuses.
Cependant l'âme russe habite totalement ce livre et la maîtrise narrative est puissante. L'écriture fine, élégante et subtile permet au lecteur de renouer avec une épopée véritablement romanesque.
© Chantal Lafon - Litteratum Amor 22 septembre 2018.
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J'ai pris un plaisir incontestable à la lecture de ce roman à la fois intelligent, drôle et émouvant.
Le comte Alexandre Rostov, personnage principal est un homme extraordinairement attachant de par ses multiples facettes. Il a le don de faire face à l'adversité avec beaucoup de dignité et une grande sagesse. Pourtant soumis à rude épreuve tout au long du récit, il transforme chaque coup du sort en opportunité de vie meilleure en grand adepte de la résilience et de la philosophie positive.
Les personnages dits secondaires ne le sont pas tant que ça ! Chacun d'entre eux joue un rôle déterminant dans la vie du comte. L'auteur parvient si bien à dresser leur portrait (physique et/ou psychologique) qu'ils en deviennent presqu'aussi attachants que le comte lui-même.
Ce livre est également l'occasion pour le lecteur de (re)découvrir l'histoire de la Russie durant une époque tumultueuse (des années 1920 à 1950).
La magnifique plume de l'auteur parvient avec brio à traiter de sujets graves avec autant de légèreté que d'humour. Elle réussit également à créer la surprise chez le lecteur en l'interpellant de façon subtile avant de le replonger dans les aventures du comte.
Je terminerai en accordant deux mentions spéciales.
La première : à la couverture qui, à l'image du roman, invite au rêve et au voyage.
La seconde : à l'originalité des notes de bas de page, qui m'ont fait sourire plus d'une fois !
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