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4,07

sur 430 notes
Au début on se demande bien ce que cet homme va pouvoir nous raconter sur 570 pages alors qu'il est assigné à résidence dans un hôtel. Mais la force du livre et surtout de l'auteur est de nous faire devenir intime de cet homme : Sacha. Et tout autour de lui vit la société soviétique, nous y sommes, les odeurs des cuisines, les arcanes du pouvoir, les exilés au goulag, la star de cinéma...et sa fille quel bonheur que leurs jeux.
Vous l'avez compris j'ai adoré...profitez pleinement de ce livre car je l'ai quitté avec tristesse tellement je m'y sentais bien.
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L'amour de la littérature, sans distinction de nationalités, et l'hommage qui lui est rendu m'ont accrochée dès le début : ils sont partout ! Il faut commencer par s'arrêter sur le patronyme du personnage principal d'Un gentleman à Moscou : le comte Alexandre Ilitch Rostov. On ne peut que sourire au clin d'oeil à Guerre et Paix de Tolstoï dont le Nicolas Ilitch Rostov partage avec Alexandre un nom de famille, un titre, une éducation aristocratique, une grande désinvolture et une infinie capacité de résilience. Comme lui, il mûrira au gré des événements, des rencontres et du temps qui passe.

Un gentleman à Moscou est le deuxième roman seulement d'Amor Towles, né en 1964, dont son éditeur, Fayard, nous dit bien peu de choses. On doit se réjouir que cet homme-là ait abandonné la finance au profit de la littérature !
Le roman s'ouvre sur un poème signé par le comte lui-même en 1913. Ce texte s'avère d'une grande importance puisque Alexandre Rostov, l'aristocrate, lui doit de ne pas être fusillé par le Parti : en 1922, ces vers lui valent aux yeux de « personnes haut placées [de compter] parmi les héros de la cause prérévolutionnaire ». Pas de peloton d'exécution, donc, mais une assignation à résidence à l'Hôtel Metropol où le comte habite en fait depuis quatre ans dans la somptueuse suite 217. Sous bonne garde, il doit la quitter et transporter le peu de ses possessions qui entrent dans la minuscule chambre de domestique qu'on lui impose, tout en haut du beffroi… La suite nous éclairera sur la genèse de ce poème décidément capital dans la vie d'Alexandre.

Il suffit de lire, dans les toutes premières pages, le verbatim de la comparution d'Alexandre devant le comité du commissariat du peuple pour comprendre que, malgré l'insertion de personnages réels (le procureur Vychinski de triste mémoire par exemple), il ne faut pas chercher dans ce roman la vérité historique ; le comportement du comte qui ne se défait pas de son charme, de son esprit de répartie ni de son humour, et la sentence prononcée par le tribunal ne laissent aucun doute : il s'agit d'une sorte de fable, d'un conte philosophique.

La division du roman en cinq livres présentés chronologiquement mais d'une durée très inégale accélère le rythme du récit grâce à des raccourcis importants, voire des ellipses de plusieurs années : le livre I, sept chapitres et 120 pages, couvre l'année 1923 ; le livre II, 3 chapitres et 70 pages, condense trois années, etc. le narrateur nous permet d'accéder aux pensées des différents personnages. Un « nous » se glisse fréquemment dans le texte pour faire part de considérations philosophiques, psychologiques, gastronomiques, historiques, culturelles, etc., souvent avec beaucoup d'humour. Ce « nous » peut signifier successivement « nous » les Russes, les aristocrates, les contemporains de ce régime, les clients ou les employés du Metropol, etc. ; son emploi impose au lecteur un regard différent à chaque fois. Il en va de même pour le « vous » d'adresse au lecteur, fréquemment convoqué comme lecteur, évidemment, mais tout aussi fréquemment comme témoin… Autre petit régal grâce à la variété des sujets et aux ruptures de ton : les notes de bas de pages. La plus longue qui commence par d'amusantes considérations sur les patronymes des personnages des romans russes continue en dévoilant l'avenir tragique d'un des personnages secondaires. D'autres traitent de l'inutilité de la « réinvention » des sigles de la police secrète, de l'aveuglement des Américains invités en Russie alors qu'y sévissait la famine, ou encore des raisons de la prolifération des immeubles préfabriqués de cinq étages…
Au Metropol, le temps passe à un rythme variable selon les occupations du comte et selon son moral. Alexandre Rostov, parfait gentleman, cultivé, polyglotte, maître dans l'art de la conversation, remarquable palais, s'occupe de bien des manières. Il a des relations cordiales avec les employés de l'hôtel qui lui marquent beaucoup de considération, mais aussi avec certains des nouveaux pontes bolchéviques. Il sympathisera avec une petite fille de neuf ans, Nina, qui réside à l'hôtel avec son père, mais qui est souvent seule. Il entreprendra, en quelque sorte, de faire son éducation, alors que Nina se révèlera étonnement bon professeur elle aussi, et elle réussira à élargir l'horizon du prisonnier. Plus tard, une enfant de cinq ans, Sofia, lui sera confiée par Nina et l'empêchera de devenir fou quand les exemples littéraires ou historiques ne suffisent plus depuis longtemps : Edmond Dantès au château d'If, Cervantès à Alger, Napoléon à l'île d'Elbe ou encore Robinson Crusoé ont perdu de leur valeur d'exemplarité. le comte formera avec le cuisinier et le maître d'hôtel (un Français !) un trio qui maintient le Metropol à flot en dépit de toutes les vicissitudes apportées par la bureaucratie.

J'ai bien aimé ce roman et je me suis attachée aux différents personnages au fil de ma lecture. le thème du hasard qui traverse tout le livre prend ici une coloration particulière et Towles l'exploite avec brio, peut-être parce que les enjeux sont vitaux. Je suis consciente que j'ai puisé certaines de mes images mentales dans le Grand Budapest Hôtel de Wes Anderson qui se superpose maintenant dans mon esprit au Metropol : deux palaces, à peu près la même époque, des personnages un peu déjantés, beaucoup d'humour, bref, plusieurs ingrédients qui s'ajoutent sans pourtant se confondre. Pour d'autres aspects, j'ai pensé à Novecento pianiste d'Alessandro Baricco : l'enfermement, bien sûr, le charme du personnage, le défilé de personnages secondaires, l'importance de la musique, l'irrémédiable poids du destin et un final en forme de pirouette, bien qu'elle ne soit nullement tragique dans le cas du comte Alexandre Ilitch Rostov !

Pour le Grand Prix des lectrices de Elle : merci pour tous ces livres !
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Encore une fois, à contre-courant... Ce livre, malgré une belle couverture et une facture soignée, m'a profondément ennuyé.

Bien que le contexte historico-culturel m'ait naturellement attiré, le récit s'embourbe dans des digressions sans fin (et sans faim !) sur les vins, les mets, etc. Bien que j'apprécie les détails et les anecdotes, et que le protagoniste, avec son côté suranné et ses principes rigides, soit cocasse, je n'ai pas réussi à m'immerger dans l'histoire... Au point d'en avoir une panne de lecture dont je me sors difficilement encore aujourd'hui !

Une malédiction en entrainant une autre, la sortie très récente d'une série adaptée du roman laisse toutefois entrevoir une lueur d'espoir. Il se pourrait que ce format plus dynamique convienne mieux, et je suis prête à tenter l'expérience malgré mes réserves.
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Quel titre prometteur ! j'espérais un choc de civilisations, un contexte historique, de l'humour anglais bien sûr, des personnages attachants, bref, une histoire entre Wodehouse, Litvinenko et Mma Ramotswe...
Il ne faut pas se faire de films sur les livres ! J'ai trouvé celui-ci d'un ennui profond, les personnages des caricatures sans épaisseur, et j'ai eu l'impression que l'auteur tirait à la ligne inlassablement pour arriver à un nombre de pages imposé par avance, mais pourquoi? ou par qui?
Il m'est tombé des mains.
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J'ai lu et aimé les auteurs russes (Dostoïevski, Tolstoï, Tchékhov, Maïakovski…), et c'est étonnant pour un roman contemporain d'être aussi russe. Il est écrit dans la tradition de cette littérature où les citations des oeuvres de ces auteurs ne manquent pas. Tout est russe dans ce livre sauf l'auteur ! Parfois complexe, surtout les parties historiques qui racontent la Russie sous Staline, l'histoire d'Alexandre IIlitch Rostov, Comte déchu, condamné à passer le restant de ses jours dans l'hôtel de luxe le Metropol, est plaisante. Sa prison dorée laisse entrevoir un roman qui pourrait paraitre ennuyeux (quelques longueurs notamment le début) – Que peut-il raconter de si intéressant dans un espace clos ? Mais c'est sans compter les différents personnages qui arrivent dans la vie de Rostov et le temps qu'il passe avec, les différents lieux de l'hôtel qui prennent vie au fur et à mesure des situations. Les moments où le comte raconte sa vie passée, sont mes préférés, tout comme les passages avec Nina, puis Sofia et, même Anna. Je me surprends à sourire à tant de pertinence. Et encore plus à la fin : quel homme facétieux !
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L'histoire est plutôt plate et sans relief, lente et longue. Pourtant, j'ai beaucoup aimé la lecture qu'en fait Thibault de Montalembert. Grâce à ses intonations changeantes, il rehausse un peu ce récit trop descriptif à mon goût, et le rend plus vivant. 

Malheureusement, cela n'a pas suffit à me faire apprécier le comte Alexandre Ilitch Rostov ni le récit entrecoupé de détails sur l'histoire de la Russie ou d'extraits de romans.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
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Un épopée, voici à quoi ressemble ce roman !

Grace à son écriture fluide et à l'utilisation de dialogues fins et astucieux, l'auteur arrive à nous immiscer dès les premières pages auprès de ce comte. On est témoin de sa sentence puis de sa vie dans l'hôtel. On le voit rencontrer cette jeune fille intrépide et vivre sa vie, au fil de rencontres et petits mystères divers…

Un Gentleman à Moscou est empli de subtilité mais aussi, et surtout, de repères historiques. La trame de fond est d'une grande richesse (politique de l'URSS des 1920's aux 1950's) mais ce qui est plus qu'agréable à l'oeil et à la lecture est le fait que l'ensemble reste abordable et très compréhensible ! On retrouve derrière ce contexte politico-historique oppressant, de la douceur, des rires et de l'amour…

Une sorte d'intriguant huit-clos pourtant bien ouvert sur l'extérieur, le monde et sa vie, à découvrir sans plus tarder !
Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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Le comte Alexandre Ilitch Rostov, ce 21 juin 1922 est jugé au Kremlin pour avoir commis un poème-pamphlet qui a déplu au régime en place.
La sentence est tombée : « Aussi le comité a-t-il décidé de vous renvoyer dans cet hôtel auquel vous êtes tellement attaché. Mais ne vous méprenez pas : si vous mettez ne seraitce qu'un pied à l'extérieur du Metropol, vous serez exécuté surle-champ. »
Ce roman est partagé en cinq livres, j'ai considéré les deux premiers comme un labyrinthe, dans lequel le comte essaie d'organiser sa nouvelle vie. Il a dû abandonner sa suite pour une chambre au cinquième étage sous les combles. Renoncement à mille choses ne veut pas dire pour lui ne plus vivre. Comme il s'est toujours bien comporté avec le personnel dans ce palace, il trouve vite des complices pour que sa vie ne soit pas terne.
Grand amateur de belle littérature et de philosophie, il n'a aucun doute sur le fait qu'il doit réagir. « Reconnaissant qu'un homme devait maitriser le cours de sa vie s'il ne voulait pas en devenir le jouet, le conte songea qu'il serait avisé de réfléchir à la manière d'atteindre ce but quand on a été condamné à passer sa vie, enfermé. »
Ses tribulations sont une suite de scènes cocasses, burlesques qui cachent la profondeur du propos.
Finalement si lui ne peut sortir de ce palace, beaucoup y entrent, s'y installent et c'est la vie du monde entier qui vient à lui.
Nina une petite fille perspicace et souvent impertinente l'aborde et égaye ses journées, puis elle s'en va, et revient.
C'est à travers Nina que le lecteur suit l'évolution du pays.
Il y a aussi Anna, actrice.
Avec le chef du restaurant Emile, lyonnais et Andreï qui lui est de Minsk, il forme un triumvirat de bons vivants, sachant profiter de chaque moment autour de mets délicieux accompagnés des vins les plus fins et d'une conversation haute en couleurs.
En somme il vit, ce gentleman de part son éducation, son érudition, son sens inné de la vie trouve sa place et montre que l'homme peut s'adapter.
Si les scènes cocasses sont comme des ricochets sur la surface de l'eau, les faits historiques sont bien présents : l'opération Barbossa, Staline, Kroutchev et l'émergences des centrales nucléaires montrent que la vie continue, partout.
Le quotidien se complique lorsque Nina fait un passage éclair après plusieurs années de silence, pour lui confier la fille qu'elle a eu, Sofia. Elle lui confie pour quelques semaines qui se transforment en années.
Difficile de vous faire un résumé en quelques lignes d'une fresque qui s'étend sur trois décennies, où les péripéties sont si nombreuses.
Cependant l'âme russe habite totalement ce livre et la maîtrise narrative est puissante. L'écriture fine, élégante et subtile permet au lecteur de renouer avec une épopée véritablement romanesque.
© Chantal Lafon - Litteratum Amor 22 septembre 2018.
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J'ai pris un plaisir incontestable à la lecture de ce roman à la fois intelligent, drôle et émouvant.
Le comte Alexandre Rostov, personnage principal est un homme extraordinairement attachant de par ses multiples facettes. Il a le don de faire face à l'adversité avec beaucoup de dignité et une grande sagesse. Pourtant soumis à rude épreuve tout au long du récit, il transforme chaque coup du sort en opportunité de vie meilleure en grand adepte de la résilience et de la philosophie positive.
Les personnages dits secondaires ne le sont pas tant que ça ! Chacun d'entre eux joue un rôle déterminant dans la vie du comte. L'auteur parvient si bien à dresser leur portrait (physique et/ou psychologique) qu'ils en deviennent presqu'aussi attachants que le comte lui-même.
Ce livre est également l'occasion pour le lecteur de (re)découvrir l'histoire de la Russie durant une époque tumultueuse (des années 1920 à 1950).
La magnifique plume de l'auteur parvient avec brio à traiter de sujets graves avec autant de légèreté que d'humour. Elle réussit également à créer la surprise chez le lecteur en l'interpellant de façon subtile avant de le replonger dans les aventures du comte.
Je terminerai en accordant deux mentions spéciales.
La première : à la couverture qui, à l'image du roman, invite au rêve et au voyage.
La seconde : à l'originalité des notes de bas de page, qui m'ont fait sourire plus d'une fois !
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J'avais déjà commencé ce roman l'année passée et j'avais laissé de côté - pas pour une raison particulière, j'étais juste passé à autre chose et n'avais pas cherché à le reprendre ; mais puisque je n'aime pas laisser des choses (des livres, surtout) inachevés, je me suis dit qu'il était temps d'élaguer un peu ma liste de lectures suspendues.

Bon, en réalité, si on passe outre la suspension d'incrédulité, la logique, la faisabilité, la continuité et le développement des personnages, on passe un relativement bon moment à lire ce livre ; il y a de l'humour (parfois un peu lourd), un personnage qu'on suit sur la longueur et une certaine fresque sociale de l'URSS dans un endroit qui n'y est que vaguement touché par la chose.

Malheureusement, j'ai eu du mal à m'intéresser et aimer le personnage principal - il est rigolo au début, sympathique fut un temps, puis ça devient très vite lourd (surtout que tout le monde semble l'aimer, sauf une espèce d'épine dans son côté qui n'a pas de réelles conséquences). Ses péripéties font de lui une espèce de Mister Bean aristocratique, dont les actions ne prêtent pas à conséquences, sur qui tout semble couler, qui se lie à des personnages semble t-il sur la longueur pour qu'ils disparaissent de la narration comme si tout ça n'avait été qu'un rêve éveillé.

Je n'ai pas tant aimé la fin, non qu'elle soit illogique avec le reste du livre au vu de tout ce qui arrive aux personnages, mais elle n'avait pas de réel sens, ni de construction qui ait réussi à me convaincre.

Au-delà de ça, c'est une lecture plaisir, mais dont j'oublierais probablement l'essentiel rapidement.
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