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Lise et Louis ont tous deux vingt ans mais sont comme l'ombre et la lumière. Lui, issu de la grande bourgeoisie et promis à un brillant avenir dans la finance, a pour credo l'argent et l'action. Elle, métisse franco-vietnamienne grandie dans un milieu bien plus modeste, est une plante déracinée et meurtrie qui n'aspire qu'à la discrétion, et rêve d'art et de cinéma. Leur rencontre est le prélude à une passion dévorante qui va rapidement tourner au cauchemar : on n'enfreint pas impunément cette loi qui fait que, souvent, les contraires se repoussent.


Loin de la romance insipide et sans cervelle, cette histoire d'amour impossible et tragique possède une vraie singularité qui la fait sortir du lot : construite sous une forme originale et intrigante qui ne s'explique que peu avant le dénouement, elle entremêle les codes du thriller et du conte de fée, multipliant les références au cinéma et aux récits traditionnels, tant occidentaux que vietnamiens. Le résultat est une émouvante et terrible fable, aussi contemporaine qu'intemporelle, sur les difficultés du métissage, qu'il soit culturel ou social.


Touchée par les discrets accents autobiographiques qui parsèment de-ci de-là le texte, j'ai été totalement séduite par cette réflexion juste et sensible, exprimée avec une poésie teintée de cruauté qui m'est allée droit à l'âme. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je suis donc passée à côté de l'histoire d'amour de Lise et Louis, entre une jeune fille de milieu modeste aux origines franco-vietnamiennes qui ne doit sa rencontre sur les bancs de prépa du lycée Henri IV avec Louis, un rejeton de la bourgeoisie aisée, qu'à son travail et à la méritocratie républicaine. Une véritable passion qui comme le dit la chanson va être une histoire d'amour qui finit mal. Certes Minh Tran Huy écrit bien — à condition toutefois qu'elle évite une certaine pédanterie qui rend parfois son récit artificiel — mais je me suis ennuyée devant ses clichés récurrents (en particulier sur les bourgeois et ceux qui ne le sont pas) et ses longues tirades répétitives sur les mauvais rapports mère-fille. Pour être juste je sais depuis toujours que les romances ne sont pas faites pour moi (livre lu dans le cadre d'un cercle de lecture), il y avait donc peu de chance que j'apprécie Les inconsolés, en dépit de sa construction élaborée mêlant contes de fée, thriller, fantastique, mythes et légendes, de ses références littéraires et cinématographiques pertinentes, de ses analyses psychologiques poussées sur les difficiles métissages tant de classe que culturels.
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«  Vrai amour ne se change » .....

Comment ne pas être touché, saisi, transporté envoûté par les mystères de ce conte d'amour cruel, moderne à la beauté vénéneuse, où nous , lecteurs, chacun à notre façon , revisitons à satiété contes de Perrault, mythes et légendes asiatiques, créatures magiques, en même temps que «  La femme d'à côté de «  Truffaut » ou encore les descriptions. que fait la célèbre Edith-Wharton de la bourgeoisie new- yorkaise dans ses romans lorsque Lise, l'héroïne, aborde le cadre somptueux de l'hôtel particulier de son nouvel amoureux Louis Vatel : Salons tendus de velours grenat ou de satin bouton d'or, décorés de tableaux anciens , bibelots d'ivoire, de bronze ou de malachite, de meubles d'acajou ou de palissandre ,toujours pourvus d'un piano à queue » ....?

Tout oppose Louis et Lise même s'ils fréquentent la même école prestigieuse de la capitale.

Lise , métisse, c'est de son père , qui a émigré ici, dans les années 60 qu'elle tient sa peau mate, ses pommettes hautes et ses cheveux noirs.
Mélancolique , pudique, humble et silencieux : La mélancolie des exilés , son père a réussi de brillantes études scientifiques , à force de travail.
Sa mère, orpheline , élevée sans amour dans une ferme du Cotentin , issue de la paysannerie du bocage normand avait elle aussi brillé dans les matières scientifiques .
Grâce à une bourse , ils ont obtenu un diplôme d'ingénieur , ils se sont mariés—— elle était une des rares femmes de sa promotion.——-
Le cadre est est fixé : passionnée d'art et de littérature, Lise à vingt ans , ne comprend pas ce qui l'attire vers ce grand garçon blond , aux yeux «  bleu pur » , un amour fou , irrépressible, étincelant , ce Louis séduisant , issu de la grande bourgeoisie, à qui tout sourit , tout est donné, né pour triompher, à l'image de ses parents mais aussi cynique et impitoyable .

MinTran Huy conte leur amour fulgurant, foudroyant, romantique , improbable ,une faim d'aimer , malgré les différences infranchissables —— sinon impossibles —— à l'aide d'une écriture précieuse , lumineuse, précise , épatante , entre conte de fées diabolique, vengeance , jalousie à son paroxysme et analyse sociologique très fine...
Au coeur de leur romance —- entre maison secondaire en Normandie , voyage de luxe en Italie ,château mythique d' Étambel ——l'auteure nimbe l'histoire de petites musiques minantes , à travers rêves , légendes et littérature : enfance désenchantée pour Lise , tyrannie et froideur de sa mère , fantômes et vengeances ——qui l'aimait certes—- mais lui préférait sa soeur Liane , plus claire de peau , plus jolie...

L'auteure —— sincère, pousse les clichés et les malentendus jusqu'à une vérité Nue et Cruelle. ...

Une très belle histoire entre deux mondes : celui des héros ordinaires , anonymes , humbles , étrangers malgré tout par leur passé et leur culture et le monde de ceux qui ont tout: décor , culture, aplomb et plats servis, la décontraction naturelle de ceux qui n'ont jamais rien craint et jamais rien eu à craindre , convaincus de posséder le monde.
Une belle histoire d'amour offerte comme un cadeau somptueux sur un plateau qui nous touche en plein coeur !
Les histoires d'amour finissent - elles toujours mal lorsqu'on s'aime à en mourir ?
J'ai tout aimé , avec passion, de la première à la dernière page, J'avais lu «  La Princesse et le Pêcheur » en 2019 .
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Pour Lise et Louis, c'est une évidence dès leur première rencontre, la certitude qu'ils vont s'aimer follement, passionnément. Mais la fille d'un émigré vietnamien et d'une orpheline normande peut-elle rêver d'un avenir avec un fils de bonne famille issu de la haute bourgeoisie ? Lise n'a rien, il a tout. Louis affronte la vie en conquérant, elle est timide, peu sûre d'elle. Et pourtant, ces deux-là feront fi des obstacles pour s'aimer, se déchirer, se séparer, se retrouver, se faire du bien, se faire du mal.

Conte moderne, suspens psychologique, romance sentimentale, dissection d'une passion, Les inconsolés est tout cela à la fois mais ne s'arrête pas là. Au-delà de l'histoire d'un amour destructeur entre deux personnages que tout oppose, Minh Tran Huy s'applique à raconter tout ce qui fait obstacle à l'harmonie du couple; toutes les choses que l'on trimbale depuis la petite enfance, ce vécu qui nous a construit et qui ne cesse de nous hanter.
Lise et ses deux cultures, et sa mère mal aimante, et son père silencieux croit désespérément aux contes de fée où la princesse est délivrée d'un mauvais sort par un beau prince charmant. Alors quand elle le rencontre, elle se donne corps et âme à ce grand bourgeois qui a tous les codes, toutes les entrées, tous les réseaux. Mais elle se sent comme une intruse à ses côtés. Passés les premiers moments de la passion, Louis ne va-t-il pas se rendre compte qu'elle n'est qu'une pauvre fille, laide et gauche, qui ne mérite pas son amour ? Pourtant Louis l'aime et l'admire, même s'il s'enferme parfois dans son rôle d'homme orgueilleux, avare de déclarations sentimentales.
A force de non-dits, de malentendus, d'incompréhension mutuelle, Louis et Lise vont se déchirer et s'éloigner mais on n'oublie jamais un premier amour...
Porté par la magnifique écriture de Minh Tran Huy, Les inconsolés est un roman à deux voix, celle de Lise et celle de ''L'autre'' qui raconte la passion, de ses débuts enchanteurs jusqu'au drame final, car, c'est bien connu, les histoires d'amour finissent mal, en général...
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Minh Tran Huy est une romancière française d'origine vietnamienne, Les inconsolés est son quatrième roman.

Lise, 20 ans, milieu modeste, pétrie de mal-être au sein d'une famille plus qu'économe, tombe amoureuse d'un inconnu, un amour foudroyant.
Louis, le même âge, fils de bourgeois, vivant dans un château, éprouve un désir irrépressible pour la belle dès le premier regard.
Lise lit ce qui semble être une mise en abyme de ce premier amour : le temps de l'innocence d'Edith Wharton, qui est l'histoire d'un amour tumultueux.
Lise a une immense soif d'aimer, elle est de ces filles qui rêvent plus qu'elles ne vivent et qui est amoureuse des histoires d'amour et des contes de fées, du cinéma, de l'art. Rejetée et mal aimée par sa mère affabulatrice et ayant des préférences assumées pour sa cadette, un père qui est l'archétype du savant distrait et n'ayant jamais su imposer ses idées.
Lise et Louis c'est un amour fou et aussi une rencontre entre deux milieux sociaux, deux conceptions de la vie aux antipodes et plusieurs cultures.
Lise ou le double fictif de l'autrice ?

Minh Tran Huy débute son récit avec les ingrédients et les références des contes de fées, et emmène sa bergère et son prince charmant vers un destin qui les liera à jamais, un destin tragique évidemment, car cela sera révélé dès les premières lignes et contrôlé d'une main de maître jusqu'au dénouement.
Minh Tran Huy qui a écrit notamment le lac né en une nuit et autres contes du Vietnam que j'avais aimé et qui était trop bref pour le coup, m'a enchantée avec Les inconsolés, bien développé et enveloppé de toutes ces références littéraires et cinématographiques.
Les personnages sont très bien construits, et il y a un personnage dont on ignore qui il est et son rôle jusqu'au dénouement "l'autre". Ce qui les rend attachants, c'est le fatalisme vers lequel ils avancent, car nous savons les petites voix qui s'opposent en eux, et Minh Tran Huy nous les rends si familier que l'on pense et que l'on respire comme eux.
Les questions que pose ce livre : À quoi bon vivre une passion, si c'est pour tout détruire autour de soi et se détruire soi au passage ? Pourquoi ne pas se contenter d'aimer et d'être aimé par ceux qui désirent et qui savent vous aimer ? Pourquoi refuser ce qui peut vous sauver ?
Il y a cependant trop de descriptions à mon goût sur la psychologie, les goûts et l'histoire de Lise, ce qui déséquilibre l'histoire par rapport à Louis et nous éloigne du récit et de son avancement… et à contrario fait planer le suspense!
Cela reste un plaisir à lire car l'autrice a une plume incroyablement poétique et douce, qui sait envoûter les vents contraires, les non-dits car il en reste énormément, les moments intenses.
Ce thriller romantique et conte de fée cruel des temps modernes est à sortir des Pal ;) et La femme d'à côté de Truffaut à voir où revisionner.

Les thèmes abordés : le premier amour, l'adolescence, les relations mères-filles, les relations entre soeurs, les blessures de l'enfance, le passage à l'âge adulte, les tragédies, le métissage culturel, le changement de classe sociale, les études supérieures, le drame, la littérature, le cinéma, les contes de fées.
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Un jour, mon prince viendra…

Ne pas s'attendre à une bluette !

Voici un conte cruel et dramatique, sur les vertiges du sentiment amoureux entre passion et haine, joies et douleurs, sensualité et intellect, et chocs des aspirations personnelles quand le coup de foudre se délite.

J'ai lu goulûment ce remarquable roman construit avec deux entités narratives: "Elle" et l'"Autre" dont l'identité anonyme laissera planer le doute jusqu'au final.
Les femmes y ont une place prépondérante, qu'elles soient mère, soeur, amie, laissant les hommes en retrait, leurs faiblesses ou blessures décryptées par une approche indirecte très féminine.

C'est un roman à la composante personnelle sur les origines vietnamiennes, référence que l'auteure partage bien souvent au fil de ses romans. L'occasion de confronter ici les différences de classes, tant par l'éducation, innée ou acquise, que par le creuset d'origine des individus. Un grand nombre de références littéraires, contes et classiques, ou cinématographiques, parsèment un récit sur la transgression sociale, tentant à vouloir prouver l'impossibilité du bonheur hors de son milieu, tout en mettant en avant la méritocratie républicaine.

Une écriture ciselée, une grande aisance stylistique, un soupçon d'exotisme, du drame, des caractères modelés comme des héros de livre de sorcière.
Et un très réussi final, inattendu, tel une cerise sur le gâteau.

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Il y a des livres qu'on découvre complètement par hasard, dans une librairie dans laquelle on n'avait pas prévu de pénétrer, sur un compte instagram qui en fait l'éloge; des livres qu'on décide alors de lire et dont on se demande comment on a pu s'en passer jusque là. Ce fut pour moi le cas des Inconsolés qui vient de me transpercer.

Dans ce roman bouleversant, Minh Tran Huy met en scène une histoire d'amour sublime, violente et destructrice entre Lise et Louis.
Ils ont vingt ans et se rencontrent à la terrasse d'un café non loin de l'école où ils étudient. Tandis que Lise évoque son admiration pour Edith Wharton et "Le Temps de l'innocence", Louis la dévore des yeux. C'est un coup de foudre, comme il n'en existe que chez Shakespeare, Truffaut et les romans. Un coup de foudre impitoyable entre ces deux êtres que tout sépare.

Lui, qui à la beauté blonde d'un archange est issu de la grande bourgeoisie parisienne. Il a grandi dans un somptueux hôtel particulier niché au coeur de Paris. le monde est à ses pieds et le jeune homme se rêve déjà loup de la finance.
Elle est franco-vietnamienne et issue d'un milieu beaucoup plus modeste. Discrète, effacée, tourmentée et sensible à l'extrême, elle ne sait même pas qu'elle est jolie et se jette à corps perdu dans la littérature et le cinéma.
Leur amour, intense, fulgurant, violent, sera de ceux dont on pense qu'il durera toujours et qui fera un mal de chien quand il volera en éclats. Un mal à en crever, à en tuer.
C'est qu'il est des choses auxquelles même l'amour ne résiste pas et qu'expérimentent Louis et Lise: les différences infranchissables de classes sociales et de caractères, les tourments intimes, les déchirures et les mensonges du passé. Toutes ces douleurs rythment d'abord tout doucement puis de plus en plus violemment la passion des deux amants de sa mélodie lancinante, entêtante, hypnotique jusqu'à l'excès. Jusqu'au drame.

Ainsi le roman conte l'apothéose et les derniers feux d'une flamboyante passion amoureuse mais il le fait sans mièvrerie. de surcroît, il va au delà en auscultant d'autres thèmes puissants et douloureux tels que le déracinement, les blessures de l'enfance qui forgent l'adulte autant que ses bonheurs, l'insouciance de la jeunesse, le poids des origines qu'il dissèque à la lumière de la façon d'être et d'aimer son compagnon/sa compagne. Certes, cela confère au roman quelque chose de très cérébral, impression accentuée par les mille et une référence artistiques et culturelles qui émaillent le texte… Et en même temps… Et pourtant...

Et pourtant "Les Inconsolés" reste également un roman d'une intensité poignante, d'une sensualité à fleur de page et d'une poésie parfois cruelle mais très belle aussi. La langue de Minh Tran Huy est un plaisir, un chant incantatoire, une psalmodie envoutante qui se dévore mais qui se murmure aussi très bien.

La force de ce roman réside aussi dans sa forme et sa construction qui lui insuffle sa beauté troublante et son originalité.
Il y a cette construction à deux voix qui se répondent mais qui ne s'écoutent pas. Lise est notre première conteuse mais l'identité de cet "autre" mystérieux et inquiétant ne se révélera qu'à la fin de l'histoire, quand on commence à étouffer comme l'épine et la rose sous l'étreinte du lierre.
Il y a ce premier chapitre au clair de lune, doux, diaphane mais mortifère. Glauque même.
Il y a cette parure de conte cruel et gothique où les étoiles soudain deviennent glaciales, sanglantes; où les fées se démasquent pour montrer leur visage-serpent.
Il y le ver dans le fruit, le poison dans la passion, l'obscurité dans la lumière. Et cette atmosphère lourde, pesante et capiteuse de thriller.
Il y a Paris et le Viet Nam, les légendes et la cruauté de l'histoire du second et les pièges de la première.
Il y a cette vision enténébrée et fiévreuse de l'amour et de la passion qui ressemble tant au cinéma de François Truffaut: Lise et Louis, ce sont un peu Mathilde et Bernard de "La Femme d'à côté" ou Louis Mahé et Marion de la sirène du Mississipi", ces amants qui ne cessent de se blesser et de se tuer parce que s'aimer "est à la fois une joie et une souffrance", que c'est "ni moi sans toi, ni toi sans moi".

"Les Inconsolés " est une lecture inquiétante mais surtout incandescente, l'exquise douleur des sombres amours mises en mots.
Etouffant mais sublime comme les films de François Truffaut dont j'ai ressorti ce soir les dvd, poussée par Minh Tran Huy. Et ce sera bien.

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Une jeune fille, de milieu modeste, passionnée de cinéma et un peu bohème originaire d'une famille immigrée, rencontre un jeune homme de très bonne famille destiné à un brillant avenir. Ils tombent amoureux l'un de l'autre malgré les grandes différences qui les séparent, surtout dans leurs rapports au monde et leur façon d'envisager l'avenir. Ils se cherchent, se perdent, se retrouvent, essaient de s'éviter, chacun ayant construit sa vie de son côté, mais se recherchent et et se retrouvent encore. Tout cela finira très mal, bien évidemment, et la victime reviendra hanter le monde des vivants afin de realiser une vengeance surprenante...
Un excellent roman choral à deux voix, très bien construit, qui analyse de façon puissante les rapports entre un amour passionnel et les difficultés, voire l'impossibilité, de communication entre les amants, parce qu'ils sont, comme tout être humain, forgés par leur enfance et leur éducation, pris en conflit entre leurs aspirations, leurs inguerissables blessures, leurs différences, en dépit de leur d'amour profond. Un amour où chacun se heurte à l'autre, s'y blesse et le blesse en dépit d'un attachement fort (trop ?) et sincère. Tout le drame annoncé dès le début se joue sur la psychologie, un peu comme dans les tragédies de Sophocle. La fatalité n'y a pas de part, tout se déroule en conséquence des actes et des décisions des protagonistes avec toutefois les réactions imprévues de personnages que l'on pensait secondaires....
Tout sonne juste, Minh Tran Huy cible au plus juste les caractères et les réactions de ses personnages, les incompréhensions et tout ce qui provoque souffrances et déchirures. Je suis ressortie avec l'impression d'avoir moi-même vécue cette histoire, sous d'autres formes, mais comme disait Terence, rien de ce qui est humain ne m'est étranger. Un plus : les belles analyses de quelques grands films comme celui de Truffaut, la femme d'à côté, qui illustrent à la perfection la situation des personnages.
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Il était une fois une jeune fille d'un milieu modeste, harcelée par sa mère et jalousée par sa soeur, qui rencontre un prince, charmant, et riche. S'ils vécurent heureux quelques temps, il ne se marièrent pas et n'eurent pas d'enfants. Enfin, pas ensemble.

Dans Les inconsolés de Minh Tran Huy, le conte est cruel. Il commence d'ailleurs par un corps flottant sur l'étang du château. Pourtant, Lise et Louis, deux l'enlacés, forment un couple solide sur fond de lutte des classes. Louis est un enfant de la grande bourgeoisie parisienne, des appartements haussmanniens, des maisons de vacances à Trouville. Un garçon qui n'a jamais eu peur de rien. Lise n'a pas les codes de ce monde, elle dont les parents viennent de nulle part. Elle, la peur de manquer, de tout perdre, elle connaît bien, c'est dans son ADN.

Si cette histoire d'amour semble assez banale au départ, l'auteure fait le choix de toujours la ramener du côté du conte. Ceux de Perrault et de Grimm. Ceux de la famille de Lise, ancrés dans la culture vietnamienne de son père. Ceux du château normand tout proche. C'est d'ailleurs dans ces récits que l'auteure nous révèle toute la qualité de sa plume, l'incursion dans le fantastique lui va bien. Et puis il y a les contes contemporains, ceux pour les enfants bien plus grands : Indiscretions, Match Point, La femme d'à côté. Autant de références qui guident le lecteur dans la vie de ce couple incandescent qui en oublie les personnages secondaires, eux aussi amoureux, qui peuvent intervenir à tout moment dans l'histoire, en allié ou en ennemi... Un roman qui m'a plu parce qu'il est singulier, dans sa construction, dans ses références, dans son rythme. Et qui prouve que les histoires entendus nous imprègnent plus fortement que ce que nous pensons. Les contes ne sont pas toujours affaires de bonnes fées.
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Fable cruelle chargée de mythes et de légendes, de vengeance et de dangers, de romantisme et de secrets. Une auteure française d'origine vietnamienne que je découvre ici et j'ai beaucoup aimé ce roman.

Style raffiné - charme, subtilité et mystères des laques d'Extrême-Orient.
« Vrai amour ne se change »….

Le récit s'ouvre sur une scène forte, la disparition d'un corps au fond d'un lac. Puis nous remontons le fil de l'histoire qui déroule origines et détails qui en font l'essence.

Roman à deux voix, Lise et « l'autre », à l'ambiance sombre et intrigante.
Navigation en eaux troubles aux prémices d'un drame annoncé. L'intranquillité guette, noyée de larmes…
Des blessures indélébiles de l'enfance à la fougue de la jeunesse et de l'amour fou, ses dérives et la soif insatiable d'être aimé.

Lise et Louis, jeunes étudiants, vont vivre une histoire d'amour complexe, une relation passionnelle chargée de paradoxes.
« Elle est de ces filles qui rêvent plus qu'elles ne vivent ».
Lui, charmant, de la haute bourgeoisie, aux belles manières.
Tout les oppose, leur milieu d'origine, leur passé familial, et pourtant une attirance naturelle inexplicable les a rapprochés. Attirance des pôles ? Une apparence aux allures de conte de fée.

Aimer à en mourir. Aimer à en perdre la raison…mais aimer n'est pas raisonnable.
Le côté sombre des contes va-t-il ensevelir les rêveries romantiques ?
« L'innocence, la vertu et la beauté ne suffisaient pas toujours à gagner l'amour, et encore moins à le perpétuer. Il lui fallait parfois plus que des promesses et des serments. Il lui fallait des actes ; il lui fallait des morts ».
*
« Les sanglots longs
Des violons de l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur monotone ». (Verlaine)
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