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EAN : 9791040403807
Passes Composes (20/09/2023)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Écrire l’histoire de la plèbe romaine, c’est brosser le portrait d’une majorité souvent laissée silencieuse. Les hommes et les femmes mis en lumière dans ce livre furent pourtant bien moins des marginaux au sens strict qu’ils ne furent marginalisés, ou plutôt minorisés, par les auteurs antiques, puis par la science historique. Entre le Ier siècle avant J.-C. et le IIe siècle après J.-C., de génération en génération, ils furent plusieurs millions, appartenant aux cat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
A Rome, les patriciens sont les descendants des membres du tout premier sénat, celui du fondateur Romulus (au sujet duquel je renvoie à l'excellent livre que l'épatant Thierry Camous a consacré à cette figure légendaire). Tous les autres citoyens sont des plébéiens. La fortune n'a rien à voir dans cette distinction. On peut ainsi donc être un patricien sans le sesterce, tel un Sylla ou un César par exemple, ou être un plébéien fortuné. Avec la réforme du sixième roi, Servius Tullius, les citoyens sont répartis en cinq classes selon leur fortune. La classe confère un rôle dans l'armée et un droit de vote dans les comices. Pour faire simple, plus on est riche, plus on a un rôle important sur le champ de bataille comme dans les élections.
A Rome, un noble est par définition un citoyen qui compte au moins un consul parmi ses ancêtres.
Par ailleurs, dans la société romaine, chaque citoyen est le client d'un patron (sous l'Empire, seul "l'empereur" -je mets des guillemets car je n'aime pas cette appellation impropre - n'est le client de personne). Dans cette relation de subordination, le patron assure le client de son aide et de sa protection. En échange, le client s'engage par exemple à voter pour lui quand il se porte candidat à une élection. le matin des jours non consacrés à "l'otium", le client se rend chez son patron, c'est la "salutatio" au cours de laquelle il reçoit la "sportule" (quelques victuailles). Cette relation de subordination peut prendre de grandes proportions. Ainsi, si le tribun de la plèbe Drusus avait pu mener à bien son projet de faire de tous les Italiques des citoyens romains, ceux-ci seraient devenus ses clients, ce qui lui aurait donné une assise politique extraordinaire. Son assassinat en -91 plonge Rome dans les fameuses guerres "sociales" (socci = alliés).
La plèbe doit lutter et monter plusieurs fois sur son Aventin (elle fait sécession) pour obtenir plus de droits. En -494, cela aboutit à la création de deux tribuns de la plèbe. En -445, le mariage ente patriciens et plébéiens devient possible avec la lex cornelia et deux ans plus tard un collège de six tribuns militaires est ouvert aux plébéiens. Il faut attendre -367 pour que le consulat soit accessible à la plèbe. Rome ne s'est pas faite en un jour!
Enfin, les esclaves n'ont rien à voir dans tout cela. Ils ne sont pas des citoyens, ils ne sont que la propriété de leur maître. Il faut vraiment être dans la misère la plus noire pour ne pas posséder au moins un esclave. Et par citoyens, on entend les hommes ayant atteint leur majorité. Les femmes sont exclues.
Tous ces prolégomènes peuvent paraître longs et pontifiants, mais ils me semblent nécessaires pour justifier mon manque d'appétence pour ce livre qui s'aventure à des comparaisons que je trouve peu fondées, comme celle qui voit en la plèbe un ancêtre du Tiers-Etat dans la société de l'Ancien Régime. Comparaison n'est pas raison, tant les organisations diffèrent entre l'Antiquité romaine et les temps modernes. Même si les fondamentaux ne changent pas: il vaut toujours mieux être riche que pauvre!
Tout n'est pourtant pas à jeter dans ce livre qui pourra répondre aux attentes de qui veut se faire une première idée sur le sujet.

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À côté des grands hommes de la Rome antique que tout le monde connaît tels que Jules César, Auguste ou Néron, il existe un nombre important d'individus : les simples citoyens. Ils formaient ce qu'on appelle la plèbe, en opposition à l'aristocratie romaine.
Dans cet ouvrage, Nicolas Tran, professeur d'histoire à l'université de Poitiers, a pour ambition de faire l'histoire de Rome en plaçant ces simples citoyens au premier rang. Il étudie donc cette tranche de la population sur trois siècles, entre le Ier av. J.-C. et la fin du IIe siècle apr., en vue d'offrir au mieux un échantillon de leur histoire. Pour cela, il s'appuie sur des destins individuels connus grâce aux sources afin de décrire les rapports sociaux et les espaces de vie collective à Rome.
À cette époque, le nom de plèbe désignait la masse, ce qui revêtait un jugement de valeur dépréciatif. Cette notion semble en effet issue de la volonté d'une étroite élite, celle des descendants supposés des patres (grande famille patricienne), de se distinguer du commun. Mais, même s'ils n'appartenaient pas à l'élite, tous les plébéiens n'étaient pas des miséreux. Ils se répartissaient sur les nombreuses échelons d'une hiérarchie sociale qui regroupait à la fois des indigents, des gens modestes et des individus jouissant d'une réelle aisance financière ; leurs conditions de vie variées donc en fonction de leurs revenus. Ces individus se regroupaient en associations de métiers ou de cultes et avaient une véritable force de décision politique. La plèbe peut donc être envisagée à la fois comme une addition de catégories sociales inégalement considérées et comme la somme de nombreuses communautés de voisinage.
Avec maîtrise, pédagogie et sérieux, Nicolas Tran nous livre un ouvrage qui résume les dernières recherches sur le rôle de la plèbe dans la capitale romaine. Un livre éclairant et fascinant!
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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critiques presse (3)
NonFiction
14 mars 2024
La plèbe de Rome était-elle une catégorie sociale pauvre et dominée ou constituait-elle un « peuple-roi » privilégié ? Nicolas Tran propose une vision renouvelée de son identité.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LaViedesIdees
16 février 2024
Mégalopole d’un million d’habitants, la capitale de l’Empire abritait une « plèbe » diversifiée dont le rôle politique était important. Ses émotions avaient pour lieux les fêtes de quartier, les théâtres et le Grand Cirque.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
LHistoire
21 septembre 2023
Nicolas Tran offre un ouvrage brillant et d'une lecture très agréable, prenant en compte les recherches récentes sur ces citoyens romains n'appartenant pas aux élites dirigeantes.
Lire la critique sur le site : LHistoire
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Sur la longue durée, la construction de ponts marqua le paysage
urbain en profondeur. Le plus ancien était le pont Sublicius et date-
rait de la fin du viie siècle av. J.-C. On ignore sa localisation exacte,
en aval de l’île Tibérine. Construit uniquement en bois, il fut détruit
à plusieurs reprises. Cependant, les Romains le reconstruisirent
chaque fois à l’identique et avec le plus grand scrupule, comme un
témoin de leur histoire. Du fait de la croissance de la ville, plusieurs
autres ponts, en pierre ces fois-ci, virent le jour. Érigé au plus tard
en 179 av. J.-C., le pont Æmilius reliait à la rive droite le quartier du
forum Boarium (le Marché aux Bœufs). Puis au ier siècle av. J.-C.,
les ponts Fabricius et Cestius furent édifiés de part et d’autre de l’île
Tibérine. Sans doute remplacèrent-ils d’anciens ponts de bois. Plus
tard encore, Agrippa (le bras droit d’Auguste), Néron (au milieu du
ier siècle apr. J.-C.) et Hadrien (au siècle suivant) donnèrent leurs
noms à trois nouveaux ouvrages. Les deux derniers permettaient
d’aller du Champ de Mars à la Plaine vaticane.
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