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Après avoir lu toutes les critiques, je ne sais pas trop quoi rajouter.
Si : Anthony Trollope est, pour son époque et même peut-être encore maintenant, un bien sympathique féministe. (Merci maman, la si drôle et intelligente Frances T.) On ne trouve jamais sous sa plume de grands jugements généraux du genre : "mais elle était plus sensée que ne le sont en général les femmes" ou "bien qu'elle fût femme, elle avait -étonnamment-un cerveau" ou encore "elle se laissait facilement emporter par l'hystérie qui caractérise le sexe faible"(type Thomas Hardy et confrères du XIXème, et encore lu récemment chez Huysmans -la peste soit de ces bonshommes aveugles.) Donc, chez Trollope Anthony, rien de ce genre de remarque. Tout le monde est traité à la même enseigne :
-Margaret, "vieille" fille de 35 ans (au secours, je suis bonne pour l'hospice), est parfois "faible", souvent forte, jamais lâche, néanmoins toujours tentée de se sacrifier, et Trollope montre bien que c'est son éducation qui parle, et non son sexe. Dans l'implicite du texte, on voit bien quand même que ce qu'elle peut espérer de mieux, c'est de s'occuper de 9 enfants qui ne sont pas à elle et d'une belle-mère épouvantable, après avoir juré obéissance au moins pire de ses prétendants...La faute à la société...Elle a brûlé tous ses poèmes de jeunesse qui parlaient d'amour et de passion.
-Les prétendants : cupides, malhonnêtes, hypocrites, bêtes (c'est le narrateur lui-même qui le dit à propos de John Ball) et aussi un peu généreux et sensibles (Rubb, Ball) ...Mais quand même bien lâche (Ball), mais pas tout le temps (Ball)
-Lady Ball : O my God quelle horrible sorcière ! Parfois "vive", mais aussi -heureusement- très très bête.
-Mrs Mackenzie : la bonne fée, la plus maline, capable de faire de chacun absolument ce qu'elle veut en un tournemain. L'antidote aux Stumfold, Lady Ball, Sarah Mackenzie, Maguire ... Elle les écrase tous d'un frémissement de mousseline à pois noirs et d'un petit chapeau de deuil ravissant et très cher. Ma préférée, qui arrive bien tard.
Sous l'humour présent à toutes les pages, le terrible corset de cette société affleure partout, et se resserre, se resserre, si l'on cherche à bouger, comme Margaret. L'envie d'argent étouffe tous les sentiments. Aucun ne demeure pur dans ce nid de vipères, et il faut bien, comme Margaret brûlant ses poèmes, y renoncer.
Certaines critiques disent que John Ball ne fait pas rêver. Je pense que c'est tout à fait calculé. On ne peut pas dire que ça se termine bien. On peut juste dire que ça se termine mieux que cela l'aurait pu.
Je me demande si le mieux n'aurait pas été, et peut-être l'auteur y pense-t-il, un autre prétendant. Car Margaret y renonce, il me semble, pour des raisons fallacieuses -fidélité envers la famille, classe sociale, en bref, éducation et dressage. Mais ce n'est pas non plus certain. Il y a des zones d'ombres dans ces personnages qui paraissent si clairs, et ce narrateur si bavard...Ce qui ajoute encore au charme un peu vénéneux finalement du roman.
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J'ai découvert Anthony Trollope avec ce livre. Je conseille vivement aux amateurs de l'époque Victorienne de se lancer dans la lecture de ses oeuvres.
Miss Mackenzie qui à 35 ans n'a vécu qu'au travers de son père et de son frère se retrouve suite à un héritage, convoitée par la gente masculine.
Elle, qui n'a aucune expérience, est confrontée aux usages du "beau monde".
Trouvera t'elle l'amour au milieu de tous ces prétendants qui se présentent subitement ?
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XIXème siècle en Angleterre.
Margaret, trente-cinq ans, célibataire, reçoit un bel héritage au décès d'un de ses frères. Bon parti, elle est rapidement l'objet de convoitises. Trois prétendants vont se démarquer : John Ball (son cousin) Samuel Rubb (l'associé de son frère aîné) et le révérend Maguire. Tous les trois tenteront de la séduire et d'obtenir une promesse de fiançailles.
Cependant, son héritage va être remis en cause.
Ce livre est le premier livre d'Anthony Trollope que je lis. Cet auteur est connu comme l'un des plus grands écrivains anglais de l'époque victorienne. Dans "Miss Mackenzie", il met en scène l'histoire de Margaret qui vécut à Londres. Elle a quitté l'école assez tôt et a vécu auprès de ses parents jusqu'à leur mort. Elle s'est ensuite occupée d'un de ses frères, très malade, durant quinze années. A son décès, elle est désignée comme seule héritière, au détriment de Tom, son frère aîné. Sa belle soeur, aigrie, lui en veut beaucoup. Margaret est dorénavant une vieille fille dotée d'une belle fortune qui lui permettra de vivre aisément jusqu'à la fin de ses jours. Pour elle, c'est enfin la liberté retrouvée, elle n'est pas prête à s'engager auprès d'un homme. Elle décide alors de quitter la grisaille de Londres, une ville dans laquelle elle s'est toujours sentie prisonnière, isolée du monde, au milieu des douves au bord de la Tamise. Elle s'installe à Littlebach, une charmante petite commune où tout le monde se connaît. Elle y emmène Susanne, sa nièce à qui elle a proposé d'offrir une belle éducation et de la mettre à l'abri du besoin. Elles emménageront alors dans un joli pavillon et mèneront une vie agréable et respectable. Mais, les soupirants ne tarderont pas à frapper à leur porte.
Nous suivrons les trois prétendants de Margaret et leurs manoeuvres de séduction. Leurs motivations sont toutes différentes.
John Ball, son cousin, est veuf et père de plusieurs enfants. [...]
Samuel Rubb, l'associé de son frère Tom, a besoin d'argent pour faire vivre son entreprise qui est déficitaire.
Monsieur Maguire est un révérend qui vit à Littlebach. Il aurait bien besoin de l'argent de l'héritière pour pouvoir s'installer et se veut très pressant quand à l'obtention d'une promesse de mariage.
Le début est long et un peu lent mais nécessaire pour mettre en place le contexte et décrire l'ensemble des personnages du roman, ce qui est finalement important pour comprendre les mentalités de l'époque. Puis, tout s'enchaîne à la seconde moitié du livre. le récit prend alors un tournant où les scènes humoristiques se mêlent au suspense. le personnage de Margaret évolue. Je l'ai trouvé intelligente, maligne et indépendante. Prudente et réfléchie, elle sait vraiment ce qu'elle veut et surtout ce qu'elle ne veut pas.
Le récit est bien construit. L'auteur ne manque pas d'humour dans certains passages surtout lorsqu'il s'adresse directement au lecteur.
"Miss Mackenzie" est un roman qui se lit vraiment bien même s'il est truffé de détails et de descriptions comme le veut le style littéraire de l'époque et c'est ce qui fait son charme.
J'y ai retrouvé des ressemblances avec William Wilkie Collins, Jane Austen, ou même avec des auteurs français comme Honoré de Balzac, que ce soit avec le style d'écriture ou les thèmes soulevés
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Miss Margaret Mackenzie a longtemps été tenue pour quantité négligeable. Après avoir passé une partie de sa vie à soigner successivement son père puis son frère, elle se retrouve, à la mort de ce dernier, à la tête d'un confortable héritage.

Cette vieille fille de 35 ans, sans charme particulier, et longtemps mise de côté, devient l'objet de nombreuses sollicitations. Sa famille se soucie enfin d'elle. Et surtout, elle n'a jamais eu autant de prétendants.

Comment cette femme avec une éducation basique et ayant vécu loin du monde va-t-elle faire front?

Elle a certes quelques projets comme ceux de s'éloigner de Londres et d'élever une de ses nièces. Mais comment résister aux individus qui trament des projets pour elle?

Comment va-t-elle réagir lorsque son héritage sera remis en cause?

Je découvre Anthony Trollope par le biais de ce roman. Et c'est une belle surprise. L'auteur se présente comme un chroniqueur des aventures de Miss Mackenzie et n'hésite pas à interpeller le lecteur sur tel fait ou tel retournement de situation.

Ce qui m'a surtout intéressée c'est la façon dont l'auteur allait faire évoluer son héroïne au milieu de cette bande de "requins" avides et la façon dont il allait faire surgir le caractère d'une personne jusqu'alors négligée.

Trollope possède un style plein d'allant et un sens aigü de la psychologie humaine (je reprends les termes de la 4ème de couverture). Il y a bien quelques longueurs inutiles et là, je pense à une scène concernant une vente de charité et des considérations sur l'absolue nécessité du mariage pour les femmes à faire dresser les cheveux sur la tête d'une femme du XXIème siècle. Mais dans l'ensemble, la lecture de ce roman a été captivante et il me tarde de découvrir d'autres ouvrages de cet auteur.
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Miss Mackenzie, malgré ses 35 ans, n'a quasiment pas vécu : garde-malade de son père, puis de son frère, elle n'a jamais fréquenté la bonne société ni appris les usages du monde. Aussi est-ce avec un oeil malicieux et beaucoup de tendresse que Trollope met son héroïne aux prises avec ce monde. En faisant cet héritage, Miss Mackenzie décide de se comporter comme ce qu'elle croit être, une vieille fille riche. Elle prend donc sous son aile l'une de ses nièces et part vivre dans une petite bourgade éloignée de Londres, Littlebath. Arrivée là-bas, elle découvre une société coupée en deux, se voit contrainte de choisir son camp et fait la connaissance de deux prétendants qui se déclarent. À son âge, Miss Mackenzie ne croit plus aux miracles, mais est encore assez romantique refuser un homme qui ne toucherait pas son coeur. Lorsque son héritage est remis en cause au profit de son cousin, John Ball, seul le caractère profondément droit de Margaret pourra lui permettre de garder toute sa dignité dans les épreuves qui l'attendent.
C'est avec une grande finesse psychologique, non dénuée d'humour, que l'auteur nous conte les aventures de cette femme. Les personnages secondaires sont croqués avec beaucoup d'ironie, sans jamais tomber dans la caricature, tels le révérend Maguire (et son oeil !) qui revient réclamer Margaret comme sa fiancée pour récupérer l'héritage, Mrs Mackenzie, la belle-soeur de Margaret, dont la rancune tenace envers elle rend sa conduite souvent ridicule ou bien Mrs Todd, l'une des habitantes de Littlebath, dont la bonne humeur attire Miss Mackenzie malgré son appartenance au “clan des pécheurs” ! L'auteur n'épargne aucun de ces personnages, pas même Margaret qui devra faire face à la méchanceté de Lady Ball, la mère de son cousin, qui n'éprouve aucune pitié pour cette cousine qui leur a volé l'héritage qui leur aurait dû leur revenir… le dénouement est à la hauteur de nos espérances et bien au-dessus de celles de Margaret qui ne pensait plus trouver l'amour à son âge !
Il est difficile d'évoquer tous les aspects de ce roman. Portrait de femme, satire sociale, fresque romanesque… autant de domaines dans lesquels Anthony Trollope prouve tout son art. L'intrigue est parfaitement maîtrisée et chaque élément prend son importance au fur et à mesure de l'histoire. Les fréquentes incursions de l'auteur dans son récit m'ont un peu dérangé, moins cependant que ses idées très arrêtées sur la place des femmes dans la société, sur leur capacité à réfléchir et à se comporter dans le monde. Heureusement, comme le dit très bien George, “l'auteur est résolument du côté de son héroïne” et on peut alors supposer que ces assertions n'étaient elles-mêmes qu'une vision ironique des idées de l'époque.
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Elle est mignonne cette mademoiselle Mackenzie qui découvre, apres ses premières années de jeune femme sacrifiées à soigner un parent acariâtre et malade, qu'elle peut plaire et décider elle-même de son avenir. Allégée de ce sacerdoce (qu'elle ne vit pas d'ailleurs ainsi), elle voit son porte-monnaie s'alourdir par l'héritage et les prétendants se presser autour d'elle... et de son magot. Au départ un peu gaudiche, elle apprend à revendiquer et se découvre même un coeur d'artichaut. C'est le premier roman que je lis de cet auteur, c'est délicieux, très old England, à savourer avec un thé et des scones !
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Quel délice de se plonger dans l'Angleterre victorienne pour suivre les mésaventures de la sympathique Margaret Mackenzie qui après la mort de son frère se retrouve à la tête d'une petite fortune. Célibataire car elle s'est toujours consacrée aux siens, elle a atteint l'âge vénérable de 35 ans et elle constitue donc une proie alléchante pour les chasseurs de dots.
Alors qu'elle cherche à tracer dignement sa voie dans le monde, elle se retire dans une petite ville balnéaire où elle fait la connaissance d'un pasteur éloquent affligé d'une épouse envahissante et d'un vicaire bigleux qui rêve de sortir de sa pauvreté en faisant un riche mariage...Elle ne manque pas de se trouver également recherchée par l'associé de son défunt frère qui a bien du mal à vendre à bon prix la toile cirée qu'il fabrique et voudrait qu'elle place tout son argent dans la firme...Et puis il y a son cousin John veuf affublé d'une tripotée d'enfants qui n'a pas fait l'héritage escompté et espère établir sa nombreuse famille grâce à elle...
Notre pauvre Margaret hésite entre ses soupirants et Trollope excelle dans un humour très fin et une ironie mordante pour présenter ses personnages qui sont d'ailleurs loin d'être monolithiques et connaissent au fil du roman des évolutions tout à fait dignes d'intérêt.
On comprend d'ailleurs comment le coeur de Margaret oscille de l'un à l'autre et cette femme encore jeune et sans expérience apprend beaucoup de la vie et finit par se conduire avec dignité et sagesse ce qui bien entendu, amène la meilleure des fins.
Au passage Trollope s'en prend à la presse à scandale, soulignant avec une exactitude bien en avance sur son époque, les ravages qu'elle peut causer aux réputations . Un timide féminisme est également présent annonçant une évolution des mentalités pour la fin du 19ème siècle.
Les romanciers victoriens ont vraiment le chic pour offrir à leur lecteur un total dépaysement et un plaisir de lecture incomparable tant leur langue est policée et élégante et tant leur humour reste toujours sous-jacent quelles que soient les situations évoquées. 500 pages qui se lisent avec un plaisir grandissant ...

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Margaret Mackenzie n'est plus toute jeune. A trente-cinq ans, elle ne connaît rien du monde, n'espère rien, ne rêve à rien. A la mort de son frère, elle se retrouve riche d'un héritage inespéré... et de prétendants. Mais comment choisir entre ces messieurs ? Qui aime Miss Mackenzie ? Qui aime l'argent de Miss Mackenzie? Qui Miss Mackenzie aime-t-elle ? A quel devoir se pliera-t-elle ? Comment choisir entre un clergyman respectable accablé d'un strabisme effrayant, un commerçant séduisant un peu trop beau parleur et un baronnet veuf muni d'une nombreuse famille et d'une mère acariâtre ?
Tout le plaisir du roman est dans la satire de la société victorienne : une scène de dîner désopilante, un pasteur et son épouse qui font la pluie et le beau temps dans une petite ville de province, un notaire qui se retrouverait sans déparer dans un roman de Dickens, une vente de charité au profit des orphelins de soldats nègres (sic)...
A.Trollope prend souvent son lecteur à témoin, introduisant une distance délicieuse dans le récit. C'est à la fois pathétique et drôle, et contre toute attente, il y a même un certain « suspense » ! Miss Mackenzie épousera-t-elle un homme digne d'elle ? Car au fil des pages, la vieille fille timorée forge son caractère, et ose penser par elle-même. La métamorphose est complète par la vertu d'une robe et d'un chapeau, qui font d'elle un parti très présentable. de soeur dévouée sans avenir, elle devient une femme qui accepte son destin, qui ose même envisager de vivre seule et de subvenir à ses besoins en travaillant, plutôt que de se marier sans amour... La voie de l'autonomie est (entr)ouverte !
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Un roman très intéressant même si parfois, les aspects d'héritage et de rentes prennent un peu trop de place dans le récit.

Margareth Mackenzie est surprenante et attachante. Sa bonne éducation et son empathie toucheront tous ses galants. Si ils sont au départ intéressés, ils finissent par en tomber amoureux pour ses qualités. Lorsqu'elle devra affronter les pires tourments, elle fera face et sera épaulée par diverses personnes dont Mme Mackenzie. Sa famille écossaise reprend contact avec elle dans cette occasion et sait la soutenir. Seule Lady Hall restera hostile car trop aveuglée par les conventions de l'époque.

Le style de l'auteur a cependant un peu vieilli. Il interpelle "ses lectrices" et j'ai trouvé dégradant qu'il estime cette histoire juste intéressante pour un lectorat féminin. Miss Mackenzie a largement sa place parmi les héroïnes victoriennes.

Lien : http://mapetitepause.over-bl..
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Les jours passés, j'ai fait la connaissance d'Anthony Trollope, rencontré au gré d'un article quant à la littérature victorienne qui, ces dernières années, semble susciter un regain d'intérêt auprès du lectorat et des maisons d'éditions, par voie de conséquence. L'article a piqué ma curiosité, j'en ai cherché d'autres...
Anthony Trollope, donc, fut l'un des romanciers les plus connus, les plus lus, les plus distingués de l'époque victorienne, à l'instar d'un Charles Dickens, d'un Wilkie Collins ou d'un William Makepeace Thackeray, d'une George Elliot, d'une Elizabeth Gaskell ou d'une Charlotte Brontë...
Pour autant, il n'a plus aujourd'hui le rayonnement qu'il acquit à l'époque et fait partie de ces écrivains qu'on pare d'une aura un peu poussiéreuse, désuète... et je dois avouer que toute férue de littérature occidentale du XIX°siècle que je puisse être, je ne savais rien de lui...
Une lacune qu'il m'a fallu combler. J'aurai voulu lire "L'Héritage Belton" mais il m'a été impossible de le trouver à moins de passer commande et, je l'avoue, la patience n'étant pas ma principale vertu, je n'avais pas envie d'attendre. J'ai donc jeter mon dévolu sur le seul roman de Trollope que proposait ma librairie: "Miss Mackenzie" dont voici mon retour.

Margaret Mackenzie a trente-cinq ans et pour l'Angleterre victorienne, elle n'est rien de moins qu'une "vieille fille" (à trente-cinq ans! Heureusement, les temps ont changé! On est jeune encore à trente-cinq ans! On est toujours belles, toujours intéressantes et sans doute bien plus qu'à l'orée de nos vingt ans!) dont la vie fut aussi grise, morne, terne qu'une conférence sur les procédés de fabrication des confettis (j'imagine...). Pensez donc! Notre demoiselle dû passer son adolescence puis sa jeunesse à s'occuper de son père souffreteux et grabataire puis de son frère aîné fauché, par la maladie. Ni l'un ni l'autre ne crut bon de s'intéresser vraiment au sort de sa douce et sans doute docile garde-malade, se contentant de profiter des soins par elle prodigués. Il en résulta pour notre Miss Mackenzie des études sommaires et bien trop de solitude. Sans amis, sans prétendants, sans occasion de rire, de danser ou de s'amuser, les jeunes filles se fanent comme les fleurs qu'on prive d'eau et de soleil...
A la mort de son frère, Margaret se retrouve encore plus seule, quoiqu'elle soit nantie d'un autre frère, d'une ribambelle de neveux et de nièce et de lointains cousins dont aucun ne s'intéresse vraiment à elle. Pas encore en tout cas. Seule, donc, mais riche puisque elle hérite de la coquette fortune de feu son aîné. Il y a de quoi tourner la tête et pour la jeune femme, c'est une nouvelle étourdissante. Elle va enfin pouvoir décider de sa vie, quitter Londres, faire des rencontres... Se marier? Elle n'y songe pas encore, pas vraiment. Et pourtant, autour d'elle, les prétendants vont se bousculer, se presser. Mais comment savoir ce qu'ils briguent le plus de son coeur ou de sa fortune? de sa main ou de son pécule? Et Miss Mackenzie, aussi sage qu'elle puisse être, aura bien du mal à ne pas trébucher et à distinguer ce qui ressemble le plus à de l'amour véritable...

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman dont j'ai apprécié l'humour et le caractère satirique. Sa tonalité m'a parfois rappelé celle de "La Foire aux Vanités" que j'avais adoré. En outre, je l'ai trouvé mordant et très moderne quant à certains personnages (je pense par exemple à Miss Todd, autre "vieille fille" du roman qui explique combien ce statut lui confère une liberté et une indépendance précieuses) malgré quelques passages qui ont pu me faire grincer les dents. Ainsi Anthony Trollope se permet par exemple d'énoncer fort plaisamment qu'une femme est toujours moins sensible qu'un homme à la malhonnêteté... Hum hum. C'est un homme de son temps dira t-on...
Humour, satire, causticité sont en tout cas des points forts de "Miss Mackenzie" que je ne m'attendais pas à dévorer si vite. le texte est relativement fluide et facile, il coule et c'est on ne peut plus agréable.
Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé l'étude de moeurs que constitue le roman, radiographie de la société victorienne et particulièrement du monde des clergyman et de la petite bourgeoisie. Comme dans de nombreux romans de Honoré de Balzac, l'argent tient une place prépondérante dans ce roman de Trollope et si ce n'est pas (loin s'en faut!) mon sujet de prédilection, il faut reconnaître qu'il est bien amené, bien traité et qu'il est un moteur des enjeux de l'intrigue.
Les personnages enfin! Bien croqués, riches, un poil manichéen peut-être parfois, ils sont sans doute ce que je 'ai préféré dans l'ouvrage. Margaret est extrêmement attachante et même si parfois j'aurais voulu la secouer, la jugeant trop naïve ou généreuse, je n'ai pu m'empêcher de compatir à son sort, de l'aimer. J'aurais pu être son amie si elle n'était d'encre et de papier. Dans la famille de ceux que j'ai aimé, je compte aussi Sir John, même s'il m'a fallu du temps et Miss Todd. Mais il y a mieux, il y a les personnages que j'ai adoré détesté pour tout un tas de raison allant de leur médiocrité à leur malveillance, de ce qu'ils représentent à leur tempérament: la belle-soeur de Margaret, Mrs Stumfold, Lady Ball et surtout mon favori entre tous: Jeremiah Maguire! L'écriture de Trollope, son humour les rendent infiniment cocasses et c'est d'autant plus réjouissant que cela contrebalance la portée un peu cynique du roman où le coeur fait un choix de raison avant tout, où l'on comprend que malgré tout, malgré la tendresse et l'affection, un mariage n'est et ne sera qu'un marché, une tractation. On n'a plus le droit aux papillons quand on a trente-cinq ans...







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