Qu’il s’agisse de faire les courses, répondre au téléphone, taper à la machine, travailler dans une usine, étudier à l’école, s’occuper des parents ou des enfants, aller à un enterrement, entrer à la maternité de l’hôpital… tout ce que l’on fait est sacré. Pour développer cette attitude, on voit les choses comme elles sont, on fait attention à l’énergie de la situation et on n’espère pas de distraction supplémentaire de la part du monde. Il s’agit simplement d’être, d’être naturel, et d’être toujours conscient de tout ce qui peut arriver dans notre vie quotidienne.
Voilà donc la première étape de l’apprentissage : on apprend comment apprendre. C’est le premier pas. On tranche d’abord la notion fondamentale de l’ego, de l’attachement à la névrose.
Au-delà se trouve ce qu’on appelle la pratique de vipashyana, ce qui signifie littéralement « intuition ». Ici l’intuition consiste à voir les choses comme elles sont – sans y ajouter passion ni agression. On commence maintenant à sortir du domaine propre de la méditation pour examiner notre manière d’être en relation avec notre monde.
Cette pratique particulière de médiation s’appelle shamatha, ce qui signifie littéralement « demeurer en paix ». Le mot paix ne signifie pas ici un état euphorique ou extatique, mais simplement le résultat élémentaire et très terre-à-terre de l’action de couper court aux tracas et à l’agitation. On ne s’efforce pas d’atteindre un but quelconque ni aucun état particulier, que ce soit au sens religieux ou séculier.
Il y a donc deux aspects dans notre voyage, dans notre processus d’apprentissage : l’apprentissage par la méditation assise et l’apprentissage par les expériences de la vie. Et il n’y a aucune difficulté à unir les deux. C’est comme lorsqu’on a une paire d’yeux et qu’on met des lunettes. C’est la même chose.
Le principe du bodhicitta absolu ou ultime se fonde sur le développement de la pāramitā de la générosité, symbolisée par le joyau qui exauce tous les souhaits. En tibétain, générosité se dit jinpa et signifie « don », « ouverture », « abandon ». Dans la notion de générosité il y a donc l'idée de ne rien garder pour soi mais de donner constamment. La générosité est une ouverture qui existe d'elle-même, une ouverture complète. On cesse d'être l'esclave de ses propres combines et projets. Et la meilleure façon de s'ouvrir est d'établir une relation d'amitié avec soi-même et les autres.
Cahiers d'insouciance
Alexandre Jollien
Éditions Gallimard
Comment se départir d'un état d'alarme permanent, abandonner le souci et s'ouvrir authentiquement à une vie plus généreuse, plus libre ? Comment oser la non-peur et la confiance ? À l'heure où l'individualisme gagne du terrain, il est tentant, pour moins souffrir, de se blinder, voire de démissionner. Chögyam Trungpa comme le Bouddha, Spinoza, Nietzsche et tant d'autres peuvent nous inspirer une voie bien plus audacieuse. Les Cahiers d'insouciance constituent une tentative, un essai pour s'affranchir de la tyrannie des passions tristes et nous jeter dans la joie inconditionnelle. Une vie spirituelle qui ne rendrait pas meilleur, plus solidaire et qui laisserait quiconque sur le bas-côté ne vaut pas une heure de peine !
Deux défis traversent ces Cahiers : se détacher de tout sans renoncer au don de soi, à l'engagement, et contribuer ainsi à une société plus éveillée ; faire passer l'autre avant la voracité du moi. Ces carnets de route envisagent le quotidien, les blessures et les manques, les désirs et la peur, les liens et le partage.
https://www.laprocure.com/product/323590/cahiers-d-insouciance
+ Lire la suite