Belleville City

Faut dire qu’il ne dépasse le mètre soixante-dix qu’à l’aide de son bob, posé sur ses locks en devenir, brins de kératine entortillés, jeunes pousses que le couvre-chef protège comme une serre. Mais à vingt-huit ans, il aimerait que de temps en temps on l’appelle grand, pas le grand de « mon grand », celui qu’en France on réserve aux petits justement. Plutôt le grand du pays avec le r bien roulé qui témoigne du respect qu’on porte à un interlocuteur de valeur, à celui qui a roulé sa bosse.

Elle souffre, non pas au niveau de son sexe lubrifié au gel et faiblement impacté par le membre inversement proportionnel à la taille imposante du bonhomme, mais à cause du cisaillement de l’angle du comptoir sur son ventre. Elle cherche à s’absenter d’un rapport dénué de désir. Alors que Jean-Jacques agrippe ses épaules, elle pense aux bleus qui marqueront son corps pendant des jours, au niveau des côtes. Au sol, derrière le comptoir, son sarouel en coton imprimé entrave ses chevilles. Jean-Jacques ressent que l’impact de ses va-et-vient est limité, que sa partenaire ne le suit pas. Il attrape son bras gauche pour la retourner vers lui, les fesses sur le comptoir, son sexe, rasé comme le sien, face à lui. En la pénétrant, debout sur un escabeau qui d’ordinaire sert à atteindre les étagères trop élevées, il la fixe droit dans les yeux ; elle détourne la tête. Il lui agrippe alors le menton, pour immobiliser son visage. Elle esquive son regard. Insatisfait, il la retourne de nouveau, se réintroduit en elle, et, de sa main gauche, récupère le gel lubrifiant dans un tiroir.

Ça se passe tranquillement, toujours là quoi. Ce qu’il nous faut, c’est les Cerfa, les contrats de travail, quoi. Ou une promesse d’embauche, c’est bon aussi. C’est le début pour monter les dossiers. Le point de départ. Mais l’agence d’intérim, là, elle s’en fout, elle veut rien entendre. Mais nous, on lâchera pas !

Malgré tous les progrès techniques qui ont modifié les métiers de la propreté, leur a-t-on expliqué lors de leur formation à l’école Eugène Poubelle, le balayeur traditionnel ne risque pas de disparaître. Il répond avant tout à un besoin psychologique. Laveuses, souffleuses, aspiratrices, aussi performantes soient-elles, ne remplacent pas la vision rassurante ni l’efficacité de l’humain qui ouvre les vannes et de son balai en action. Ils participeraient « à la prise de conscience des efforts collectifs nécessaires en matière de propreté ».

Le marché du sex-toy évolue vite. Il faut rester à la page. Sa première commande n’était pas ajustée à la demande du moment. Comment a-t-il pu passer à côté du Rabbit avec stimulation vaginale à billes tournantes et stimulation clitoridienne vibratoire, de l’œuf vibrant télécommandable à distance ? Les godes imitant de grosses bites nervurées, c’est has-been, on est dans l’air du design à présent. Et puis la déco du shop laissait à désirer. Toujours le design.