AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Aaron Tucker (Autre)Rachel Martinez (Traducteur)
EAN : 9782924898536
273 pages
La Peuplade (19/03/2020)
3.56/5   9 notes
Résumé :
Quelle responsabilité a-t-on lorsqu'on est à la veille de créer l'arme la plus destructrice de l'histoire de l'humanité ? Comment peut-on aimer deux femmes à la fois ? Ces questions, bien qu'éloignées l'une de l'autre, alternent dans l'esprit de Julius Robert Oppenheimer, qui recule loin dans les siècles passés, alors qu'il chevauche parmi les rosiers acérés des montagnes entourant les laboratoires secrets de Los Alamos, au Nouveau-Mexique. Toute sa vie est rattaché... >Voir plus
Que lire après OppenheimerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La destinée littéraire de Robert J. Oppenheimer, cela avait été, jusqu'à ce roman, d'avoir fourni la figure centrale du Dossier Oppenheimer, spectacle théâtral écrit et joué par Jean Vilar, une des oeuvres-phare du théâtre politique de l'après-68, dans laquelle le grand metteur en scène offrait une réécriture du procès fait par les autorités américaines au physicien, coupable d'avoir signalé dans les années cinquante son hostilité au développement de nouvelles armes atomiques et d'avoir partagé un temps l'idéal communiste, deux lourds péchés à l'époque du maccarthysme. Dans son récit, l'anglo-canadien Aaron Tucker évoque les étapes antérieures de la vie d'Oppenheimer, en particulier les trois ans, de 1943 à 1945, où il dirigea le laboratoire de Los Alamos, menant les travaux de l'équipe de scientifiques chargée d'élaborer le « Gadget », la bombe issue des récentes théories de la physique nucléaire et qui devait mettre un terme, par sa puissance dissuasive face aux nazis, à la guerre. La grande réussite de ce texte, constitué de scènes très différentes (on passe d'une randonnée équestre, solitaire et méditative, sur les plateaux du Nouveau-Mexique, à une conversation amoureuse, pétillante et passionnée, avec Jane, la maîtresse qu'il cache un jour pour mieux l'exhiber le lendemain, puis à un dialogue, empreint de méfiance réciproque, avec le général Groves, le militaire intraitable qui veille au bon développement du projet et engage le savant à gouverner son équipe comme une troupe de soldats, avant de le voir rentrer chez lui après de longs mois d'absence, amer de constater comment sa femme Kitty a sacrifié ses ambitions et sa joie au bénéfice de sa propre carrière) et qui ne suivent pas l'ordre chronologique, est de nous placer, de manière crédible, au centre même de l'esprit du physicien, de nous faire partager constamment son regard et ses pensées. Sans risque d'empathie pourtant… La narration à la troisième personne freine toute perspective d'identification, tandis que l'orgueil du personnage, la conscience qu'il a de son génie, le démon paranoïaque qui occasionnellement engendre des gestes fous, comme lorsque, au milieu de ses études, il manque d'assassiner un ami en l'étranglant sous le coup d'une brusque flambée de jalousie (et votre serviteur de se précipiter sur Wikipédia pour vérifier que, oui, l'incident a bien eu lieu !), tout cela éloigne la sympathie que l'on pourrait éprouver à son égard. Pas de complicité du lecteur, donc, mais une énorme fascination pour l'esprit de ce « polymathe », nouveau Leonard de Vinci, doué de la capacité de mélanger de multiples savoirs dans une étonnante symbiose, construite d'une vaste culture poétique (de Baudelaire à John Donne et George Herbert, ses « phares », sans cesse cités dans le roman) et de sa connaissance du sanskrit et des mythes indiens de la Bagavad-Gita, autant que des derniers acquis de la physique des particules. Shiva et Arjuna deviennent ainsi les guides spirituels qui l'aident à se convaincre qu'il mène juste combat en créant l'arme ultime, lui donnant les réponses face aux doutes éthiques de ses collègues, tandis qu'il se perçoit lui-même, corps et esprit, comme un élément de l'éternel ballet des atomes, soumis aux forces contradictoires de la scission et de la fusion. Science et mystique ici s'épousent, vecteurs d'énergie qui n'empêcheront pas, au spectacle bouleversant des lendemains d'explosion d'Hiroshima et de Nagasaki, le réveil angoissé de la conscience et son engagement désormais contre le développement de nouvelles armes nucléaires… Dans cet hommage qui ne cache aucune des parts d'ombre du « génie » Oppenheimer, Aaron Tucker dresse le plus lucide des portraits, le meilleur des « tombeaux » que l'on ait pu bâtir pour le physicien. Un grand texte sous une couverture modeste, qui honore encore une fois le catalogue de « La Peuplade », jeune petite maison d'édition canadienne, déjà révélatrice de bien des talents !
Commenter  J’apprécie          50
Digne d'un génie évident, « Oppenheimer » est si beau qu'il se lit en hommage à la gravité des sages, au ralenti. A l'instar d'un escompte hyperbolique du futur. L'écriture entonne la puissance dans un rythme qui soulève les teneurs essentielles, relevées. Retenir cette magnificence jusqu'au crépuscule, et pour l'après. Son pouvoir est un don. Et l'on pressent Aaron Tucker en maître d'une véritable littérature dans son summum. Avant de pénétrer au coeur de ce récit, prendre le temps de s'arrêter aux entrelacs des virgules, points, aube verbale et enchantement. « Oppenheimer » est cela. Racines qui résistent. Pages qui défient le vent. Julius Robert Oppenheimer est un scientifique de renom, que l'on associe d'emblée à la bombe atomique. Cet homme olympien qui gravite à cheval dans les montagnes de Los Alamos au Nouveau-Mexique s'épanche sur sa vie et fait le bilan de ses jours. La nostalgie rayonne. Alliage d'un homme manichéen, ivre d'amour et d'essences. le fil d'Ariane de sa vie frémit. L'ivresse des espaces est diapason, rappel et prière. le majeur n'a pas le vertige. « Toutes les personnes de sa vie sont rattachées à ces montagnes d'une façon ou d'une autre. » « Son esprit est constitué de ces corps, avec les dates, et les années. » Tourmenté, romantique, endurant, cornélien aussi, au charisme fou, Julius Robert Oppenheimer est en prisme avec la physique nucléaire. A contrario, les textes hindouistes sont pour Opje la sémantique d'une survivance. le Nouveau-Mexique est un vautour, l'emblème du « Gadjet » Destruction. L'irrévocable est là. Oppenheimer doute, recule, dévoré par le spectre de la bombe atomique, les Sciences, dualité, sueur collée au front. « Je prie pour ça se limite aux tests. Qu'on en prouve la faisabilité, mais que personne n'ose l'utiliser ajouta Bohr. » Cet homme des Philosophies ésotériques arrime ses pensées à l'enjeu des Mathématiques. « Krishna » tisse les symboles. Opje forge l'Histoire du monde à venir. Son éthique est déontologie. Ses convictions sont d'altérité et de devoir. Oppenheimer est un alchimiste. La profonde humanité de Julius Robert Oppenheimer est l'exemplarité. Les Savoirs s'allient dans ce cartésien libérateur. L'issue est là, le lâcher-prise aussi. « Oppenheimer » « est une réussite absolue. le culte qui dépasse les cimes d'une aura. Aaron Tucker est visionnaire et un conteur hors pair. Ecoutez les voix de ce grand livre. Vous me direz. Traduit avec brio de l'anglais par Rachel Martinez. Publié par les majeures Editions La Peuplade.
Commenter  J’apprécie          50
Leslie Groves, ingénieur et militaire, est nommé brigadier-général après avoir été promu colonel. En pleine seconde guerre mondiale, il devient directeur militaire d'un projet destructeur : la mise au point de la bombe atomique. Après avoir été approché par cet homme, Julius Robert Oppenheimer (Opje) se retrouve au beau milieu du Nouveau-Mexique à Los Alamos, terre désertique, aride, vide, dans cette base qui accueille ces forces humaines qui vont concrétiser ce projet baptisé "Le projet Manhattan".
-----------------------------------------------
Un bilan mitigé de ma lecture. Je me suis ennuyée pendant plus de la première moitié.
Plusieurs raisons à cela :
-l'écriture descriptive et plutôt poétique des 180 premières pages : la nature, le désert, la végétation, les chevaux ; j'ai trouvé cette partie bien trop désincarnée à mon goût.
-de plus, l'auteur alterne les chapitres et fait des allers-retours entre les différentes années et les différents mois : comme je n'avais que trop de descriptions et manquais de repères qui émergent habituellement du quotidien, je n'arrivais ni à me représenter une chronologie ni à accrocher aux mots de l'auteur puisque j'étais perdue et donc peu réceptive.
Il aura fallu une maladie qui éprouve Opje dans sa chair pour qu'enfin le texte m'embarque, pour qu'enfin les personnages soient incarnés. le tout créant davantage de sensibilité, les émotions se sont manifestées chez les personnages et j'ai enfin été sensible et touchée à mon tour.
Commenter  J’apprécie          60


autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (30) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}