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EAN : 9782923550565
Alto (01/01/1900)
3.42/5   6 notes
Résumé :
Le jour où notre croque-mort philosophe égare le mystérieux manuscrit d'un locataire, le pianiste le récupère de justesse. Commence alors un chassé-croisé qui les mènera du port au café, du café au parc, du parc à la maison sans soleil puis au piano où l'amour, la vie, la mort et tout le reste régleront leurs comptes. Pétri d'humour fin, d'absurde, d'une tendresse généreuse pour les vivants et les disparus, Attraction terrestre célèbre à sa façon le bonheur d'existe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La semaine dernière, alors que je parcourais le Voir, j'y ai découvert cette suggestion de lecture... « Attraction terrestre » d'Hélène Vachon. Je ne connaissais pas l'auteure, mais les thèmes évoqués dans le livre m'ont tentée. Il y est question, entre autres...


- de la joie...
« Toute joie est révolution. Sous l'effet du contentement, la face de l'Homo sapiens commun se transforme. Jusque-là paisibles, les peauciers se réveillent, petit et grand zygomatiques se tendent, l'orbiculaire des lèvres se contracte, tandis que le risorius de Santorini retrousse les commissures, tissus contractiles par excellence. Cela s'appelle sourire et c'est très fatigant. » ;


- d'un thanatologue qui retarde toujours son travail en lisant d'abord une heure ou deux... au cas où le corps qu'on lui a livré ressusciterait...
« Je me présente. Je suis un homme, j'ai 46 ans. Pour ceux qui jugeraient cette description un peu sommaire, j'ajouterai ceci mais tout juste, car je n'aime pas parler de moi: je suis de taille moyenne et de matière grasse, je voyage peu, de préférence à pied, et j'ai le coeur bruyant. Dernier détail et non le moindre: je suis beau, mais de dos seulement. Comme si la nature s'était trompée de côté, avait confondu l'avant et l'arrière dans un funeste moment de distraction. Un jour où j'essayais un complet, je me suis aperçu dans le miroir en triptyque de la boutique. Sur le coup, je ne me suis pas reconnu. de dos, c'est tout simple, je suis quelqu'un, constat à la fois réjouissant et triste si l'on songe qu'il est pour ainsi dire impossible de vivre du mauvais côté, qu'il arrive toujours un moment où il faut se retourner et que c'est en de telles occasions que je perds une bonne partie de mes moyens. » ;



- de chats et de solitude (les deux étant souvent étroitement liés)...
« Je vis seul, outre deux chats recueillis un soir d'hiver où j'avais particulièrement froid. Ils se sont tout de suite sentis chez eux, j'ai pu entrer à leur suite, refermer la porte et continuer. Nous nous respectons mutuellement, ils me laissent dormir jusqu'à 4 heures, après quoi je dois me lever pour les nourrir. Ils prennent beaucoup de place dans mon lit, moi pas, et de toute façon, je dors de biais. » ;


- des femmes...
« ...de toute façon, je dors de biais. Mais c'est pour les femmes, je reparlerai des femmes, ça ne va pas du tout de soi, c'est un surplus qu'il faut assumer, on n'a pas le choix. Sans compter qu'on ne sait jamais pourquoi elles vous aiment. Est-ce pour votre dos? Pour votre devant? Pour votre intérieur? Votre extérieur? Pour le haut? Pour le bas? À moins qu'elles ne vous aiment en vrac, pêle-mêle et sans emballage aucun. Avec elles, tout est possible.

Ou alors c'est pour la semence. Elle est sans prix aujourd'hui. Avec cette pluie de morts qui inonde la planète, ce manque à gagner qui dépeuple et déprime au point qu'il faut cloner des modèles existants, je sens chez mes comparses féminines une redoutable frénésie de reproduction. Je suis fils unique, on ne m'a pas appris à partager. L'idée de me départir d'une parcelle de moi-même m'angoisse. On passe sa vie à s'éparpiller. Sueur, larmes, excréments, à un certain moment tout vous déserte, l'intégrité est mise à rude épreuve. » ;


- de ce qui ne peut pas durer toujours (l'Homme)...
« L'immeuble où je vis est habité des pieds à la tête par de vieilles choses tranquilles. Tout le monde ici a au moins cent dix ans. En haut de chez moi vit la très vieille et insonore Mme le Chevalier. Je l'aime énormément. Elle a un je ne sais quoi qui vous fait haïr le neuf. Elle est tellement plissée et toute en muscles mous que c'est à se demander pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt. Elle sait ce que je fais et me prend comme je suis, nos rapports sont cordiaux. Elle me salue quand je la rencontre et quand c'est moi qui la rencontre, je la salue aussi. C'est très convivial. Ma témérité et sa longévité m'ont permis d'élaborer une sorte de dialogue dont je suis assez fier, nettement plus riche en tout cas que l'habituel Bonjour-comment-allez-vous-très-bien-merci. Pensez donc: elle me rencontre, j'en fais autant, on se salue. « Et la santé? » que je demande tout à trac. « Oh! la santé! qu'elle rétorque aussi sec, je vais sur mes derniers kilomètres, vous savez. » - Je ne veux pas vous voir avant dix ans, madame le Chevalier. C'est tellement subtil et inattendu. Elle finira sur ma table, c'est forcé, elle n'a pas peur ni rien. Un tel échange n'est toutefois pas exempt d'imperfections. À force de lui dire chaque fois: « Je ne veux pas vous voir avant dix ans », tout ce temps-là, il passe, le temps, et Mme le Chevalier aussi. Elle n'est pas immortelle, cela pourrait finir par l'indisposer gravement. Mais j'ai horreur de soustraire, ce n'est pas dans ma nature, mettez-vous à ma place: « Je ne veux pas vous voir avant neuf ans, sept mois et quatre jours, madame le Chevalier. » Cela ne se dit pas, elle pourrait le prendre mal. »


Et puis, notre thanatologue philosophe va rencontrer, par un entrelacs de coïncidences, un pianiste encore plus solitaire que lui (le pianiste, il n'a jamais connu de femme... ce qui s'appelle « connu »...). Hu, pianiste déchu, souffre d'une maladie qui l'empêche désormais d'exercer son art. Ainsi, il ne lui reste plus rien au monde, car il avait tout misé sur sa carrière. Voilà un moment idéal pour s'intéresser aux autres, ou plutôt, à un autre, tellement différent, à un croque-mort qui hésite entre l'amour de deux femmes, Zita et Clotilde, à cet embaumeur qui accompagne une vieille dame au parc afin qu'elle peigne...on ne sait trop quoi...on ne peut pas voir par le regard des autres...


« Attraction terrestre » n'a pas déclassé le livre que j'emporterais sur une île
Nous sommes éternels» de Pierrette Fleutiaux), mais si j'avais suffisamment de place dans mes poches (ou entre mes dents), il aurait ses chances...Pour ses passages ironiques et frisant l'absurde que côtoie une grande tendresse, pour son humour parfois caustique, et particulièrement pour cette scène où le pianiste solitaire met en présence les deux femmes aimées du thanatologue.
« Bravo! » me suis-je dit.

Les livres permettent cela... mettre à nu les hypocrisies de la vie, quand on prétend qu'un coeur ne doit jamais en aimer qu'une à la fois...


« Attraction terrestre », absurde? Je dis encore: bien plus vrai que la vie quand on refuse ses paradoxes et ses subtilités.



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Alors que je croyais avoir affaire à un livre qui serait un peu ennuyant, un chassé croisé sans vraiment d'intérêt je me suis laissé portée par cette oeuvre qui nous amène deux personnages, un thanatologue dépressif, digne d'un clown triste et d'un auteur débutant mais déjà presque raté. L'action se croise et se décroise lorsqu'ont ne s'y attend pas. Passé outre le résumé en quatrième de couverture et vous aurez une belle surprise.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais on a beau dire, un coeur qui bat, on n'a encore rien trouvé de mieux comme signe de vie, surtout dans un hôpital.
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