Largo Winch, Tome 17 : Mer noire

Encore des embrouilles pour Largo...

On change de pays et on recommence !! Tout le monde en veut à l'argent de ce pauvre Largo... Il n'a pourtant rien demandé, à part accepter l'héritage de Nerio Winch. Il n'avait peut-être pas prévu qu'il se retrouverait plus que de mesures dans des coups fourrés toujours plus élaborés. Où il a besoin de l'aide de ses amis aux multiples talents pour le tirer d'affaire...

Même si les histoires se ressemblent toutes, j'aurais bien aimé lire la suite de celle-ci car Largo n'est pas le seul en galère cette fois-ci... À voir donc si j'en complète les tomes prochainement... Ça m'a fait plaisir de retrouver Largo pour quelques instants de lecture.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)

Après un léger creux avec le diptyque précédent, la série revient à ses fondamentaux et à son meilleur niveau.
L'album s'ouvre ainsi par une lettre ouverte de Largo Winch aux collaborateurs du groupe W leur expliquant la crise des subprimes.
Il y a ensuite une interview de Largo expliquant les conséquences de la crise sur les différentes branches de son groupe et les mesures qu'il a prises pour préserver l'emploi.
C'est extrêmement clair et pédagogique, et c'est l'un des éléments que j'apprécie le plus dans cette série: cette façon de décrypter et d'illustrer les principaux mécanismes économiques.
Mais il y a aussi de l'humour, notamment grâce au personnage de Simon, qui va devoir retourner dans son pays natal, la Suisse, où il est toujours recherché pour différents délits, pour aider son ami Largo à déjouer un n-ième complot.
Enfin, une mention particulière pour la couverture, que je trouve particulièrement réussie sur le plan typographique notamment (contrairement au tome précédent).

Alors que Largo ne pensait qu'à profiter de certains bons moments de sa vie comme le mariage de Freddy et la cérémonie fêtant la retraite d'un de ses directeurs, Sir Basil, il va très vite déchanter. En effet, Sir Basil ne profitera pas très longtemps de sa retraite puisqu'il va se faire assassiner lors de la fête célébrée en son honneur.
Suite à cela, très vite Largo va être mêlé à un trafic d'armes et son entreprise y est surement impliquée.
Il va devoir se rendre en Turquie avec Silky, histoire de fourrer son nez la où il ne faut pas.
Simon, pour sa part, va être envoyé en Suisse, où il n'est pourtant pas en odeur de sainteté pour enquêter sur l'enlèvement dont a été victime la fille du banquier de Largo.

La routine des diptyques est bien installée. Le procédé utilisé par Vanhamme a d'ailleurs fait florès dans pas mal de séries, comme I.R.$. ou d'autres. Dans le premier tome, le lecteur assiste à un Largo Winch qui tombe dans tous les pièges qu'on lui tend (en général il n'en loupe pas un seul...). Et dans le second tome du diptyque, il déploie des trésors d'inventivité et de ruse pour confondre ses ennemis et blanchir son honneur.

J'ai sans doute eu mon compte de cette routine très (trop?) bien huilée. Car j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire. Pourtant, cela démarre plutôt bien avec Vanhamme qui se sert de l'actualité des subrpimes et de la bulle immobilière pour (re)lever un petit coin du voile sur le fonctionnement du groupe Winch. J'aime bien quand une BD est en phase avec les actus.

Les auteurs déroulent alors un scénario cousu de fil blanc, assez conventionnel, et tellement limipide que l'on peut même s'étonner de la facilité avec laquelle il est encore possible de prendre le contrôle du groupe W ou de piéger Largo. Il suffit d'enlever la fille unique du seul patron de la banque par laquelle passent toutes les transactions du groupe et hop! emballé, pesé, le château de cartes de Nero Winch s'effondre. Ou presque.

Je ne vais pas m'étendre sur le retour des porte-jarretelles et du stupre et de la fornication dans les hauters sphères de la direction du groupe W. Cela faisait longtemps que le seul sexe était lesbien avec la nouvelle pilote de Largo. Ici, on reprend un peu d'adultère et de déviances hétéros. Comme "au bon vieux temps" des premiers albums de la série. Signe des temps, on débute par un mariage, concept fort éloigné des marivaudages des débuts (lequel mariage est fortement raillé par quelques invités).

Les femmes sont fortes dans les derniers albums de Largo. Elles décident. Elles mènent les hommes par le bout du nez rempli de poudre et de la teub trempée dans le champagne.

En plongeant le lecteur dans le passé de Néro et du groupe, Vanhamme montre sa splendide capacité à mettre des tonnes de pistes dans chaque épisode. Que ces pistes servent ou pas, rapidement ou plus tard, cela dépend du scénariste. Mais force est de constater que cela demande une sacrée réflexion et pas mal de vision globale. Et en cas de "panne", il y a tant de pistes ouvertes qu'il "suffit" au scénariste d'en suivre une et de dérouler un diptyque.

On a ici une histoire de vengeance, assez banale mais relativement distrayante, au rythme lent, parsemée de petites touches de (gros) humour qui tâche. Personnellement, j'ai eu du mal à "avaler" cette histoire de vengeance. le timing de cette vengeance, les délais... et finalement je 'nai pas trop vu quel pouvait être l'élément déclencheur qui lance le diptyque.

D'habitude, le premier tome d'un diptyque est le plus accrocheur. Ici, c'est l'inverse à mon avis.

A la relecture, voilà un des Largo Winch les plus intéressants.
La présentation que Van Hamme fait de la crise des subprimes est limpide et culottée : il fallait oser dans une BD grand public commencer par une une pleine page de texte - une pseudo lettre de Largo Winch aux salariés du groupe W -, et enchaîner quelques pages plus loin par trois pages d'interview au contenu assez économique.
Van Hamme évite aussi son travers habituel. Généralement Largo se trouve à la fin du premier tome d'une histoire dans la panade, mené par son bon coeur ou son goût des femmes. Là, le complot qui le vise est bien détaillé et pour une fois Largo n'y prête pas involontairement son aide.
Les dessins de Francq sont particulièrement efficaces avec quelques belles vues de Lucerne (Suisse) et Trébizonde.
Ce tome passe tout seul et est un des meilleurs de la série.
NB : On ne prête jamais assez attention à l'organigramme du groupe W qui ouvre et ferme les couvertures.