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sur 3671 notes
Je crois qu'il est bon, lorsque tel est le cas, d'expliquer ce que furent les ressorts qui poussèrent tel ou tel écrivain à écrire un livre, en l'occurrence un roman iconoclaste, dérangeant, déstabilisant, troublant, noir... très noir.
David Vann, comme les protagonistes de son ouvrage, est né sur une île de l'Alaska, terre et mer qu'il vénère.
Très souvent il s'en allait pêcher avec son père.
Puis toujours comme les protagonistes de son histoire, ses parents divorcèrent.
Il partit vivre en Californie avec sa mère.
Son père, avec insistance, lui proposa de venir passer une année avec lui.
David refusa, préférant rester avec sa mère en Californie.
Deux semaines plus tard... son père se suicida.
Lorsque vous débutez le roman, vous ne vous étonnez donc pas d'avoir alors affaire à un fils de treize ans, Roy et à son père Jim, d'un âge non précisé, instable, dépressif, divorcé de la mère du jeune homme... qui vit en Californie... et qui est venu passer une année avec ce père fragile et dangereux sur une petite île inhabitée de l'Alaska.
C'est du copier-coller autobiographique... sauf que l'enfant a accepté dans le roman ce que le fils a refusé dans la vraie vie.
Introspection ? Analyse ? Catharsis ? Quête de sens ? Recherche de résilience ?
Débute alors, dans la première partie un huis clos à la Stephen King, où le père pourrait être un Jack Torrance version David Vann, et Roy un Danny un peu plus ado et pas doté d'une "extralucidité fantastique".
Tous les ingrédients du frisson, du suspense, de la menace, de la peur, du drame annoncé sont réunis.
Deux êtres qui n'ont, a priori, rien à faire ensemble, se retrouvent sur une île déserte.
L'adulte est plus immature que son fils.
Le fils n'a pas encore les armes ( aucun jeu de mots... ) pour servir de père à cet homme-enfant... qui a mal anticipé leur séjour... la radio ne marche pas, ils sont insuffisamment outillés, le père est un bricoleur du dimanche... à peine arrivés, un ours saccage et dévore le peu qu'ils ont.
Roy n'a pas les armes pour faire face à cet homme qui passe ses nuis à sangloter, à geindre, à se plaindre et à se raconter à ce gamin de treize ans.
Roy n'a pas les armes pour empêcher ce père de chuter d'une falaise... surtout lorsque cette chute ressemble davantage à un saut qu'à une glissade...
Roy n'a pas les armes pour empêcher ce père qu'il surprend au retour d'une promenade d'appuyer sur la détente d'un pistolet dont le canon est collé à sa tempe... pistolet qu'il donne à son fils avant de s'enfuir...
Je ne vous en dis pas plus... ce serait dévoiler ce qui ne doit pas l'être.
Si la tension, le noir sont omniprésents, il ne faut pas faire l'impasse sur l'hommage rendu à la nature, belle, sauvage, indifférente... car "intemporelle".
La faune, la flore... tout est prétexte pour l'auteur à témoigner son amour, son admiration et son respect à ce sur quoi vit l'homme, ce qui lui permet de vivre, parfois au péril de sa vie... mais une nature qui pourrait fort bien se passer, elle, de cette présence nuisible qu'est l'homme.
Le père est un raté qui fuit sa vie, une vie à laquelle il n'arrive pas à faire face. C'est un manipulateur dépourvu de remords, un menteur, un rêveur qui rêve une vie qui a peu à voir avec le réel. C'est un infidèle qui ne peut se passer des femmes, y compris des prostituées.
Et pourtant ce pleutre de la pire espèce est désespérément en quête d'amour.
Tout comme son fils Roy venu sur cette île pour retrouver les souvenirs de son enfance ( pour rappel, il est né comme l'auteur en Alaska ), une enfance qui a débuté dans les décors grandioses de ces paysages sauvages et préservés.
Une enfance heureuse jusqu'à ce que son père ne la gâche.
Il est venu sur cette île pour comprendre ce père "inconnu", pour l'aider et s'en faire aimer.
En dehors du fait qu'il faut éviter de lire ce genre de bouquin dans une période de "bas", ce qui a retenu mon attention, c'est la dichotomie entre le souci du détail apporté par l'auteur à tout ce qui a trait à la nature... aux arbres, aux plantes, aux rivières, à la terre, aux animaux... poissons, oiseaux etc... aux objets... j'avais par moments l'impression de lire un mode d'emploi quand il s'agissait de monter une ligne, de fabriquer des planches, un abri pour stocker la nourriture... et l'absence totale d'identification physique des personnages.
L'auteur ne nous les décrit jamais... jamais.
Sont-ils grands, moyens, petits, minces, gros, beaux, moches, quelconques ?... la couleur de leurs yeux ne nous est pas divulguée... pas davantage celle de leurs cheveux...
Ils peuvent saigner, se fouler une cheville, avoir chaud ou froid, faim ou soif, avoir envie d'aller au fond de la cabane du pêcheur, éprouver le besoin de se masturber, avoir envie de faire l'amour, être propres ou puer... c'est tout ce que David Vann consent à nous livrer de leur image... juste des corps qui éprouvent et qui sont éprouvés.
En revanche, beaucoup nous sont confiées des 60 000 idées qui traversent leur esprit chaque vingt-quatre heures de leur vie.
Une césure donc entre le fatras de leur cerveau et ce corps impérieux, despotique et si misérable au final.
J'ai aimé ce divorce sans consentement mutuel entre le corps et l'esprit.
Pour conclure, une lecture éprouvante que je ne regrette pas.
Une plaie qui n'en finit pas de puruler, et les dernières lignes qui vous feront penser ( si vous l'avez lu ) à un roman très connu de Jack London.
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J'ai rarement été aussi indifférent envers une lecture. Un simulacre de critique envers les pères démissionnaires, une carence complète de style, des personnages creux et une intrigue engourdie dans un tragique de mauvais téléfilm...
La 4ème de couverture annonçait un cauchemar, un suspense insoutenable, mais tout est si conformiste et inconsistant que, selon moi, l'unique qualité de ce livre est de démontrer qu'il ne suffit pas de surprendre pour captiver.
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Original et surprenant, voici un court roman qui ne laisse pas indifférent et qu'on n'oublie pas. Jim et son fils Roy, treize ans, s'installent pour passer une année seuls dans une cabane posée sur « une île isolée au sud-est de l'Alaska, au large du détroit de Tlevak dans le parc national de South Prince of Wales ». Tout près de nulle part et à proximité de…rien. Ca fait rêver, non, une année en tête à tête avec son fils face à la nature somptueuse ?
« Tandis qu'ils survolaient les lieux, Roy observait le reflet de l'avion jaune qui se détachait sur celui, plus grand, des montagnes vert sombre et du ciel bleu. Il vit la cime des arbres se rapprocher de chaque côté de l'appareil, et quand ils amerrirent des gerbes d'eau giclèrent de toute part. le père de Roy sortit la tête par la fenêtre latérale, sourire aux lèvres, impatient. L'espace d'un instant, Roy eut la sensation de débarquer sur une terre féerique, un endroit irréel. »
On admire le paysage idyllique, comme un jeune saumon on frétille de plaisir en s'imaginant respirer cette nature resplendissante, mais, soyons clairs, on se doute très vite que le temps va se gâter.
On sent que les difficultés vont aller crescendo, que l'hiver, en Alaska, arrive très vite et qu'il sévit longtemps. On comprend que le père n'a pas l'expérience des trappeurs qui ont fait la légende de ces contrées, certes magnifiques par beau temps, mais le plus souvent sauvages et inhospitalières. Il improvise un peu, beaucoup, beaucoup trop. Sa santé mentale ne semble pas tout à fait au beau fixe. Son fils s'inquiète, il regrette d'avoir cédé au caprice de son père, il n'a qu'une envie, celle de rentrer chez sa mère le plus vite possible et on ne peut lui donner tort. On tremble à chacun de leurs pas dans la forêt. Ils se perdent dans la brume et échappent de peu à la mort. Finalement, pêche et chasse sont bonnes, les provisions de viande et de poisson vont pouvoir être fumées et stockées à l'abri des ours. L'hydravion qui s'est posé quelques minutes leur a laissé une nouvelle radio en état de marche, des outils et des provisions supplémentaires. Alors même si la tempête fait rage pendant plusieurs jours, le lecteur commence à souffler. La peur s'éloigne …
Erreur fatale ! En bas de page, de façon anodine, en quatorze petits mots que vous lisez sans en comprendre tout de suite le sens, vous voici électrocuté. Ce n'est pas possible, j'ai mal compris, je tourne la page et oh, mon Dieu, c'est pourtant vrai, les quatorze mots formaient bien une phrase, j'avais bien lu et bien compris.
Tout vient de basculer, vous êtes ahuri, sidéré. Je n'en dis pas plus. Les pages suivantes défilent jusqu'à la fin à un rythme plus que soutenu. C'est inoubliable et, ce qui ne gâte rien, bien écrit dans un style agréable fait de phrases courtes avec de belles descriptions de paysages et d'émotions.
« Il sut alors que Roy l'avait aimé et que cela aurait dû lui suffire. Il n'avait simplement rien compris à temps. »
PS. Message personnel à mon fils (il lit peu, débordé, vous savez ce que c'est, donc peu de risques qu'il ait lu ce roman) : « Dis donc, Christophe, quand est-ce qu'on se fait une semaine d'immersion nature : Amazonie, Laponie, Islande ? Dis-moi. » Je sais déjà ce qu'il va me répondre : « Ca va bien se passer ».
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Sukkwan island est un court roman noir nous narrant une inéluctable descente aux enfers d'un père et son fils, vivant dans le huis-clos de la nature sauvage de l'Alaska.
Mon attention avait été attirée par les commentaires unanimes relevant le caractère dérangeant ou nauséeux du livre, pas recommandé les jours de grisaille et interdit aux dépressifs... Je ne peux qu'effectivement confirmer que ce livre ne fera pas naître de vocation pour partir vivre dans une cabane au fond des bois...
Ce livre secoue sur le moment, et à coup sûr vous laissera une trace.
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Sukkwan Island est la promesse d'un nouveau départ pour Jim et son fils de treize ans, Roy. C'est également l'occasion pour ce père de famille divorcé de faire le point sur sa vie et de renouer avec son fils un lien brisé depuis longtemps… Ils ont décidé de passer ensemble une année sur cette petite île coupée du monde, située au sud de l'Alaska et que l'on ne peut rejoindre qu'en bateau ou en hydravion.

Mais dès le début, quelque chose cloche dans ce projet fou… Malgré l'enthousiasme un brin forcé de ce père, le manque flagrant d'organisation, l'absence du matériel adéquat pour aménager leur parcelle et certaines initiatives désastreuses laissent présager le pire… Dans un cadre majestueux et néanmoins hostile, ce père et son fils vont découvrir à leurs dépens que le danger n'est pas toujours tapi où on l'attend…


Après avoir dévoré « Désolations », « Impurs » et « Dernier jour sur terre », je m'en doutais déjà, mais « Sukkwan Island » me le confirme : David Vann est fou ! ou peut-être dépressif… A moins qu'il n'aime pas les hommes ? Toujours est-il que, si vous chercher de la lumière dans ses romans, passez votre chemin, vous n'en trouverez pas une once ! Ne règnent en maîtres que le désespoir, la folie et à quelques occasions la perversité ! Espérons que ce ne soit pas contagieux…


Bref, avec ce premier roman de l'auteur traduit en France, couronné du prix Médicis étranger en 2010, je me suis encore pris une belle claque ! C'est confirmé, David Vann n'a pas son pareil pour peindre les tréfonds de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus noir et de plus torturé. Tout y est : une nature hostile et dangereuse, une île pour décor qui se transforme très vite en huis-clos oppressant, un looser dépressif pour nous tirer vers le fond. Alors, si avec ça vous ne sombrez pas, chapeau !

Enfin, j'ai l'air de critiquer, mais en fait (et c'est peut-être du masochisme) je suis fan de cet auteur. J'aime son écriture percutante et ciselée, sa capacité à nous bousculer et à nous surprendre et son obstination à repousser les limites et à aller toujours plus loin. C'est brut, prenant et on en redemande ! Et il paraît que « Goat mountain » est encore pire…
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"Sukkwan Island", de David Vann, est le recit d'un père et de son fils, Jim et Roy, volontairement isolés sur une île sauvage en Alaska. Loin de la civilisation.

L'excursion qui devait renforcer leurs liens se transforme en un cauchemar brutal. L'auteur nous entraîne dans une descente aux enfers, révélant les fissures dans la relation père-fils et explorant les recoins les plus sombres de l'âme humaine.

Le roman de David Vann plonge le lecteur dans la psychologie humaine avec une intensité implacable des sentiment mêlés d'égoïsme et de culpabilité.

La description détaillée de l'environnement inhospitalier de Sukkwan Island sert de toile de fond à l'exploration des thèmes universels tels que la solitude, la survie et la désintégration des liens familiaux. David Vann utilise la nature sauvage comme un miroir de l'âme, où la frontière entre la civilisation et la sauvagerie devient floue.

La structure narrative, souvent non linéaire, renforce le sentiment d'isolement et d'urgence. En effet, les flashbacks, éclairant le passé complexe de Jim, ajoutent des dimensions tragiques à l'histoire.

L'auteur évite habilement les stéréotypes, présentant des personnages nuancés et captivants, mais néanmoins troublants, Jim particulièrement, oscillant entre irresponsabilité, égoïste, empathie et sentiment de culpabilité. de même que la brutalité des événements est contrecarrée par une certaine beauté sauvage de l'Alaska, créant un contraste saisissant qui amplifie l'impact émotionnel.

"Sukkwan Island" est une oeuvre parfaitement réussie, qui défie les conventions narratives et explore les côtés les plus sombres de l'humanité : une méditation puissante sur la fragilité des liens familiaux et la lutte pour la survie dans des circonstances extrêmes.

Cependant, la brutalité dépeinte peut sembler effrayante et l'absence de résolution claire de Jim, qui fait le sel du récit, laisse une empreinte durable, mais peut revêtir, pour certains, une frustration.

La prose de Vann est crue et incisive, parfois jusqu'à l'inconfort, mais cela contribue à l'authenticité du roman.

"Sukkwan Island" offre une lecture psychologie, a priori facile, mais sujette à quantités de réflexions : je retiens essentiellement les sentiments de responsabilité et de culpabilité. Sa puissance émotionnelle et sa capacité à évoquer une réflexion profonde en font une oeuvre très intéressante à la condition d'être disposé à plonger dans les eaux troubles et tumultueuses de la condition humaine.

je recommande vivement ce roman passionnant et captivant.

Bonne lecture.

Michel.
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Dix ans que ce roman a été écrit, lu et critiqué, beaucoup d'encre a donc coulé pour en parler. Je le découvre pour ma part seulement maintenant et je suis conquise. Avec un style épuré et descriptif David Vann amène le lecteur à suivre la descente aux enfers d'un père et son fils de 13 ans. Jim décide de vendre son cabinet dentaire et sa maison pour partir vivre un an sur une île isolée d'Alaska en plein coeur de la nature. Son fils Roy accepte de l'accompagner dans cette aventure. Dés les premières pages on sait et on sent que rien ne pourra se passer normalement. Jim est inconsistant, irresponsable, égocentré et c'est Roy qui se retrouve finalement responsable de son père. Dans une nature hostile, le huis clos devient de plus en plus oppressant. On attend que le drame se produise car, aucun doute, on n'y échappera pas. Lorsqu'il arrive c'est le choc. le cauchemar qui se poursuit nous conduit à la lisière de la folie.
Très belle découverte qui me donne très envie de lire d'autres ouvrages de cet auteur.
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Quel uppercut ! Quelle violence tant psychologique que physique ! Ames sensibles s'abstenir absolument.

Lecture réjouissante quant au style et à la maîtrise narrative mais lecture noire de chez noir pour le récit en lui-même. Jim et son fils Roy partent vivre seuls en mode survival sur une île déserte d'Alaska avec pour objectif de tenir un an. Les enjeux de ce projet sont assez flous ; pour Jim, "mauvais père", le besoin de marcher vers sa rédemption, de réparer ses torts ; pour Roy, treize ans, le besoin de ne pas laisser tomber son père "loser" même s'il est évident qu'il donnerait n'importe quoi pour ne pas se retrouver piégé dans ce qui va vite se transformer en cul-de-sac.

Vivre totalement isolés de la société dans une cabane sans eau ni électricité, ravitaillés tous les trois mois par un hydravion, songer sans relâche à sa survie : bois de chauffage, eau potable, réserve de nourriture, chasse, pêche, cueillette, le tout dans un milieu naturel sauvage clairement hostile, tout cela serait encore jouable si Jim n'avait pas apporté avec lui dans son paquetage ses fantômes, ses regrets et ses actes manqués... sans compter que la communication ne figure pas parmi ses qualités.

Le roman est court mais d'une intensité digne des meilleurs thrillers. La lecture est anxiogène et coiffe son lecteur au poteau plus d'une fois dans des retournements de situation qu'il n'a pas anticipés. Lecture dérangeante, lecture qui hante longtemps une fois le livre refermé. Roman glaçant.


Challenge ATOUT PRIX 2022
Challenge TOTEM
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On était partis pour une histoire de Robinson Crusoé au monde de la neige et du froid, avec ce premier roman de David Vann traduit en français,
On termine dans un drame... qui n'est pas forcément celui qu'on pouvait imaginer…

Ce roman fut muri par l'auteur pendant dix ans, sous différentes versions, puis écrit en 17 jours (Le Monde). Puis, demeura impossible à publier pendant des années, avant de remporter le Prix Médicis en 2010.

Un homme et son fils de 13 ans s'enferment volontairement sur une île au large de l'Alaska pour un an, c'est le projet (du père).
Huis clos dans une nature sauvage qui peut être aussi belle qu'hostile.

Le livre se scinde en deux parties très distinctes dans leur style, et dans leur genre.
Entre les deux, une phrase-charnière, une seule : la dernière de la première partie.
Le drame nous percute alors de plein fouet.
Et retourne le roman.

La première partie est donc celle à laquelle je m'attendais : le récit des astuces et ruses -façon « Castor Junior »- des deux hommes pour se protéger des ours ou du froid par exemple, et pour profiter de la beauté et des ressources alimentaires de la nature. Pas toujours très au point, d'ailleurs.
Comme dans Komodo lu précédemment, Vann excelle dans la description de la Mère Nature qui est vue à travers le prisme des hommes à son contact (grandiose). Aussi bien la mer de Komodo que l'ile de Sukkwann.

La seconde partie est plus surprenante : on pourra trouver qu'il y a « surenchère » dans le drame et dans le sordide...
Mais il me semble qu'on la lit très différemment lorsqu'on sait que l'auteur s'est «plus qu'inspiré» de sa propre histoire, il l'a en fait réécrite : du coup, il s'agit là d'une oeuvre de transformation du réel...
Une oeuvre de « sublimation » en quelque sorte, donc, sûrement à la fois thérapeutique et en tout cas artistique...

Et l'on pourrait se pencher sur les interprétations à donner aux différents événements qui transforment successivement les personnages, psychologiquement et physiquement, en regard à ce qu'a vécu le jeune David Vann dans la réalité.

Impossible d'en dire plus sans spoiler le roman...

Ce roman, facile à lire au début et qui se complexifie au fur et à mesure, virant à la tragédie, peut être difficile à terminer sauf si, comme je le dis plus haut, on y voit une forme de symbolique.

NB : Pour les fans et futurs fans de David Vann, plusieurs petites interviews que je viens de savourer sont disponibles sur le web.
L'auteur y parle par exemple du ressort de la Tragédie grecque qui anime son écriture.
Il dit aussi l'importance pour lui d'exister par l'écriture.

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L'Alaska et ses paysages grandioses loin du monde vous font rêver ?
C'était mon cas aussi avant...
avant la lecture de ce roman cauchemardesque.

Le postulat de départ est pour le moins improbable : un père divorcé, notoirement instable, et son fils adolescent, qui ne partage aucune complicité avec son géniteur, vont passer une année ensemble sur une petite île sauvage, inhabitée et isolée.

«Sukkwan Island» est composé de deux parties bien distinctes, séparées par la survenance d'un événement tragique, qui s'abat d'un coup, comme la lame d'une guillotine, et laisse le lecteur pantois d'incrédulité.

Dans la première partie, on a fait la connaissance d'un père dépressif, égocentrique et peu fiable, auquel son fils, pas vraiment emballé par l'aventure, accorde peu de confiance. Les protagonistes, enfermés chacun dans sa propre solitude, tentent de s'organiser au coeur d'une nature d'une beauté glaciale et hostile. Ce huis clos, écrasant et malsain, suinte l'inquiétude. L'ambiance devient pesante, teintée de rancune sourde et de désespoir. Et la tension laisse clairement présager que la catastrophe est imminente, qui va transformer le mauvais rêve en cauchemar.

La seconde partie, est une fuite infernale et irrationnelle qui plonge le lecteur dans la folie. Une folie pathétique, sordide jusqu'à la nausée.
Le malaise est ici aussi intense qu'il était insidieux dans la première partie.

La fin est un peu faiblarde à mon avis.

Dans ce roman plus noir que noir, tout est à prendre au premier degré. Il n'y a aucune échappatoire.
Je n'y ai trouvé ni morale, ni enseignement, ni même de signification. Mais il faut avouer que la construction est en béton, et que le développement diffuse de l'adrénaline à gogo.
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