Une autre manière de faire un pas de côté, ou plutôt lorsque le pas ne va pas du côté attendu …
La relecture 25 ans après de «
Autonomie et Connaissance, Essai sur le Vivant » de
Francisco VARELA a permis de fixer bien des intuitions mises en pratique depuis lors, et surtout a permis de mieux visualiser ce dont il est question.
Nous croyons maîtriser le Monde et le Connaître alors que nous ne faisons que projeter dans nos recherches ce que nous « attendons » de lui, et surtout comment le manipuler à notre avantage … ce qui est très souvent une bonne chose du fait de « découvertes » mille fois utiles pour une vie meilleure, mais laissant de côté la vraie réalité « interne » aux « choses » … Ce qui explique les ravages que le « Progrès » a commis et sur lesquels nous fermons les yeux tellement émerveillés que nous sommes par notre « Intelligence » … Car chaque fois que nous « intervenons sur les choses » (le Monde, la « Nature ») nous ignorons (volontairement ?) ignorer ce que « pensent » les choses, le Monde, la Nature …
Car tout système de choses, le Monde, la « Nature » pensent, pas comme nous bien sûr, mais ils ont tous une connaissance globale de « ce qui leur arrive », soit par réarrangement à l'intérieur d'eux-mêmes, soit par une modification venue de l'extérieur.
Il faut « penser » les systèmes comme 1) ayant une « frontière » (la peau, les membranes etc mais aussi les limites des groupes, des sociétés, des langages…) permettant de se « reconnaître » comme « autre »* 2) ressentant en permanence tout ce qui « arrive » venant de l'extérieur comme de l'intérieur, et qui apporte une modification, une déstabilisation interne, ce qui équivaut à une « connaissance de soi » 3) capables d'adaptation permanente pour rétablir la stabilité du système, pour éviter de « mourir » (pour les êtres vivants) ou d'éclater comme une civilisation, une société (ou un hôpital, un commerce !). Il faut réellement penser un système comme capable de « se penser » soi-même quelle que soit sa structure (cellule, hôpital, nation, système immunitaire ou nerveux etc etc ) .
Ce qui fait que chaque fois que nous les Homme Modernes nous « créons », que nous intervenons sur le vivant ou sur un groupe, une société sans tenir compte des réaménagements internes liés à cette intervention, nous avons bien des chances de « dépasser les limites » en justifiant notre bévue par un « Mais puisque ça nous rend service -ou puisque ça (leur) montre que c'est moi le chef et que moi je « sais » ! ». Et dépasser les limites n'est que la façon de détruire cette « frontière » qui seule fait que le système peut persister en se pensant comme système !
Ce qui veut dire que ressentir « ce qui se passe entre » est en fait savoir défendre notre « frontière » contre les « agressions extérieures » comme contre les « désordres internes » .
Et cette façon de « se ressentir » a lieu en temps réel, synthétisant à chaque instant tous les paramètres en interaction, et juste comme le montre le Physique Quantique, s'auto-équilibrant par des réarrangements internes instantanés permanents.
Et ce qui veut dire que la « Science » ne voit qu'un côté de la Réalité lorsqu'elle impose sa « Vision des Choses » au détriment de la construction d'une plus grande connaissance de la structure de la « Chose » elle-même. Et elle peut « tuer la Chose » (notre Planète vivante ?) en détruisant la possibilité de ces réarrangements permanents.
*PS important : être « Autre » ne veut surtout pas dire se détourner des « Autres » (ni même les « haïr »), bien au contraire ; mais savoir « composer » avec eux, et savoir que si cet « Autre » (semble) m'agresse(r) c'est parce que ma « frontière » est devenue incertaine et que mon système est en train de mourir par manque de « connaissance de soi-même » (cf Ukraine, immigration, racisme, écologie etc) …