André Varenne et
Lino Rossi (oui, avec un L, pas un T) ont eu la bonne idée de faire sortir Trajan, l'Optimus Princeps (NB) du purgatoire où
Dante l'avait confiné et de le faire parler à bâtons rompus au cours de treize entretiens!
Si la forme est originale et plaisante, le fond laisse parfois à désirer. le saucissonnage des hauts faits du principat au cours duquel l'Empire atteint son apogée n'aide pas toujours à la clarté du propos. Certains aspects de la politique de Trajan ne sont que succinctement évoqués, voire escamotés. Ainsi par exemple, les conséquences de la soumission de la Dacie et l'extraordinaire afflux de métaux précieux qui s'en est suivi dans les circuits de l'économie romaine (comparable à l'or des Amériques se déversant sur le Portugal et l'Espagne après la découverte fortuite de Colomb) sont mal expliqués.
Quand on referme le livre, on reste avec l'impression d'avoir juste effleuré le sujet, ce qui est d'autant plus dommage que les rayons des bibliothèques sont toujours occupés de façon disproportionnée par les éternelles figures, César, Néron, Spartacus et consort.
Heureusement, Nicholas Jackson a récemment publié son "Trajan, Rome's last conqueror". C'est cette très bonne biographie qui permet de rendre à Trajan ce qui est à Trajan. Et c'est donc elle que je préfère.
NB: un enrichissement de sa titulature octroyé par le Sénat en 114 après la conquête et la transformation en province romaine de l'Arménie.