C'est la plus belle gare de France et elle n'a encore accueilli aucun TGV… Les Limougeauds reconnaîtront sans peine leur gare. Pour les autres, il faudra prendre le temps de venir la visiter en corail ou en TER, à moins de vous plonger dans le dernier beau-livre des Ardents Editeurs : «
En gare de Limoges-Bénédictins. Instantanés »
En feuilletant l'ouvrage à sa réception, j'eus la curieuse impression de ne voir que des photos sans légende… Or une lecture plus attentive révèle 3 zones de texte insérées parmi la centaine de photographies, à commencer par l'introduction écrite par le photographe
Fabrice Varieras pour présenter son travail et expliquer combien ce monument l'inspire.
Puis, une quarantaine de pages plus loin, une chronologie indicative de l'histoire de la gare de Limoges, depuis l'arrivée du chemin de fer dans la ville en 1856 jusqu'au tournage du clip publicitaire de Chanel n°5 en 2008. Inaugurée en 1929 dans un style mêlant Art Déco et classicisme, la gare des Bénédictins a surpris - et surprend encore - par son campanile de 60 mètres de haut se détachant d'un immense dôme en cuivre. Bombardée en 1940, partiellement incendiée en 1998, elle a chaque fois refait peau neuve et continue de dominer fièrement la ville.
Enfin, le dernier texte intitulé « Chemins de traverse » laisse place à la verve lyrique de Patrick Mialon qui rend hommage à l'esthétique photographique de
Fabrice Varieras et tente de faire ressentir la magie du lieu. Car « c'est aussi ça une gare : un abri, une oasis provisoire dans l'attente d'un hypothétique paradis. »
L'absence de légendes sur les photos, qui m'avait donc surprise au premier abord, se révèle en réalité très judicieuse. Elle permet d'entrer dans l'image et de se laisser gagner par une émotion, sur le principe des instantanés en titre. le noir et blanc met en valeur les lignes architecturales, les courbes et la perspective, tout en donnant un côté intemporel, voire poétique aux scènes impliquant des passagers. Il permet aussi de capter certains détails, comme le visage des statues ou les roues d'un chariot, que la couleur rendrait criards ou prosaïques. La couleur est néanmoins présente avec succès sur quelques clichés, révélant « le vert métallique des toits en cuivre, le bleu des couloirs et le jaune des piliers, vaste palette polychromique qui confère à la gare de Bénédictins son identité graphique. »
J'ai particulièrement apprécié les prises de vue au soleil couchant, les détails du toit et de l'horloge - inaccessibles au public - ainsi que les jeux de reflets sur l'eau ou à travers l'eau.
Merci à Babelio et aux Ardents Editeurs de m'avoir fait découvrir la gare autrement - et merci tout spécialement à Fanny D. pour le petit mot accompagnant le livre.