La génération 90-2000, traumatisée par l'ingestion d'insipides épisodes de "Walker : Texas Ranger" glorifie un héros indestructible répondant au doux nom de
Chuck Norris.
La génération suivante, moins biberonnée à la téloche n'en a pas moins grillé ses neurones en réifiant feu l'attaquant du club de football de la capitale -
Zlatan Ibrahimovic - en auteur de prouesses surhumaines.
Si la première génération s'extirpe péniblement de ce moment de faiblesse, la suivante en est en réduite à dilapider l'argent familial sur des sites de paris sportifs douteux au lieu de sagement se concentrer pour maximiser les chances de réussite dans les études. Triste époque.
L'époque justement ! 1876 est l'année de parution du
Michel Strogoff de
Jules Verne. Autant vous annoncer la couleur de suite : Michel enterre sans problème ses deux compétiteurs précédemment cités. Ô quelle joie cela dut être de grandir en lisant les aventures épiques de ce surhomme ! Jugez plutôt :
- Michel est grand, beau, fort, intelligent, opiniâtre.
- Michel mange peu, dort une nuit sur quatre et pour quelques heures.
- Michel ne va jamais à la selle.
- Michel pète la gueule des ours de Sibérie armé d'un couteau.
- Michel ne cille pas lorsqu'on lui fouette le visage.
- Michel lacère des traîtres russes à coup de Knout.
- Michel murmure à l'oreille des chevaux.
- Michel a remporté le grand prix de Sibérie, catégorie roulotte russe.
- Michel éblouit le tonnerre et noie les eaux déchaînées des fleuves qu'il traverse.
- Michel est un fils aimant, un patriote dévoué, un frère fait d'un bloc d'airain.
- Michel est un amant du tonnerre, mais ça le roman ne nous le dit pas.
Si vous parvenez à passer outre les qualités de Michel, ou si vous vous en accommodez, vous apprécierez comme moi la lecture de
Michel Strogoff, bon roman d'aventure qui sent bon la pige feuilletonnée avec ses descriptions à rallonge et ses retournements de situation délicieusement télégraphiés. Un classique qui mérite cette appellation.