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EAN : 9782841160013
105 pages
Cheyne (01/01/1996)
4/5   9 notes
Résumé :
Tu m’as demandé ce que j’avais, je n’ai pas pu te répondre. Finalement j’ai pris sur le buffet le papier où on inscrit les commissions et j’ai écrit : “Je ne peux plus parler.” Et je me suis mise à pleurer.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'ascèse du silence.
Des mots simples pour dire les mots qui ne sortent plus.
Elle a perdu la parole,
gardé les mots en elle.
Elle les entend veiller, flâner, murmurer, courir parfois.
Son homme amoureux accompagne son silence d'une présence discrète.
Il lit sur ses lèvres et quand il ne sait pas, il le sent.

La parole serait-elle orgueil, vanité... ?
Des questions surgissent, des souvenirs affleurent.
Un pigeon frappe à la porte, un couple d'oiseaux chante tous les matins.
Elle ne dit plus, n'en pense pas moins.
Consulte un guérisseur : le sang circule mal ; la voix on verra après.
Le silence des églises.
Le chemin de l'âme sourd du vide sonore, du silence plein

Des mots simples, des phrases lumineuses,
une langue épurée, brassage profond.

J'ai lu un livre extraordinaire, gardé une vingtaine d'années,
souvent ouvert,
une poignée de pages survolées,
refermé jusqu'au moment où je serais prêt.
C'était ce matin,
dans la pénombre du jour naissant.
Bonheur indicible.

Je sais à qui je vais l'offrir.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Quelle impression doit-on ressentir lorsqu'on se réveille un beau matin MUET? C'est ce qui arrive à la narratrice de cet ouvrage. Un matin comme un autre, alors qu'elle s'apprête à saluer son mari (ou compagnon, on ne sait pas trop), elle se rend compte qu'aucun son ne sort de sa bouche. Au début, ce dernier se dit qu'elle a du prendre froid et que cela va passer mais le mutisme de sa femme perdure. Elle va donc consulter un spécialiste qui ne trouve absolument aucun syndrome d'ordre chronique. Notre narratrice se fait une raison et apprend à vivre avec son nouvel état.
Livre d'éveil à la connaissance puisque dépourvue de parole le personnage de ce livre est donc bien obligé de faire appel à ses autres sens, comme un bébé qui découvre petit à petit le monde qui l'entoure et s'émerveille de ce qu'il découvre. Livre léger mais très profond car ce qu'on apprend ici, c'est que les mots ne sont parfois que du bavardage et dépourvus de sens, d'où le titre de ce livre Les mots pauvres. Il ne faut pas hésiter à se remettre en question, à faire un travail sur soi-même pour trouver sa propre vérité et se sentir en harmonie avec le monde !
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ma crainte, le jour où la parole me reviendra, de me retrouver devant un nouveau vide. Le vide des mots m'emplissant la bouche avant de s'expulser vers le monde extérieur et que je ne pourrais plus filtrer dans l'intérieur de mon silence.
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"À présent, je n'ai plus besoin d'invoquer l'exceptionnel pour saisir que dans chaque être, aussi démuni soit-il pour oser vivre, il y a cela qui le noue au vivant, cela qui n'est pas toujours à l'image du fleuve généreux, qui n'est souvent que la pierre noire enfouie dans la boue du sous-sol".
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"Mais lire nous aide et nous aliène. Nous voyons surgir les mots qui donnent forme à une exigence à peine germée en nous, mais nous les enchâssons dans trop de lumière : à nouveau, nous sommes aveuglés."
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"J'ai tout de suite paré à l'inconnu. J'ai toujours parlé.
Même quand je ne parlais pas encore.
J'ai toujours su que les mots existaient pour conjurer les peurs".
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Extrait 4
 
 
L’autre matin je me suis réveillée muette. Je ne m’en suis pas aperçue tout de suite parce que j’étais seule dans la chambre. Je me sentais heureuse de la journée à vivre. Emplie d’un sentiment de liberté et de légèreté. Je me suis étirée en bâillant, sans bruit, je me suis levée, je suis allée décrocher un vêtement dans la salle de bains et je me suis dirigée vers la cuisine où je t’entendais chanter. J’ai poussé la porte, je t’ai souri, tu m’as appelée par mon nom, et je t’ai répondu par le tien. C’est-à-dire que j’ai ouvert la bouche, j’ai formé avec mes lèvres les deux syllabes aimées, et aucun son n’est sorti. Tu as ri, d’abord, de me voir répéter ma mimique silencieuse, tu t’es avancé vers moi pour me prendre dans tes bras et tu t’es arrêté. Tu m’as demandé ce que j’avais, je n’ai pas pu te répondre. Finalement j’ai pris sur le buffet le papier où on inscrit les commissions et j’ai écrit : “ Je ne peux plus parler. ”
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