Les Morts ont tous la même peau - Les chiens - Le désir et la mort

Une petite nouvelle qui vous laisse dans la soif comme sait le faire Boris vian avec un court récit pathétique où le narrateur, sous le coup d'un' peine de mort, endosse le poids d'un crime qu'il n'a pas commis. Pour clamer son innocence, le seul témoin est la coupable qui vient d'ailleurs de mourir sans avoir eu le temps de livrer une quelconque information devant mener à éclaircir quelques zones d'ombre dans l'affaire...

Le narrateur est chauffeur de taxi et il est à la veille d'être exécuté. Il raconte les événements qui l'ont mené là et comment son taxi à un jour croisé la route de Slacks, une chanteuse de cabaret portant un pantalon unisexe d'où son nom. Et à partir de ce jour, la vie du narrateur va prendre un virage dangereux, totalement sous l'emprise de cette femme, qui va le conduire à la chaise électrique. C'est une très courte nouvelle, un road-movie érotique et sanglant  dans lequel le narrateur va perdre tout contrôle, envoûtée par cette femme qui a besoin de ses shouts d'adrénaline, allant toujours plus loin, plus vite et plus violemment. Mais lui seul en portera les conséquences.....

Quelle efficacité, réduire à quelques pages un basculement de l'état d'homme ordinaire à la vie ordinaire et bien réglée à une sorte de compagnon d'équipée sauvage, partagé entre fascination, horreur, soumission et effroi..

Toujours cette écriture sèche, saccadée, réduite à sa plus simple expression  et toujours cette ambiance nocturne de New-York, des quartiers louches. Vernon Sullivan alias Boris Vian n'y va pas par quatre chemins : c'est sans détour, c'est direct, on plonge dans les virées nocturnes de sexe, de vitesse et de violence gratuite, sans état d'âme ni sentiments, uniquement pour le piment, pour le plaisir, avec une prédestination pour les milieux de la nuit, des boîtes de nuit, des bars......
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Il n'est pas exclu que Boris Vian ait été dépassé par la mécanique du racisme en la dénonçant. Une époque où la colonisation était encore présente en France et fortement ancrée dans les mentalités. Les critiques haineuses dont il fût l'objet, celles des médias, la jalousie littéraire en berne, des auteurs acharnés à pourrir sa vie et son oeuvre toute entière. Ses ennemis connus privés de l'avant-gardisme de Boris Vian, un renouveau précurseur d'une autre littérature. Ce n'est qu'après sa mort précoce suite à un arrêt cardiaque provoqué par l'acharnement des critiques que la jeunesse lui a rendu son honneur. Découvrir, ou re-découvrir Boris Vian, font aussi apparaître, réapparaître les stigmates de la différence, le rejet de l'autre, la peur de l'étranger. Un passé historique aux relents nauséabonds, hélas en passe de résurgence.