AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,52

sur 206 notes
5
5 avis
4
10 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
0 avis
Si je reconnais une fois encore L'Absolue Perfection du… style de Tanguy Viel, contrairement à ses deux livres lus précédemment, je n'ai pas été sous le charme de celui-ci – surtout si je compare à l'extraordinaire Article 353 du Code Civil, auquel je repense souvent avec des frissons d'émotion.

Oui, voilà, c'est exactement cela : un style parfait, mais pas le frisson d'une émotion.

Ni la sidération du rire, comme devant la folie maniaque du narrateur de Cinéma, ni la compassion intense, l'empathie totale avec son vieux breton floué et homicide de l'inoubliable Article 353.

Pourtant l'histoire, pathétique - un casse calamiteux ourdi sans y croire par une bande de gangsters à la mie de pain- avait de quoi attendrir ou faire rire -jaune. Et Viel y décline ses classiques : des héros border-line dans des décors tristes et marins.

Mais rien ne fonctionne vraiment.

Certes, on retrouve la rade, les estaminets embrumés , les rochers granitiques, la pluie entêtante, bref le Finistère brestois cher à l'auteur, mais travesti, ici en simili côte d'Azur avec casino et corniche. Ce casino écrit en lettres rouges sur le paysage brouillardeux surligne un décor en papier peint comme les titres du Canard enchaîné les escroqueries du moment...

Et le décor triche, me semble-t-il, autant que les personnages : l'amitié "virile" entre Marin et le narrateur, jamais loin du coup de poing fraternel dans la gueule (amitié dont le code d'honneur exempte pourtant des visites en prison), ces trahisons réglées à coups de pétards dans le train, l'opéra ou le parking sentent la mauvaise série B…

La « Famille » pitoyable autour de l'Oncle moribond -elle va mourir, la Tata…pardon, c'est un peu facile, ça m'a échappé !-, l'expert italien, ce faux-jeton de service dont même les conseils-en-casse ont l'air faux comme une pièce de treize francs, rien ne tient vraiment la route : même un mauvais polar n'en voudrait pas…

C'est que l'intérêt doit être ailleurs, me direz-vous. "Le style, le style, vous dis-je !!" Eh bien, s'il n'y a que lui, on reste sur sa faim..

Le style tout seul , encore faut-il que le récit en reçoive cohérence et finalité (et visez un peu la belle anacoluthe que je vous ai faite rien que pour vous !). Les purs exercices de style ont leurs voltigeurs: Queneau, Perec, Prévert...dur, dur de rivaliser avec eux!

Mon impression est que Tanguy Viel n'a pas su sur quel pied danser : chausserait-il le cothurne tragique ? ou le brodequin comique? Faute d'un choix clair , le récit en est réduit à clopiner...

Bref, je n'ai pas eu envie de rire, comme dans Cinéma, ni n'ai eu le coeur serré de tendresse et de fraternelle compassion comme dans Article 353…

Juste trouvé cela bien écrit. Très bien écrit.

Mais je me répète, et nous voilà rendus à mon début. L'absolue perfection du cercle vicieux, en somme.

















Commenter  J’apprécie          292
Plus qu'un roman policier, j'ai trouvé dans ce roman magnifiquement écrit une véritable analyse de ce qui fait les "caïds". Trois d'entre eux forment une "famille" : Marin, Andrei, Pierre, avec l'Oncle et la Tante ( le sont-ils vraiment?) Et puis il y a Jeanne. de sortie de prison en hold up, Tanguy Viel ne les lâche pas une minute.
Commenter  J’apprécie          210
Ici, perfection de par l'envoutement crée grâce au rythme, bien qu'au début j'ai attendu qu'il prenne mon âme et mes tripes et il y parvient un peu avant la moitié du récit. Et d'une traite je ne peux m'arrêter de la lire cette sorcellerie jusqu'au dernier mot. Pourtant c'est juste l'histoire d'un braquage.

Ce qui m'a frappé : la transformation du personnage principal, au départ je le pense en dépression, passif. A la fin c'est un être survolté, dangereux.
Parce qu'il ne veut rien lâcher et se venger, la belle affaire en apparence, en gros des sous mal acquis et la tournure que prennent les événements lui font perdre le sens commun. Je ne m'y attendais pas. Viel montre à merveille comment l'argent peut rendre dingue en fait. Là réside ce que je n'attendais pas, je me disais ils vont parvenir à faire ce casse sans trop de mal et je me disais « les méchants » s'en tireront bien vu leur état qui fait pitié au début de l'histoire …
Mais Mr Viel voit les choses bien autrement.

Monsieur Viel Tanguy, a ce talent et ce style de la juste phrase qui défie l'indifférence. le rythme haletant de la fin du récit fait penser à une lutte caractérielle sans fin. Deux boules de nerfs littéralement décrites, fascinantes.
J'ai pensé alors à la fin du film Heat avec Deniro et Paccino ou chacun campe sur ses positions. le succès, le crime est là, accomplit. Parfait prêt à être lu et relu.

Pour l'histoire, un casino, un plan, quelques hommes taiseux agissant, peureux mais efficace, une femme, belle mais trop absente, du cognac, la mer immense, une route sinueuse, l'éternité pour y penser, le butin, un directeur coincé, des insultes, une violence assourdie par l'appel contraire de ne pas faire de mal, l'ennui avant l'action, la stupeur, des surprises, un juge. Tout cela dans un ordre inédit, anti-chronologique, c'est là un des astuces de Mr Viel.

Une certitude après avoir fini cette lecture : l'argent mal acquis sépare les êtres.

Découvrez, lisez, relisez, Mr Viel avec plaisir, c'est une promesse de suspens tenue à chaque fois.
Commenter  J’apprécie          201
Quatrième ouvrage que je lis en peu de temps il est vrai, de cet auteur que j'ai découvert en fait par hasard, en regardant le film Paris-Brest, adapté de son roman, diffusé sur Arte replay il y a peu. Emue par le film, je me suis précipitée sur l'oeuvre de l'auteur, en ai pris quatre d'un coup et je vais de déception (le livre par rapport au film est d'un ennui et d'une banalité), en ennui et en rigolade monumentale.
L'Absolue perfection du crime procède davantage de la rigolade que de l'ennui. Quoique cela puisse paraître surprenant, ce bref roman est en effet une comédie burlesque.
L'écriture est aussi toujours à la va vite, "j't'écris comme j'te parle".
Les personnages sont courus d'avance, l'histoire, le suspense si l'on veut, comme la ponctuation, très aléatoire, en conséquence le seul intérêt de cette lecture c'est de prendre les personnages pour des charlots, complètement zinzins, des bouffons, des comiques, de lire cette centaine de pages rapido presto, d'éclater de rire et d'aller se promener au grand air frais.
Commenter  J’apprécie          122
L‘absolue perfection du crime.

Sont-ce les Éditions de minuit qui forgent leurs auteurs ? Sont-ce les auteurs qui se glissent dans le fourreau hyper intellectuel de l'éditeur ? Toujours est-il que le ton semble toujours le même de Duras à Yves Ravey( (enlèvement avec rançon) en passant par Tanguy Viel dont j'ai aimé « Cinéma » et « Paris Brest »

Pierre, narrateur interpelé une seule fois dans le roman est l'ami et le complice de Marin. Ces deux-là ont l'affection violente. Une amitié à coups de poing dans l'estomac. Deux gangsters de Brest affidés à l'Oncle, mourant organisateur de « casses » et vaticinateur. C'est lui, l'Oncle qui prédit « L‘absolue perfection du crime »

Marin retrouve la liberté après trois mois de prison. Pierre n'est pas venu le voir au parloir. Coup de poing. La femme de Marin est venue. Coup de poing. Je t'aime. Coup de poing.
Avec l'Oncle, ils décident de braquer le Casino de Brest (S'il existe ailleurs que dans les vagues de l'imaginaire). Un coup bien préparé, avec Andrei et Loucho et Jeanne, la femme de Marin.

Pierre a des doutes. Marin a des ascendants sur Pierre. Une sorte de sensualité sans désir qui les provoque mutuellement. Quelque chose qui durerait jusqu'à la mort.

Acte un on prépare. Acte deux on accomplit. Acte trois on partage.

Avec des phrases bancales, tordues de romantisme retenu, Tanguy Viel nous transmet une incroyable confusion des sentiments.

Essayez celle-ci : « Martin surtout, toujours, il semblait grandi de ce que ce corps entrevu chaque semaine, cette ruine de chair et d'os faisait office de passerelle avec le siècle d'avant. 1899, et marquait un silence si net après prononciation qu'on ne pouvait s'empêcher de détourner vivement le regard à force que l'arrêt dans sa bouche à lui, plus court il était, plus pesant alors. » Une vraie torture mais tellement chargée de détresse.

Évidemment dans la vraie vie, les braqueurs n'ont pas d'éducâtion. Ils n'ont pas lu les livres et ne savent pas ce qui au fond d'eux-mêmes les conduit à vivre et à mourir, en marge. C'est toute la subtilité dangereuse de l'intellectualisme. Mais il en faut et je suis comblé pour ma part, par le discours abscons et lumineux de ce jeune homme de 27 ans.

Commenter  J’apprécie          102
Après le Black Note et Cinéma, L'Absolue Perfection du Crime, constitue une sorte de synthèse des problématiques envisagées jusque là par tanguy Viel : celle de la représentation du réel et celle du remaniement d'une représentation déjà existante. Ce troisième roman fait appel
à un grand nombre de références cinématographiques, et si les personnages ne semblent pas cette fois se présenter comme des cinéphiles, ils n'en seront pas moins conduits à préparer leur
casse à la manière de réalisateurs ou à rejouer leur coup devant le juge comme des acteurs. le cinéma se place peu à peu non plus en référence, mais en matière même du livre : l'allusion à des scènes cultes d'Hitchock, de de Palma ou de Godart, la reproduction de plans de caméra et la présence d'écrans et d'instruments visuels convergent vers un résultat inédit d'adaptation du genre cinématographique en littérature.
Par ailleurs, le traitement symbolique de l'espace (les deux côtés de la rade de Brest et seuil marqué par le pont), les personnages-types et le problème omniprésent de la parole (plus précisément de la prise de parole) sont remarquables dans l'Aboslue Perfection du Crime.
Commenter  J’apprécie          100
"L'absolue perfection du crime" plonge dans un autre genre famille, un gang local. L'oncle est respecté comme un parrain mafieux et cela arrange bien Marin qui l'écoute dispenser les codes d'honneur de la tradition truande, Marin qui sort de trois ans de tôle et qui poursuit une revanche, un grand casse, un casino. L'oncle commande, lui décide. le truand qui rapporte l'histoire est un exécutant, il voudrait décrocher, il n'ose pas, peur de Marin, obéissance aux usages passés. Mais pourquoi ce besoin de fatalité, pourquoi faut-il continuer ce qui pourrait devenir leur ruine ? Il est las de tout cela.
Trois volets impeccablement huilés tentent d'inscrire dans le roman la force narrative du cinéma. Si cela sera jamais possible. Nombreuses références à des films cultes, Tarentino, Milestone, Hitchcock. Longue scène d'action dans la troisième partie, avec une course-poursuite et un duel qui, à mes yeux, moi qui ne prise pas cela au cinéma, déroute le lecteur que les deux premières parties du récit ont séduit par une patte, une finesse de ton qui insinue par la bande relations de dépendance et ambiances. La référence du cinéma oblige les écrivains à se trouver autrement pour tenter de rendre le présent de l'écran et Viel est de ceux qui essaient de s'approprier cet élan nouveau. D'où une narration qui s'affole, tente de rendre le moment complexe comme une image et forcément n'arrive pas à tout dire.

Tout s'étiole dans ce récit, les personnages comme l'environnement d'un port qui rouille sous les brumes et les embruns. Je tiens à citer l'excellent compte-rendu de Pauline Franchini et Marie Chassagne sur le blog "Écritures contemporaines": «Plus encore, ce décor par­ti­cu­lier pour­rait repré­sen­ter, méta­pho­ri­que­ment, le sen­ti­ment des auteurs contem­po­rains qui arri­vent sur une scène lit­té­raire où le moment de confiance a dis­paru, et où ne rési­dent plus que doute et désillu­sion. Cette impres­sion d'un monde de l'après est doublé par la récur­rence de motifs anciens, tra­gi­ques, ou de scènes de film déjà tour­nées.»

Le temps générateur de lassitude s'exprime en leitmotiv, le retour de la prison, le casse à jamais recommencé, les aller-retour rituels chez l'oncle puis la tante, l'incessant et insoluble paradoxe amitié-haine qui transcende la fin du thriller.

Roman singulier et élaboré, malgré une apparente simplicité. Que vous ayez ou pas des affinités avec l'écriture contemporaine, Viel est le terrain idéal pour s'y aventurer.
Lien : http://www.christianwery.be/..
Commenter  J’apprécie          80
C'est le deuxième livre de Tanguy VIEL que je lis et je ne suis pas déçue. En 1 heure pour ma part, j'ai terminé la lecture.
Trois caïds plus un nouvel entrant dans le groupe. Une femme en complémentarité à qui on attribue une mission. Je n'explique pas le titre car on a la signification dans le livre. En effet, avec l'intitulé du bouquin on peut imaginer beaucoup de choses. En quelques mots : bandits, femme pour divertir, trahison et une fin logique.
Commenter  J’apprécie          60
une écriture sans dialogue.....qui m'aura demandé quelques pages d'adaptation ( c'etait mon premiere livre de cet auteur) et puis, l'histoire a tout emportée.Le coeur de l'histoire est bien le comportement des personnages pris dans une spirale dont ils savent qu"'elle va les emporter mais dont ils ont incapables de sortir.....sans être un livre violent, la violence est sous jacente et elle "perle" par moments....pour être l'issue finale. Beaucoup de malheur et pas beaucoup d'espoirs finalement .....
Commenter  J’apprécie          60
Toujours dans mon opération "Descente de la Pal".
Ce roman est dans ma bibliothèque depuis 8 ans je pense. J'ai fait une tentative pour le lire mais le style, certes impeccable, maîtrisé, nourri, construit, place toute émotion ou attachement aux personnages à distance.
J'enchaînais donc la lecture de chaque phrase comme autant d'exercices de syntaxe, de punchlines potentielles sans arriver à construire dans mon esprit une histoire nourrie.
Pourtant les histoires de gangsters et de "famille" au sens élargie du terme ont le don de me faire vibrer. Mais ici, je suis restée à côté et j'ai fini par fermer ce petit livre qui, j'en suis sûre, trouvera de meilleurs yeux que les miens pour l'apprécier dans une boite à livres.
Commenter  J’apprécie          52




Lecteurs (433) Voir plus



Quiz Voir plus

La fille qu'on appelle

Quel sport Maxime Le Corre pratique-t-il ?

La boxe
Le judo
La lutte

12 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : La fille qu'on appelle de Tanguy VielCréer un quiz sur ce livre

{* *}