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sur 2991 notes
Ce roman raconte l'itinéraire parallèle de deux personnages en souffrance, Mathilde et Thibault. Elle est victime de harcellement moral dans son entreprise, Lui vient de quitter la femme avec laquelle il vivait. Ces deux êtres, qui peut-être se rencontreront un jour (il faut attendre la fin du roman pour le savoir), ont pour point commun de souffrir d'isolement. le projecteur est plus souvent braqué sur Mathilde, que nous suivons dans sa dégringolade professionnelle, jusqu'à ce ce jour où tout vole en éclat... Personne ne semble pourvoir l'aider, pas même la DRH, compatissante mais impuissante, "le cul entre deux chaises", au regard de son poste. Thibault, fragilisé par une séparation qu'il vit mal, ne supporte plus la misère humaine à laquelle il est confronté chaque jour dans une ville déshumanisée...

Delphine de Vigan ne raconte pas des histoires très gaies et se penche dans ses écrits sur les maux de notre société. Dans ce roman, J'ai trouvé qu'elle décrivait judicieusement le monde de l'entreprise, un univers qui peut se montrer impitoyable quand la machine dérape. On a tous en mémoire les drames tristement célèbres de France Télécom ou de la poste. C'est un livre qu'on ne peut lâcher, tétanisé par l'angoisse communicative de Mathilde et de Thibault, qui va crescendo. Cette histoire, très pessimiste il faut le reconnaître, donne à réfléchir sur les rapports humains dans le monde du travail et dans la société, en général.

Un bon roman !

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Ici, pas de batailles héroïques, de héros qui sauvent le monde, d'érudits qui découvrent quelque chose de révolutionnaire. Non, juste deux personnes, une salariée Mathilde et un médecin Thibault, deux âmes vivantes mais écorchée, vidée, acculée par un monde indifférent mais ravageur. C'est incroyable comment l'être humain est à la fois si fragile et si résistant. Mathilde endure toute les pires horreurs, celle des non-dits, des mensonges, de l'hypocrisie, du mépris hiérarchique. Dans le monde rigide de l'entreprise, il n'y a pas d'insultes frontales, pas de cris, pas de gifles. La douleur physique n'existe pas, juste morale. On ne cherche pas à vous faire du mal. On vous ignore, on ne reconnait plus l'humain qui est en vous. Il faut faire semblant. Respecter les règles tacites. Un bonjour souriant. Un remerciement touchant. Une motivation inébranlable. Sinon gare à vous !
Mais ce roman ne fait pas de l'entreprise un lieu infernal pour autant, bien au contraire, Mathilde elle-même le sait, c'est aussi une machine à faire revivre, c'est par elle que Mathilde a repris goût à la vie. Et même quand son supérieur l'a foutu dans cet infâme bureau, l'espoir (gâché!) d'une mutation lui fait imaginer une multitude de choses. le bonheur, cela tient aussi à cela, une imagination qui s'emballe, qui fait espérer. On hurle avec ces gens là. Ils hurlent intérieurement. Car ils ne savent plus crier à la face du monde. Comme pour pleurer ! C'est un roman où apparait souvent le verbe pleurer. Et pourtant, l'acte du pleur ne sera jamais décrit. On se raccroche à n'importe quoi. A une carte de WoW même, pourvu qu'on trouve un sens à une situation idiote. Et en trame de fond, la Ville, inextricable, tentaculaire, valétudinaire. Ce lieu où la nature n'a aucun droit, et où l'homme y a fait son nid. Bref, ce roman est une excellente surprise.
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Un livre magnifique et vrai.

Au-delà du harcèlement moral en entreprise ou de l'anonymat dans la grande ville, ce livre parle avant tout de la difficulté de vivre dans notre monde exigeant, difficile et parfois cruel, de la solitude, de ces moments d'épuisement où même les actes les plus anodins paraissent insurmontables...

Les deux personnages sont attachants, ils résonnaient fortement en moi, j'avais l'impression de les comprendre :
Mathilde, sa situation professionnelle pourrie, la honte qu'elle ressent et qui l'empêche de parler plus tôt, pourquoi c'est plus difficile pour elle de gérer l'attitude mesquine et sournoise de son chef que de se relever après la mort de son mari 10 ans plus tôt, l'amour de ses fils qui essaient de la protéger...
Thibaud, sa fatigue, son refus de cette relation amoureuse bancale, son désenchantement face à un métier qui ne lui permet pas réellement d'aider ses patients et où il passe 1/3 de son temps à chercher un stationnement, sa persévérance malgré tout, sa révolte aussi devant Lila qui ne l'aime pas, sa sensibilité qu'on ressent tout le temps...

Je rêvais donc pour eux d'une happy end, pour qu'ils puissent enfin poser leur fardeau et goûter un peu de douceur. L'auteure n'a pas choisi cette option, peut-être parce qu'elle la trouvait trop facile.
Mais elle a glissé quelques notes discrètes d'espoir, ça et là : le Défenseur de l'Aube d'Argent, la gentillesse de la collègue ou du patron du bar, les projets de Thibaud pour le week-end. Pour moi, elles sont capitales dans un récit par ailleurs très sombre.
Sinon, vraiment, notre monde est trop déprimant, et je refuse de croire ça !
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Une journée parisienne dans la vie d'une femme et d'un homme qui ne se connaissent pas. Deux histoires parallèles...
Lui, c'est Thibault, médecin urgentiste. Il vient de quitter Lila qu'il aime profondément mais dont l'indifférence le fait souffrir depuis trop longtemps. On accompagne sa journée harassante de médecin, il ne cesse de côtoyer la misère, la détresse humaine.
Elle, c'est Mathilde, la quarantaine, elle élève seule ses trois fils. On lui a prédit qu'en ce 20 mai, elle ferait une rencontre. Elle a en effet consulté une voyante parce qu'elle est à bout, nerveusement épuisée. Depuis près d'un an, elle est rongée par les insomnies, minée par son travail et la pression que lui fait subir son supérieur hiérarchique.
Inexorablement, elle s'enfonce, elle se noie, sans requérir l'aide de personne. le harcèlement moral va crescendo. Heureusement il lui reste l'amour de ses enfants, les paroles d'une collègue compréhensive, le soutien (tardif) de la DRH...
Tous deux semblent sur le fil du rasoir, parvenus à un point de non-retour : "Il arrive un moment où le prix est devenu trop élevé. Dépasse les ressources. Où il faut sortir du jeu, accepter d'avoir perdu. Il arrive un moment où l'on ne peut pas se baisser plus bas." (p. 282)...
Voilà un beau roman fort, très émouvant, poignant. On le lit le coeur serré avec un sentiment de révolte croissant. J'ai été touchée par le courage de cette femme qui va travailler coûte que coûte, et bouleversée par la cruauté du supérieur qui la harcèle de manière insidieuse...
Delphine de Vigan est une auteur que j'apprécie beaucoup, son écriture est douce même lorsque le sujet est violent, comme ici. Elle sait se renouveler de livre en livre. J'ai particulièrement aimé "No et moi" et "Jours sans faim", un peu moins "Les jolis garçons" et "Un soir de décembre".

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J'ai emprunté la version audio du roman à la médiathèque : un choix par rapport à l'auteure uniquement. Je ne savais pas ce que j'allais écouter.
Et très rapidement au début je me suis dit qu'il devrait y avoir des avertissements sur les livres, comme sur les films. Une partie du récit traite du harcèlement moral en entreprise, et pour l'avoir vécu, j'ai été très touché. Peut-être trop touché. J'ai eu beaucoup de mal à poursuivre l'écoute. Je comprenais trop bien ce que vivait ce personnage, je savais trop bien les fonctionnements de ce type de méthodes douteuses. Mais en même temps, j'ai trouvé le ton tellement juste, tellement vrai.
Au final, même si j'ai été très remuée, par cette écoute, j'ai beaucoup aimé ce roman qui est totalement ancrée dans notre réalité du 21ème siècle. Serait ce un roman Naturaliste, un peu comme Zola l'a fait en son temps ?
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Encore un magnifique livre de Delphine de Vigan qui décrit là deux détresses psychologiques classiques de nos sociétés à savoir la souffrance au travail et la solitude amoureuse au coeur d'une ville souvent hostile.
Le sujet, très moderne, est très bien servi par une écriture à la fois concise et vivante.
L'agressivité, la violence, la solitude, la détresse humaine sont dépeints avec des mots simples et percutants. le harcèlement moral y est extrêmement bien traité.
On s'attache aux personnages, à leur histoire, à leurs blessures... et puis on les abandonne comme ça. le roman terminé, le lecteur a pris "une claque"
C'est fort, intense et très bien décrit.
Pas de mélo, pas de pathos, pas de happy end.
C'est superbe.
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Mathilde s'enfonce dans une impasse professionnelle qui la broie, tandis que Thibault se heurte jour après jour à l'impossibilité de vivre sans Lila qu'il a quittée car elle ne l'aime pas. Deux désespoirs parisiens. Mathilde et Thibault se battent pour ne pas craquer, elle dans un bureau - pour ses enfants, lui dans les rues de la ville - pour ses patients, car il est médecin. Chaque jour, ils pourraient se croiser. Et s'entraider qui sait ?
L'auteure nous emmène dans deux "désescalades" touchantes, tout en décrivant le courage de ces héros du quotidien.
Un de ses premiers livres m'a dit ma libraire en me le conseillant.
Sacrée lecture.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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On suit la vie de deux personnages, Thibault, médecin à domicile à Paris, qui vient de quitter la femme qu'il aime, et Mathilde, mère de trois enfants, veuve, qui est cadre dans une entreprise dans laquelle elle se fait harceler par son patron. Ce lundi 20 mai, alors qu'elle se réveille en pleine nuit, elle n'arrive pas à se rendormir car sa voyante lui a prédit qu'elle rencontrerait une personne importante pour elle le jour-même. Thibault, lui, revient sur son histoire avec Lilas et comment il en est arrivé à la quitter. C'est le premier roman de Delphine de Vigan que je lis et je dois bien avouer que c'est une très belle surprise.
J'ai été saisie par la belle plume de l'auteure, sa manière minutieuse de disséquer l'âme esseulée de ces deux personnages. La vie à Paris est très bien décrite, avec son lot de solitude, d'absurdité et de stress. J'ai été prise d'empathie pour Mathilde, qui se fait injustement humiliée et harcelée par Jacques, son patron sadique. Thibault et Mathilde vont-ils se croiser, se rencontrer, s'aimer ? Vont-ils trouver le moyen d'aller mieux ? Un roman d'une grande justesse. Seule petite réserve, à vouloir être réaliste, l'auteure se perd parfois un peu trop dans les détails.
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Roman qui conte l'histoire de deux solitudes qui ne se rencontreront pas, même si elles passeront très près l'une de l'autre. Une double lecture donc dans ce texte bien écrit : elle, paumée dans les couloirs du métro, enfermée dans l'enfer de l'éviction dont elle est victime dans son entreprise; lui, médecin débordé par son activité au service des autres au point qu'il ne voit plus rien autour de lui, même pas elle avec qui il aurait pu peut-être construire autre chose. Beau roman, souvent émouvant, plein de précision, notamment sur le monde ingrat de l'entreprise, écrit avec le style qui convient pour perdre le lecteur dans le désarroi de ces deux solitudes si différentes et pourtant si proches.
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J'aime beaucoup ces livres qui continuent à m'occuper la tête après la dernière page. C'était le cas avec celui-ci, quand j'ai commencé à me demander pourquoi l'auteure avait mis sous une même couverture deux récits qui à première vue n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Pourquoi les avoir rassemblés ?

Un des deux récits raconte comment une femme se fait harceler par son patron. Il s'agit ici d'un harcèlement moral. Elle a osé le contredire en public, il va la casser. La réduire à un meuble, la privant de travail, fermant toutes les portes de sortie. C'est glaçant, c'est horrible. Cela se passe dans la vraie vie, malheureusement. le portrait est criant de vérité, l'analyse est remarquable. On en sort marqué.

C'est le récit dominant.

On en oublie presque l'autre récit, celui d'un homme qui, la mort dans l'âme, met fin à la relation qu'il a avec une femme dont il est éperdument amoureux. Elle l'aime aussi, probablement. Mais elle ne le lui dit pas avec les mots qu'il attend. Elle n'exprime pas ses sentiments. Alors, pour lui, cela devient insupportable et il décide de rompre. Elle le remercie pour tous les bons moments et elle part, calmement, sans rien dire d'autre. Elle reste elle-même. Et lui se noie dans son travail de médecin pour ne plus penser à elle…

À côté du premier récit, celui-là paraît presque doux.

Et donc, pourquoi avoir rassemblé ces deux récits-là ? Dans les deux cas, j'y ai vu une personne qui fait du mal en voulant rester elle-même. le patron du premier récit veut préserver son autorité et il casse celle qui s'y oppose; la femme du second récit reste fermée dans son mode d'expression, au désespoir de son amoureux. Mais le premier casse par méchanceté tandis que la seconde casse, je dirais par maladresse. Dans le premier cas, il n'y a pas solution pour contrer la violence, si ce n'est la violence. Dans le second cas, il pourrait y avoir une solution si on laissait à la confiance le temps de s'installer.

On pourrait aussi se placer du point de vue des autres personnages: dans le premier récit, on pourrait dire que la femme fait du mal à son patron, sans en imaginer l'ampleur; dans le second récit, on pourrait dire que l'homme fait du « chantage affectif », qui n'est pas des plus sains.

Dans le premier récit, le harcèlement est explicite et violent. Dans le second, le harcèlement est, pour autant qu'on puisse parler de harcèlement, plus insidieux.

Lisez donc ! Et faites-vous votre scénario ! Ou bien lisez sans vous poser de questions: pourquoi faudrait-il tout s'expliquer ? Ce livre n'en sera pas moins prenant…
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